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Création d’entreprise : quelles pièces fournir pour l’immatriculation ?

Francois Hagege
Fondateur
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Création de société : la liste des documents légaux à ne pas oublier

Créer une entreprise en France est une démarche qui ne se limite pas à la seule idée entrepreneuriale ou à l’élaboration d’un business plan. La constitution d’une société obéit à un ensemble de règles strictes et codifiées par le Code de commerce. Ces règles visent à garantir la sécurité juridique des associés, la protection des tiers et la transparence vis-à-vis des administrations et des partenaires économiques.
Depuis le 1er janvier 2023, le guichet unique de l’INPI centralise toutes les formalités de création, marquant la fin des anciens centres de formalité des entreprises (CFE). Ce passage au numérique simplifie les démarches, mais impose également aux créateurs une parfaite maîtrise des documents à fournir pour obtenir l’immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS).

La nature de ces pièces dépend de la forme juridique de l’entreprise : sociétés de personnes (SARL, EURL) ou sociétés de capitaux (SAS, SASU, SA). Chacune d’elles répond à un régime particulier défini par les articles du Code de commerce, notamment les dispositions relatives aux statuts, à la responsabilité des associés et aux apports en nature (article L223-9).

Ainsi, qu’il s’agisse de statuts dûment rédigés, d’un justificatif de domiciliation, de l’attestation de parution d’un avis de constitution dans un journal d’annonces légales, ou encore des déclarations sur l’honneur exigées des dirigeants, chaque pièce joue un rôle déterminant dans la reconnaissance légale de la société. L’absence d’un seul document ou une erreur de rédaction peut entraîner un rejet de la demande d’immatriculation, retardant le démarrage de l’activité.

C’est pourquoi il est indispensable pour tout porteur de projet de connaître en détail la liste et le rôle des documents essentiels à la création d’une entreprise, afin d’assurer la validité de la procédure et d’éviter toute contestation ultérieure.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Les documents pour les sociétés de personnes
  3. Les documents pour les sociétés de capitaux
  4. Activités réglementées et documents complémentaires
  5. Conclusion

Les documents pour les sociétés de personnes

L’intuitu personae au cœur de ces sociétés

Les sociétés de personnes (telles que la société à responsabilité limitée – SARL – ou l’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée – EURL) se caractérisent par la place essentielle de la personnalité des associés. Le contrat de société repose sur l’intuitu personae, ce qui implique que l’entrée d’un nouvel associé requiert l’accord des associés existants.

La société à responsabilité limitée (SARL)

L’article L223-1 du Code de commerce précise que la SARL est instituée par deux associés ou plus, dont la responsabilité se limite à leurs apports.
Le dossier d’immatriculation doit comporter notamment :

  • une copie de la pièce d’identité de chaque associé et du gérant, accompagnée d’une déclaration sur l’honneur de non-condamnation et d’une attestation de filiation ;
  • un justificatif de domiciliation de l’entreprise (contrat de bail commercial, contrat de domiciliation, attestation de siège social) ;
  • les statuts signés et datés de la société (article L210-2 du Code de commerce) ;
  • une attestation de parution de l’avis de constitution dans un journal d’annonces légales;
  • une déclaration relative au capital social et aux activités exercées.

Si le gérant n’est pas nommé dans les statuts, l’acte séparé de nomination doit être joint.

L’entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée (EURL)

L’EURL, variante unipersonnelle de la SARL, suit le même régime juridique. Les documents obligatoires reprennent ceux exigés pour une SARL, avec la particularité que les statuts mentionnent que l’associé unique détient la totalité des parts sociales.

En cas d’apports en nature, le recours à un commissaire aux apports est imposé, son rapport devant être annexé aux statuts.

Les documents pour les sociétés de capitaux

Spécificité des sociétés de capitaux

Contrairement aux sociétés de personnes, les sociétés de capitaux (SAS, SASU, SA) ne reposent pas principalement sur la personnalité des associés mais sur le capital investi. La responsabilité des associés est limitée à leurs apports.

La société par actions simplifiée (SAS)

Régie par l’article L227-1 du Code de commerce, la SAS est une structure très souple où l’organisation est librement déterminée par les statuts. Ceux-ci doivent obligatoirement indiquer : dénomination sociale, siège, objet social, capital social et modalités de gouvernance.

Le dossier de constitution doit contenir :

  • les pièces d’identité des dirigeants (président, directeurs, membres du directoire) accompagnées des déclarations sur l’honneur ;
  • un justificatif de domiciliation ;
  • le formulaire M0 de création d’une personne morale dûment rempli ;
  • l’attestation de publication dans un journal d’annonces légales ;
  • les statuts signés par tous les associés.

