Immobilier

Diagnostic amiante et obligations du bailleur : ce que prévoit la loi

Francois Hagege
Fondateur
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Amiante : responsabilités et obligations légales des propriétaires

L’amiante, longtemps apprécié dans le secteur de la construction pour ses propriétés isolantes et ignifuges, est aujourd’hui reconnu comme un matériau hautement toxique pour la santé humaine. Inhalées, ses fibres peuvent provoquer des maladies graves telles que l’asbestose, le cancer du poumon ou encore le mésothéliome.

Conscient de ce danger, le législateur français a interdit son utilisation à compter du 1er juillet 1997. Pourtant, de nombreux bâtiments construits avant cette date contiennent encore de l’amiante, parfois dissimulé dans des matériaux ou des éléments de structure.

Face à ce constat, le Code de la santé publique, en particulier l’article L. 1334-12-1, impose aux propriétaires et aux syndicats de copropriétaires d’agir pour identifier, contrôler et, si nécessaire, éliminer ce risque.

Les obligations ne se limitent pas au repérage : elles comprennent la tenue d’un dossier technique amiante (DTA), la communication d’informations aux occupants et aux professionnels, ainsi que la mise en œuvre de mesures de prévention ou de travaux de retrait. En copropriété, ces démarches doivent être décidées en assemblée générale et financées collectivement, ce qui suppose un respect strict de la procédure.

Ce dispositif a une double finalité : protéger la santé publique et éviter toute exposition involontaire à des fibres d’amiante, que ce soit pour les occupants, les travailleurs ou les intervenants extérieurs. Les propriétaires qui ne respectent pas ces obligations s’exposent à des sanctions administratives, pénales et civiles, renforçant ainsi la nécessité d’une vigilance permanente.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Qui doit vérifier la présence d’amiante dans un immeuble
  3. Qui réalise le diagnostic amiante
  4. Le dossier technique amiante (DTA)
  5. Sanctions en cas de manquement
  6. Conclusion

Qui doit vérifier la présence d’amiante dans un immeuble ?

L’initiative du repérage amiante revient au propriétaire de l’immeuble ou, lorsqu’il s’agit d’une copropriété, au syndicat des copropriétaires. Dans ce dernier cas, la décision de faire réaliser le diagnostic doit être prise en assemblée générale, conformément aux règles de fonctionnement prévues par la loi du 10 juillet 1965 fixant le statut de la copropriété des immeubles bâtis.

Champ d’application légal :

  • L’obligation concerne tous les immeubles dont le permis de construire est antérieur au 1er juillet 1997, conformément à l’article L. 1334-12-1 du Code de la santé publique.
  • Elle ne s’applique pas aux maisons individuelles, sauf si elles sont intégrées dans un ensemble immobilier collectif.

Objectif de cette obligation :
L’enjeu est d’éviter tout risque d’exposition aux fibres d’amiante pour les occupants, les visiteurs ou les professionnels intervenant sur le site (artisans, entreprises de maintenance, sociétés de rénovation…).

Le repérage permet d’identifier la présence éventuelle de matériaux contenant de l’amiante et d’évaluer leur état de conservation. En fonction des résultats, des mesures de gestion, de confinement ou de retrait peuvent être prescrites afin de garantir la sécurité sanitaire et de respecter les standards de santé publique.

💡 À retenir : en copropriété, la responsabilité de l’initiative du diagnostic incombe collectivement au syndicat des copropriétaires, mais chaque copropriétaire reste responsable de ses parties privatives. Le défaut de repérage peut entraîner des sanctions administratives, pénales et civiles.

Qui réalise le diagnostic amiante ?

Le repérage doit être confié à un diagnostiqueur certifié, professionnel du bâtiment habilité à rechercher et identifier l’amiante. Sa mission comporte trois volets :

  1. Recherche de matériaux et produits contenant de l’amiante listés en liste A (matériaux friables à risque élevé) et liste B (matériaux non friables susceptibles de libérer des fibres).
  2. Évaluation de l’état de conservation des matériaux identifiés.
  3. Appréciation du risque de dégradation pour les éléments de la liste B.

À l’issue de son intervention, le diagnostiqueur remet un rapport détaillant ses observations et recommandations :

  • Évaluation périodique (si l’état de conservation est satisfaisant).
  • Mesure d’empoussièrement pour déterminer la concentration de fibres dans l’air.
  • Travaux de confinement ou de retrait des matériaux amiantés.

Ce rapport est adressé au propriétaire ou au syndicat de copropriétaires par lettre recommandée avec avis de réception.

