Le mois de septembre 2025 a été particulièrement dense pour les employeurs et leurs services de ressources humaines. Entre les ajustements liés aux contributions sociales, les décisions marquantes de la Cour de cassation, les nouvelles règles applicables aux cartes de séjour pour talents étrangers, les évolutions relatives aux frais professionnels ou encore les modifications de plusieurs conventions collectives, l’actualité juridique a couvert un spectre très large.
Ces réformes et jurisprudences ne sont pas de simples ajustements techniques : elles impactent directement la gestion quotidienne des entreprises, qu’il s’agisse de calculer une cotisation, d’organiser les congés payés, de traiter un licenciement disciplinaire ou d’assurer la conformité des mandats professionnels. Elles traduisent également la volonté du législateur et du juge d’adapter le droit du travail et le droit social aux réalités contemporaines, tout en garantissant la protection des salariés et la sécurité juridique des employeurs.
Dans un contexte économique marqué par des tensions sociales, des bouleversements climatiques et une réforme constante du droit du travail, il est essentiel pour les dirigeants et responsables RH de rester attentifs à ces évolutions. Une mauvaise application d’une règle, même récente, peut conduire à des litiges prud’homaux, à des redressements Urssaf ou à des sanctions administratives.
C’est pourquoi defendstesdroits.fr propose une synthèse claire et approfondie de toutes les nouveautés de septembre 2025. Ce récapitulatif met en évidence les obligations nouvelles, les opportunités pour les employeurs, mais aussi les risques à anticiper pour sécuriser la gestion des entreprises dans les mois à venir.
La quatrième modulation du taux de contribution chômage est entrée en vigueur le 1er septembre 2025 et s’applique jusqu’au 28 février 2026. Les taux ont été calculés sur la base des fins de contrats constatées entre le 1er juillet 2024 et le 30 juin 2025.
Désormais, la formule de calcul évolue :
taux = ratio de l’entreprise x 1,46 + 2,54 (au lieu de + 2,59 auparavant).
Cette mesure s’inscrit dans le cadre des articles L5422-12 et suivants du Code du travail visant à responsabiliser les employeurs en matière de gestion des contrats courts.
Depuis le 1er septembre 2025, le montant du salaire brut annuel moyen de référence exigé pour la délivrance d’une carte « talent salarié qualifié » ou « talent – carte bleue européenne » a été fixé à 39 582 € bruts (Arrêté du 21 août 2025 modifié par arrêté du 29 août 2025).
Pour la carte bleue européenne, ce seuil est porté à 1,5 fois le montant de référence. Cette réforme s’inscrit dans le cadre des articles L313-20 et suivants du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA).
La Cour de cassation a rappelé, dans un arrêt du 3 septembre 2025 (Cass. soc., n°24-16546), que les documents de fin de contrat (attestation France Travail, certificat de travail, solde de tout compte) doivent être remis le jour même de la notification du licenciement pour faute grave, puisque celui-ci ne donne lieu à aucun préavis.
Ce rappel s’inscrit dans le respect des articles L1234-19 et D1234-6 du Code du travail.
Un arrêté du 4 septembre 2025 vient remplacer les anciens textes de 2002 et 2003. Il constitue désormais la référence légale en matière de remboursement des frais professionnels et prévoit notamment :
Le décret n°2025-945 du 8 septembre 2025 instaure une aide financière pour les PME dont l’activité a été fortement réduite après le passage du cyclone Chido en décembre 2024. Cette mesure s’inscrit dans le prolongement des dispositifs prévus par le Code de la sécurité sociale pour accompagner les entreprises sinistrées.
La Cour de cassation (Cass. soc., 10 septembre 2025, n°23-22732) s’aligne sur le droit de l’Union européenne : lorsqu’un salarié tombe malade pendant ses congés payés, il bénéficie désormais d’un report de ses jours de congés.
Cette décision met fin à une divergence entre droit interne et droit européen (article 7 de la directive 2003/88/CE).
Toujours le 10 septembre 2025, la Cour de cassation (Cass. soc., n°23-14455 et suivants) a jugé que les jours de congés payés doivent être pris en compte dans le seuil de déclenchement des heures supplémentaires.
