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Création du délit d’homicide routier : ce que change la nouvelle loi du 9 juillet 2025

Jordan Alvarez
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Création du délit d'homicide routier : une réforme majeure pour lutter contre la violence routière

La publication de la loi n° 2025-622 du 9 juillet 2025 au Journal officiel du 10 juillet 2025 marque un tournant historique dans la lutte contre la violence routière en France. Avec la création des délits d'homicide routier et de blessures routières, le législateur introduit une réponse pénale plus lisible, plus ferme, et adaptée à la gravité des comportements de certains conducteurs.

Dans cet article, nous décryptons les nouveautés introduites par cette loi, les enjeux de cette création juridique, et les conséquences concrètes pour les conducteurs et les victimes. Objectif : tout comprendre sur le délit d'homicide routier, mot clé central de cette réforme.

Pourquoi créer un délit d'homicide routier ?

Jusqu'à présent, les accidents mortels de la route étaient généralement qualifiés d'homicides involontaires, une incrimination trop générique pour rendre compte de l'étendue des fautes graves commises sur la route (alcool, stupéfiants, refus d'obtempérer, usage du téléphone, etc.).

Avec la notion d'homicide routier, le Code pénal reconnaît enfin la spécificité des morts sur la route causées par des comportements dangereux et délibérément imprudents. C’est une avancée attendue de longue date par les associations de victimes et les professionnels du droit.

Une nouvelle section dans le Code pénal

La loi introduit un chapitre Ier ter au sein du titre II du livre II du Code pénal, intitulé : « Des homicides et blessures routiers », regroupant les nouveaux articles 221-18 à 221-21.

Cette section isole les infractions commises dans le cadre de la conduite de véhicules terrestres à moteur, en distinguant les comportements routiers mortels des homicides involontaires classiques.

Le nouveau délit d'homicide routier : définition et sanctions

Le délit d'homicide routier est constitué lorsqu'un conducteur cause la mort d'autrui sans intention de la donner, mais dans des circonstances particulièrement graves.

Parmi ces circonstances :

  • Violation d’une obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règlement,
  • Conduite en état d’ivresse ou sous l’emprise de stupéfiants,
  • Refus de se soumettre à un test d’alcoolémie ou de drogue,
  • Conduite sans permis, ou avec un permis suspendu/annulé,
  • Usage du téléphone au volant ou port d’oreillettes,
  • Délit de fuite, refus d’obtempérer, rodéo urbain, etc.

Peine principale :

  • 7 ans d’emprisonnement
  • 100 000 euros d’amende

Si au moins deux de ces circonstances sont réunies, la peine est portée à :

  • 10 ans d’emprisonnement
  • 150 000 euros d’amende

Délit de blessures routières : une incrimination autonome

Outre l'homicide routier, la loi de 2025 crée le délit de blessures routières, afin de mieux sanctionner les faits de conduite responsable de blessures graves, mais non mortelles.

Il s’agit toujours d’une atteinte non intentionnelle à l’intégrité physique d’autrui, mais dans les mêmes conditions aggravantes que l'homicide routier.

Les sanctions varient selon la gravité de l’incapacité totale de travail (ITT) :

  • ITT > 3 mois :
    • 5 ans d’emprisonnement
    • 75 000 euros d’amende
  • ITT ≤ 3 mois :
    • 3 ans d’emprisonnement
    • 45 000 euros d’amende

Cette création juridique comble un vide en matière de blessure grave par imprudence routière, permettant une reconnaissance judiciaire spécifique.

Peines complémentaires prévues

Les peines principales s’accompagnent de nombreuses peines complémentaires, qui renforcent le caractère dissuasif de la réforme :

  • Suspension ou annulation du permis jusqu'à 10 ans,
  • Interdiction de conduire certains véhicules, y compris ceux sans permis, pour 5 ans,
  • Interdiction d’exercer une activité professionnelle ayant permis l’infraction,
  • Interdiction de port ou de détention d’armes soumises à autorisation (5 ans),
  • Affichage ou diffusion de la condamnation.

S’ajoute une mesure automatique en cas de condamnation : l’annulation du permis de conduire, assortie d’une interdiction de repasser le permis durant 5 à 10 ans.

En cas de récidive, cette interdiction devient d’office d’une durée de 10 ans, voire définitive sur décision motivée du tribunal.

Un tournant dans la politique pénale routière

Avec ces incriminations autonomes, la France se dote enfin d'un arsenal pénal cohérent et adapté à la réalité des drames routiers.

Les infractions comme le délit d'homicide routier bénéficient d'une visibilité juridique et médiatique qui permet de mieux faire comprendre les enjeux au grand public.

C’est aussi un signal clair adressé aux conducteurs : certains comportements ne seront plus tolérés, et les sanctions seront à la hauteur des conséquences.

Ce qu'il faut retenir

  • La loi du 9 juillet 2025 crée deux nouveaux délits : l'homicide routier et les blessures routières.
  • Ces infractions sont distinguées des qualifications classiques et visent des comportements routiers graves.
  • Les peines sont lourdes et peuvent être renforcées en présence de plusieurs facteurs aggravants.
  • De nombreuses peines complémentaires (notamment sur le permis) sont prévues.
  • Cette réforme était attendue pour rendre justice aux victimes de la route.

Lien utile : loi n° 2025-622 du 9 juillet 2025 portant création des infractions d’homicide routier et de blessures routières, publiée au Journal officiel le 10 juillet 2025.

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