Travail

Fonction de président de SAS : les règles à connaître

Francois Hagege
Fondateur
Partager

Dirigeant de SAS : pouvoirs, responsabilité et rémunération

La société par actions simplifiée (SAS) séduit de plus en plus d’entrepreneurs pour sa flexibilité et sa capacité d’adaptation à des projets variés, allant de la start-up innovante à l’entreprise familiale. Au cœur de son organisation se trouve une figure incontournable : le président de SAS. Véritable pilier de la gouvernance, il est à la fois le représentant légal de la société et l’organe exécutif chargé de veiller à son bon fonctionnement.

Contrairement à d’autres formes sociales plus rigides comme la SARL, la SAS bénéficie d’une grande liberté statutaire, ce qui confère au président des pouvoirs étendus mais encadrés par les statuts et la loi. Son rôle dépasse la simple gestion quotidienne : il engage juridiquement la société, peut voir sa responsabilité civile et pénale engagée et doit composer avec un statut social et fiscal spécifique.

La fonction de président présente donc une dimension à la fois stratégique et juridique. Elle nécessite une connaissance approfondie du Code de commerce, du Code de la sécurité sociale (articles L311-3 et suivants), mais aussi des règles fiscales encadrant sa rémunération et ses dividendes. Comprendre son statut, ses droits, ses obligations et les procédures entourant sa nomination ou sa révocation constitue un enjeu majeur pour les associés comme pour le dirigeant lui-même.

C’est pourquoi defendstesdroits.fr propose d’examiner les cinq points essentiels à connaître sur le président de SAS, afin de maîtriser les enjeux liés à cette fonction centrale.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Quels sont les pouvoirs du président de la SAS ?
  3. Quelle est la responsabilité applicable au dirigeant de la SAS ?
  4. Quel est le statut social du président de la SAS ?
  5. Quelle est la fiscalité applicable au président de la SAS ?
  6. Comment changer de président dans une SAS ?
  7. Conclusion

1. Quels sont les pouvoirs du président de la SAS ?

Le président de SAS concentre entre ses mains les pouvoirs de gestion et de représentation de la société. Conformément à l’article L227-6 du Code de commerce, il est investi de la capacité d’accomplir tous les actes nécessaires à l’administration de la société.

Ces pouvoirs couvrent :

  • les actes d’administration (embauche de salariés, conclusion de contrats commerciaux, ouverture de comptes bancaires) ;
  • les actes de disposition (cession d’actifs, conclusion de garanties ou cautions, opérations financières engageant la société).

Toutefois, ses pouvoirs connaissent deux limites :

  • Dans les rapports avec les tiers : le président doit agir dans le respect de l’objet social défini par les statuts. En cas d’acte accompli en dehors de cet objet, la société reste engagée vis-à-vis des tiers de bonne foi (article L227-6 al. 3 du Code de commerce).
  • Dans les rapports internes : les statuts peuvent restreindre ses prérogatives en subordonnant certaines décisions à l’accord des associés (assemblée générale, clauses de contrôle, etc.).

Les associés peuvent également prévoir la nomination d’organes de surveillance ou de contrôle (commissaire aux comptes, expertise de gestion), permettant de contrebalancer le pouvoir du président.

2. Quelle est la responsabilité applicable au dirigeant de la SAS ?

La fonction de président expose à une double responsabilité : civile et pénale.

  • Responsabilité civile : elle peut être engagée à l’égard de la société, des associés ou des tiers en cas de faute de gestion. Cette faute peut résulter d’une négligence, d’une imprudence ou d’actes contraires à l’intérêt social. L’article L227-8 du Code de commerce renvoie aux règles générales applicables aux dirigeants de sociétés commerciales.
  • Responsabilité pénale : le président peut être poursuivi pour certaines infractions prévues par le Code de commerce et le Code pénal. Parmi elles :
    • l’abus de biens sociaux ;
    • la présentation de comptes inexacts ;
    • la distribution de dividendes fictifs ;
    • le défaut de convocation des associés lors d’opérations majeures (fusion, scission, augmentation de capital).

Ces infractions peuvent entraîner des peines de prison et des amendes, illustrant le niveau élevé de responsabilité attaché à la fonction.

3. Quel est le statut social du président de la SAS ?

Le président de SAS relève obligatoirement du régime des assimilés-salariés. À ce titre, il bénéficie :

  • d’une couverture sociale identique à celle des salariés du régime général (assurance maladie, maternité, retraite de base et complémentaire) ;
  • d’une assiette de cotisations calculée sur sa rémunération.

