Dans un contexte économique marqué par des mutations rapides, la formation professionnelle s’impose comme un levier incontournable de compétitivité et de sécurisation des parcours. Loin d’être une option, elle constitue une obligation légale pour l’employeur : l’article L6321-1 du Code du travail impose d’assurer l’adaptation des salariés à leur poste et de maintenir leur capacité à occuper un emploi. Depuis le 1er novembre 2023, cette obligation s’est renforcée avec la remise d’un écrit précisant les droits du salarié en matière de formation.
Mais au-delà de la contrainte légale, investir dans la formation est une véritable stratégie sociale et économique. Elle permet non seulement de développer les compétences individuelles, mais aussi de fidéliser les collaborateurs et d’améliorer la performance collective. Or, si certains salariés saisissent spontanément les opportunités de formation, d’autres peuvent exprimer des résistances : manque de temps, contraintes personnelles, crainte d’échec ou perception d’un effort inutile. C’est là que le rôle de l’employeur prend tout son sens.
Comment inciter les salariés à se former, lever les freins et instaurer une culture de l’apprentissage continu ? Quels dispositifs juridiques et financiers mobiliser pour accompagner ces démarches ? Cet article propose un tour d’horizon des obligations légales, des avantages stratégiques et des bonnes pratiques pour faire de la formation un moteur de progression individuelle et collective.
L’employeur a un double rôle :
Le non-respect de cette obligation peut engager la responsabilité de l’entreprise. La jurisprudence rappelle régulièrement que l’absence de formation peut constituer un manquement de l’employeur, justifiant une condamnation à des dommages-intérêts (Cass. soc., 24 février 2010, n° 08-43241).
Avant de proposer une formation, il est essentiel de comprendre :
L’entretien professionnel, obligatoire tous les deux ans, constitue un outil stratégique pour identifier ces besoins. C’est aussi un levier de dialogue permettant de repérer les salariés moteurs et de créer une dynamique collective autour de la formation.
Un obstacle fréquent est le manque de disponibilité. Il appartient à l’employeur d’organiser des plages horaires réservées à la formation et d’intégrer cet investissement dans la gestion prévisionnelle de l’activité.
Dans certains cas (notamment sur les compétences transversales comme les soft skills), l’auto-formation ou l’e-learning peuvent être proposés. Cela responsabilise les salariés et renforce leur autonomie.
Chaque formation doit avoir un objectif précis, mesurable et réaliste. L’absence de finalité claire réduit la motivation et décrédibilise l’initiative.
La mise en place de sessions en petits groupes ou en binômes favorise le partage d’expériences et la cohésion d’équipe, notamment entre salariés expérimentés et nouveaux arrivants.
Le digital learning permet d’adapter les temps de formation aux contraintes professionnelles et personnelles, tout en élargissant l’accès à des modules variés.
Plusieurs outils juridiques et financiers peuvent être utilisés :
Enfin, l’employeur peut compléter ces dispositifs par des aides internes (prise en charge partielle du coût, subventions spécifiques pour certaines formations stratégiques).
La formation professionnelle est bien plus qu’un outil de mise à jour des compétences : elle constitue un investissement durable, à la fois pour l’entreprise et pour chaque salarié. En l’encourageant activement, l’employeur répond à une obligation légale mais aussi à un enjeu de performance. Fidélisation des équipes, développement des talents, adaptation aux évolutions technologiques et anticipation des mutations du marché : autant de bénéfices qui justifient une politique de formation proactive.
Encore faut-il lever les obstacles : le manque de temps, la surcharge de travail ou l’absence de visibilité sur les objectifs peuvent décourager les collaborateurs. À l’inverse, un dialogue ouvert, des objectifs clairs, l’utilisation des dispositifs tels que le CPF, la VAE ou la Pro-A, et la mise en place de temps dédiés constituent des leviers efficaces pour instaurer une dynamique constructive.
En définitive, la formation ne doit pas être perçue comme une contrainte mais comme une opportunité de croissance réciproque. Elle permet aux salariés de sécuriser leur avenir professionnel tout en consolidant la compétitivité de l’entreprise. Dans un monde du travail en constante évolution, faire de la formation un pilier de la stratégie RH, c’est garantir la pérennité et l’agilité de l’organisation.
1. L’employeur a-t-il l’obligation de former ses salariés ?
Oui. Selon l’article L6321-1 du Code du travail, l’employeur doit veiller à l’adaptation des salariés à leur poste et à leur maintien dans l’emploi, notamment face à l’évolution des technologies et des organisations. Cette obligation est renforcée lors de l’entretien professionnel obligatoire tous les deux ans (article L6315-1 du Code du travail), au cours duquel les besoins de formation doivent être identifiés. En cas de manquement, les juges considèrent que l’employeur commet une faute et peut être condamné à verser des dommages-intérêts (Cass. soc., 24 février 2010, n°08-43241).
2. Quels sont les avantages pour l’entreprise d’investir dans la formation ?
La formation est un levier stratégique pour l’entreprise. Elle permet :
3. Comment inciter concrètement un salarié à suivre une formation ?
Il ne suffit pas de proposer une formation : encore faut-il la rendre attractive. Plusieurs leviers existent :
4. Quels dispositifs permettent de financer la formation ?
Le financement ne repose pas uniquement sur l’entreprise. Plusieurs mécanismes existent :
5. Que risque un employeur qui néglige la formation de ses salariés ?
Un employeur qui ne respecte pas ses obligations s’expose à plusieurs risques :