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Divorce et Code civil : comportements à bannir pendant la procédure

Jordan Alvarez
Editeur
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Divorce en France : 7 pièges fréquents qui peuvent vous coûter cher

Le divorce marque une rupture à la fois affective, juridique et patrimoniale. C’est une épreuve humaine qui, au-delà du chagrin et des tensions, exige une vigilance juridique constante. Chaque décision prise durant cette période – quitter le domicile conjugal, cesser de contribuer aux charges du ménage, entamer une nouvelle relation, ou même la manière de communiquer avec son conjoint – peut avoir des conséquences légales majeures.

En France, la dissolution du mariage est encadrée par le Code civil, notamment par les articles 229 et suivants, qui définissent les différents types de divorce et leurs effets. Que l’on opte pour un divorce par consentement mutuel ou que l’on soit engagé dans une procédure contentieuse, il ne s’agit jamais d’un simple acte administratif. Le divorce, dans sa réalité juridique, met en jeu des principes fondamentaux tels que le respect, la fidélité, la solidarité conjugale et la protection de l’intérêt de l’enfant.

Beaucoup de justiciables, par méconnaissance ou par impulsion, commettent des erreurs qui aggravent les conflits et compromettent leurs droits. Or, la procédure de divorce est un terrain où la stratégie, la preuve et le comportement personnel ont une valeur déterminante. Connaître les pièges à éviter, c’est se donner les moyens de préserver sa dignité et ses intérêts tout en respectant les exigences de la loi.

Cet article a pour objectif de vous éclairer sur les principales erreurs à ne pas commettre lors d’une séparation, en s’appuyant sur les textes légaux en vigueur et la jurisprudence récente. Car préparer son divorce, c’est avant tout préparer sa défense et éviter que les émotions n’effacent la raison.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Les erreurs les plus fréquentes pendant la procédure
  3. Les fautes reconnues par la loi dans le divorce pour faute
  4. Conseils pratiques pour un divorce serein et conforme à la loi
  5. Conclusion

Les principales erreurs à éviter lors d’une procédure de divorce

1. Manquer de respect à son conjoint pendant la procédure

Le respect mutuel demeure une obligation jusqu’au prononcé du divorce, conformément à l’article 212 du Code civil. Les échanges injurieux, les menaces ou les comportements humiliants peuvent être retenus comme fautes et justifier un divorce aux torts exclusifs.

Le juge aux affaires familiales (JAF) tient compte des comportements de chaque époux au cours de la procédure. Même les messages électroniques (SMS, e-mails, publications sur les réseaux sociaux) peuvent être produits en justice. Ainsi, une attitude irréfléchie peut se retourner contre son auteur et influencer la décision finale, notamment sur la répartition des torts ou la garde des enfants.

2. Négliger l’intérêt supérieur de l’enfant

Selon l’article 373-2-6 du Code civil, le juge statue avant tout dans l’intérêt de l’enfant. Cela implique que les parents doivent éviter de le mêler aux conflits conjugaux ou de l’utiliser comme intermédiaire. Parler de l’autre parent en des termes dévalorisants ou impliquer l’enfant dans les disputes peut nuire à la coparentalité et peser sur la décision du juge concernant la résidence et la pension alimentaire.

Faire appel à un médiateur familial ou à un psychologue pour enfants peut permettre de préserver l’équilibre émotionnel de la famille et de favoriser un climat apaisé.

3. Quitter le domicile conjugal sans autorisation

L’article 215 du Code civil impose un devoir de cohabitation entre les époux jusqu’au jugement définitif. Quitter le domicile sans accord écrit ou décision judiciaire peut être interprété comme un abandon du domicile conjugal, constituant une faute susceptible de justifier un divorce pour faute.

Toutefois, en cas de violences conjugales ou de mise en danger, le départ peut être légitime à condition de porter plainte ou de déposer une main courante, et d’en informer le juge. Il est également possible de demander une autorisation judiciaire de résidence séparée, conformément à la procédure prévue à l’article 257 du Code civil.

4. Suspendre le paiement des charges communes

Les époux demeurent soumis à l’obligation de contribuer aux charges du mariage (article 214 du Code civil) tant que le divorce n’est pas prononcé. Cesser unilatéralement de payer le loyer, les factures ou les dépenses liées aux enfants peut être considéré comme une faute et donner lieu à une action en contribution de la part du conjoint lésé.

