La mise en location d’un logement constitue un acte juridique qui engage la responsabilité du propriétaire bailleur et qui obéit à un cadre législatif particulièrement structuré en France.
Lorsque ce bien est implanté dans une zone tendue, le législateur a prévu un arsenal de dispositions spécifiques visant à encadrer le marché locatif afin de répondre aux déséquilibres persistants entre l’offre et la demande de logements.
Ces zones, définies par la loi n°89-462 du 6 juillet 1989, se caractérisent par une pression démographique et économique forte, entraînant des loyers élevés et une saturation du parc immobilier.
Face à ces enjeux, la réglementation prévoit des dispositifs de blocage ou d’encadrement des loyers, de même que des aménagements particuliers du préavis et des règles de fiscalité, notamment via la taxe sur les logements vacants. Pour le bailleur, il est donc primordial de maîtriser les règles juridiques applicables pour éviter tout risque de contentieux ou de sanctions administratives.
La moindre négligence peut entraîner des litiges coûteux, voire l’annulation de clauses contractuelles non conformes au cadre légal.
À travers cet article, defendstesdroits.fr vous livre une analyse approfondie des obligations pesant sur le propriétaire, des droits reconnus au locataire et des précautions incontournables à prendre avant de signer un bail dans une zone tendue. Vous y trouverez les références légales pertinentes — décrets, lois, articles du Code général des impôts — afin de sécuriser votre projet locatif et d’agir en toute connaissance de cause.
Le concept de zone tendue est défini par l’article 17, I de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989. Il s’agit d’une zone d’urbanisation continue de plus de 50 000 habitants où un déséquilibre manifeste existe entre l’offre et la demande de logements. Cette tension provoque des difficultés d’accès au logement, notamment un niveau élevé des loyers et un marché locatif saturé.
Le décret n°2013-392 du 10 mai 2013 précise la liste des communes concernées, qui comprend notamment Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Nantes, mais aussi des agglomérations comme Annecy, Bayonne ou Ajaccio. Ces zones sont également soumises à la taxe sur les logements vacants prévue à l’article 232 du Code général des impôts.
Depuis la loi n°2018-1021 du 23 novembre 2018 (article 140), les EPCI compétents, Paris, la métropole de Lyon ou d’Aix-Marseille Provence peuvent encadrer les loyers sur leur territoire. Chaque année, le préfet fixe par arrêté :
Ces montants, exprimés au mètre carré, tiennent compte des catégories de logements et du secteur géographique (selon l’Observatoire local des loyers).
En pratique, le bailleur fixe librement le loyer de base dans la limite du loyer de référence majoré. Un complément peut être exigé en cas de caractéristiques particulières du logement (vue exceptionnelle, équipements rares). À défaut de respect, le locataire peut saisir le juge pour demander une diminution de loyer.
Conformément à l’article 18 de la loi du 6 juillet 1989 et au décret n°2017-1198 du 27 juillet 2017, le loyer d’un logement remis en location ne peut excéder le dernier loyer appliqué au précédent locataire, sauf exceptions :
Attention : aucune hausse n’est permise pour un logement classé F ou G au titre du diagnostic de performance énergétique (DPE), selon l’article 1-1 du décret n°2017-1198.
Un avantage notable pour le locataire est la réduction du délai de préavis à un mois pour une location vide lorsque le logement est situé en zone tendue (articles 12 et 15 de la loi du 6 juillet 1989). À défaut, le délai reste de trois mois.
Être propriétaire d’un logement en zone tendue peut également entraîner l’obligation de payer la taxe annuelle sur les logements vacants (article 232 CGI). Celle-ci s’applique aux logements inoccupés depuis au moins un an, sauf exceptions (logements meublés, vacants involontairement, ou en travaux).
Depuis le décret du 27 juillet 2017, la performance énergétique influence directement la possibilité de réévaluer le loyer. Un logement classé F ou G, souvent désigné comme une passoire énergétique, ne peut pas faire l’objet d’une augmentation de loyer lors d’une relocation ou d’un renouvellement de bail. Le DPE doit être annexé au bail conformément à l’article L. 134-3-1 du Code de la construction et de l’habitation.
Avant de mettre un logement en location en zone tendue, il est indispensable de vérifier :
Pour toute question spécifique ou pour sécuriser votre projet, le recours à un accompagnement juridique reste une démarche fortement conseillée. Les modèles de baux conformes et à jour sont disponibles sur defendstesdroits.fr, ainsi que des informations détaillées sur les obligations du bailleur.
Le bailleur assume une responsabilité juridique importante dès lors qu’il met son logement en location dans une zone tendue. Il doit veiller en permanence au respect des plafonds de loyers fixés par les arrêtés préfectoraux, notamment le loyer de référence, le loyer de référence majoré et, le cas échéant, tout complément de loyer dûment justifié.
En cas de dépassement injustifié ou de non-conformité aux plafonds légaux, le locataire dispose d’un droit d’action pour demander une réduction de loyer et peut également réclamer des dommages et intérêts pour le préjudice subi.
De plus, l’administration peut infliger des sanctions administratives ou financières au bailleur en infraction, notamment en cas de refus de se conformer à une décision de l’autorité compétente.
Il est donc essentiel pour le propriétaire de conserver une traçabilité claire de la fixation du loyer, de tout complément appliqué et des justificatifs annexés au contrat de bail. La bonne foi et la transparence dans la fixation du loyer sont déterminantes pour prévenir tout litige locatif.
En cas de litige relatif au montant du loyer ou au respect des règles d’encadrement, le locataire peut saisir la commission départementale de conciliation afin de trouver une solution amiable (article 20-1 de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989). Cette étape est gratuite, non obligatoire mais fortement recommandée, car elle peut éviter une procédure judiciaire plus lourde.
