Immobilier

Expulsion d'un squatteur : tout savoir sur vos recours légaux

Jordan Alvarez
Editeur
Partager

Squat immobilier : droits des propriétaires et procédures accélérées

L'occupation d'un bien immobilier par une personne dépourvue de tout droit légal constitue une problématique juridique de plus en plus fréquente en France. Qu'il s'agisse d'un logement principal, d'une résidence secondaire ou d'un local commercial, le propriétaire confronté à un occupant sans droit ni titre se trouve dans une situation délicate, où se heurtent droit de propriété et protection du domicile.

Face à ces enjeux, il est indispensable de comprendre la définition précise du squatteur, les droits qui lui sont reconnus malgré l'irrégularité de sa situation, ainsi que les mécanismes juridiques permettant d'obtenir son expulsion, dans le respect des normes nationales et européennes. defendstesdroits.fr vous propose une analyse complète et rigoureuse de ce régime particulier.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Définition de l'occupant sans droit ni titre
  3. Les droits de l'occupant sans droit ni titre
  4. Les poursuites contre l'occupant sans droit ni titre
  5. Régime juridique spécifique en matière de squats
  6. FAQ

Définition de l'occupant sans droit ni titre

L'occupant sans droit ni titre, souvent désigné sous le terme de squatteur, est une personne qui occupe un bien immobilier en dehors de tout titre de propriété ou contrat d'occupation légitime.

Cette situation est contraire au droit fondamental de propriété tel que protégé par l'article 544 du Code civil, qui dispose que « la propriété est le droit de jouir et disposer des choses de la manière la plus absolue ».

Ce droit, considéré comme inaliénable, est également consacré par l'article 17 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789.

L'occupant sans droit ni titre se distingue ainsi du propriétaire, titulaire d'un droit réel, et du locataire, bénéficiaire d'un droit d'usage fondé sur un contrat d'habitation. Il existe plusieurs situations dans lesquelles une personne peut être considérée comme occupant sans droit ni titre :

  • L'intrusion illégale : l'occupation du bien résulte d'une entrée illicite, que ce soit par effraction ou sans effraction en cas d'absence de mesures de fermeture.
  • La poursuite d'occupation après résiliation de bail : l'individu demeure dans les lieux malgré la résiliation judiciaire ou amiable du contrat de location.
  • L'occupation sur la base d'un bail inexistant ou nul : l'occupant croit être en droit de rester alors que le titre invoqué n'a aucune valeur juridique.

Les droits de l'occupant sans droit ni titre

Bien que son occupation soit irrégulière et contraire aux principes du droit de propriété garantis par l'article 544 du Code civil, l'occupant sans droit ni titre bénéficie d'une série de protections procédurales strictes, visant à préserver le respect des droits fondamentaux, notamment le droit au respect du domicile protégé par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme.

En principe, l'occupant ne peut être expulsé qu'à la suite d'une décision de justice. Cette exigence découle directement du principe de l'inviolabilité du domicile, selon lequel l'usage de la force publique pour expulser une personne de son lieu d'habitation doit être encadré par une autorité judiciaire.

Toutefois, une exception notable existe en cas de flagrant délit :

  • Si l'occupation est constatée dans les 48 heures suivant l'intrusion, le propriétaire peut solliciter l'évacuation immédiate auprès des autorités préfectorales, sans devoir engager immédiatement une procédure judiciaire classique. Cette faculté repose sur la répression du délit de violation de domicile tel que prévu par l'article 226-4 du Code pénal, qui punit toute intrusion réalisée par manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte.

Passé ce délai de 48 heures, l'occupant bénéficie pleinement des garanties procédurales ordinaires. Dès lors, l'expulsion ne pourra intervenir qu'à l'issue d'une procédure juridictionnelle respectant le contradictoire :

  • Signification d'une assignation par huissier de justice,
  • Audience devant le tribunal judiciaire,
  • Décision de justice prononçant l'expulsion avec un délai d'exécution.

En outre, l'occupant peut bénéficier de la protection offerte par la trêve hivernale, instaurée par l'article L412-6 du Code des procédures civiles d'exécution. Cette période, s'étendant du 1er novembre au 31 mars, suspend en principe toute mesure d'expulsion. Il existe cependant deux exceptions à cette protection :

  • Si le propriétaire propose une solution de relogement décente respectant les critères du Code de la construction et de l'habitation,
  • Si l'occupation concerne un immeuble frappé par un arrêté de péril en application des articles L511-1 et suivants du Code de la construction et de l'habitation, justifiant ainsi une évacuation pour raisons de sécurité publique.

