Avec la généralisation des achats en ligne, les consommateurs s’attendent à une livraison rapide et sécurisée de leurs commandes. Pourtant, il n’est pas rare qu’un produit soit livré en retard, voire jamais livré. Ces situations, loin d’être anecdotiques, peuvent provoquer un véritable préjudice financier et moral : attente interminable, impossibilité d’utiliser un bien prévu pour un événement, ou encore blocage de sommes d’argent importantes.
Le droit de la consommation prévoit un encadrement précis pour protéger les acheteurs. L’article L. 216-1 du Code de la consommation impose au vendeur de livrer le bien à la date ou dans le délai prévu lors de la conclusion du contrat. À défaut, l’acheteur dispose de plusieurs recours : exiger la livraison immédiate, fixer un délai supplémentaire raisonnable par mise en demeure, demander la résolution du contrat et obtenir le remboursement des sommes versées.
Au-delà de ces dispositions, la loi sanctionne le vendeur qui tarde à rembourser le consommateur, en prévoyant des majorations automatiques après 30, 45 ou 60 jours de retard. Le consommateur n’est pas contraint de négocier directement avec le transporteur puisque, conformément à l’article L. 216-4 du Code de la consommation, le vendeur reste seul responsable de la livraison effective.
Cet article de defendstesdroits.fr a pour objectif d’apporter une vision claire et pratique des droits du consommateur face à un vendeur défaillant, en détaillant les obligations légales, les délais applicables et les démarches à entreprendre, qu’elles soient amiables ou judiciaires.
Lorsque la date de livraison figure expressément dans le contrat ou sur le bon de commande, le vendeur professionnel est tenu de respecter cette échéance. Selon l’article L. 216-1 du Code de la consommation, la livraison doit avoir lieu à la date ou dans le délai convenu. En cas de manquement, l’acheteur peut exiger la livraison immédiate du bien. Si le vendeur n’exécute pas son obligation dans un délai de sept jours, l’acheteur peut demander la résolution de la vente.
Si le contrat ne mentionne aucune date précise, la loi impose un délai supplétif. Le vendeur doit livrer le bien au plus tard dans les 30 jours suivant la conclusion du contrat (article L. 216-1 du Code de la consommation). Passé ce délai, le consommateur est en droit de mettre en demeure le vendeur et, en cas de nouvelle défaillance, de demander la résolution du contrat.
Lorsque la commande n’est jamais livrée, le consommateur peut contraindre le vendeur à exécuter son obligation dans un délai supplémentaire raisonnable. À défaut, il peut annuler la commande et obtenir le remboursement des sommes versées. Cette annulation peut également intervenir immédiatement si la date de livraison constituait une condition essentielle du contrat (par exemple, un produit commandé pour un événement spécifique).
L’article L. 216-3 du Code de la consommation oblige le vendeur à rembourser intégralement l’acheteur dans un délai de 14 jours suivant l’annulation du contrat.
Si ce délai n’est pas respecté, la loi prévoit des majorations automatiques (ancien article L. 138-3 du Code de la consommation, aujourd’hui repris dans l’article L. 216-3) :
Ces sanctions financières renforcent la protection du consommateur et incitent le vendeur à exécuter rapidement son obligation.
Avant toute action judiciaire, le consommateur doit privilégier une démarche amiable. Il peut adresser au vendeur une mise en cause par courrier recommandé, détaillant les faits et exigeant l’exécution du contrat. Cette étape permet souvent de résoudre le litige sans saisir les tribunaux.
En l’absence de réponse dans un délai raisonnable (généralement 8 jours), le consommateur peut envoyer une mise en demeure. Ce courrier, juridiquement motivé, rappelle les textes applicables et avertit le vendeur des conséquences judiciaires en cas d’inaction.
Si aucune solution amiable n’aboutit, le consommateur peut saisir le tribunal judiciaire compétent. L’article R. 631-3 du Code de la consommation lui permet de choisir entre le tribunal de son domicile ou celui du siège social du vendeur. Le juge pourra ordonner la livraison forcée, la résolution du contrat et l’octroi de dommages et intérêts en réparation du préjudice subi.
La loi établit clairement que le vendeur reste responsable de plein droit vis-à-vis du consommateur jusqu’à la livraison effective du bien, conformément à l’article L. 216-4 du Code de la consommation.
Autrement dit, même si la perte, l’avarie ou le retard est imputable au transporteur, c’est au vendeur de rembourser ou d’indemniser le consommateur. Le vendeur pourra ensuite engager un recours contre le transporteur, mais cette action ne concerne pas l’acheteur.
Cette règle protège le consommateur, qui n’a pas à se lancer dans un contentieux avec le transporteur : son interlocuteur unique reste le vendeur. Elle s’applique également aux cas où le colis est déclaré livré mais déposé dans des conditions inappropriées (sans signature, mauvaise adresse, dépôt non autorisé).