La société par actions simplifiée unipersonnelle (SASU)

La SASU est une SAS à associé unique. Le régime est identique à la SAS pluripersonnelle. Lorsqu’un apport en nature est réalisé, un commissaire aux apports doit être désigné.

Concernant les locaux de la société, il faut fournir selon les cas :

  • achat de fonds de commerce : copie de l’acte de vente et attestation de parution dans un support d’annonces légales ;
  • location-gérance : copie du contrat de location-gérance et attestation de publication de l’avis correspondant ;
  • gérance-mandat : copie du contrat de gérance-mandat et attestation de publication.

La société anonyme (SA)

La SA obéit à un régime plus contraignant, avec un capital minimum fixé à 37 000 euros et la présence obligatoire d’un commissaire aux comptes. Outre les statuts, il convient de fournir les documents relatifs à la nomination du conseil d’administration ou du directoire et du conseil de surveillance.

Activités réglementées et documents complémentaires

Quelle que soit la forme sociale choisie (SARL, EURL, SAS, SASU, SA), si l’entreprise exerce une activité réglementée, le dossier de constitution doit comporter des justificatifs supplémentaires. Ces activités, strictement encadrées par la loi, ne peuvent être pratiquées qu’à la condition de détenir une autorisation administrative, une carte professionnelle ou une qualification reconnue.

À titre d’exemple :

  • l’avocat doit justifier de son inscription au barreau ;
  • l’expert-comptable doit fournir l’attestation d’inscription à l’Ordre des experts-comptables ;
  • l’agent immobilier doit présenter la carte professionnelle délivrée par la chambre de commerce et d’industrie (loi du 2 janvier 1970, dite loi Hoguet) ;
  • l’artisan soumis à qualification (plombier, électricien, maçon, etc.) doit démontrer qu’il détient soit un diplôme, soit une expérience professionnelle suffisante validée par le répertoire des métiers.

L’absence de ce document entraîne le rejet du dossier d’immatriculation par le greffe du tribunal de commerce, car l’entreprise n’est pas autorisée à exercer son activité légalement.

En plus de ces justificatifs spécifiques, des documents complémentaires peuvent être exigés pour finaliser la constitution de la société, parmi lesquels :

  • le rapport du commissaire aux apports lorsqu’un ou plusieurs associés réalisent des apports en nature. Ce rapport évalue la valeur des biens apportés afin de garantir la transparence financière et la protection des tiers ;
  • une copie du contrat de bail commercial, du contrat de domiciliation ou de tout titre de jouissance des locaux (propriété, convention de mise à disposition). Ce document permet de vérifier la réalité et la légalité du siège social ;
  • pour certaines professions libérales réglementées (médecins, notaires, architectes…), un diplôme d’État ou une attestation d’inscription auprès d’un ordre professionnel doit être joint. Ces justificatifs garantissent que l’activité sera exercée par une personne habilitée et compétente.

Ces exigences témoignent de la volonté du législateur d’assurer la sécurité juridique, la protection du consommateur et le respect des règles de concurrence loyale. Leur omission retarde non seulement l’immatriculation, mais peut également engager la responsabilité civile et pénale du dirigeant qui déclarerait de fausses informations.

Conclusion

La création d’une entreprise ne s’improvise pas : elle suppose le respect scrupuleux d’un cadre juridique structuré et la constitution d’un dossier complet. Qu’il s’agisse d’une société de personnes comme la SARL ou l’EURL, ou d’une société de capitaux telle que la SAS, la SASU ou la SA, chaque forme sociale impose des formalités spécifiques, dictées par le Code de commerce.

Les statuts, véritables piliers de l’organisation interne de la société, le justificatif de domiciliation, les pièces d’identité et déclarations sur l’honneur des dirigeants, ainsi que l’attestation de publication dans un journal d’annonces légales, constituent les bases incontournables de toute immatriculation. À ces documents s’ajoutent, selon les cas, le rapport du commissaire aux apports, les autorisations professionnelles pour les activités réglementées, ou encore les contrats relatifs aux locaux commerciaux.

Ces exigences ne sont pas de simples formalités administratives : elles reflètent l’objectif du législateur d’assurer la sécurité juridique des associés et la transparence économique vis-à-vis des tiers. Omettre un document, mal rédiger une clause statutaire ou négliger une déclaration peut avoir des conséquences lourdes : rejet du dossier, retard dans le démarrage de l’activité, voire nullité de la société.