Ainsi, même en situation irrégulière, l'occupant sans droit ni titre est protégé par un arsenal juridique destiné à éviter les expulsions arbitraires et à garantir le respect de la dignité humaine.

Les poursuites contre l'occupant sans droit ni titre

Pour obtenir l'expulsion d'un squatteur, plusieurs voies procédurales sont ouvertes :

1. L'expulsion en cas de flagrant délit

Lorsque l'occupation est constatée dans un délai de 48 heures, l'article 38 de la loi n°2007-290 du 5 mars 2007 permet au propriétaire ou au locataire lésé de demander l'intervention du préfet pour ordonner l'évacuation sans saisine du juge.

2. Le délit de violation de domicile

L'article 226-4 du Code pénal punit de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende le fait de s'introduire ou de se maintenir dans le domicile d'autrui par manœuvres, menaces, voies de fait ou contrainte. Le dépôt d'une plainte permet de déclencher une procédure pénale parallèle à l'action civile d'expulsion.

3. L'évacuation pour péril imminent

Lorsque l'occupation concerne un bâtiment menaçant ruine, le maire peut, en application de l'article L511-3 du Code de la construction et de l'habitation, ordonner l'évacuation immédiate des lieux par arrêté de péril.

4. La procédure judiciaire classique

En dehors de ces hypothèses spécifiques, le propriétaire doit engager une procédure d'expulsion classique, laquelle se déroule en plusieurs étapes :

  • Signification d'une assignation devant le tribunal judiciaire par huissier de justice, conformément aux dispositions de l'article  assignation prévue aux articles 54 et suivants du Code de procédure civile ;
  • Audience devant le tribunal, au terme de laquelle le juge statue sur la demande d'expulsion ;
  • Prononcé du jugement, fixant le délai de départ de l'occupant ;
  • Signification du jugement par huissier, assortie d'un commandement de quitter les lieux ;
  • Éventuelle expulsion forcée, réalisée par un huissier de justice avec le concours de la force publique si l'occupant persiste au-delà du délai fixé.

L'occupant peut tenter de demander des délais supplémentaires pour quitter les lieux, en application de l'article L412-3 du Code des procédures civiles d'exécution, mais cette possibilité est laissée à l'appréciation souveraine du juge.

Régime juridique spécifique en matière de squats

La loi n° 2023-668 du 27 juillet 2023, visant à protéger les logements contre l'occupation illicite, a substantiellement renforcé les droits des propriétaires face aux situations d'occupation sans droit ni titre.

Désormais, toute occupation irrégulière, y compris lorsqu'elle s'est opérée sans effraction, peut faire l'objet d'une procédure d'expulsion accélérée, sous réserve de la démonstration d'une absence manifeste de titre.

La loi précise que l'inviolabilité du domicile, pourtant protégée par l'article 226-4 du Code pénal et l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, ne saurait être invoquée par des occupants dépourvus de tout fondement juridique légitime.

Ainsi, lorsqu'il est établi que l'occupation repose sur une intrusion illégale ou sur la perpétuation d'une occupation sans droit, l'autorité administrative peut ordonner l'évacuation des lieux sans que l'occupant ne puisse se prévaloir de la protection classique du domicile.

La procédure repose notamment sur la saisine du préfet par le propriétaire lésé, accompagnée de la preuve de sa qualité de propriétaire et du caractère sans droit ni titre de l'occupation. Le préfet dispose alors d'un délai de 48 heures pour décider de l’évacuation. En l'absence de décision préfectorale, le propriétaire conserve la possibilité d'agir devant le tribunal judiciaire.

defendstesdroits.fr rappelle que l'usage de ces nouvelles procédures doit être manié avec rigueur et loyauté. Le propriétaire qui tenterait d'évincer un occupant en méconnaissance des règles protectrices — par exemple, sans respecter les formalités légales ou en recourant à des moyens de pression illégaux — s'expose à des sanctions pénales et civiles.