Si la conciliation échoue ou si aucune solution n’est trouvée dans un délai raisonnable, le locataire peut engager une action devant le tribunal judiciaire, compétent pour statuer sur les baux d’habitation (article 24 de la même loi).
Le juge peut alors ordonner une diminution de loyer, condamner le bailleur au remboursement du trop-perçu, voire exiger la suppression du complément de loyer injustifié.
Face à ces risques, le bailleur doit s’assurer que chaque clause du bail, chaque réévaluation et chaque complément de loyer sont parfaitement justifiés et documentés. L’accompagnement par un professionnel du droit immobilier ou un juriste spécialisé, comme ceux de defendstesdroits.fr, constitue une garantie précieuse pour anticiper tout contentieux locatif et sécuriser la relation contractuelle.
La location d’un logement situé en zone tendue implique une vigilance accrue et une parfaite maîtrise des règles spécifiques encadrant le montant du loyer, sa réévaluation, le préavis réduit pour le locataire, ainsi que les exigences environnementales telles que le diagnostic de performance énergétique.
S’y ajoute la possibilité d’être assujetti à la taxe sur les logements vacants, si le bien demeure inoccupé hors des dérogations prévues par le législateur.
Le bailleur doit ainsi composer avec une législation dynamique, marquée par des expérimentations prolongées, comme l’illustre la prorogation jusqu’en 2026 du dispositif d’encadrement des loyers instauré par la loi n°2018-1021 du 23 novembre 2018.
À ce titre, chaque projet locatif mérite une vérification méticuleuse des arrêtés préfectoraux applicables et une rédaction rigoureuse du contrat de bail, conforme à la loi n°89-462 du 6 juillet 1989 et aux décrets afférents.
En cas de doute ou pour prévenir tout litige locatif, le recours à un accompagnement juridique demeure une solution rassurante et efficace. Les juristes de defendstesdroits.fr se tiennent à la disposition des propriétaires pour fournir une expertise adaptée, sécuriser leurs démarches et rédiger des contrats en adéquation avec la réglementation la plus récente.
1️⃣ Qu’est-ce qu’une zone tendue et comment savoir si mon logement est concerné ?
Une zone tendue désigne une agglomération de plus de 50 000 habitants où la demande de logements dépasse nettement l’offre, créant un déséquilibre du marché locatif. Ce statut est prévu par l’article 17, I de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989. En pratique, des villes comme Paris, Lyon, Marseille, Nantes ou Bordeaux sont classées zones tendues. Pour vérifier si votre bien est situé dans une zone tendue, l’État met à disposition un simulateur officiel accessible en ligne. L’enjeu est de taille car cela conditionne l’application de règles spécifiques, notamment en matière d’encadrement des loyers, de préavis réduit et de taxe sur les logements vacants.
2️⃣ Comment fonctionne l’encadrement des loyers en zone tendue ?
L’encadrement des loyers permet aux communes et EPCI compétents de fixer, par arrêté préfectoral, trois niveaux de loyers : un loyer de référence, un loyer de référence majoré et un loyer de référence minoré (article 140 de la loi n°2018-1021 du 23 novembre 2018). Le bailleur doit fixer le loyer dans la limite du loyer de référence majoré, sauf caractéristiques exceptionnelles justifiant un complément. En cas de non-respect, le locataire peut demander une réduction du loyer. Ce dispositif, prolongé jusqu’en 2026, vise à limiter les abus dans les zones où le marché est particulièrement tendu.
3️⃣ Quelles sont les règles pour réévaluer le loyer lors d’une relocation ?
En zone tendue, le loyer d’un logement remis en location après moins de 18 mois de vacance ne peut pas dépasser le dernier loyer appliqué au précédent locataire (article 18 de la loi du 6 juillet 1989, décret n°2017-1198 du 27 juillet 2017). Des exceptions existent : si le propriétaire a effectué des travaux d’amélioration équivalents à au moins 50 % du montant annuel du loyer, ou si le loyer précédent était manifestement sous-évalué. Toutefois, attention : pour un logement classé F ou G au DPE, toute hausse est interdite depuis le 24 août 2022. Cette restriction répond à l’objectif de lutte contre les passoires énergétiques.
4️⃣ Le délai de préavis est-il vraiment réduit pour le locataire en zone tendue ?
Oui. En principe, le locataire d’un logement vide doit respecter un préavis de trois mois. Cependant, ce délai est réduit à un mois pour les logements situés en zone tendue (articles 12 et 15 de la loi du 6 juillet 1989). Le locataire doit mentionner expressément le motif « zone tendue » dans sa lettre de congé et joindre un justificatif (ex. copie du décret ou attestation municipale). Cette souplesse permet de fluidifier le marché locatif en facilitant la mobilité résidentielle dans les agglomérations où l’accès au logement reste difficile.
5️⃣ Le propriétaire est-il exposé à une taxe spécifique en zone tendue ?
Effectivement, le propriétaire peut être soumis à la taxe annuelle sur les logements vacants (article 232 du Code général des impôts, décret n°2013-392 du 10 mai 2013) s’il laisse un logement inoccupé plus d’un an dans une zone tendue. Cette taxe vise à inciter les propriétaires à remettre rapidement leurs biens sur le marché. Des exonérations existent (logement en travaux, vacance involontaire), mais la vigilance s’impose. Pour éviter toute mauvaise surprise, il est recommandé de bien vérifier la situation du logement et de produire les justificatifs nécessaires en cas de contrôle.