En pratique, la réussite d’un projet entrepreneurial repose autant sur la solidité du concept que sur la rigueur apportée au respect des règles de constitution. Se préparer en amont, vérifier la conformité des pièces exigées et, au besoin, solliciter un accompagnement juridique spécialisé permet de sécuriser la procédure et de donner à l’entreprise toutes les garanties nécessaires pour un démarrage fiable et durable.

FAQ

1. Quels sont les documents indispensables pour immatriculer une société ?
L’immatriculation au registre du commerce et des sociétés (RCS) est une étape incontournable pour donner la personnalité morale à une société (article L210-6 du Code de commerce). Le dossier doit contenir plusieurs pièces essentielles :

  • les statuts signés et datés, établis conformément aux exigences légales ;
  • un justificatif de domiciliation (bail commercial, contrat de domiciliation, attestation de siège social ou simple justificatif de domicile si l’activité est exercée au domicile du dirigeant) ;
  • l’attestation de parution d’un avis de constitution dans un journal d’annonces légales, afin de rendre la société opposable aux tiers ;
  • le formulaire M0, document administratif permettant de déclarer la création d’une personne morale ;
  • les pièces d’identité et déclarations sur l’honneur de non-condamnation et de filiation des dirigeants, exigées par l’article A123-51 du Code de commerce.

Selon la nature des apports, un rapport du commissaire aux apports peut être requis (article L223-9 du Code de commerce).

2. Pourquoi les statuts de société sont-ils essentiels lors de la création ?
Les statuts représentent la pierre angulaire de toute société. Ils définissent la structure, l’organisation et les règles de fonctionnement interne. L’article L210-2 du Code de commerce impose que les statuts précisent au minimum la dénomination sociale, l’objet, le siège, la durée, le montant du capital social et la répartition des apports.
Sans statuts valides, la société ne peut exister juridiquement et son immatriculation sera refusée.
De plus, les statuts encadrent :

  • les droits et obligations des associés (vote, dividendes, cession de parts) ;
  • la nomination et les pouvoirs des dirigeants ;
  • les modalités de prise de décision en assemblée générale.

Un défaut ou une imprécision dans leur rédaction peut générer des conflits entre associés ou même conduire à la nullité de la société (article L235-1 du Code de commerce).

3. Quelles pièces spécifiques fournir pour une activité réglementée ?
Certaines activités ne peuvent être exercées librement et nécessitent des autorisations ou diplômes spécifiques. L’article L121-2 du Code de commerce et les textes sectoriels encadrent ces professions. Par exemple :

  • Les agents immobiliers doivent fournir une carte professionnelle délivrée par la chambre de commerce et d’industrie (loi Hoguet du 2 janvier 1970).
  • Les artisans doivent justifier de leur qualification professionnelle ou de l’immatriculation au répertoire des métiers.
  • Les professions libérales réglementées (avocats, experts-comptables, médecins) doivent produire leur inscription auprès de l’ordre professionnel compétent.

Sans ce justificatif, l’immatriculation sera refusée par le greffe. Ces documents permettent de vérifier que l’activité est exercée par une personne légalement habilitée, protégeant ainsi les consommateurs.

4. Faut-il publier un avis de constitution dans un journal d’annonces légales ?
Oui, la publication d’un avis de constitution est obligatoire pour toute société commerciale (article R210-3 du Code de commerce). Elle permet de rendre publique l’existence de la société et d’informer les tiers de ses caractéristiques essentielles (dénomination, siège, capital social, dirigeants, objet social).
L’attestation de parution remise par le journal doit être jointe au dossier déposé au guichet unique de l’INPI.
Exemple concret : une SAS nouvellement créée doit publier un avis dans un journal d’annonces légales du département où est situé son siège. À défaut, l’immatriculation sera bloquée, ce qui retardera l’attribution du numéro SIREN et l’inscription au RCS.

5. Quels risques en cas d’oubli ou d’erreur dans le dossier de création ?
Les conséquences d’un dossier incomplet ou inexact peuvent être sérieuses :

  • Le rejet du dossier par le greffe du tribunal de commerce, ce qui empêche la société d’obtenir son Kbis et de démarrer son activité.
  • Un retard administratif entraînant des frais supplémentaires (nouvelle publication d’annonces légales, honoraires de rédaction).
  • En cas de déclaration mensongère (par exemple, dissimulation d’une condamnation du dirigeant), des sanctions pénales peuvent s’appliquer (article L123-5 du Code de commerce).

Au-delà du risque juridique, une erreur dans le dossier peut affecter la crédibilité du porteur de projet auprès des banques, investisseurs ou partenaires commerciaux. Pour limiter ces risques, il est fortement conseillé de vérifier chaque pièce avec rigueur et, si besoin, de recourir à l’assistance d’un avocat ou d’un expert-comptable.

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