Le dossier technique amiante (DTA)

Le propriétaire – ou le syndicat des copropriétaires en cas de copropriété – a l’obligation de constituer, tenir à jour et mettre à disposition un Dossier Technique Amiante (DTA) pour tout immeuble dont le permis de construire est antérieur au 1er juillet 1997, conformément aux dispositions de l’article R. 1334-29-5 du Code de la santé publique.

Fonctions principales du DTA :

  • Être consultable à tout moment par tout occupant qui en fait la demande, afin de garantir son information sur la présence éventuelle d’amiante dans le bâtiment.
  • Être communiqué obligatoirement à toute entreprise ou professionnel appelé à intervenir dans l’immeuble, avant la réalisation de travaux ou de maintenance, afin qu’ils puissent mettre en place les mesures de prévention et de sécurité nécessaires.
  • Recenser et localiser précisément les matériaux et produits contenant de l’amiante repérés dans le bâtiment, ainsi que leur état de conservation.
  • Conserver l’historique des contrôles, des mesures d’empoussièrement et des travaux de retrait ou de confinement réalisés.

Le DTA constitue un outil central de prévention des risques sanitaires liés à l’amiante. Il permet non seulement d’assurer la protection des occupants et des travailleurs, mais aussi de respecter les obligations légales en matière de sécurité publique et de santé au travail. Sa mise à jour régulière est indispensable, notamment après toute opération de maintenance, de travaux ou de désamiantage, afin que les informations soient fiables et exploitables à tout moment.

💡 L’absence de DTA ou la non-communication des informations qu’il contient peut engager la responsabilité civile et pénale du propriétaire, notamment en cas d’exposition avérée ayant causé un dommage.

Sanctions en cas de manquement

En cas de non-réalisation du repérage amiante ou de non-respect des mesures prescrites par l’autorité administrative, les conséquences pour le propriétaire peuvent être importantes et multiformes :

  • Mise en demeure préfectorale : le préfet peut, conformément aux dispositions de l’article L. 1334-14 du Code de la santé publique, adresser une mise en demeure au propriétaire ou au syndicat des copropriétaires de réaliser le diagnostic amiante dans un délai déterminé. Cette mise en demeure est un acte administratif formel, qui ouvre la voie à des mesures coercitives en cas d’inaction.
  • Ordre d’exécution de travaux de désamiantage : si la présence d’amiante est confirmée et que son état présente un risque d’exposition aux fibres, le préfet peut ordonner la réalisation de travaux de confinement ou de retrait aux frais du propriétaire. Ces travaux doivent impérativement être confiés à une entreprise certifiée pour le traitement de l’amiante, conformément aux normes de sécurité prévues par le décret n° 2012-639 du 4 mai 2012.
  • Sanctions pénales : le propriétaire qui ne se conforme pas à ses obligations encourt des contraventions pénales prévues par le Code de la santé publique. Ces contraventions peuvent atteindre une amende maximale de 1 500 € pour une personne physique, montant pouvant être doublé en cas de récidive (art. 131-13 du Code pénal et art. R. 1337-2 du Code de la santé publique). Pour une personne morale, l’amende peut être multipliée par cinq.
  • Responsabilité civile : au-delà des sanctions administratives et pénales, le propriétaire peut également voir sa responsabilité civile engagée sur le fondement de l’article 1240 du Code civil (ancien article 1382) s’il est démontré que son manquement a causé un dommage à un occupant, un salarié ou un tiers intervenant dans l’immeuble. Cela peut inclure la réparation intégrale du préjudice, notamment en cas de pathologies liées à l’amiante.

💡 Ces sanctions ont pour finalité d’obliger le propriétaire à gérer le risque amiante de manière proactive et à se conformer aux standards de santé publique et de sécurité au travail.

Elles rappellent également que la prévention, via un diagnostic régulier et une mise à jour du dossier technique amiante (DTA), est non seulement une obligation légale, mais aussi un levier essentiel pour éviter des contentieux longs et coûteux.

Conclusion

La gestion du risque amiante est une responsabilité légale incontournable pour tout propriétaire d’immeuble construit avant le 1er juillet 1997. Le cadre réglementaire, articulé autour de l’article L. 1334-12-1 du Code de la santé publique et des textes d’application, impose non seulement de repérer la présence d’amiante mais aussi de surveiller son état, de prévenir les expositions et, le cas échéant, de procéder à des travaux de confinement ou de désamiantage.

La mise à jour régulière du dossier technique amiante (DTA) et sa communication aux personnes concernées ne sont pas de simples formalités : elles participent directement à la prévention des risques. De plus, la transmission de ces informations est obligatoire lors de toute cession d’immeuble ou intervention de travaux.

