Civil

Garantie légale de conformité : comment agir face à un produit non conforme

Estelle Marant
Collaboratrice
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Défaut de conformité : obtenir réparation ou remboursement

L’achat d’un bien, qu’il soit effectué en magasin ou en ligne, repose sur un principe fondamental : le respect de l’engagement contractuel par le vendeur. Pourtant, il n’est pas rare que les consommateurs se retrouvent face à un produit qui ne correspond pas à la description initiale, ne fonctionne pas comme prévu ou ne possède pas les qualités annoncées. Ce type de situation, qualifiée de non-conformité, est strictement encadrée par le Code de la consommation.

La garantie légale de conformité protège les acheteurs en leur offrant un cadre juridique clair pour obtenir réparation, remplacement ou remboursement du bien défectueux. Régie notamment par les articles L. 217-3 à L. 217-14, cette garantie s’applique aux transactions conclues avec un professionnel et impose des obligations précises en matière de conformité, de délais et de recours.

Dans un contexte où les achats à distance et via le e-commerce connaissent une croissance constante, comprendre les droits que confère cette garantie est devenu un enjeu majeur pour tout consommateur. De la procédure amiable à l’action en justice, en passant par les délais légaux et la charge de la preuve, chaque étape est déterminante pour défendre efficacement ses intérêts.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Comprendre la garantie légale de conformité
  3. Délais pour agir
  4. Les droits de l’acheteur
  5. Procédure amiable
  6. Action en justice
  7. Preuve du défaut de conformité
  8. Références légales essentielles
  9. Conclusion

Comprendre la garantie légale de conformité

La garantie légale de conformité, prévue aux articles L. 217-3 et suivants du Code de la consommation, impose au vendeur professionnel de livrer un bien conforme au contrat. Cette obligation inclut le respect de la description du produit, de ses qualités promises, ainsi que de son usage habituellement attendu.
Selon l’article L. 217-5, un produit est considéré comme non conforme s’il :

  • Ne correspond pas à la description donnée par le vendeur ;
  • N’a pas les qualités convenues ou annoncées ;
  • Est impropre à l’usage habituel attendu d’un bien semblable.

La garantie est indépendante des éventuelles garanties commerciales ou contractuelles et s’applique même en l’absence de toute mention dans le contrat.

Champ d’application

La garantie ne concerne que les ventes conclues avec un vendeur professionnel. Les ventes entre particuliers, par autorité de justice ou aux enchères publiques sont exclues.

Délais pour agir

L’acheteur dispose de deux ans à compter de la livraison du bien pour agir. Depuis la loi n° 2014-344 du 17 mars 2014 dite loi Hamon, le défaut constaté dans les 24 mois suivant la livraison est présumé exister au moment de celle-ci, sauf preuve contraire du vendeur. Pour les biens d’occasion, ce délai est réduit à 6 mois.

Les droits de l’acheteur

L’article L. 217-9 du Code de la consommation permet à l’acheteur de choisir entre :

  • La réparation du bien ;
  • Son remplacement ;
  • Le remboursement total en rendant le produit ;
  • Ou un remboursement partiel en conservant le produit.

Cependant, le vendeur peut imposer la solution la moins coûteuse si elle est proportionnée au défaut constaté.

Cas permettant un remboursement immédiat


Le remboursement intégral est possible si :

  • La réparation ou le remplacement est impossible ;
  • L’opération ne peut être effectuée dans le mois suivant la réclamation ;
  • Elle cause un inconvénient majeur à l’acheteur.

En complément, des dommages et intérêts peuvent être demandés si un préjudice est prouvé (article 1231-1 du Code civil).

Procédure amiable

Avant toute action judiciaire, il est recommandé d’adresser au vendeur une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception. Ce courrier doit préciser la nature du défaut, la date d’achat, les références du produit et la solution demandée (réparation, remplacement, remboursement).
Si le vendeur ne répond pas dans un délai raisonnable (généralement 8 jours), une saisine du médiateur de la consommation est possible, conformément à l’article L. 612-1 du Code de la consommation.

Action en justice

En cas d’échec de la conciliation amiable ou du recours à un médiateur, l’acheteur dispose du droit de saisir le tribunal judiciaire compétent. Ce tribunal peut être celui du lieu de son domicile ou du domicile du vendeur, conformément aux règles de compétence territoriale prévues par le Code de procédure civile.

La procédure peut être engagée sans avocat lorsque le montant du litige est inférieur ou égal à 10 000 €, conformément aux articles 750-1 et suivants du Code de procédure civile. Dans ce cas, l’acheteur peut se défendre seul, déposer ses arguments par écrit ou les exposer directement à l’audience. Toutefois, même si l’avocat n’est pas obligatoire, son assistance peut être fortement recommandée lorsque l’affaire présente des aspects techniques ou juridiques complexes.

Pour saisir le tribunal, il faut généralement :

  • Constituer un dossier complet comprenant la preuve de l’achat, la description du défaut, les échanges avec le vendeur, les courriers de mise en demeure et, le cas échéant, un rapport d’expertise ;
  • Remplir un formulaire de saisine (Cerfa n°16042*02 pour la procédure orale) ou rédiger une assignation lorsque la représentation par avocat est obligatoire ;
  • Déposer ou envoyer la demande au greffe du tribunal judiciaire compétent.

