Travail

Congés familiaux : ce que dit la loi pour les événements importants

Estelle Marant
Collaboratrice
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Congés exceptionnels salariés : règles, conditions et avantages

L’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle constitue aujourd’hui une exigence sociale reconnue par le droit du travail. Dans cette perspective, le législateur a prévu des congés exceptionnels pour événements familiaux afin de permettre aux salariés d’être présents lors d’événements marquants tels que le mariage, la conclusion d’un PACS, une naissance ou le décès d’un proche.

Ces congés, souvent appelés congés pour événements familiaux, ne sont pas déduits des congés payés classiques et s’accompagnent d’un régime juridique protecteur. Leur durée légale a été récemment renforcée, notamment par la loi du 19 juillet 2023 (1), afin d’assurer une meilleure prise en compte des situations humaines les plus sensibles, en particulier en cas de décès ou de maladie grave d’un enfant. Ce dispositif vise également à favoriser l’accès au télétravail dans certaines situations et à protéger les salariés contre le licenciement pendant ces périodes.

Ces droits légaux peuvent, en outre, être améliorés par les conventions collectives, qui prévoient souvent des congés supplémentaires ou plus longs pour certains événements familiaux. L’objectif est d’offrir aux salariés un temps d’adaptation et un accompagnement juridique solide dans ces moments déterminants de la vie familiale.

Sommaire

  1. Définition légale des congés exceptionnels pour événements familiaux
  2. Les durées légales prévues par le Code du travail
  3. Les nouveaux droits instaurés par la loi de 2023
  4. Les avantages supplémentaires des conventions collectives
  5. Les démarches pour bénéficier de ces congés
  6. Le congé de deuil et ses modalités particulières
  7. Les enjeux pratiques pour les employeurs et les salariés

Le cadre légal des congés exceptionnels pour événements familiaux

Congés familiaux prévus par le Code du travail

Les congés exceptionnels sont encadrés par les articles L3142-1 à L3142-4 du Code du travail. Ils ouvrent droit à une autorisation d’absence exceptionnelle d’une durée minimale, selon la nature de l’événement :

  • Mariage ou PACS du salarié : 4 jours
  • Naissance ou arrivée d’un enfant : 3 jours pour le père ou le conjoint
  • Décès d’un enfant : 12 jours minimum (allongés à 14 jours pour un enfant de moins de 25 ans)
  • Décès du conjoint, partenaire de PACS ou concubin : 3 jours
  • Annonce du handicap, cancer ou pathologie chronique d’un enfant : congé spécifique renforcé depuis 2023

Ces congés sont distincts des congés payés et ne peuvent pas être imputés sur ceux-ci. Ils s’appliquent sans condition d’ancienneté et sont rémunérés comme du temps de travail effectif.

Le congé de deuil pour le décès d’un enfant

En cas de décès d’un enfant âgé de moins de 25 ans, ou d’une personne de moins de 25 ans à la charge effective et permanente du salarié, la loi prévoit un congé de deuil spécifique (article L3142-1-1 du Code du travail). Ce congé peut être pris dans l’année qui suit le décès, de manière continue ou fractionnée.

Ce dispositif est cumulable avec les congés exceptionnels pour décès et répond à une logique de protection renforcée de la cellule familiale dans des situations particulièrement difficiles.

Des droits élargis grâce aux conventions collectives

Au-delà des dispositions légales, de nombreuses conventions collectives prévoient des durées de congés plus favorables ou des congés supplémentaires. Ces avantages varient selon les branches professionnelles :

  • Banque : 5 jours ouvrés pour mariage, 5 jours ouvrés pour le décès du conjoint ou partenaire de PACS.
  • Publicité : 1 semaine pour le mariage, 2 jours pour le mariage d’un enfant.
  • Journalistes : 1 semaine pour le mariage, 2 jours pour un déménagement.
  • Agences de voyages : congés élargis pour mariage, naissance, décès et déménagement.
  • Avocats personnel salarié : 8 jours ouvrés pour mariage ou PACS.

Ces dispositions conventionnelles, lorsqu’elles sont plus favorables que la loi, s’appliquent en priorité (article L2253-1 du Code du travail).

Renforcement des droits connexes aux congés familiaux

La loi de juillet 2023 a également prévu des mesures complémentaires pour mieux protéger les salariés :

  • Accès au télétravail facilité pour les salariés aidant un proche dépendant, avec encadrement strict des motifs de refus par l’employeur.
  • Protection contre le licenciement pour les salariés en congé de présence parentale (sauf faute grave ou impossibilité de maintenir le contrat).
  • Maintien de certains droits au logement (renouvellement du bail d’habitation) et au versement de l’allocation journalière de présence parentale (AJPP).