Les actions en responsabilité contractuelle sont soumises à la prescription quinquennale prévue par l’article 2224 du Code civil. Le consommateur dispose ainsi de cinq ans à compter de la date de livraison prévue pour agir en justice contre le vendeur.
Il est toutefois recommandé de ne pas attendre l’expiration de ce délai pour engager des démarches. Conserver les preuves (contrat, bon de commande, accusés de réception, échanges de courriels) est essentiel pour faire valoir ses droits. La prescription peut en outre être interrompue par l’envoi d’une mise en demeure ou l’introduction d’une action judiciaire, ce qui relance un nouveau délai de cinq ans.
Les règles juridiques encadrant la livraison des commandes en ligne traduisent une volonté claire du législateur : offrir au consommateur une protection renforcée contre les pratiques abusives et les négligences des vendeurs. L’acheteur bénéficie d’outils efficaces, allant de la mise en demeure à la saisine du tribunal, pour obtenir la livraison ou le remboursement d’une commande non exécutée.
En pratique, il est essentiel pour le consommateur de conserver toutes les preuves (bon de commande, échanges avec le vendeur, suivi de colis, accusés de réception) afin de constituer un dossier solide en cas de litige. La loi lui offre un délai confortable de cinq ans pour agir, mais la réactivité reste déterminante pour obtenir réparation rapide.
Enfin, la responsabilité contractuelle du vendeur ne souffre aucune ambiguïté : il demeure l’unique interlocuteur du consommateur jusqu’à la livraison effective du bien, même si le transporteur est en cause. Par ce mécanisme, le droit français garantit que l’acheteur ne soit jamais laissé sans recours face à une commande non livrée ou en retard, renforçant ainsi la confiance indispensable au commerce en ligne.
1. Que faire si ma commande n’est pas livrée à la date prévue ?
Si la date de livraison figure au contrat, le vendeur doit impérativement la respecter (article L. 216-1 du Code de la consommation). En cas de retard, l’acheteur peut adresser une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception, lui laissant un délai supplémentaire raisonnable (article L. 216-2). Sans exécution dans ce délai, le consommateur est en droit de résoudre le contrat et d’obtenir le remboursement. Cette règle s’applique également lorsque la date de livraison est une condition essentielle (cadeau pour un événement daté, matériel nécessaire pour une activité professionnelle) : dans ce cas, l’annulation est possible immédiatement, sans mise en demeure préalable.
2. Ai-je droit à un remboursement en cas de commande non reçue ?
Oui, la loi protège le consommateur. L’article L. 216-3 du Code de la consommation prévoit que le vendeur doit restituer toutes les sommes versées dans un délai maximum de 14 jours à compter de l’annulation. Ce remboursement inclut non seulement le prix du produit mais aussi, le cas échéant, les frais de livraison.
Si ce délai n’est pas respecté, la loi impose une majoration automatique :
3. Qui est responsable en cas de colis perdu ou endommagé, le vendeur ou le transporteur ?
Selon l’article L. 216-4 du Code de la consommation, le vendeur est responsable de plein droit jusqu’à la remise effective du bien au consommateur. Ainsi, même si le colis est perdu par le transporteur ou livré endommagé, le vendeur doit indemniser l’acheteur.
Exemple : si un colis est déclaré « livré » mais n’a jamais été réceptionné par l’acheteur, la responsabilité du vendeur reste engagée. Le consommateur n’a pas à entrer en contact direct avec le transporteur : son interlocuteur unique reste le vendeur. Celui-ci pourra ensuite se retourner contre le transporteur pour obtenir réparation, mais cette action est indépendante de la relation contractuelle avec l’acheteur.
4. Quels recours judiciaires puis-je engager si le vendeur refuse d’exécuter ses obligations ?
Si le vendeur refuse de livrer ou de rembourser, le consommateur peut saisir le tribunal judiciaire. L’article R. 631-3 du Code de la consommation permet de choisir entre le tribunal de son domicile ou celui du siège social du vendeur.
5. Combien de temps ai-je pour engager une action contre un vendeur défaillant ?
Le consommateur dispose d’un délai de cinq ans pour agir en justice, conformément à l’article 2224 du Code civil. Ce délai court à partir du jour où l’acheteur constate l’absence de livraison ou le retard, en pratique la date prévue de livraison.
Ce délai peut être interrompu par l’envoi d’une mise en demeure, la saisine d’un juge ou toute reconnaissance de dette du vendeur. Dans ce cas, un nouveau délai de cinq ans recommence à courir.
Il est toutefois conseillé d’agir rapidement, car plus le temps passe, plus la preuve du manquement (contrat, suivi de colis, échanges de mails, témoignages) risque d’être difficile à établir.