Civil

Contrôle d’alcoolémie : quand l’amende est-elle contestable ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Que faire après un contrôle positif à l’alcool ? Vos recours expliqués

La consommation d’alcool au volant demeure l’une des principales causes d’accidents mortels sur les routes françaises. Face à ce danger, le législateur a instauré un cadre juridique strict, sanctionnant fermement les conducteurs présentant un taux d’alcoolémie supérieur aux seuils autorisés.

Qu’il s’agisse d’une simple contravention ou d’un délit de conduite en état d’ivresse, les conséquences peuvent être lourdes : retrait de points, amende, suspension du permis, voire emprisonnement.

Toutefois, il existe des recours juridiques permettant de contester la régularité des procédures menant à la sanction. À travers cet article, defendstesdroits.fr vous éclaire sur les sanctions applicables, les droits des conducteurs contrôlés, ainsi que sur les moyens de défense envisageables.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Les conditions de contrôle d’alcoolémie
  3. Les méthodes de mesure de l’alcoolémie
  4. Sanctions applicables
  5. Contester une amende pour alcool au volant
  6. Vices de procédure pouvant être invoqués
  7. Faut-il se faire assister d’un avocat ?
  8. Conclusion
  9. FAQ

Les conditions de contrôle d’alcoolémie

Cadre juridique du dépistage

Conformément à l’article L.234-3 du Code de la route, les forces de l’ordre sont autorisées à procéder à des épreuves de dépistage de l’alcool par l’air expiré en cas de dommages corporels causés lors d’un accident. Cette disposition vise tant le conducteur que, le cas échéant, l’accompagnateur d’un élève conducteur.

En complément, l’article L.234-9 permet d’effectuer des contrôles préventifs aléatoires, sans qu’une infraction préalable ou un accident ne soit nécessaire. Ces dépistages peuvent être réalisés en agglomération comme sur le réseau routier, par des officiers ou agents de police judiciaire.

Les circonstances justifiant un dépistage

Un contrôle d’alcoolémie peut être déclenché dans les cas suivants :

  • Accident de la circulation, avec ou sans dommages corporels.
  • Infractions au Code de la route (excès de vitesse, franchissement de ligne continue, etc.).
  • Présomption d’alcoolisation (conduite erratique, haleine alcoolisée).
  • Refus d’obtempérer ou comportements suspects.
  • Contrôles aléatoires, dans le cadre de campagnes de sécurité routière.

Les méthodes de mesure de l’alcoolémie

Ethylotest et éthylomètre

Deux techniques sont légalement reconnues :

  • L’éthylomètre, instrument homologué mesurant l’alcool dans l’air expiré. Son usage est régi par l’arrêté du 8 juillet 2003 fixant les conditions d’homologation.
  • La prise de sang, réalisée en cas de contestation, d’incapacité à souffler ou de résultats litigieux.

Seuils d’alcoolémie et qualification juridique

  • Entre 0,25 et 0,39 mg/l d’air expiré (ou 0,50 et 0,79 g/l de sang) : il s’agit d’une contravention de 4ᵉ classe.
  • À partir de 0,40 mg/l (ou 0,80 g/l) : l’infraction devient un délit, réprimé par l’article L.234-1 du même Code.

Sanctions applicables

Contravention : alcoolémie délictuelle non atteinte

L’amende prévue est de 135 € (minorée à 90 €, majorée à 375 €). À cette sanction pécuniaire s’ajoute un retrait de 6 points sur le permis de conduire.

Pour les permis probatoires, dont le solde est limité à 6 points, une telle perte implique l’invalidation automatique du permis. Le contrevenant devra alors repasser l’examen théorique et pratique.

Délit : alcoolémie supérieure à 0,8 g/l

L’automobiliste encourt :

  • Jusqu’à 2 ans d’emprisonnement,
  • Une amende maximale de 4 500 €,
  • Une suspension administrative du permis pouvant aller jusqu’à 3 ans,
  • Une obligation de suivre un stage de sensibilisation à ses frais,
  • Une immobilisation ou confiscation du véhicule,
  • Une perte de 6 points sur le permis de conduire.

Des peines complémentaires peuvent être prononcées, comme l’installation d’un éthylotest anti-démarrage (EAD).

Contester une amende pour alcool au volant

Délai et procédure

Deux cas de figure doivent être distingués :

  • Contestation dans un délai de 45 jours à compter de l’avis d’infraction (contravention simple).
  • Contestation dans les 30 jours à compter de la réception de l’amende majorée.

