L’épargne salariale occupe une place de plus en plus importante dans la politique de rémunération des entreprises françaises. Elle répond à une double finalité : associer les salariés aux performances de leur employeur et favoriser l’investissement de long terme. En pratique, il s’agit d’un ensemble de dispositifs légaux et contractuels permettant aux salariés de bénéficier d’une épargne constituée grâce aux résultats de l’entreprise, mais également à leurs propres versements et à l’abondement éventuel de l’employeur.
Instituée et encadrée par le Code du travail ainsi que par le Code monétaire et financier, l’épargne salariale s’inscrit dans une logique de partage de la valeur. Elle permet de compléter le salaire de manière différée, de préparer la retraite, mais aussi de financer certains projets de vie.
Depuis la loi n°2023-1107 du 29 novembre 2023, une nouvelle dynamique a été impulsée : les PME de 11 à 49 salariés sont désormais concernées, dans le cadre d’une expérimentation, par l’obligation de mettre en place un dispositif de partage des résultats. Cette réforme marque un tournant : l’épargne salariale n’est plus l’apanage des grands groupes, mais devient progressivement une norme sociale.
Il est donc essentiel, pour les salariés comme pour les employeurs, de maîtriser les contours de ces dispositifs : intéressement, participation, prime de partage de la valeur, plan de partage de la valorisation, PEE et PER. Chacun présente des règles spécifiques, des avantages fiscaux et sociaux, mais également des contraintes de gestion et de disponibilité des sommes épargnées.
Depuis le 1er janvier 2025, une expérimentation encadrée par la loi n°2023-1107 du 29 novembre 2023 impose aux entreprises de 11 à 49 salariés de mettre en place un dispositif de partage de la valeur, dès lors qu’elles réalisent un bénéfice net fiscal d’au moins 1 % pendant 3 années consécutives.
Ces entreprises doivent choisir parmi différents outils : intéressement, participation, prime de partage de la valeur (PPV) ou plan d’épargne salariale.
L’objectif affiché par le législateur est de pérenniser l’association des salariés aux résultats et à la croissance de leur entreprise.
L’épargne salariale est un mécanisme permettant de lier la performance de l’entreprise et la rémunération différée des salariés. Elle constitue un complément de revenu et un levier de motivation et de fidélisation.
Sur le plan fiscal et social, ces dispositifs offrent des avantages importants :
L’intéressement est un régime facultatif permettant à l’entreprise de distribuer une prime collective en fonction de ses résultats ou de ses performances (article L3312-1 du Code du travail).
Pour être valable, l’accord d’intéressement doit contenir notamment :
La répartition peut être :
Les primes versées sont en principe imposables, sauf lorsqu’elles sont placées sur un Plan d’épargne entreprise (PEE) et respectent les conditions de blocage.
La participation est un dispositif obligatoire dans toutes les entreprises de plus de 50 salariés (article L3322-2 du Code du travail). Elle repose sur une formule légale de calcul de la réserve spéciale de participation qui prend en compte le bénéfice net, les capitaux propres, les salaires et la valeur ajoutée (article L3324-1 du Code du travail).
Tous les salariés liés par un contrat de travail, y compris les expatriés ou les temps partiels, peuvent en bénéficier (article L3322-1 du Code du travail).
L’accord de participation doit prévoir la durée d’indisponibilité des sommes (en général 5 ans, voire 8 ans en l’absence d’accord – article R3324-21-1 du Code du travail), ainsi que les cas de déblocage anticipé (mariage, naissance, invalidité, etc.).
La prime de partage de la valeur, anciennement « prime Macron », est un dispositif facultatif, mais pouvant répondre à l’obligation de partage pour les entreprises concernées par l’expérimentation 2025.
Cette prime bénéficie, dans certaines limites, d’une exonération fiscale et sociale. Elle ne peut toutefois pas se substituer aux augmentations de salaire ou primes prévues par contrat ou usage.
Le PPVE permet aux salariés de percevoir une prime lorsque la valeur de l’entreprise augmente sur une période de 3 ans.
Seuls les salariés justifiant d’au moins 1 an d’ancienneté peuvent en bénéficier, sauf si l’accord prévoit un seuil plus bas.
Le montant attribué est fixé selon un montant de référence modulé en fonction de la classification, de la rémunération ou de la durée de travail. Cette prime ne peut dépasser 75 % du plafond annuel de la Sécurité sociale et bénéficie d’une exonération d’impôt sur le revenu sous conditions (décret n°2024-644 du 29 juin 2024).
Les sommes issues de l’intéressement, de la participation ou de primes peuvent être placées sur des plans d’épargne salariale.