Ces garanties traduisent une volonté législative d’accompagner les salariés dans les situations familiales sensibles, tout en assurant une continuité des droits sociaux.

Modalités pratiques pour bénéficier de ces congés

Démarches à accomplir par le salarié

Pour bénéficier d’un congé exceptionnel, le salarié doit informer son employeur dans un délai raisonnable et justifier de l’événement (mariage, décès, certificat médical…).

  • Le congé doit être pris au moment ou autour de l’événement familial.
  • Aucune ancienneté n’est requise.
  • L’employeur ne peut refuser le congé s’il correspond aux situations prévues par la loi.

En cas de refus injustifié, le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes, qui statue en premier et dernier ressort.

Cas particuliers : congé de deuil et congé de naissance

  • Congé de deuil : doit être pris dans l’année qui suit le décès, en une ou plusieurs périodes. Il peut être cumulé avec les congés exceptionnels légaux.
  • Congé de naissance : doit être pris le jour de la naissance ou le premier jour ouvrable suivant.

Ces congés répondent à des règles d’ordre public auxquelles ni l’employeur ni les accords collectifs ne peuvent déroger.

Les enjeux pratiques pour les employeurs

Les congés exceptionnels s’imposent à l’employeur dès lors que les conditions légales sont remplies. Toute entrave, report non justifié ou refus abusif peut donner lieu à :

  • des litiges prud’homaux ;
  • une condamnation à des dommages et intérêts ;
  • une violation des obligations légales en matière de droit du travail.

Il est donc recommandé aux employeurs d’intégrer clairement les règles applicables dans le règlement intérieur ou les accords collectifs, et de former les services RH à leur bonne application.

Conclusion

Les congés exceptionnels pour événements familiaux occupent une place essentielle dans l’architecture du droit du travail français. Loin d’être de simples jours d’absence, ils incarnent une reconnaissance légale de l’importance de la vie personnelle et familiale dans le parcours professionnel des salariés. En consacrant des droits spécifiques pour des événements majeurs — mariage, naissance, décès ou situations de handicap d’un proche —, le législateur renforce l’idée que la protection sociale ne s’arrête pas aux frontières de l’entreprise.

La loi du 19 juillet 2023 a marqué une étape décisive en allongeant certaines durées de congés, notamment en cas de décès d’un enfant, et en consolidant les droits périphériques liés à ces absences : protection contre le licenciement, facilitation de l’accès au télétravail, maintien de certains droits sociaux. Ce mouvement législatif s’inscrit dans une dynamique plus large visant à adapter le droit du travail aux réalités humaines et familiales contemporaines.

Il est également important de souligner le rôle central des conventions collectives, qui permettent d’aller au-delà du socle légal en offrant des droits supplémentaires aux salariés. Cette combinaison entre normes légales et dispositions conventionnelles renforce l’effectivité de la protection.

Pour les employeurs, la bonne gestion de ces congés est un enjeu juridique et social majeur. Un refus ou une application incorrecte peut engager leur responsabilité et donner lieu à des contentieux prud’homaux. Pour les salariés, connaître ces droits permet de les faire valoir efficacement, surtout dans des moments de vie où la stabilité personnelle est déterminante.

En définitive, les congés pour événements familiaux ne sont pas qu’un mécanisme technique : ils sont le reflet d’un équilibre entre productivité et humanité, entre exigences économiques et respect de la dignité individuelle. Leur renforcement marque une évolution vers une vision plus inclusive et protectrice du droit du travail, où les événements familiaux sont considérés comme des réalités légitimes à accompagner.

FAQ

1. Qu’est-ce qu’un congé exceptionnel pour événements familiaux ?
Un congé exceptionnel est une autorisation d’absence légale et rémunérée, accordée aux salariés pour leur permettre d’assister à des événements familiaux importants, sans impact sur leurs congés payés annuels. Prévu aux articles L3142-1 et suivants du Code du travail, ce dispositif répond à une logique de protection de la vie personnelle et familiale.
Il couvre notamment :

  • Le mariage ou la conclusion d’un PACS du salarié ou de ses enfants ;
  • La naissance ou l’adoption d’un enfant ;
  • Le décès d’un proche (enfant, conjoint, partenaire de PACS, parents…) ;
  • L’annonce d’un handicap ou d’une pathologie chronique affectant un enfant.
    Ce congé est accessible à tous les salariés, qu’ils soient en CDI, CDD, intérimaires ou apprentis, sans condition d’ancienneté. Il constitue un droit individuel que l’employeur ne peut refuser dès lors que les conditions sont remplies.