⚠️ Il est impératif de ne pas payer l’amende si l’on souhaite contester, le règlement valant reconnaissance de culpabilité et entraînant le retrait de points immédiat.

Modalités pratiques

La contestation prend la forme d’un formulaire de requête en exonération ou de réclamation adressée à l’Officier du Ministère public (OMP) compétent.

Il est fortement conseillé de se faire assister d’un avocat en droit routier, particulièrement lorsque le dossier présente des vices de procédure exploitables.

Convocation au tribunal

Si l’OMP estime la contestation recevable, il peut :

  • Soit classer l’affaire sans suite,
  • Soit citer le contrevenant devant le tribunal de police.

Le contrevenant pourra alors faire valoir ses arguments, notamment les irrégularités affectant le procès-verbal d’infraction.

Vices de procédure pouvant être invoqués

La jurisprudence administrative rappelle que le taux d’alcoolémie mesuré par un appareil homologué constitue une preuve légale, sauf si le conducteur parvient à établir une irrégularité procédurale.

Ainsi, dans son arrêt du 12 février 2020 (CE, n° 432739), le Conseil d’État souligne que seule une atteinte aux règles encadrant le contrôle peut remettre en cause la fiabilité du procès-verbal.

Plusieurs vices de procédure peuvent être invoqués devant le tribunal pour tenter d’obtenir une relaxe ou une annulation des poursuites :

  • Défaut d’homologation de l’éthylomètre utilisé : l’appareil doit être conforme aux normes fixées par l’arrêté du 8 juillet 2003 relatif à l’homologation des éthylomètres. Un appareil non certifié rend le résultat juridiquement contestable.
  • Absence de mention du numéro de série ou du numéro d’homologation de l’éthylomètre sur le procès-verbal : cette omission peut remettre en cause la régularité de la procédure.
  • Test réalisé avant un délai de 30 minutes après la dernière consommation d’alcool : ce délai est exigé pour garantir une mesure fiable et éviter un résultat faussé par une alcoolémie buccale temporaire.
  • Contrôle effectué en l’absence d’un officier de police judiciaire habilité : seul un agent compétent peut procéder à certains types de contrôles, notamment pour un délit.
  • Non-respect des conditions de recueil du souffle ou du sang, ou rupture dans la chaîne de traçabilité des prélèvements biologiques : cela nuit à l’intégrité de la preuve et peut entraîner la nullité de la procédure.

Dans tous les cas, la charge de la preuve repose sur le conducteur. Il lui revient d’apporter des éléments permettant de démontrer ces irrégularités substantielles. C’est pourquoi il est essentiel de consulter un avocat compétent, capable de repérer et d'exploiter les moindres anomalies de procédure.

Faut-il se faire assister d’un avocat ?

La présence d’un avocat devant le tribunal de police n’est pas obligatoire, mais elle demeure vivement recommandée, notamment dans les affaires de conduite sous l’emprise de l’alcool, qui soulèvent souvent des questions techniques et des enjeux importants pour le conducteur (perte de permis, casier judiciaire, etc.).

Un avocat spécialisé en droit routier pourra :

  • Identifier les failles de procédure exploitables à l’audience, en examinant en détail le procès-verbal, le matériel utilisé et les conditions du contrôle ;
  • Formuler une demande d’expertise contradictoire, notamment pour vérifier le bon fonctionnement de l’éthylomètre ou la validité du prélèvement sanguin ;
  • Plaider une relaxe, si les éléments juridiques le permettent, ou obtenir une requalification de l’infraction, en contravention par exemple, afin d’alléger les sanctions encourues.

Faire appel à un avocat permet aussi de préparer un dossier argumenté, de rassembler les preuves utiles (témoignages, vidéos, certificats médicaux) et de présenter une défense efficace devant le juge.

Pour bénéficier d’un accompagnement adapté, il est possible de contacter un avocat via defendstesdroits.fr, plateforme mettant en relation les justiciables avec des professionnels qualifiés dans toute la France.

Conclusion

En matière de conduite sous l’emprise de l’alcool, la rigueur de la réglementation impose aux automobilistes une vigilance constante. Mais cette sévérité n’exclut pas le respect des droits de la défense.

Tout automobiliste peut, dans certaines circonstances, faire valoir des vices de procédure, démontrer l’irrégularité du contrôle ou contester la légalité des équipements utilisés.