Ainsi, même si le salarié n’a pas travaillé « effectivement » ces jours, ils doivent être intégrés dans le calcul hebdomadaire (articles L3121-28 et suivants du Code du travail).
Le 11 septembre 2025, la Cour de cassation (Cass. civ., n°23-17579) a jugé que l’absence de mention du lieu de délivrance de la carte professionnelle d’un agent immobilier n’entraîne pas la nullité du mandat, dès lors que ce dernier prouve être titulaire d’une carte régulière.
Cette décision limite les cas de nullité formelle, en conformité avec les articles 6 et 9 de la loi Hoguet (n°70-9 du 2 janvier 1970).
Le Conseil constitutionnel, dans une décision rendue le 19 septembre 2025 (QPC n°2025-1160), a tranché une question sensible en matière de procédure disciplinaire. Il a confirmé que l’employeur n’est pas tenu d’informer le salarié de son droit de se taire au cours de l’entretien préalable à un licenciement ou à une sanction disciplinaire.
Cette décision valide la conformité des articles L1232-2 et suivants du Code du travail à la Constitution. Concrètement, lors d’un entretien préalable, l’employeur doit respecter certaines obligations formelles : convocation écrite, délai de prévenance, possibilité pour le salarié de se faire assister… Mais il n’a pas à rappeler expressément que le salarié peut garder le silence pendant l’entretien.
Le Conseil constitutionnel distingue ici le cadre disciplinaire du cadre pénal : en droit du travail, l’entretien préalable est un moment de dialogue et non un interrogatoire. Le salarié conserve la possibilité de présenter ses observations, mais il ne saurait être sanctionné pour avoir choisi de ne pas s’exprimer.
Cette décision sécurise les employeurs en clarifiant une incertitude juridique. Toutefois, il reste recommandé, d’un point de vue pratique, de conduire l’entretien dans le respect des principes de loyauté et de transparence, afin de limiter tout risque de contentieux ultérieur devant le conseil de prud’hommes.
Le mois de septembre 2025 a été marqué par plusieurs évolutions conventionnelles qui impactent directement la rémunération et les obligations sociales des entreprises.
Ces évolutions rappellent que la veille conventionnelle est un élément fondamental de la gestion RH. L’oubli ou le retard dans la mise en œuvre des modifications conventionnelles peut entraîner des sanctions financières importantes et compromettre la conformité de l’entreprise.
La Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a récemment mis en garde les employeurs face à l’augmentation des fraudes aux virements de salaire. Ces attaques consistent, le plus souvent, à falsifier ou détourner les coordonnées bancaires d’un salarié afin que le salaire soit versé sur un compte frauduleux.
Les employeurs ont l’obligation, en vertu du Règlement général sur la protection des données (RGPD – Règlement UE 2016/679), de garantir la sécurité et la confidentialité des données personnelles, incluant les données bancaires. Cela suppose notamment :
En cas de fraude, l’employeur doit :
Le non-respect de ces obligations peut entraîner des sanctions financières lourdes, pouvant aller jusqu’à 4 % du chiffre d’affaires annuel mondial de l’entreprise, ainsi qu’une perte de confiance des salariés dans la gestion de leurs données personnelles.
Septembre 2025 confirme la densité des évolutions juridiques impactant directement les entreprises : droit du travail, fiscalité, immigration professionnelle, conventions collectives et sécurité numérique.
Ces changements traduisent une volonté d’harmonisation avec le droit européen (congés payés, heures supplémentaires), un renforcement du contrôle social (bonus-malus chômage, frais professionnels) et une adaptation aux réalités économiques (aides aux entreprises sinistrées, immigration qualifiée).
Les employeurs doivent se montrer vigilants afin de sécuriser leurs pratiques et anticiper les conséquences pratiques de ces réformes.
Le panorama juridique de septembre 2025 illustre à quel point les employeurs doivent faire preuve d’une veille constante. Les modifications apportées au bonus-malus chômage renforcent la responsabilité des entreprises dans leur gestion de l’emploi. Les décisions de la Cour de cassation sur les congés payés et les heures supplémentaires réaffirment l’influence croissante du droit européen sur le droit du travail français. Les évolutions des conventions collectives rappellent, quant à elles, l’importance de suivre de près les négociations de branche et leur extension par voie d’arrêtés.
