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Embaucher un cadre en CDI : les clauses à inclure dans le contrat

Jordan Alvarez
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Contrat cadre CDI : règles, obligations et rédaction sans erreur

Dans le paysage professionnel français, le statut cadre constitue une catégorie particulière du salariat, synonyme de responsabilités accrues, de missions stratégiques et d'une certaine autonomie dans l'organisation du travail.

Pourtant, contrairement à une idée reçue, le code du travail ne fournit aucune définition juridique précise de cette notion. Ce sont principalement la jurisprudence, les accords collectifs et les conventions collectives qui encadrent la désignation du cadre dans l'entreprise.

Rédiger un contrat de travail pour un salarié cadre implique donc une vigilance juridique accrue. Les enjeux sont multiples : définir clairement les modalités d'exécution du travail, fixer une rémunération conforme aux usages conventionnels, organiser la durée du travail (notamment par le biais du forfait jours), sans oublier les dispositions relatives à la période d'essai. Toute imprécision ou omission peut exposer l'employeur à un risque de contentieux, notamment devant le conseil de prud'hommes, en cas de contestation par le salarié.

De plus, au regard des spécificités du statut, certaines clauses exigent une rédaction soignée et adaptée, tant sur la question de l'autonomie du salarié, que sur ses missions managériales ou ses responsabilités stratégiques. Dès lors, la rédaction d'un CDI cadre nécessite une connaissance rigoureuse des textes juridiques applicables (articles du code du travail) et des conventions collectives sectorielles, véritables sources normatives.

Ce dossier vous propose d'examiner les principales mentions obligatoires et les clauses spécifiques à intégrer dans le contrat d'un salarié cadre, afin d'assurer une rédaction conforme au droit du travail français. À travers l'analyse des règles relatives à la période d'essai, à la durée du travail, à la rémunération minimale, vous disposerez des repères essentiels pour sécuriser juridiquement vos recrutements.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Qu'est-ce qu'un cadre selon le droit du travail
  3. La période d'essai à préciser dans le contrat
  4. La durée du travail et l'organisation des horaires d'un cadre
  5. Le salaire minimum applicable à un cadre
  6. Conclusion
  7. FAQ

Qu'est-ce qu'un cadre selon le droit du travail ?

Le statut de cadre, bien que couramment utilisé, ne bénéficie pas d'une définition légale stricte dans le code du travail. Toutefois, l'Organisation internationale du travail (OIT) précise que le cadre est une personne :

  • titulaire d'un diplôme supérieur ou disposant d'une expérience professionnelle équivalente ;
  • exerçant des fonctions intellectuelles prédominantes, nécessitant un haut niveau de responsabilité, d'initiative et de jugement.

Ce statut intègre les salariés chargés, par délégation de l'employeur, de diriger, contrôler et coordonner une partie de l'activité de l'entreprise.

En pratique, la convention collective applicable dans l'entreprise et le poste occupé par le salarié contribuent à déterminer si le salarié relève du statut cadre.

La période d'essai à préciser dans le contrat

L'article L1221-19 du code du travail fixe à 4 mois la durée maximale de la période d'essai pour un salarié cadre embauché en CDI. Toutefois, il est possible de prévoir un renouvellement, conformément à l'article L1221-21, à condition :

  • que cette possibilité soit prévue par un accord de branche étendu ;
  • que le salarié cadre donne son accord exprès, conformément à la jurisprudence (cass. soc., 25 novembre 2009, n°08-43008) ;
  • et que la clause de renouvellement figure expressément dans le contrat de travail ou la lettre d'engagement (article L1221-23).

La durée totale (initiale + renouvellement) ne peut excéder 8 mois, sauf dispositions conventionnelles plus restrictives (article L1221-22).

Il est impératif de vérifier les stipulations de la convention collective applicable avant toute rédaction.

La durée du travail et l'organisation des horaires d'un cadre

En principe, le cadre est soumis à la durée légale du travail de 35 heures hebdomadaires, sauf dispositions spécifiques. L'article L3171-1 du code du travail rappelle que l'horaire collectif applicable doit être respecté, mais des aménagements sont possibles :

  • recours au forfait heures (hebdomadaire, mensuel ou annuel) conformément aux articles L3121-53 à L3121-56 ;
  • mise en place d'un forfait jours annuel selon l'article L3121-58, si le cadre bénéficie d'une autonomie suffisante dans l'organisation de son emploi du temps.

La convention de forfait nécessite un accord écrit et l'acceptation du salarié. Elle permet de s'affranchir du suivi des horaires classiques, en fonction du volume d'heures ou de jours convenu.