Toutefois, il existe des spécificités notables :

  • le président ne bénéficie pas de l’assurance chômage, sauf s’il cumule son mandat social avec un contrat de travail présentant un véritable lien de subordination (jurisprudence constante de la Cour de cassation).
  • il ne perçoit pas non plus d’indemnités compensatrices de congés payés, son mandat n’étant pas assimilé à un contrat de travail.

La désignation d’un directeur général ou d’un directeur général délégué leur confère le même statut social, lorsqu’ils sont rémunérés.

4. Quelle est la fiscalité applicable au président de la SAS ?

Le président de SAS peut percevoir deux formes de revenus :

  • Les salaires : lorsqu’il est rémunéré, sa rémunération est imposée à l’impôt sur le revenu dans la catégorie des traitements et salaires. Ces rémunérations sont déductibles du résultat imposable de la société.
  • Les dividendes : lorsqu’il est également associé, il peut percevoir une part des bénéfices sous forme de dividendes. Ces derniers sont imposés au régime de la flat tax (prélèvement forfaitaire unique de 30 %) ou, sur option, au barème progressif de l’impôt sur le revenu dans la catégorie des revenus mobiliers.

Il est donc essentiel de réfléchir à la structuration de la rémunération (salaire + dividendes) pour optimiser la fiscalité et les cotisations sociales.

5. Comment changer de président dans une SAS ?

La nomination et la révocation du président sont obligatoires, la SAS devant toujours être représentée par un président. Plusieurs situations peuvent entraîner un changement : expiration du mandat, démission, décès, révocation par les associés ou incapacité à exercer.

Procédure de changement

  • Les statuts de la SAS fixent les modalités de nomination du nouveau président : décision en assemblée générale, vote des associés majoritaires, ou décision d’un organe collégial.
  • Une fois le nouveau président désigné, un procès-verbal doit être rédigé et consigné dans le registre des décisions.

Formalités obligatoires

  • Publication d’un avis de modification dans un journal d’annonces légales ;
  • Dépôt d’un dossier complet sur le guichet unique électronique géré par l’INPI, comprenant le formulaire M3, l’acte de nomination, l’attestation de parution, ainsi que les pièces justificatives (carte d’identité, déclaration de non-condamnation et de filiation pour une personne physique, extrait Kbis pour une personne morale).
  • Mise à jour des statuts si le nom de l’ancien président y figure.

À défaut d’accomplissement de ces formalités, le changement de président n’est pas opposable aux tiers et demeure juridiquement inopérant.

Conclusion

Le président de SAS n’est pas un dirigeant comme les autres : il concentre l’ensemble des pouvoirs exécutifs de la société et en assume la responsabilité juridique. Doté d’une large autonomie, il peut engager la société vis-à-vis des tiers, mais demeure tenu d’agir dans le respect de l’objet social et des limites fixées par les statuts. Sa responsabilité civile peut être engagée en cas de faute de gestion, tandis que sa responsabilité pénale est susceptible d’être retenue en cas d’infractions graves telles que l’abus de biens sociaux ou la présentation de comptes inexacts.

Son statut social d’assimilé-salarié lui confère une couverture comparable à celle des salariés du régime général, tout en excluant certains droits comme l’assurance chômage, sauf exception. Sur le plan fiscal, la combinaison entre salaires et dividendes permet d’optimiser la rémunération, mais exige une réflexion approfondie sur l’équilibre entre fiscalité personnelle et fiscalité de la société.

La question du changement de président illustre également l’importance de cette fonction : la loi impose à la SAS d’être représentée en permanence par un président, et les formalités de publicité et de déclaration sont incontournables pour garantir la validité du mandat.

En définitive, occuper la fonction de président de SAS, c’est accepter une mission de direction et de responsabilité, mais aussi de stratégie et d’engagement. Pour les associés, il est essentiel de rédiger des statuts précis, afin de définir les contours de ses pouvoirs et d’assurer un équilibre entre souplesse de gestion et sécurité juridique. Pour le président, c’est l’opportunité d’incarner la société et de porter son développement, tout en gardant à l’esprit les contraintes légales et les risques liés à cette fonction.

FAQ

1. Quel est le rôle exact du président de SAS ?
Le président de SAS est le représentant légal obligatoire de la société (article L227-6 du Code de commerce). À ce titre, il a la capacité d’agir en justice au nom de la société, de conclure des contrats commerciaux, de recruter et de licencier du personnel, d’ouvrir des comptes bancaires et d’assurer le respect de l’objet social. Ses pouvoirs sont très étendus vis-à-vis des tiers : même en cas de dépassement de ses prérogatives internes, les actes accomplis engagent la société tant que le tiers est de bonne foi.
En interne, ses pouvoirs peuvent être limités par les statuts (clauses d’autorisation préalable des associés, limitation à certains actes financiers), ce qui offre aux actionnaires un moyen de contrôle.

