Travail

Contrat d’alternance : règles, aides et coûts à connaître pour les employeurs

Estelle Marant
Collaboratrice
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Recrutement d’alternants : les clés pour réussir votre embauche en 2025

Dans un contexte économique où la transmission des compétences et la formation professionnelle des jeunes constituent des enjeux majeurs, le recours à l’alternance s’impose comme une solution stratégique pour de nombreuses entreprises.

Qu’il s’agisse d’un contrat d’apprentissage ou d’un contrat de professionnalisation, intégrer un alternant au sein de sa structure représente bien plus qu’une simple opportunité de recrutement temporaire. C’est un levier d’investissement sur l’avenir, permettant à l’employeur de former un collaborateur à ses méthodes, de bénéficier d’une main-d'œuvre motivée et de profiter d’avantages financiers non négligeables.

La législation française, encadrée notamment par le Code du travail, favorise cette dynamique en mettant en place un cadre juridique précis et des mesures d’accompagnement financier attractives.

Toutefois, il ne suffit pas de s’engager dans le recrutement d’un alternant sans en connaître les implications juridiques, sociales et budgétaires. Les exigences en matière de désignation d’un maître d’apprentissage ou d’un tuteur, les règles relatives à la rémunération de l’alternant, ou encore les dispositifs d’exonération de charges, sont autant d’éléments qu’il convient d’anticiper.

Dans cet article, defendstesdroits.fr propose une analyse approfondie et actualisée des conditions de recours à l’alternance, des coûts associés, des aides financières disponibles, ainsi que des avantages opérationnels et stratégiques dont peut bénéficier l’employeur.

Le tout, en s’appuyant sur les références légales pertinentes telles que le décret n°2024-392 du 27 avril 2024, larticle L241-13 du Code de la sécurité sociale ou encore le décret n°2025-290 du 28 mars 2025. Cette approche rigoureuse vous permettra de maîtriser juridiquement votre projet d’embauche en alternance et d’en optimiser les bénéfices.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Quelles conditions pour recruter un alternant ?
  3. Quels avantages pour l’employeur ?
  4. Quel coût pour l’entreprise ?
  5. Quelles aides financières mobilisables ?
  6. Quels allègements de charges sociales ?
  7. Comment recruter un alternant ?
  8. Conclusion
  9. FAQ

Quelles conditions pour recruter un alternant ?

Toute entreprise privée peut conclure un contrat d’apprentissage ou un contrat de professionnalisation, indépendamment de son secteur d’activité ou de sa forme juridique.

Les entreprises de travail temporaire bénéficient également de cette faculté. Toutefois, les établissements publics à caractère industriel ou commercial (EPIC) sont autorisés à conclure un contrat de professionnalisation, à l’exclusion de l’État, des collectivités territoriales et de leurs établissements publics administratifs.

S’agissant du contrat d’apprentissage, celui-ci peut être conclu par des employeurs publics relevant du secteur non industriel et non commercial, conformément à l’article L6227-1 du Code du travail.

Il est essentiel de veiller à ce que l’activité de l’entreprise soit cohérente avec la qualification ou le diplôme préparé par l’alternant (certificat de qualification professionnelle, titre professionnel, diplôme universitaire…). L’alternance vise en effet à favoriser la formation professionnelle du jeune salarié tout en lui transmettant un savoir-faire opérationnel.

En pratique, chaque alternant doit être encadré par un maître d’apprentissage ou un tuteur, selon le contrat, qui doit justifier de compétences pédagogiques et professionnelles suffisantes pour l’accompagner dans son parcours.

Quels avantages pour l’employeur ?

Acquisition de compétences nouvelles

Intégrer un alternant au sein de son entreprise permet d’apporter un regard neuf et de bénéficier de compétences actualisées, acquises dans le cadre de formations récentes. L’alternant peut ainsi contribuer à l’amélioration des processus internes et à la modernisation des pratiques professionnelles.

Anticipation des recrutements futurs

Former un alternant constitue un investissement à long terme. À l’issue du contrat, l’entreprise dispose d’un collaborateur déjà formé à ses méthodes et à sa culture, prêt à intégrer durablement ses effectifs, via un CDD ou un CDI, sans coût de recrutement supplémentaire.

Dynamisation des équipes

L’arrivée d’un alternant stimule souvent les équipes en place, en favorisant la transmission des savoirs et le partage d’expériences.

