Le blocage d’un compte bancaire est une situation à la fois contraignante et déstabilisante pour le titulaire, qui se retrouve dans l’impossibilité de disposer librement de ses fonds. Ce blocage peut résulter de plusieurs causes : décision administrative, dette privée, succession, interdiction bancaire, ou encore mesure de protection sur les comptes de mineurs. Si certaines de ces mesures découlent directement d’obligations légales, d’autres peuvent être contestées si elles ne respectent pas les procédures imposées par le Code monétaire et financier ou le Code des procédures civiles d’exécution.
Dans ce contexte, il est essentiel de comprendre pourquoi un compte est bloqué, quelles sont les conséquences juridiques de cette mesure, et surtout quels sont les recours dont dispose le titulaire pour en obtenir la levée ou en limiter les effets.
Le blocage peut résulter :
Cet article expose le cadre juridique applicable, les causes légitimes de blocage, les droits du titulaire, ainsi que les procédures amiables et judiciaires permettant de contester ou de lever ce blocage.
L’interdiction bancaire est une mesure qui intervient généralement après l’émission d’un chèque sans provision. La banque est alors tenue de :
Cette interdiction s’accompagne d’une inscription au Fichier central des chèques géré par la Banque de France pour une durée pouvant atteindre cinq ans. Ce fichier a pour effet de priver le client de la possibilité d’émettre de nouveaux chèques pendant la durée de l’interdiction.
Pour régulariser, le titulaire doit :
Un compte peut être bloqué en raison d’impayés :
Dans les deux cas, une somme insaisissable (le solde bancaire insaisissable, SBI) doit être laissée à disposition du titulaire conformément à l’article L. 162-2 du Code des procédures civiles d’exécution, garantissant ainsi un minimum vital.
Lorsqu’un titulaire de compte décède, la banque procède automatiquement au blocage du compte individuel. Seules certaines opérations restent possibles :
Pour un compte joint, le co-titulaire conserve le droit d’utiliser les fonds, sauf opposition d’un héritier ou d’un notaire.
L’article L. 312-1-4 du Code monétaire et financier prévoit expressément la possibilité pour les héritiers directs de demander la clôture et la récupération des fonds sur présentation d’un certificat d’hérédité ou d’un acte de notoriété.
Les parents peuvent demander le blocage du compte d’un enfant mineur afin de préserver les sommes qui y sont déposées. Pendant cette période, seules les opérations de versement sont autorisées. L’enfant recouvre la pleine disposition de son compte à sa majorité, à 18 ans, conformément aux règles du droit civil sur la capacité juridique.
Avant toute action, il est indispensable d’identifier la cause exacte du blocage : interdiction bancaire, saisie, décès, protection légale… Cette identification permettra d’engager la procédure appropriée pour en demander la levée ou la régularisation.
Lorsqu’un compte est bloqué à la suite d’une saisie ou d’un avis à tiers détenteur :
En cas de contestation, le délai pour agir est de 1 mois à compter de la notification (article R. 211-11 du Code des procédures civiles d’exécution).
Pour mettre fin à une interdiction bancaire, le client doit régulariser tous les chèques impayés : soit en les payant, soit en obtenant un accord écrit du bénéficiaire. Une fois la régularisation effectuée, la banque doit informer la Banque de France pour que le Fichier central des chèques soit mis à jour et que la mesure soit levée.
Le déblocage intervient après règlement de la succession. Les héritiers doivent fournir les pièces justificatives (acte de notoriété, certificat d’hérédité) afin d’autoriser la clôture et le transfert des fonds. Le conjoint survivant ou les héritiers peuvent ainsi récupérer les fonds légalement, conformément aux dispositions du Code monétaire et financier.
Une mise en cause amiable permet de contacter la banque ou le créancier afin de demander la levée du blocage ou une régularisation. Cette étape écrite et documentée est souvent suffisante lorsque le blocage est injustifié ou excessif.
Si la situation n’est pas résolue, le titulaire peut adresser une mise en demeure formelle. Cette lettre, juridiquement encadrée, permet d’interrompre les délais de prescription et de préparer une éventuelle action en justice.
En dernier recours, il est possible de saisir le juge de l’exécution pour contester une saisie ou une mesure abusive (article L. 213-6 du Code de l’organisation judiciaire). Le juge peut :
Le recours à la justice est particulièrement pertinent dans les cas de saisie contestable, absence de notification ou erreur bancaire manifeste.
Le blocage d’un compte bancaire n’est jamais une situation anodine : il résulte soit d’un mécanisme légal, soit d’une décision bancaire qui doit impérativement respecter des règles précises. Qu’il s’agisse d’une interdiction bancaire, d’une saisie administrative, d’un blocage lié à une succession ou à une protection légale, le titulaire dispose toujours de droits et de recours effectifs.
La réglementation — notamment l’article R. 211-19 du Code des procédures civiles d’exécution et l’article L. 312-1-4 du Code monétaire et financier — encadre strictement les pratiques bancaires en matière de blocage de compte. Grâce à une démarche structurée (identification de la cause, régularisation, recours amiable, puis judiciaire), il est possible d’obtenir la levée du blocage ou une solution adaptée à la situation.
Dans de nombreux cas, une intervention rapide et documentée suffit à rétablir l’accès aux fonds, sans nécessairement engager une procédure longue et coûteuse. Lorsque le dialogue échoue, la voie judiciaire constitue un levier solide pour faire respecter ses droits face à l’établissement bancaire ou au créancier.
1. Pourquoi une banque peut-elle bloquer un compte ?
Un compte bancaire peut être bloqué dans des situations précises et encadrées par la loi. Les motifs les plus fréquents sont :
Dans tous les cas, la banque doit pouvoir justifier la mesure et informer le titulaire (ou ses ayants droit) de ses droits et des modalités de recours. Un blocage injustifié ou non notifié peut être contesté.
2. Quels sont mes droits en cas de saisie bancaire ?
Lorsqu’un compte est bloqué à la suite d’une saisie-attribution, le titulaire bénéficie de plusieurs protections légales :
Il est fortement conseillé de rassembler les justificatifs (notification de saisie, relevés bancaires, correspondances avec la banque) pour appuyer toute contestation.
3. Comment lever une interdiction bancaire ?
L’interdiction bancaire prive le titulaire du droit d’émettre des chèques et entraîne souvent le blocage partiel ou total de ses comptes. Pour y mettre fin :
À noter : même en cas d’interdiction bancaire, l’accès à certains services bancaires de base est garanti par la loi dans le cadre du droit au compte (article L. 312-1 du Code monétaire et financier).
4. Que faire si le compte est bloqué après un décès ?
En cas de décès, la banque a l’obligation légale de bloquer le compte individuel du défunt. Ce blocage empêche toute opération, à l’exception de :
Pour débloquer les fonds :
Ce dispositif est encadré par l’article L. 312-1-4 du Code monétaire et financier. Si la banque retarde ou refuse le déblocage sans justification légitime, les héritiers peuvent déposer une réclamation écrite, saisir le médiateur bancaire ou, en dernier recours, engager une action en justice.
5. Quels recours existent si le blocage est injustifié ?
Un blocage bancaire peut parfois intervenir de manière irrégulière, notamment en cas d’erreur interne, de retard dans la levée d’une interdiction ou d’absence de notification. Dans ces cas, plusieurs solutions sont envisageables :
Dans certains cas, notamment en matière de saisie abusive ou de blocage excessif, le juge peut ordonner une mainlevée immédiate et sanctionner l’établissement bancaire ou le créancier fautif.