2. Le président de SAS peut-il être tenu responsable de ses actes ?
Oui, le président de SAS peut voir sa responsabilité engagée sur plusieurs plans :

  • Responsabilité civile : elle est retenue en cas de faute de gestion, de violation des statuts ou de préjudice causé aux associés ou aux tiers (article L227-8 du Code de commerce). Exemple : engager des dépenses inconsidérées au détriment de la société.
  • Responsabilité pénale : de nombreuses infractions peuvent lui être reprochées : abus de biens sociaux (article L241-3 du Code de commerce), présentation de comptes inexacts, distribution de dividendes fictifs, défaut de consultation des associés lors d’opérations majeures (fusion, scission, augmentation de capital). Ces délits sont passibles de peines d’amende et d’emprisonnement.
  • Responsabilité fiscale et sociale : il peut également être solidairement tenu des dettes fiscales ou sociales en cas de manœuvres frauduleuses ou de non-respect volontaire de ses obligations.

3. À quel régime social le président de SAS est-il affilié ?
Le président de SAS bénéficie du statut d’assimilé-salarié (article L311-3 du Code de la sécurité sociale). Cela signifie qu’il relève du régime général, comme un salarié classique, et bénéficie ainsi d’une couverture complète en matière de maladie, maternité, retraite de base et complémentaire.
Cependant, il existe des limites :

  • Il n’a pas droit à l’assurance chômage car il n’existe pas de lien de subordination dans l’exercice de son mandat.
  • Il peut toutefois bénéficier des allocations chômage s’il cumule son mandat avec un véritable contrat de travail présentant un lien hiérarchique, une rémunération distincte et des fonctions séparées (jurisprudence constante).
  • Les cotisations sociales sont calculées uniquement sur la rémunération perçue. En l’absence de salaire, aucun minimum de cotisations sociales n’est dû, contrairement aux gérants majoritaires de SARL.

4. Comment le président de SAS est-il rémunéré et imposé ?
Le président de SAS peut percevoir deux sources principales de revenus :

  • La rémunération (salaire) : elle est imposée dans la catégorie des traitements et salaires (article 79 du CGI). Elle ouvre des droits à la retraite et aux prestations sociales. Pour la société, cette rémunération est déductible du résultat imposable, ce qui diminue l’impôt sur les sociétés.
  • Les dividendes : lorsqu’il est aussi associé, il peut percevoir une distribution des bénéfices. Ces dividendes sont imposés :
    • par défaut au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30 %, comprenant 12,8 % d’impôt sur le revenu et 17,2 % de prélèvements sociaux ;
    • ou, sur option, au barème progressif de l’impôt sur le revenu dans la catégorie des revenus mobiliers.
      Contrairement aux gérants de SARL, les dividendes versés au président de SAS n’entrent pas dans l’assiette des cotisations sociales, ce qui en fait un outil d’optimisation fiscale et sociale.

5. Quelle est la procédure pour changer de président dans une SAS ?
La SAS doit toujours être représentée par un président. En cas de fin de mandat, révocation, démission, décès ou incapacité, la société doit désigner rapidement un nouveau représentant légal.

La procédure se déroule en plusieurs étapes :

  1. Décision de nomination : selon les statuts, la décision peut relever d’une assemblée générale des associés, de l’associé unique (SASU) ou d’un autre organe. Le nouveau président est désigné par procès-verbal.
  2. Formalités de publicité : la modification doit être publiée dans un journal d’annonces légales afin d’informer les tiers.
  3. Dépôt au guichet unique : depuis le 1er janvier 2023, toutes les formalités doivent être accomplies via le guichet unique électronique géré par l’INPI. Il faut déposer un dossier comprenant le formulaire M3, l’acte de nomination, l’attestation de parution dans un JAL et les pièces justificatives (carte d’identité, déclaration de non-condamnation et de filiation pour une personne physique, Kbis pour une personne morale).
  4. Mise à jour des statuts : si le nom du président figure dans les statuts, il est obligatoire de les modifier.

À défaut d’accomplir ces formalités, le changement de président n’a aucune valeur légale et ne peut pas être opposé aux tiers.

Articles Récents

Besoin d'aide ?

Nos équipes sont là pour vous guider !

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.