Le recouvrement de créances est strictement encadré par le droit français. Pour pouvoir exiger le paiement d’une somme due, le créancier doit agir dans des délais légaux précis, sous peine de perdre son droit à agir. L’huissier de justice — aujourd’hui appelé commissaire de justice — joue un rôle central dans cette procédure, à condition que la créance ne soit pas prescrite ou forclose.
Ces délais dépendent à la fois de la nature de la dette, de la qualité du débiteur (consommateur, professionnel, locataire, salarié, etc.) et du type de procédure engagée (amiable, judiciaire ou forcée). Le Code civil, le Code de procédure civile et des législations spéciales fixent des délais allant de 1 an à 5 ans, voire davantage dans certains cas particuliers.
Avant d’entamer toute procédure, une créance doit remplir quatre conditions essentielles :
Selon l’article 2224 du Code civil, le délai de prescription de droit commun est de 5 ans à compter du jour où le créancier a eu connaissance ou aurait dû avoir connaissance des faits lui permettant d’agir. Ce délai peut toutefois être raccourci par des textes spéciaux, notamment en matière de consommation ou de communications électroniques.
La forclusion se distingue de la prescription : elle est prévue par la loi dans certaines situations et sanctionne le défaut de diligence du créancier dans le délai imparti pour agir.
En matière civile, l’article 2224 du Code civil fixe un délai quinquennal de prescription. Le point de départ est le jour où la dette devient exigible, sauf disposition contraire.
Ce délai peut :
La prescription ne peut jamais excéder 20 ans (article 2232 C. civ.).
Certains types de dettes sont soumis à des délais raccourcis :
Pour les créances commerciales, l’article L. 110-4 du Code de commerce fixe également un délai de prescription de 5 ans.
Cependant, certaines situations particulières prévoient un délai d’un an, notamment pour certaines actions liées au transport maritime ou à la livraison d’ouvrages.
Le créancier peut lui-même entreprendre les démarches de recouvrement ou mandater un professionnel :
Recourir à un commissaire de justice garantit la sécurité juridique des démarches, notamment lors de l’envoi de mises en demeure ou commandements de payer, soumis à des règles strictes.
Le créancier commence généralement par relancer le débiteur (mail, téléphone ou courrier simple). En cas d’échec, il peut adresser une mise en demeure de payer (article 1344 C. civ.), qui interrompt la prescription.
Un délai raisonnable (généralement 8 à 15 jours) doit être laissé au débiteur pour régulariser la situation.
Pour les petites dettes (inférieures à 5 000 €), l’article L. 125-1 du Code des procédures civiles d’exécution permet au commissaire de justice de recouvrer directement la somme sans passer par une audience. Cette procédure est rapide et adaptée aux créances modestes.
Si les démarches amiables échouent, le créancier peut saisir le tribunal pour obtenir un titre exécutoire :
Une fois la décision rendue, elle doit être signifiée par huissier :
Si le débiteur ne s’exécute pas spontanément, le créancier peut recourir au recouvrement forcé, prévu par l’article L. 111-2 du Code des procédures civiles d’exécution.
Il dispose d’un délai de 10 ans à compter de la délivrance du titre exécutoire (article L. 111-4 C. proc. civ. ex.) pour faire exécuter la décision par un commissaire de justice. Ce dernier peut procéder à des saisies mobilières, immobilières ou sur compte bancaire, selon les cas.
Ces échéances sont déterminantes : une créance prescrite ne peut plus être réclamée en justice, sauf interruption ou suspension du délai.
Le respect des délais légaux de prescription et de procédure est déterminant pour permettre à un créancier de recouvrer une créance par l’intermédiaire d’un huissier de justice. Un impayé peut être poursuivi plusieurs années après son échéance, à condition d’agir dans les temps et selon les formes prévues par la loi. La maîtrise de ces délais et la mobilisation rapide des bons outils juridiques constituent une garantie essentielle pour la protection des droits des créanciers.
1. Combien de temps un huissier peut-il réclamer une dette ?
Le délai dépend de la nature de la créance. En général, une dette peut être réclamée pendant 1 à 5 ans, conformément à l’article 2224 du Code civil. Une décision de justice peut quant à elle être exécutée pendant 10 ans (article L. 111-4 du Code des procédures civiles d’exécution). Passé ce délai, l’action en recouvrement devient impossible, sauf interruption ou suspension de la prescription.
2. Quelle est la différence entre prescription et forclusion ?
La prescription est un délai au terme duquel le créancier perd le droit d’agir en justice. Elle peut être interrompue ou suspendue (articles 2230 à 2234 C. civ.). La forclusion, elle, est un délai impératif prévu par la loi dans certaines situations spécifiques. Une fois ce délai expiré, aucune action n’est plus possible, même en cas d’interruption.
3. Quels sont les délais de prescription selon le type de dette ?
Ces délais peuvent être interrompus par une mise en demeure, une assignation ou une procédure judiciaire.
4. Que faire si la dette est ancienne ?
Si la dette semble prescrite, il est possible de vérifier si une interruption ou une suspension a eu lieu. Par exemple, l’envoi d’une mise en demeure ou une action en justice peut faire repartir un nouveau délai. Dans certains cas, même une dette ancienne peut donc encore être réclamée légalement, notamment si elle a fait l’objet d’un titre exécutoire.
5. Pourquoi faire appel à un huissier plutôt qu’à une société de recouvrement ?
Le commissaire de justice (ex-huissier) dispose de pouvoirs légaux que les sociétés de recouvrement n’ont pas. Il peut :