Le commerce en ligne attire chaque année des milliers de créateurs d’entreprise. Accessible, flexible et en plein essor, le e-commerce impose néanmoins de respecter un cadre juridique précis. En effet, dès lors qu’une activité d’achat-revente est exercée de manière habituelle, la loi impose de déclarer son activité et de choisir un statut juridique adapté. Ce choix n’est pas neutre : il détermine le régime social de l’entrepreneur, sa responsabilité en cas de dettes, la fiscalité applicable, mais aussi les perspectives de développement ou de transmission de l’activité.
L’entreprise individuelle et son régime simplifié (micro-entreprise) conviennent aux projets limités ou aux tests de marché. À l’inverse, la création d’une société (SARL/EURL ou SAS/SASU) se justifie lorsqu’il s’agit d’investir, de s’associer ou de protéger son patrimoine dans une perspective de croissance. Le Code de commerce et le Code général des impôts fixent des règles précises en matière de constitution, de responsabilité et de fiscalité (articles L526-22 et suivants du Code de commerce ; article 50-0 du CGI).
L’e-commerçant doit aussi se conformer aux obligations propres à la vente à distance (articles L221-5 et suivants du Code de la consommation : information précontractuelle, droit de rétractation, garantie légale, etc.) et à la protection des données personnelles (RGPD). Dès lors, choisir la structure juridique ne relève pas seulement d’un choix administratif, mais conditionne la sécurité financière et juridique du projet.
La réponse est oui. Toute activité commerciale exercée à titre professionnel doit être déclarée et rattachée à une structure juridique. Le simple fait de vendre régulièrement en ligne des biens neufs ou achetés pour revente constitue une activité professionnelle (article L121-1 du Code de commerce).
L’absence de déclaration expose à des sanctions fiscales et sociales, ainsi qu’à un risque de requalification par l’Urssaf pour travail dissimulé (article L8221-3 du Code du travail).
Depuis la loi n°2022-172 du 14 février 2022, l’entrepreneur individuel bénéficie d’une protection renforcée : son patrimoine personnel est insaisissable, seuls les biens affectés à l’activité professionnelle pouvant être saisis (article L526-22 du Code de commerce).
Le régime de la micro-entreprise (article 50-0 du CGI) permet de bénéficier de formalités allégées et d’un calcul forfaitaire des cotisations sociales. Les seuils de chiffre d’affaires sont fixés à 188 700 € HT pour la vente de marchandises et 77 700 € HT pour les prestations de services. En cas de dépassement, l’entrepreneur bascule automatiquement vers le régime réel.
Ce statut convient particulièrement aux projets de faible envergure ou aux tests de marché.
La SARL (société à responsabilité limitée), encadrée par les articles L223-1 et suivants du Code de commerce, offre un cadre juridique protecteur. La responsabilité des associés est limitée au montant de leurs apports. Ce statut est particulièrement adapté aux projets familiaux, car les cessions de parts sociales sont soumises à un agrément des autres associés (article L223-14 du Code de commerce).
L’EURL (entreprise unipersonnelle à responsabilité limitée) est une SARL avec un associé unique. Elle permet de démarrer seul tout en offrant la possibilité d’accueillir ultérieurement de nouveaux associés. Le gérant est affilié à la Sécurité sociale des indépendants lorsqu’il est associé unique.
La SAS (société par actions simplifiée), prévue aux articles L227-1 et suivants du Code de commerce, offre une grande liberté statutaire. Les associés définissent eux-mêmes les règles de fonctionnement. Ce statut séduit particulièrement les porteurs de projets nécessitant des investissements importants ou la recherche d’investisseurs.
La SASU, version unipersonnelle, permet de démarrer seul tout en bénéficiant de ce régime souple. Son président est assimilé salarié et relève du régime général de la sécurité sociale, garantissant une meilleure couverture sociale que celle des indépendants.
Au-delà du choix du statut, l’e-commerçant doit respecter des obligations légales :
Créer une activité de e-commerce ne se limite pas à développer une boutique en ligne : il s’agit avant tout d’un acte juridique structurant. Le choix du statut détermine la responsabilité de l’entrepreneur, le régime social et fiscal applicable, ainsi que les conditions de développement de l’activité.
L’entreprise individuelle et la micro-entreprise constituent une porte d’entrée simple et rapide pour tester un marché. Mais dès lors que l’activité se structure et nécessite des investissements, la SARL et surtout la SAS apportent davantage de garanties et de souplesse.
Enfin, l’e-commerçant doit garder à l’esprit que sa réussite ne dépend pas uniquement du statut choisi mais aussi du respect des obligations légales propres à la vente en ligne. Anticiper ces aspects permet d’éviter des sanctions et de bâtir un projet pérenne.
Le choix dépend des objectifs de croissance et du niveau d’investissement initial.
Exemple : un vendeur qui souhaite tester un petit site de bijoux faits main peut opter pour la micro-entreprise. En revanche, une start-up visant à lever des fonds pour développer une marketplace choisira plutôt une SAS.
Oui, mais avec des limites.
Exemple : un commerçant qui vend quelques produits artisanaux via un site peut fonctionner sous ce régime. En revanche, une boutique qui investit dans du stock conséquent ou dans la publicité digitale risque de voir ses marges trop réduites et aura intérêt à basculer vers une société.
L’activité de commerce en ligne impose le respect de règles propres au droit de la consommation et au droit du numérique :
Exemple : un site e-commerce doit obligatoirement informer ses clients sur les délais de livraison, les conditions de retour et le traitement de leurs données. L’absence de CGV ou de mentions légales expose l’entrepreneur à des sanctions financières.
Exemple : un e-commerçant qui s’associe avec des membres de sa famille pourra préférer la SARL. Une start-up e-commerce qui souhaite lever des fonds auprès d’investisseurs privilégiera la SAS.
Oui, il est possible de transformer son statut pour l’adapter à la croissance de son activité :
Exemple : un e-commerçant qui démarre en micro-entreprise pour tester son concept pourra évoluer vers une SASU s’il souhaite lever des fonds et embaucher du personnel.