Le juge peut également décider d’imputer un déséquilibre financier à celui qui ne respecte pas ses obligations, influençant ainsi le montant de la pension alimentaire ou la répartition des biens.

5. Ne pas constituer un dossier complet pour son avocat

Le dossier de divorce repose sur la qualité et la précision des pièces fournies à l’avocat. Il est essentiel de rassembler rapidement :

  • les documents d’état civil des époux et des enfants,
  • les titres de propriété et emprunts en cours,
  • les justificatifs de revenus et de charges,
  • les preuves d’éventuelles fautes (certificats médicaux, témoignages, constats d’huissier).

Un dossier incomplet peut ralentir la procédure et compromettre la défense de vos intérêts. Un avocat en droit de la famille saura vous guider dans la constitution de ces éléments.

6. Ne pas assister aux audiences

La procédure de divorce contentieux prévoit plusieurs audiences, dont certaines obligatoires. Ne pas s’y présenter sans motif valable revient à laisser la parole à la partie adverse, ce qui peut entraîner une décision défavorable. La bonne foi et la présence régulière à chaque étape sont valorisées par le juge, qui apprécie la volonté de coopérer et de trouver un accord équitable.

7. Entamer une relation avant le jugement de divorce

L’infidélité constitue encore aujourd’hui une violation du devoir de fidélité imposé par l’article 212 du Code civil. Même après l’ordonnance de non-conciliation, une relation nouvelle peut être considérée comme une faute conjugale, comme l’a confirmé la Cour de cassation (1re civ., 10 février 2021, n°19-24.543).

Une publication sur les réseaux sociaux ou tout signe public de cette nouvelle relation peut être utilisé comme preuve d’adultère. Il est donc prudent d’attendre le prononcé officiel du divorce avant de s’engager dans une nouvelle union.

Les fautes justifiant un divorce contentieux

Conformément à l’article 242 du Code civil, le divorce pour faute peut être prononcé lorsque l’un des époux commet une violation grave ou renouvelée des devoirs du mariage rendant impossible le maintien de la vie commune. Parmi les fautes les plus fréquemment retenues par les tribunaux figurent :

  • l’adultère répété ou affiché,
  • les violences conjugales physiques ou psychologiques,
  • l’abandon du domicile conjugal,
  • le refus de contribuer aux charges du ménage,
  • ou encore le mépris constant envers l’autre époux.

Le demandeur doit apporter la preuve de la faute par tout moyen licite : témoignages, rapports médicaux, échanges électroniques, etc.

Depuis la réforme de 2021, les juges privilégient toutefois les divorces amiables (article 229 du Code civil), favorisant la conclusion d’un accord équilibré sur les biens, la garde des enfants et la pension alimentaire.

Conclusion

Le divorce, qu’il soit amiable ou conflictuel, ne se limite jamais à la rupture du lien conjugal : il est aussi une procédure juridique complexe où chaque comportement peut influencer la décision du juge. Le respect des devoirs matrimoniaux – fidélité, assistance, contribution aux charges, cohabitation – demeure impératif jusqu’au prononcé du jugement.

Pour éviter les pièges, il est essentiel d’adopter une attitude mesurée, de favoriser la communication lorsque cela est possible, et de recourir à un avocat spécialisé en droit de la famille pour vous assister à chaque étape. Un professionnel saura non seulement protéger vos droits, mais aussi anticiper les conséquences patrimoniales et parentales de la séparation.

Rester fidèle aux principes juridiques, c’est aussi préserver ses chances d’obtenir un divorce équitable et apaisé. La prudence, la transparence et le respect du cadre légal demeurent vos meilleurs alliés. Le divorce n’est pas seulement une fin : c’est le début d’une reconstruction qui doit s’appuyer sur la clarté du droit et la sérénité des choix.

FAQ

1. Quelles sont les fautes les plus graves pendant une procédure de divorce ?
Les fautes les plus graves sont celles qui traduisent une violation grave ou renouvelée des devoirs du mariage tels que définis par l’article 242 du Code civil. Parmi elles, on retrouve :

  • l’adultère, encore reconnu comme une cause de divorce pour faute lorsque la tromperie rend la vie commune impossible ;
  • les violences conjugales, physiques ou morales, qui peuvent faire l’objet d’une plainte pénale et justifier des mesures d’éloignement immédiates ;
  • l’abandon du domicile conjugal, sauf en cas de mise en danger ou d’autorisation judiciaire ;
  • le refus de contribuer aux charges du mariage, qui constitue une atteinte au devoir de solidarité ;
  • le mépris, les insultes ou l’humiliation publique de son conjoint.

