Travail

9 juin 2025 : férié ou travaillé ? Ce que dit la loi sur le lundi de Pentecôte

Estelle Marant
Collaboratrice
Partager

Lundi de Pentecôte : férié, payé ou travaillé ?

Alors que le mois de juin approche, de nombreux salariés s’interrogent sur leur droit au repos à l’occasion du lundi de Pentecôte, fixé cette année au 9 juin 2025. Si cette date figure parmi les jours fériés légaux énumérés par le Code du travail, son régime juridique demeure particulier.

En effet, depuis l’instauration de la journée de solidarité en 2004, le lundi de Pentecôte oscille entre jour de repos et jour travaillé non rémunéré.

Pour éviter toute confusion et connaître vos droits en tant que salarié, stagiaire ou jeune travailleur, il est indispensable de comprendre les règles applicables, les marges de manœuvre de l’employeur, ainsi que les conséquences sur votre rémunération ou vos congés. À travers cet article, les juristes de defendstesdroits.fr vous livrent une analyse rigoureuse fondée sur les textes légaux et la jurisprudence.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Le lundi de Pentecôte est-il férié ?
  3. Qui décide si ce jour est chômé ?
  4. Journée de solidarité et Pentecôte
  5. Peut-on refuser de travailler ?
  6. Rémunération si le jour est chômé
  7. Temps partiels et jeunes travailleurs
  8. Les stagiaires sont-ils concernés ?
  9. Poser un congé ce jour-là
  10. Conclusion

Le lundi de Pentecôte : un jour férié légal

Le lundi de Pentecôte figure parmi les 11 jours fériés reconnus par la loi en France, conformément à l’article L3133-1 du Code du travail. Il a donc, en principe, le statut de jour férié légal, au même titre que le 14 juillet, le 25 décembre, ou encore le 1er novembre.

Cependant, à la différence du 1er mai, qui est le seul jour férié obligatoirement chômé et payé pour tous les salariés – sauf dans les secteurs où l’activité ne peut être interrompue (article L3133-4 du Code du travail) – les autres jours fériés, dont le lundi de Pentecôte, n’impliquent pas automatiquement un repos.

Autrement dit, le lundi de Pentecôte est férié mais pas nécessairement chômé.

Il peut donc être travaillé sans majoration de salaire, sauf dispositions conventionnelles plus favorables. Son statut effectif dépend des modalités d’organisation du travail en vigueur dans l’entreprise ou l’établissement, lesquelles peuvent être fixées par un accord d’entreprise, un accord de branche, ou, à défaut, par une décision unilatérale de l’employeur.

Il est donc essentiel pour tout salarié de vérifier les dispositions conventionnelles ou les pratiques internes applicables à son secteur d’activité pour déterminer si le 9 juin 2025 sera un jour de repos ou un jour travaillé.

Qui décide si le lundi de Pentecôte est chômé ?

La détermination des jours fériés chômés dans une entreprise dépend en priorité :

  • d’un accord d’entreprise ou d’établissement ;
  • à défaut, d’une convention ou d’un accord de branche (article L3133-3 du Code du travail).

En l’absence de disposition conventionnelle, c’est l’employeur qui décide unilatéralement, en vertu de son pouvoir de direction, des jours qui seront chômés. Le lundi de Pentecôte peut donc être :

  • chômé, c’est-à-dire non travaillé tout en étant payé ;
  • ou travaillé, notamment s’il est retenu comme journée de solidarité.

La journée de solidarité : origine et régime juridique

Instauration de la journée de solidarité

La journée de solidarité a été instaurée par la loi n° 2004-626 du 30 juin 2004, codifiée à l’article L3133-7 du Code du travail. Elle consiste en une journée de travail supplémentaire non rémunérée, destinée à financer des actions en faveur de l’autonomie des personnes âgées ou handicapées.

Initialement fixée au lundi de Pentecôte, cette journée peut désormais être organisée à une autre date, conformément à un accord collectif ou à défaut, par décision unilatérale de l’employeur (article L3133-8 du Code du travail).