Le salarié doit être informé de ces dispositifs dès son embauche via le livret d’épargne salariale (article L3341-6 du Code du travail). L’employeur peut compléter les versements du salarié par un abondement.
Toutes ces sommes, lorsqu’elles sont placées, bénéficient d’une exonération d’impôt sur le revenu et de cotisations sociales, sous réserve de la CSG-CRDS (articles L3325-1 et L3325-2 du Code du travail).
L’épargne salariale représente bien plus qu’un simple complément de rémunération. Elle constitue un instrument juridique et financier stratégique, au service à la fois des salariés, qui y trouvent une opportunité d’optimiser leur fiscalité et leur épargne, et des employeurs, qui y voient un moyen de motiver et fidéliser leurs équipes.
À travers l’intéressement, la participation, la prime de partage de la valeur ou encore le plan de partage de la valorisation, les entreprises disposent d’outils variés pour associer leurs collaborateurs à leur succès économique. Les plans d’épargne salariale (PEE, PER) viennent prolonger ce dispositif en offrant des supports de placement adaptés aux projets de vie ou à la préparation de la retraite.
Les dernières réformes législatives, en particulier celles issues de la loi de 2023, traduisent une volonté claire : élargir le champ de l’épargne salariale et la rendre accessible aux structures de plus petite taille. À terme, le partage de la valeur est appelé à devenir un levier incontournable de justice sociale et de compétitivité économique.
Dans ce contexte, il appartient à chaque salarié de s’informer précisément sur ses droits, et à chaque employeur de construire une politique de rémunération équilibrée, conforme au droit et attractive. L’épargne salariale est ainsi appelée à s’imposer comme un outil durable de cohésion sociale et de performance collective.
1. Qu’est-ce que l’épargne salariale en entreprise ?
L’épargne salariale est un dispositif qui associe les salariés aux résultats de leur entreprise. Elle repose sur un principe de partage de la valeur, prévu par le Code du travail (articles L3312-1 et suivants). Concrètement, elle permet aux salariés de percevoir des sommes complémentaires à leur salaire, sous forme de primes ou de placements, qui peuvent être investies dans un Plan d’épargne entreprise (PEE) ou un Plan d’épargne retraite (PER).
Ce système bénéficie à toutes les catégories de salariés, qu’ils soient en CDI, CDD, à temps plein, à temps partiel ou expatriés. L’épargne salariale se distingue du salaire classique car elle est généralement différée et peut être bloquée pendant plusieurs années, sauf cas de déblocage anticipé.
2. Quelle est la différence entre intéressement et participation ?
L’intéressement est un dispositif facultatif : il dépend de la volonté de l’employeur et des partenaires sociaux. Il consiste à distribuer une prime calculée selon les performances ou les résultats de l’entreprise. L’accord doit préciser la formule de calcul et les modalités de répartition (articles L3313-1 et L3313-2 du Code du travail).
La participation, en revanche, est obligatoire dans les entreprises de plus de 50 salariés (article L3322-2 du Code du travail). Elle assure aux salariés un droit collectif à une part des bénéfices. La formule de calcul, encadrée par l’article L3324-1 du Code du travail, prend en compte le bénéfice net fiscal, les capitaux propres et la masse salariale.
Exemple : une PME de 60 salariés ayant réalisé un bénéfice significatif doit instaurer un accord de participation, tandis qu’une société de 30 salariés peut choisir d’instaurer volontairement un intéressement.
3. Comment fonctionne le Plan d’épargne entreprise (PEE) ?
Le PEE est un plan collectif permettant de placer les primes issues de l’épargne salariale et les versements volontaires des salariés. Ceux-ci peuvent représenter jusqu’à 25 % de leur rémunération annuelle brute. L’entreprise peut compléter ces versements par un abondement, c’est-à-dire une contribution financière qui vient majorer l’épargne du salarié.
Les sommes versées sont en principe bloquées pendant 5 ans (article L3332-25 du Code du travail). Toutefois, des cas de déblocage anticipé sont prévus, comme l’achat de la résidence principale ou le mariage.
Exemple : un salarié qui reçoit une prime de 2 000 € au titre de l’intéressement peut choisir de la placer sur son PEE. Si son employeur applique un abondement de 50 %, 1 000 € supplémentaires seront ajoutés, ce qui porte le placement total à 3 000 €.
4. Dans quels cas peut-on débloquer son épargne salariale ?
Les sommes placées sont soumises à une période d’indisponibilité (5 ans pour le PEE, jusqu’à la retraite pour le PER). Toutefois, la loi prévoit de nombreux cas de déblocage anticipé (articles R3324-22 et suivants du Code du travail) :
5. Quels sont les avantages fiscaux de l’épargne salariale ?
L’épargne salariale offre un cadre fiscal et social très favorable :