La maîtrise des textes applicables, tels que les articles L.234-1 à L.234-9 et R.234-1 du Code de la route, ainsi que l’appui d’un avocat spécialisé, s’avèrent alors indispensables pour préserver son permis de conduire et faire valoir ses droits devant la juridiction compétente.

FAQ

1. À partir de quel taux d’alcoolémie risque-t-on une amende ou un délit en France ?

La réglementation distingue deux seuils principaux. Un taux compris entre 0,25 mg/l d’air expiré (ou 0,50 g/l de sang) et 0,39 mg/l d’air expiré (ou 0,79 g/l de sang) constitue une contravention de 4ᵉ classe, sanctionnée par une amende forfaitaire de 135 € et un retrait de 6 points. En revanche, dès que le taux atteint 0,40 mg/l d’air expiré (ou 0,80 g/l de sang), il s’agit d’un délit, puni par des peines plus lourdes : jusqu’à 2 ans d’emprisonnement, 4 500 € d’amende, suspension du permis de conduire, stage obligatoire, voire confiscation du véhicule. Le seuil est encore plus bas pour les titulaires d’un permis probatoire, à savoir 0,20 g/l de sang.

2. Quelles sont les sanctions en cas de conduite sous l’emprise de l’alcool ?

Les sanctions varient en fonction de la gravité de l’infraction. Pour une contravention (taux d’alcool inférieur à 0,8 g/l), l’automobiliste risque :

  • Une amende forfaitaire de 135 € (minorée à 90 €, majorée à 375 €),
  • Le retrait automatique de 6 points sur le permis de conduire,
  • Une possible invalidation du permis pour les jeunes conducteurs ou ceux ayant peu de points.

Dans le cas d’un délit de conduite en état d’ivresse, les peines peuvent inclure :

  • Une amende pouvant aller jusqu’à 4 500 €,
  • Deux ans d’emprisonnement,
  • Une suspension administrative ou judiciaire du permis,
  • L’installation d’un éthylotest anti-démarrage (EAD),
  • Une obligation de stage de sensibilisation,
  • La confiscation du véhicule.

3. Peut-on contester une amende pour alcool au volant ?

Oui, il est possible de contester une amende pour conduite sous l’emprise de l’alcool, mais il faut respecter des délais stricts. Si l’amende est forfaitaire, la contestation doit intervenir dans les 45 jours suivant l’avis. Pour une amende majorée, le délai est de 30 jours à compter de sa réception. Attention : payer l’amende revient à reconnaître l’infraction, ce qui empêche toute contestation ultérieure.

Le recours consiste à contester le procès-verbal d’infraction, en démontrant notamment un vice de procédure. Cela peut inclure un éthylomètre non homologué, l’absence de numéro de série de l’appareil, ou encore un test réalisé trop tôt après consommation d’alcool. L’assistance d’un avocat spécialisé en droit routier est vivement recommandée.

4. Quels sont les vices de procédure les plus fréquemment invoqués ?

Pour espérer obtenir l’annulation d’une sanction, il faut prouver que la procédure n’a pas été respectée. Les vices de procédure les plus souvent retenus par les juridictions sont :

  • L’utilisation d’un éthylomètre non homologué ou défectueux,
  • L’absence de numéro d’homologation sur le procès-verbal,
  • Le non-respect du délai de 30 minutes entre la dernière consommation d’alcool et le test,
  • L’absence d’un officier de police judiciaire lors du contrôle,
  • Des irrégularités dans la chaîne de traçabilité d’un prélèvement sanguin.

Ces éléments doivent être soigneusement relevés et documentés, ce qui justifie souvent l’intervention d’un avocat pour préparer une défense efficace.

5. Est-il obligatoire de se faire représenter par un avocat en cas de convocation au tribunal ?

La représentation par un avocat n’est pas obligatoire devant le tribunal de police, mais elle est vivement conseillée, surtout en cas de délit routier ou de procédure complexe. Un avocat en droit routier saura identifier les irrégularités du dossier, soulever les arguments techniques et défendre vos intérêts face au juge. Il peut également demander une expertise, formuler une requête en nullité, ou négocier une dispense de peine lorsque les circonstances le permettent. En cas de doute, il est possible de consulter un professionnel via defendstesdroits.fr, qui met en relation les justiciables avec des avocats compétents dans ce domaine.

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