Le juge examinera les pièces et les arguments des deux parties, pourra ordonner une expertise judiciaire et rendra ensuite une décision pouvant imposer la réparation, le remplacement, le remboursement du bien, voire l’octroi de dommages et intérêts.

Preuve du défaut de conformité

Pour les biens neufs, tout défaut qui apparaît dans les 24 mois suivant la livraison est présumé exister dès l’origine, conformément à l’article L. 217-7 du Code de la consommation. Cela signifie que le consommateur n’a pas à démontrer que le problème était présent au moment de l’achat : c’est au vendeur de prouver le contraire s’il conteste la non-conformité. Cette présomption légale constitue une protection forte pour l’acheteur, car elle inverse la charge de la preuve au profit du consommateur.

Pour les biens d’occasion, cette présomption est réduite à 6 mois. Au-delà de ce délai, ou dans les cas où la présomption ne s’applique pas, l’acheteur doit apporter la preuve que le défaut existait au moment de la vente. Cette preuve peut être apportée par tout moyen, mais, dans la pratique, elle repose fréquemment sur une expertise technique indépendante réalisée par un expert agréé.

L’expertise permet :

  • De déterminer l’origine du défaut (fabrication, usure anormale, mauvaise installation) ;
  • D’établir la date d’apparition du problème ;
  • De quantifier le préjudice subi.

Sans cette preuve, il sera difficile d’obtenir gain de cause devant le juge. C’est pourquoi il est recommandé de réagir rapidement en cas de problème et de conserver toutes les preuves (factures, correspondances, photos, vidéos, rapports d’intervention).

Conclusion

La garantie légale de conformité constitue une protection indispensable pour les consommateurs face aux pratiques commerciales trompeuses ou aux défauts de fabrication.

Elle leur donne les moyens juridiques d’exiger la mise en conformité d’un produit ou un remboursement, tout en fixant un cadre précis pour éviter les abus. Si la procédure amiable demeure souvent la voie la plus rapide et la moins coûteuse, la possibilité de saisir la justice renforce le pouvoir de négociation des acheteurs et oblige les vendeurs à respecter leurs obligations légales.

Dans un environnement de consommation où les transactions à distance se multiplient, la maîtrise de ces recours devient un levier essentiel pour défendre ses droits. Sur defendstesdroits.fr, chaque justiciable peut s’informer et agir efficacement, que ce soit pour engager une démarche amiable, préparer une saisine du tribunal ou obtenir des conseils sur la constitution d’un dossier solide.

FAQ

1. Qu’est-ce que la garantie légale de conformité et à qui s’applique-t-elle ?
La garantie légale de conformité, prévue aux articles L. 217-3 à L. 217-14 du Code de la consommation, oblige le vendeur professionnel à livrer un produit conforme au contrat. Elle s’applique aux ventes réalisées par un professionnel, que l’achat soit effectué en magasin ou à distance. Elle ne concerne pas les ventes entre particuliers, les ventes aux enchères publiques ou celles ordonnées par autorité de justice. Cette garantie couvre non seulement les défauts visibles dès la livraison mais aussi ceux qui apparaissent dans un délai légal après réception du bien.

2. Quels sont les délais légaux pour agir en cas de défaut de conformité ?
L’acheteur dispose de deux ans à compter de la livraison pour agir. Depuis la loi Hamon (n° 2014-344 du 17 mars 2014), tout défaut constaté dans les 24 mois suivant la livraison d’un produit neuf est présumé exister dès l’origine, sauf preuve contraire du vendeur. Pour les biens d’occasion, cette présomption est limitée à 6 mois. Passé ce délai, la charge de la preuve repose sur l’acheteur, qui devra recourir à une expertise technique.

3. Quels sont les recours possibles en cas de non-conformité du produit ?
L’article L. 217-9 du Code de la consommation prévoit que l’acheteur peut exiger :

  • La réparation du produit défectueux ;
  • Le remplacement par un bien identique ou équivalent ;
  • Le remboursement total en restituant le produit ;
  • Le remboursement partiel tout en conservant le bien.
    Le vendeur peut imposer la solution la moins coûteuse si elle est raisonnable au regard de la nature du défaut. En cas d’impossibilité ou de retard de plus d’un mois dans la mise en conformité, l’acheteur peut obtenir un remboursement immédiat.

4. Peut-on demander des dommages et intérêts en plus d’un remboursement ?
Oui. Si le défaut de conformité cause un préjudice (perte financière, impossibilité d’utiliser le bien, frais supplémentaires…), l’acheteur peut réclamer des dommages et intérêts sur le fondement de l’article 1231-1 du Code civil. Il faudra toutefois apporter la preuve du lien direct entre le défaut et le préjudice subi.

5. Que faire si le vendeur refuse d’appliquer la garantie légale de conformité ?
La première étape consiste à adresser une mise en demeure au vendeur par lettre recommandée avec accusé de réception en précisant les faits, la référence du contrat et la solution souhaitée. Si le vendeur ne répond pas dans un délai raisonnable (souvent 8 jours), vous pouvez saisir le médiateur de la consommation conformément à l’article L. 612-1 du Code de la consommation. En dernier recours, l’affaire peut être portée devant le tribunal judiciaire, avec ou sans avocat selon le montant du litige (jusqu’à 10 000 € sans avocat).

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