Quel coût pour l’employeur ?

Le salaire de l’alternant dépend de son âge et de la nature du contrat signé. Il est calculé en pourcentage du Smic, conformément aux dispositions des articles L6222-27 et L6325-14 du Code du travail.

  • Contrat d’apprentissage :
    • De 16 à 20 ans : entre 27 % et 67 % du Smic.
    • De 21 à 25 ans : entre 53 % et 78 % du Smic.
    • 26 ans et plus : minimum égal au Smic.
  • Contrat de professionnalisation :
    • De 16 à 20 ans : entre 55 % et 65 % du Smic.
    • De 21 à 25 ans : entre 70 % et 80 % du Smic.
    • 26 ans et plus : minimum égal au Smic.

Des conventions collectives peuvent fixer des minima salariaux plus avantageux, qu’il appartient à l’employeur d’appliquer.

Quelles aides financières mobilisables ?

Dans le cadre du plan 1 jeune, 1 solution, une aide exceptionnelle est versée pour l’embauche d’un alternant, en vertu du décret n°2024-392 du 27 avril 2024. Cette prime vise à encourager l’accès à l’emploi et à favoriser l’insertion professionnelle.

Le montant de l’aide varie selon le contrat conclu et le profil du candidat (demandeur d’emploi, personne en situation de handicap…). Elle peut atteindre plusieurs milliers d’euros.

L’entreprise devra transmettre sa demande via la plateforme dédiée, en respectant les formalités exigées et les délais impartis.

Les opérateurs de compétences (OPCO) accompagnent les entreprises dans l’obtention de ces aides et dans le financement des formations.

Quels allègements de charges sociales ?

Depuis le 1er janvier 2019, les rémunérations versées aux apprentis bénéficient de la réduction générale des cotisations patronales prévue à l’article L241-13 du Code de la sécurité sociale.

Depuis le 1er mars 2025, les contrats d’apprentissage profitent d’une exonération de cotisations salariales et contributions sociales dans la limite de 50 % du Smic, conformément au décret n°2025-290 du 28 mars 2025.

Ce dispositif permet donc de réduire significativement le coût global de l’alternance pour l’employeur.

Comment recruter un alternant ?

Plusieurs stratégies de recrutement peuvent être mises en œuvre :

  • Contacter directement les écoles et CFA : ces établissements disposent de viviers de candidats correspondant aux qualifications recherchées.
  • Diffuser une offre sur des plateformes spécialisées : alternance.emploi.gouv.fr, lapprenti.com, alternance.fr, ou encore sur des sites généralistes comme France Travail, Indeed ou Welcome to the Jungle.
  • Utiliser les réseaux sociaux professionnels : publier une offre sur LinkedIn peut s’avérer efficace pour cibler un public jeune et connecté.
  • Participer à des forums et salons spécialisés : ces événements permettent de rencontrer physiquement des candidats motivés.

En outre, formaliser la proposition d’embauche via une lettre de promesse d’embauche sécurise le processus, conformément aux usages du droit du travail.

Dispositions spécifiques pour certains profils

L’embauche en contrat de professionnalisation d’un demandeur d’emploi âgé de plus de 26 ans, ou d’une personne en situation de handicap, ouvre droit à des aides spécifiques pouvant atteindre 3 000 euros, accordées par France Travail ou par l’État.

Enfin, il convient de noter que depuis le 1er janvier 2025, les emplois francs ne sont plus ouverts aux embauches nouvelles, sauf prolongation pour les contrats en cours.

Chaque entreprise souhaitant embaucher un alternant doit donc maîtriser l’ensemble des dispositifs réglementaires et financiers pour optimiser son recrutement. Pour des informations détaillées et des modèles de contrats adaptés, consultez defendstesdroits.fr.

Conclusion

L’embauche d’un alternant ne saurait être réduite à une simple formalité administrative. C’est une démarche stratégique nécessitant une préparation juridique rigoureuse et une analyse des ressources internes de l’entreprise.

Entre l’intérêt économique lié à une rémunération plafonnée par le Smic, les aides financières gouvernementales attribuées dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution », et les réductions de charges sociales prévues par le Code de la sécurité sociale, les employeurs disposent aujourd’hui d’un ensemble de dispositifs légaux incitatifs.