Dans tous les cas, l'insertion de cette modalité doit être formalisée dans le contrat.

Le salaire minimum applicable à un cadre

Le salaire minimum conventionnel du cadre est déterminé par la classification professionnelle prévue dans la convention collective applicable. Chaque cadre se voit attribuer un échelon, un niveau ou un coefficient, en fonction :

  • des responsabilités exercées ;
  • du niveau d'autonomie ;
  • de la formation initiale et de l'expérience professionnelle.

Exemple : dans la convention collective de la boulangerie-pâtisserie du 19 mars 1976, deux niveaux de cadres sont prévus (cadre 1 et cadre 2), chacun associé à une grille salariale spécifique.

Attention : en présence d'une convention de forfait, le salaire minimal garanti peut être supérieur au minimum prévu pour un cadre soumis à l'horaire collectif, en application des dispositions conventionnelles.

En cas de doute, il est conseillé de se référer à la convention collective à jour, document accessible sur defendstesdroits.fr, afin de respecter les obligations légales et conventionnelles relatives à la rémunération.

Conclusion

En définitive, le contrat de travail d'un cadre ne saurait se limiter à une formalité administrative. Il s'agit d'un outil juridique fondamental, encadrant la relation entre l'employeur et le salarié placé sous le statut cadre.

Une attention particulière doit être portée à la définition des missions, à l'organisation du temps de travail – notamment en cas de forfait jours ou forfait heures –, ainsi qu'à la détermination d'une rémunération conforme aux exigences conventionnelles. Chaque clause doit être élaborée avec précision, au regard des articles du code du travail et des dispositions spécifiques prévues par la convention collective applicable.

Par ailleurs, il est impératif de prévoir expressément, dans le contrat de travail ou la lettre d'engagement, toutes les éventualités relatives à la période d'essai et son éventuel renouvellement, conformément aux prescriptions des articles L1221-19 à L1221-23 du code du travail.

Rappelons que toute imprécision ou erreur dans la rédaction peut générer des litiges prud'homaux, engageant la responsabilité de l'employeur et compromettant la relation de travail. Il est donc fortement recommandé de consulter la convention collective de l’entreprise et, en cas de doute, de solliciter l’accompagnement d’un professionnel du droit.

Pour garantir la sécurité juridique du contrat et préserver les intérêts des deux parties, les ressources proposées par defendstesdroits.fr vous permettent d'accéder à des modèles actualisés, des lettres types et des dossiers juridiques complets rédigés par des experts.

FAQ

1. Un cadre doit-il forcément bénéficier d'une période d'essai dans son contrat de travail ?
Non, la période d'essai n’est pas obligatoire. Toutefois, l'article L1221-19 du code du travail autorise une période maximale de 4 mois pour un cadre, renouvelable une fois sous conditions. Cette clause, si prévue, doit obligatoirement être formalisée par écrit et respecter les éventuelles stipulations de la convention collective applicable.

2. Peut-on obligatoirement appliquer un forfait jours à un salarié cadre ?
Non, la mise en place d'une convention de forfait jours suppose que le cadre soit autonome dans l'organisation de son temps de travail (article L3121-58 du code du travail). L'accord du salarié et la formalisation écrite de cette modalité sont impératifs. Sans ces conditions, le cadre reste soumis à la durée légale du travail.

3. Comment fixer le salaire minimum d'un salarié cadre ?
La rémunération minimale d'un cadre dépend de la convention collective de l’entreprise et du niveau hiérarchique du salarié (échelon, coefficient). Certains textes conventionnels prévoient des salaires spécifiques en cas de forfait jours ou d’autonomie renforcée. L'absence de respect du minimum conventionnel expose l'employeur à des contentieux prud'homaux.

4. Quelles clauses spécifiques insérer dans un contrat de cadre ?
Outre les mentions obligatoires (identité des parties, poste, rémunération), il est recommandé d'ajouter :

  • une clause de forfait (jours ou heures) si applicable ;
  • une clause de confidentialité adaptée aux responsabilités stratégiques du cadre ;
  • une clause de mobilité en cas de déplacements professionnels fréquents.

5. La convention collective prime-t-elle sur le code du travail pour les contrats cadre ?
Oui, lorsque la convention collective prévoit des dispositions plus favorables, celles-ci prévalent sur les règles supplétives du code du travail. Cela concerne notamment la durée de la période d'essai, le salaire minimum, ou les conditions de mise en place du forfait jours. Une consultation régulière des textes conventionnels applicables est donc indispensable pour sécuriser la rédaction du contrat.

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