Conséquences sur le travail et la rémunération

Lorsque le lundi de Pentecôte est retenu comme journée de solidarité :

  • le salarié travaille ce jour férié sans compensation salariale supplémentaire ;
  • la durée de travail supplémentaire est de 7 heures pour un salarié à temps plein (ou proratisée pour un salarié à temps partiel).

Ce dispositif s’applique également aux salariés en forfait jours, pour lesquels la journée de solidarité équivaut à une journée de travail non décomptée de leur forfait.

Peut-on refuser de travailler ce jour-là ?

Un salarié ne peut pas refuser de travailler le lundi de Pentecôte dès lors que ce jour n’est pas chômé dans l’entreprise ou s’il est expressément désigné comme journée de solidarité. En effet, dans ces cas, il s’agit d’un jour de travail ordinaire, et l’absence du salarié est considérée comme injustifiée, sauf autorisation spécifique ou motif légitime.

Un tel refus de se présenter à son poste constitue un manquement aux obligations contractuelles, pouvant entraîner une sanction disciplinaire prévue par le règlement intérieur ou le code disciplinaire de l’entreprise.

L’employeur peut aller jusqu’à prononcer un avertissement, une mise à pied disciplinaire, voire envisager une procédure de licenciement pour faute, en fonction de la gravité de l’absence et du contexte.

La rémunération du lundi de Pentecôte lorsqu’il est chômé

Lorsque le lundi de Pentecôte est chômé dans l’entreprise, c’est-à-dire non travaillé, et qu’il ne correspond pas à la journée de solidarité, le salarié a droit à un repos payé, sans perte de rémunération.

Ce principe découle de l’article L3133-3 du Code du travail, qui prévoit que les salariés bénéficient du maintien de leur salaire pour les jours fériés chômés, à condition de justifier d’une ancienneté minimale de trois mois dans l’entreprise.

Il est important de noter que certaines conventions collectives ou accords d’entreprise peuvent fixer des conditions plus avantageuses : suppression de la condition d’ancienneté, majoration de salaire, octroi d’un repos compensateur, etc. Il est donc recommandé de consulter la convention collective applicable pour connaître précisément les droits dont vous bénéficiez en matière de rémunération des jours fériés.

Le cas des temps partiels et des jeunes travailleurs

Salariés à temps partiel

Pour les salariés à temps partiel, la durée de la journée de solidarité est proportionnelle à leur durée de travail contractuelle. Le calcul s’effectue selon la formule :

(heures hebdomadaires prévues au contrat x 7 heures) / 35 heures.

Jeunes travailleurs

Les jeunes travailleurs de moins de 18 ans bénéficient d’une protection renforcée : ils ne peuvent pas travailler les jours de fête légale, sauf exceptions prévues par décret pour certains secteurs (article L3164-6 du Code du travail).

Et les stagiaires ?

Les stagiaires, qui ne disposent pas du statut de salarié au sens du Code du travail, ne sont pas soumis aux mêmes obligations que les employés en matière de temps de travail. En principe, ils ne participent pas à la journée de solidarité, cette dernière étant une disposition spécifiquement applicable aux salariés mensualisés (article L3133-7 du Code du travail).

Cependant, une clause expresse dans la convention de stage peut prévoir une exception, en imposant la présence du stagiaire lors de cette journée.

En l’absence d’une telle clause, leur présence le lundi de Pentecôte – que cette date soit un jour férié chômé ou une journée de solidarité – reste facultative. Il est donc essentiel de vérifier les termes précis de la convention de stage, qui constitue le seul cadre juridique applicable en la matière.

Est-il possible de poser un congé ce jour-là ?

Oui, un salarié peut formuler une demande pour poser un congé payé, un RTT, ou encore un congé sans solde afin de ne pas travailler le lundi de Pentecôte, notamment lorsque celui-ci est travaillé au titre de la journée de solidarité. Toutefois, cette démarche reste conditionnée à l’accord préalable de l’employeur.

Conformément à l’article L3141-16 du Code du travail, la prise de congés payés s’effectue en fonction d’un calendrier fixé par l’employeur, après consultation du salarié ou, le cas échéant, du comité social et économique (CSE).

Le refus de l’employeur peut donc être légalement justifié s’il invoque des motifs objectifs liés à l’organisation du service.