2. Quelles sont les durées légales de congés pour mariage, naissance ou décès ?
Les durées sont encadrées par la loi et fixées en jours ouvrables :

  • Mariage ou PACS du salarié : 4 jours ;
  • Mariage d’un enfant : 1 jour ;
  • Naissance ou adoption : 3 jours pour le père ou le conjoint ;
  • Décès d’un enfant : 12 jours minimum, 14 jours en cas de décès d’un enfant de moins de 25 ans ou à charge effective ;
  • Décès du conjoint ou partenaire de PACS : 3 jours.

Ces absences sont intégralement rémunérées et sont considérées comme du temps de travail effectif pour le calcul des droits aux congés payés et à l’ancienneté. À noter que depuis la loi du 19 juillet 2023, certaines durées ont été allongées pour mieux protéger les familles touchées par un drame. Des congés supplémentaires peuvent également être accordés par des conventions collectives ou des accords d’entreprise.

3. Les conventions collectives peuvent-elles accorder plus de congés que la loi ?
Oui. Le Code du travail fixe un socle minimal obligatoire, mais les conventions collectives peuvent prévoir des droits plus étendus :

  • Banque : 5 jours ouvrés pour mariage ou PACS, 5 jours pour le décès d’un conjoint ;
  • Publicité : 1 semaine pour mariage, 2 jours pour mariage d’un enfant ;
  • Journalistes : 6 jours ouvrables pour mariage, 2 jours pour déménagement ;
  • Avocats personnel salarié : 8 jours ouvrés pour mariage ou PACS.

Ces dispositions conventionnelles sont automatiquement applicables aux salariés concernés par la convention. Elles peuvent également inclure des congés pour des événements non prévus par la loi (baptême, communion, déménagement, rentrée scolaire, etc.). L’employeur doit donc vérifier la convention applicable à son secteur avant de refuser ou de limiter une demande de congé.

4. Quelles sont les démarches pour bénéficier d’un congé exceptionnel ?
Pour bénéficier d’un congé exceptionnel, le salarié doit :

  1. Informer l’employeur dès que possible, dans un délai raisonnable ;
  2. Fournir un justificatif attestant de l’événement (acte de mariage, certificat de décès, justificatif médical, livret de famille…) ;
  3. Poser le congé au moment de l’événement ou dans une période proche (par exemple, autour de la date du mariage ou du décès).

L’employeur ne peut pas refuser un congé légalement prévu, sauf si la demande est manifestement abusive. En cas de litige, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes pour faire valoir ses droits. Par ailleurs, le salarié n’encourt aucune sanction disciplinaire pour avoir pris un congé exceptionnel dans les conditions prévues par la loi.

5. Que risque l’employeur en cas de non-respect de ces congés ?
Le refus injustifié ou la mauvaise application des congés exceptionnels peut entraîner des conséquences juridiques sérieuses pour l’employeur.
En pratique, il risque :

  • Une condamnation prud’homale à verser des dommages et intérêts au salarié ;
  • Une annulation d’un licenciement prononcé pendant la période protégée ;
  • Une requalification d’une sanction disciplinaire si elle est liée à une absence légitime ;
  • Une atteinte à l’égalité de traitement, notamment si certains salariés bénéficient de congés et d’autres non.

Ces congés étant prévus par la loi, l’employeur doit les intégrer dans la gestion RH de l’entreprise et sensibiliser ses équipes à leur application rigoureuse. Le non-respect de ces règles peut engager sa responsabilité devant les juridictions sociales.

6. Existe-t-il une protection spécifique pour certains congés familiaux ?
Oui. Certains congés, notamment ceux liés à la maladie grave ou au décès d’un enfant, bénéficient d’une protection légale renforcée. Par exemple :

  • Le congé de deuil permet de s’absenter jusqu’à 14 jours en cas de décès d’un enfant ou d’une personne de moins de 25 ans à charge ;
  • Les salariés en congé de présence parentale bénéficient d’une protection contre le licenciement, sauf faute grave ou impossibilité de maintenir le contrat ;
  • Un accès facilité au télétravail est prévu pour les salariés aidants d’un proche dépendant.

Ces protections s’inscrivent dans une logique de solidarité sociale et permettent d’assurer une continuité des droits du salarié durant ces périodes particulièrement sensibles.

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