En cas de manquement, le propriétaire s’expose à une mise en demeure préfectorale, à l’exécution d’office de travaux à ses frais, et à une amende pouvant atteindre 1 500 €, sans compter les conséquences civiles en cas de préjudice subi par un occupant ou un travailleur exposé.

Dans un contexte où la sécurité sanitaire est au cœur des priorités publiques, se conformer à ces obligations n’est pas seulement un impératif juridique : c’est un devoir envers la santé et la sécurité de tous.

FAQ

1. Dans quels cas un propriétaire doit-il rechercher la présence d’amiante ?
L’obligation de repérage concerne tous les immeubles dont le permis de construire est antérieur au 1er juillet 1997, conformément à l’article L. 1334-12-1 du Code de la santé publique. Elle s’applique aussi bien aux parties privatives qu’aux parties communes des immeubles collectifs. En copropriété, c’est le syndicat des copropriétaires qui décide la réalisation du diagnostic en assemblée générale.
Cette obligation ne s’applique pas aux maisons individuelles sauf si elles sont incluses dans un ensemble collectif. L’objectif est d’identifier toute présence d’amiante pour prévenir les risques sanitaires, même si aucun travaux n’est prévu immédiatement.

2. Qui est habilité à réaliser un diagnostic amiante et quelles sont ses missions ?
Le repérage doit être effectué par un diagnostiqueur certifié, disposant d’une certification délivrée par un organisme accrédité (ex. Cofrac). Ce professionnel intervient pour :

  • Rechercher les matériaux et produits figurant dans la liste A (matériaux friables à fort risque de dispersion) et la liste B (matériaux non friables susceptibles d’émettre des fibres).
  • Évaluer l’état de conservation des matériaux contenant de l’amiante.
  • Apprécier le risque de dégradation et son impact sur l’environnement du bâtiment.
  • Formuler des recommandations : surveillance périodique, mesures d’empoussièrement, travaux de confinement ou désamiantage complet.

Le rapport de repérage est adressé au propriétaire ou au syndicat par lettre recommandée avec avis de réception et doit être conservé dans le Dossier Technique Amiante (DTA).

3. Qu’est-ce que le dossier technique amiante (DTA) et qui peut le consulter ?
Le DTA est un document obligatoire, instauré par le Code de la santé publique, qui regroupe :

  • Les résultats des repérages.
  • L’évaluation périodique de l’état des matériaux amiantés.
  • Les mesures d’empoussièrement réalisées.
  • La liste des travaux de retrait ou de confinement effectués.

Accès et communication :

  • Tout occupant peut le consulter sur simple demande.
  • Toute entreprise amenée à effectuer des travaux sur l’immeuble doit obligatoirement en recevoir une copie avant le démarrage du chantier, pour mettre en place les mesures de sécurité nécessaires.
  • En cas de vente d’un lot ou d’un immeuble, le DTA doit être annexé au dossier de diagnostic technique remis à l’acquéreur.

4. Quelles sanctions en cas de non-respect des obligations liées à l’amiante ?
En cas de non-réalisation du diagnostic ou de non-exécution des travaux prescrits :

  • Le préfet peut mettre en demeure le propriétaire d’effectuer le repérage dans un délai fixé.
  • Le préfet peut ordonner l’exécution d’office des travaux aux frais du propriétaire.
  • Une contravention de 5ᵉ classe peut être infligée, avec une amende pouvant atteindre 1 500 € (art. 131-13 Code pénal, art. R. 1337-2 CSP).
  • En cas de préjudice pour un occupant ou un intervenant, le propriétaire peut être poursuivi au civil sur le fondement de l’article 1240 du Code civil pour faute et obligation de réparation intégrale.

5. Quelles démarches entreprendre en cas de présence avérée d’amiante ?
Si le repérage confirme la présence d’amiante :

  • Surveillance : pour des matériaux en bon état, l’obligation se limite à un contrôle périodique.
  • Mesures d’empoussièrement : si l’état des matériaux le justifie, pour évaluer la concentration de fibres dans l’air.
  • Travaux de confinement : lorsqu’il faut isoler les matériaux amiantés pour empêcher la dispersion des fibres.
  • Désamiantage : retrait complet des matériaux contenant de l’amiante, réalisé uniquement par des entreprises certifiées selon les normes de sécurité (décret n° 2012-639 du 4 mai 2012).

⚠️ Le non-respect des prescriptions techniques peut exposer le propriétaire à une responsabilité pénale pour mise en danger d’autrui (art. 223-1 du Code pénal).

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