Mais au-delà des aspects financiers, accueillir un alternant revient à investir dans un capital humain, en lui transmettant un savoir-faire métier et en le formant à la culture de l’entreprise, avec l’espoir, à terme, de le recruter définitivement. Ce processus exige toutefois la mise en place d’un encadrement adapté, par le biais d’un tuteur ou maître d’apprentissage, et le respect des obligations conventionnelles éventuellement plus favorables.

En résumé, l’alternance constitue un outil juridique et managérial performant, permettant d’articuler besoins immédiats et vision à long terme. En vous appuyant sur les ressources et modèles disponibles sur defendstesdroits.fr, vous maximiserez vos chances de réussite dans cette démarche formatrice et structurante.

FAQ

1. Quelles entreprises peuvent recruter un alternant ?
Toutes les entreprises privées, peu importe leur taille, leur statut juridique ou leur secteur d’activité, sont autorisées à recruter un alternant, qu’il s’agisse d’un contrat d’apprentissage ou d’un contrat de professionnalisation. Les entreprises de travail temporaire bénéficient également de cette possibilité. Dans le secteur public, seuls les établissements publics à caractère industriel ou commercial (EPIC) peuvent recourir au contrat de professionnalisation, tandis que les administrations publiques peuvent, sous conditions, conclure un contrat d’apprentissage (article L6227-1 du Code du travail). L’activité de l’entreprise doit toutefois être cohérente avec le diplôme ou la qualification préparée par l’alternant.

2. Quelles aides financières sont disponibles pour l’embauche d’un alternant ?
Le Gouvernement soutient l’alternance par diverses aides financières, notamment dans le cadre du plan « 1 jeune, 1 solution ». Depuis le décret n°2024-392 du 27 avril 2024, une prime pouvant atteindre 6 000 euros est accordée pour toute embauche en contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Cette aide est cumulable avec d’autres dispositifs pour les employeurs recrutant un demandeur d’emploi âgé de plus de 26 ans, un demandeur d’emploi de plus de 45 ans, ou une personne en situation de handicap, pouvant bénéficier d’un soutien financier spécifique allant jusqu’à 3 000 euros. Les démarches administratives sont à effectuer via les OPCO ou sur la plateforme officielle alternance.emploi.gouv.fr.

3. Combien coûte réellement l’embauche d’un alternant ?
Le coût salarial reste avantageux : la rémunération est déterminée en pourcentage du Smic, en fonction de l’âge et du type de contrat (apprentissage ou professionnalisation). Par exemple, un alternant de 20 ans perçoit entre 27 % et 67 % du Smic en apprentissage, ou entre 55 % et 65 % du Smic en contrat de professionnalisation. Au-delà de 26 ans, le salaire ne peut être inférieur au Smic. Ce dispositif est renforcé par des allègements de charges sociales, notamment l’exonération de certaines cotisations patronales (article L241-13 du Code de la sécurité sociale) et l’application de plafonds à 50 % du Smic pour certaines contributions sociales depuis le décret n°2025-290 du 28 mars 2025.

4. Comment et où publier une offre d’alternance pour recruter efficacement ?
Pour recruter un alternant, l’employeur peut :

  • diffuser des annonces sur des plateformes spécialisées comme alternance.emploi.gouv.fr, lapprenti.com, letudiant.fr ou encore sur des sites généralistes (France Travail, Indeed) ;
  • contacter directement les CFA (centres de formation d’apprentis) ou les écoles professionnelles ;
  • exploiter les réseaux sociaux professionnels comme LinkedIn, afin d’atteindre les jeunes candidats via des publications ciblées ;
  • participer à des salons ou forums dédiés à l’alternance, pour rencontrer les candidats directement et organiser des entretiens sur place.

5. Pourquoi l’embauche d’un alternant est-elle un investissement stratégique pour l’entreprise ?
Recruter un alternant permet à l’entreprise de former un futur collaborateur, aux méthodes et valeurs propres à sa structure. Ce salarié formé pourra être embauché directement à l’issue de son contrat, sans passer par un nouveau processus de recrutement. L’alternant offre aussi un regard extérieur et des compétences actualisées, contribuant à moderniser les pratiques internes. Enfin, cette solution optimise la gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), en anticipant les besoins de main-d’œuvre qualifiée tout en sécurisant les embauches futures à moindre coût.

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