Il est donc recommandé d’anticiper la demande et de s’assurer que le jour choisi ne perturbe pas le bon fonctionnement de l’entreprise, notamment si le lundi de Pentecôte est habituellement désigné comme journée de solidarité dans votre structure.

Conclusion

Le lundi de Pentecôte, bien qu’il soit un jour férié inscrit à l’article L3133-1 du Code du travail, n’est ni obligatoirement chômé ni automatiquement rémunéré. Son statut dépend du cadre conventionnel ou des décisions de l’employeur, et il peut notamment être mobilisé au titre de la journée de solidarité, entraînant un travail sans rémunération supplémentaire.

Il est donc essentiel pour chaque salarié de se référer à sa convention collective, aux éventuels accords d’entreprise, ou de solliciter une clarification écrite de l’employeur. Comprendre les spécificités de cette journée permet d’éviter les conflits, d’exercer ses droits et d’envisager sereinement les possibilités de repos, congés ou compensation.

FAQ

Le lundi de Pentecôte est-il toujours un jour férié en France ?

Oui, le lundi de Pentecôte fait partie des 11 jours fériés légaux définis à l’article L3133-1 du Code du travail. Il est donc reconnu comme un jour férié sur l’ensemble du territoire national. Toutefois, à la différence du 1er mai, il n’est pas obligatoirement chômé. Sa mise en œuvre dans les entreprises dépend d’un accord collectif, ou à défaut, des décisions unilatérales de l’employeur. Par conséquent, ce jour peut être chômé, travaillé ou mobilisé au titre de la journée de solidarité.

Est-ce que je suis obligé de travailler si le lundi de Pentecôte est désigné comme journée de solidarité ?

Oui. Depuis la loi n° 2004-626 du 30 juin 2004, l’employeur peut désigner le lundi de Pentecôte comme journée de solidarité, à condition qu’aucun accord collectif n’ait prévu une autre date. Dans ce cas, vous êtes tenu de travailler, même s’il s’agit d’un jour férié. Ce travail n’est pas rémunéré en supplément (article L3133-8 du Code du travail) : vous accomplissez 7 heures de travail non rémunérées si vous êtes mensualisé à temps plein. En cas de refus, l’absence sera considérée comme injustifiée, ce qui peut entraîner des sanctions disciplinaires.

Comment suis-je payé si je ne travaille pas le lundi de Pentecôte ?

Si le lundi de Pentecôte est chômé dans votre entreprise et qu’il ne constitue pas la journée de solidarité, vous bénéficiez d’un repos payé, à condition d’avoir au moins trois mois d’ancienneté dans l’entreprise (article L3133-3 du Code du travail). Vous percevez alors votre salaire habituel, comme si vous aviez travaillé. Dans les cas où une convention collective prévoit des dispositions plus favorables (repos automatique, majoration, récupération), ces règles s’appliquent prioritairement.

Puis-je poser un congé ou un RTT pour ne pas travailler le lundi de Pentecôte ?

Oui, vous pouvez tout à fait poser un congé payé, un congé sans solde ou un RTT pour vous absenter le lundi de Pentecôte, sous réserve de l’accord de votre employeur. Aucune disposition légale ne vous empêche de transformer ce jour férié en week-end prolongé, à condition de respecter la procédure de demande habituelle en vigueur dans l’entreprise. En revanche, si le lundi de Pentecôte est prévu comme journée de solidarité, poser un congé ce jour-là peut parfois être refusé par l’employeur, dans un objectif d’égalité entre les salariés.

Les jeunes travailleurs et les stagiaires doivent-ils travailler le lundi de Pentecôte ?

Les jeunes travailleurs, c’est-à-dire les salariés de moins de 18 ans, ne peuvent pas travailler les jours de fête légale, conformément à l’article L3164-6 du Code du travail, sauf dérogations spécifiques dans certains secteurs professionnels (ex. : hôtellerie, restauration, spectacles). Concernant les stagiaires, qui ne sont pas liés par un contrat de travail, leur présence le lundi de Pentecôte dépend exclusivement des termes de leur convention de stage. En principe, ils ne sont pas concernés par la journée de solidarité, sauf stipulation expresse.

Articles Récents

Besoin d'aide ?

Nos équipes sont là pour vous guider !

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.