Notamment, une expulsion sans décision de justice en dehors des cas prévus par la loi constitue une infraction pénale de voie de fait susceptible d'engager la responsabilité civile et pénale du propriétaire. Par ailleurs, toute atteinte disproportionnée au droit au respect de la vie privée et familiale protégé par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme peut donner lieu à des réparations financières.

Conclusion

La lutte contre l'occupation sans droit ni titre repose sur un équilibre juridique délicat entre la protection des droits fondamentaux des propriétaires et le respect des garanties procédurales reconnues aux occupants, même irréguliers.

Si le législateur a renforcé les outils de défense du droit de propriété, notamment par l'instauration de procédures simplifiées d'expulsion et l'alourdissement des sanctions pénales, le recours au juge demeure dans la plupart des cas incontournable.

Il est donc essentiel pour les propriétaires lésés d'agir avec diligence et méthode, en s'entourant si besoin de professionnels du droit afin de faire valoir efficacement leurs droits tout en respectant les principes issus de l'État de droit. Pour toute démarche, defendstesdroits.fr reste un allié fiable pour accompagner les justiciables dans la sécurisation de leur patrimoine.

FAQ

Qu'est-ce qu'un occupant sans droit ni titre en droit français ?

Un occupant sans droit ni titre est une personne qui occupe un bien immobilier sans disposer d'un titre juridique valable, tel qu'un contrat de location ou un droit de propriété. Cette situation est contraire à l'article 544 du Code civil, qui garantit le droit de jouir et disposer librement de ses biens. La personne peut être entrée par effraction, par intrusion pacifique (porte ouverte, fenêtre non sécurisée) ou être restée dans les lieux après résiliation du bail. Même en l'absence de titre, cet occupant bénéficie de certaines protections légales, notamment contre l'expulsion immédiate après un certain délai.

Peut-on expulser immédiatement un squatteur ?

Il est possible d'expulser un squatteur sans décision de justice uniquement si l'occupation est constatée dans les 48 heures suivant l'intrusion, en vertu de l'article 38 de la loi du 5 mars 2007. Dans ce cas, le propriétaire peut saisir le préfet pour demander une expulsion administrative rapide. Passé ce délai, seule une procédure judiciaire classique permet d'obtenir l'expulsion. Il convient donc d'agir avec diligence dès la constatation de l'occupation pour bénéficier de ce régime accéléré.

Quels sont les droits d'un occupant sans droit ni titre durant la trêve hivernale ?

Durant la trêve hivernale, fixée du 1er novembre au 31 mars par l'article L412-6 du Code des procédures civiles d'exécution, un occupant sans droit ni titre bénéficie d'une protection contre l'expulsion. Cette protection s'applique principalement aux anciens locataires ayant vu leur bail résilié. Toutefois, les occupants entrés par voie de squat peuvent être expulsés pendant cette période dans certaines circonstances, notamment s'ils occupent un local n'ayant jamais servi d'habitation ou si une solution de relogement décente est proposée par le propriétaire. L'analyse de la situation au cas par cas est essentielle.

Comment un propriétaire peut-il engager une procédure d'expulsion contre un squatteur ?

Le propriétaire doit faire signifier par huissier de justice une assignation devant le tribunal judiciaire, conformément aux articles 54 et suivants du Code de procédure civile. Après l'audience, si le juge ordonne l'expulsion, un commandement de quitter les lieux est signifié à l'occupant. En cas de refus d'obtempérer, l'expulsion pourra être réalisée avec le concours de la force publique, sous réserve d'une demande expresse adressée au préfet. Cette procédure peut prendre plusieurs mois, notamment si l'occupant sollicite des délais de grâce.

Quelles sanctions pénales encourt un squatteur ?

Un squatteur peut être poursuivi pour violation de domicile sur le fondement de l'article 226-4 du Code pénal, qui prévoit une peine de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende. Cette infraction est caractérisée par l'entrée ou le maintien dans un domicile sans le consentement du propriétaire, à l'aide de manœuvres, menaces, voies de fait ou contraintes. La responsabilité pénale de l'occupant s'ajoute à sa responsabilité civile en réparation du préjudice causé par l'occupation illicite, comme la privation de jouissance ou la dégradation des lieux.

Articles Récents

Besoin d'aide ?

Nos équipes sont là pour vous guider !

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.