Le juge aux affaires familiales apprécie chaque situation selon sa gravité, sa répétition et ses conséquences sur la vie commune. Une faute isolée mais grave peut suffire à prononcer un divorce aux torts exclusifs d’un époux.

2. Peut-on quitter le domicile conjugal avant le jugement de divorce ?
En principe, non, sauf dans deux cas précis :

  • si le départ est autorisé par le juge après dépôt de la requête ;
  • si le départ est motivé par un danger réel, par exemple en cas de violences conjugales.

Conformément à l’article 215 du Code civil, les époux ont un devoir de cohabitation jusqu’à la dissolution du mariage. Quitter le domicile sans autorisation peut être interprété comme un abandon du domicile conjugal, passible de conséquences graves :

  • le divorce peut être prononcé à vos torts exclusifs ;
  • vous pouvez perdre temporairement la jouissance du logement familial ;
  • cela peut influencer les décisions sur la résidence des enfants ou la pension alimentaire.

En cas de danger, il est recommandé de porter plainte, de déposer une main courante et de saisir le juge pour demander une ordonnance de protection prévue par l’article 515-9 du Code civil.

3. Doit-on rester fidèle pendant la procédure de divorce ?
Oui. Le devoir de fidélité reste applicable jusqu’au prononcé définitif du divorce, comme le rappelle l’article 212 du Code civil. Cela signifie qu’entamer une relation amoureuse ou sexuelle avec une autre personne pendant l’instance peut être qualifié d’adultère.

La jurisprudence est constante : même après l’ordonnance de non-conciliation, une liaison publique ou affichée (par exemple via les réseaux sociaux) peut être retenue contre l’époux fautif.
La Cour de cassation (1re civ., 10 février 2021, n° 19-24.543) a confirmé que toute relation extraconjugale pendant la procédure viole le devoir de fidélité, et peut entraîner un divorce pour faute.

Outre les conséquences juridiques, une infidélité en période de divorce peut détériorer le climat familial, aggraver le conflit et nuire à la coparentalité, surtout en présence d’enfants.

4. Que risque un époux qui cesse de payer les charges communes ?
Les époux ont l’obligation de contribuer ensemble aux charges du mariage, selon leurs facultés respectives, comme le dispose l’article 214 du Code civil. Cela comprend le paiement :

  • du logement familial (loyer, prêt immobilier, charges) ;
  • des dépenses courantes du foyer ;
  • de l’entretien et de l’éducation des enfants.

Cesser de payer ces charges sans motif valable peut entraîner :

  • une action en contribution engagée par l’autre époux devant le juge ;
  • une demande de dommages et intérêts pour préjudice moral ou matériel ;
  • une appréciation négative du juge lors du partage des biens ou de la fixation des pensions.

Le respect de ces obligations jusqu’au prononcé du divorce est essentiel pour démontrer votre bonne foi et votre volonté de coopérer dans la procédure.

5. Comment prouver une faute en cas de divorce contentieux ?
La preuve de la faute repose sur le principe de liberté de la preuve en matière de divorce (sous réserve de la légalité des moyens employés). Sont recevables :

  • les témoignages écrits (amis, proches, collègues) sous forme d’attestations conformes à l’article 202 du Code de procédure civile ;
  • les constats d’huissier (par exemple, constat d’adultère ou de dégradation de biens) ;
  • les certificats médicaux attestant de violences ;
  • les échanges électroniques (SMS, e-mails, publications sur les réseaux sociaux), s’ils ont été obtenus sans fraude ni atteinte à la vie privée.

Le juge évalue la valeur probante de chaque élément et son impact sur la vie conjugale. Les preuves obtenues de manière déloyale — comme le piratage d’un téléphone ou d’une messagerie — sont écartées.

En pratique, un avocat en droit de la famille vous aidera à constituer un dossier solide, équilibrant stratégie juridique et respect du droit à la vie privée.

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