Parallèlement, la réforme de la carte de séjour « talent », les nouvelles règles relatives aux frais professionnels et l’attention portée aux fraudes aux virements de salaire témoignent d’une adaptation continue du droit face aux enjeux économiques, sociaux et numériques.
Pour les employeurs, ces réformes ne doivent pas être perçues comme de simples contraintes administratives, mais comme des outils de sécurisation des pratiques. Elles imposent une vigilance accrue mais offrent aussi des leviers pour mieux organiser l’entreprise, anticiper les risques et renforcer la conformité juridique.
Septembre 2025 marque donc une étape importante dans l’évolution du droit social et des relations de travail. Les employeurs qui sauront intégrer rapidement ces nouveautés dans leurs pratiques quotidiennes disposeront d’un avantage certain : celui de conjuguer sécurité juridique, protection des salariés et performance organisationnelle.
1. Qu’est-ce qui change pour le calcul du bonus-malus chômage en septembre 2025 ?
Le bonus-malus sur la contribution d’assurance chômage, prévu aux articles L5422-12 et suivants du Code du travail, vise à responsabiliser les entreprises qui abusent des contrats courts. Depuis le 1er septembre 2025, une nouvelle formule de calcul s’applique :
Taux = ratio de l’entreprise x 1,46 + 2,54 (au lieu de 2,59 auparavant).
Le ratio est déterminé selon le nombre de fins de contrats sur la période de référence (1er juillet 2024 – 30 juin 2025). Les nouveaux taux modulés ont été communiqués aux employeurs fin août 2025. Concrètement, un employeur ayant un recours important aux CDD ou missions d’intérim verra son taux augmenter, tandis qu’un employeur stabilisant ses effectifs pourra bénéficier d’un allègement.
2. Le salarié malade pendant ses congés peut-il reporter ses jours de repos ?
Oui. Dans un arrêt du 10 septembre 2025 (Cass. soc., n°23-22732), la Cour de cassation a opéré un revirement majeur. Elle reconnaît, en conformité avec l’article 7 de la directive 2003/88/CE, que le salarié placé en arrêt maladie pendant ses congés payés peut demander le report de ses jours de congé non pris.
Exemple : un salarié en congé du 1er au 15 août tombe malade du 5 au 12 août. Il pourra réclamer le report des jours compris entre ces dates, afin de les utiliser ultérieurement. Ce droit s’impose désormais aux employeurs, qui doivent ajuster leur gestion des congés en conséquence.
3. Comment sont calculées les heures supplémentaires avec la nouvelle jurisprudence ?
La Cour de cassation, dans trois arrêts du 10 septembre 2025 (n°23-14455, 23-14457, 23-14458), a jugé que les congés payés doivent être pris en compte pour déterminer le seuil de déclenchement des heures supplémentaires.
Avant cette décision, seuls les temps de travail effectif entraient dans le calcul, ce qui pouvait exclure certaines périodes de congés payés.
Exemple pratique : un salarié effectue 30 heures de travail effectif sur une semaine et bénéficie de 7 heures de congé payé. Ces 7 heures doivent désormais être intégrées, ce qui permet de déclencher le seuil de 35 heures et donc de reconnaître des heures supplémentaires. Cette jurisprudence harmonise le droit français avec le droit européen.
4. Quelles nouveautés pour les frais professionnels depuis septembre 2025 ?
Le nouvel arrêté du 4 septembre 2025 devient le texte de référence sur les frais professionnels, en remplacement de l’arrêté du 22 décembre 2002 et de celui du 17 juin 2003. Il comporte deux évolutions majeures :
5. Quelles conventions collectives ont évolué en septembre 2025 ?
Plusieurs conventions collectives ont connu des évolutions importantes :
6. Que doivent savoir les employeurs sur la fraude aux virements de salaire ?
La CNIL a récemment alerté sur une recrudescence des fraudes aux virements de salaire. Ces cyberattaques consistent à détourner le virement destiné au salarié vers un compte frauduleux en modifiant les coordonnées bancaires. Les employeurs ont l’obligation de sécuriser les données personnelles de leurs salariés conformément au RGPD (Règlement UE 2016/679).
En cas d’incident, ils doivent :