Travail

Grille salariale Syntec-Cinov 2025 : montants, évolutions et obligations

Francois Hagege
Fondateur
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Salaires Syntec 2025 : les grilles mises à jour et les hausses à venir

Le secteur des bureaux d’études techniques, du conseil et de l’ingénierie connaît une importance stratégique dans l’économie française. Derrière les projets technologiques, numériques et d’innovation se trouvent des milliers de salariés régis par une convention collective spécifique : la Convention Syntec-Cinov (IDCC 1486). Véritable pilier du droit du travail dans ce secteur, elle encadre notamment les grilles de salaires minimaux, qui déterminent la rémunération plancher applicable selon le poste, le coefficient et la classification du salarié.

Chaque année, les partenaires sociaux de la branche se réunissent pour réviser ces montants, tenant compte de l’évolution du SMIC, de l’inflation et du pouvoir d’achat. L’accord signé le 26 juin 2024, étendu par arrêté du 8 novembre 2024 (Journal officiel du 27 novembre 2024), fixe les nouveaux salaires applicables à compter du 1er décembre 2024 pour l’année 2025. Ces revalorisations répondent à la nécessité d’assurer une cohérence salariale au sein des métiers d’ingénierie, de conseil et d’études techniques, tout en maintenant la compétitivité du secteur.

L’objectif de cet article est d’éclairer les employeurs et les salariés sur les grilles de salaires conventionnelles 2025, les modalités de calcul, les prochaines négociations prévues pour 2026, ainsi que les droits garantis en cas de non-respect de ces minima.

Sommaire

  1. Comprendre le rôle de la Convention Syntec-Cinov
  2. Les salaires minimaux conventionnels en 2025
  3. La classification des salariés et les coefficients applicables
  4. Le calcul et la mise en conformité avec les grilles Syntec
  5. Les prévisions de revalorisation 2025-2026
  6. Les recours en cas de non-respect des minima conventionnels

Qu’est-ce que le salaire minimum conventionnel dans la Convention Syntec ?

Le salaire minimum conventionnel (SMC) représente la rémunération brute mensuelle minimale qu’un employeur doit verser à un salarié en fonction de sa classification professionnelle. Il s’agit d’un plancher spécifique à la branche Syntec-Cinov, fixé par l’accord collectif du 16 juillet 2021 et mis à jour chaque année par avenant.

Ce SMC s’applique à deux catégories de salariés :

  • Les employés, techniciens et agents de maîtrise (ETAM), régis par une grille spécifique.
  • Les ingénieurs et cadres (IC), disposant de leur propre grille hiérarchique.

Conformément à l’article L2253-1 du Code du travail, ces dispositions conventionnelles s’imposent à l’employeur dès lors qu’elles sont plus favorables que la loi. Il est donc interdit de rémunérer un salarié en dessous du montant prévu par la grille applicable à sa position et à son coefficient.

Grille de salaires Syntec 2025 : les nouveaux montants applicables

Depuis le 1er décembre 2024, les nouvelles grilles salariales Syntec 2025 s’imposent à tous les employeurs du secteur.

Pour les ETAM, les salaires minimaux bruts mensuels vont de 1 815 € à 2 045 € selon la classification :

  • Position 1.1, coefficient 240 : 1 815 €
  • Position 2.3, coefficient 355 : 2 045 €

Pour les ingénieurs et cadres (IC), les salaires s’échelonnent de 2 135 € à 3 275 € :

  • Position 1.1, coefficient 95 : 2 135 €
  • Position 2.3, coefficient 150 : 3 275 €

Ces montants, fixés par l’accord du 26 juin 2024, traduisent une augmentation moyenne de 75 à 100 € par rapport aux grilles précédentes. Ils tiennent compte des évolutions du SMIC 2025 (1 801,80 € brut) et visent à maintenir l’attractivité des métiers techniques et de conseil face à la concurrence internationale.

Comment est calculé le salaire minimum conventionnel Syntec ?

Historiquement, le calcul du SMC reposait sur une valeur de point appliquée à un coefficient hiérarchique, selon une formule spécifique à chaque catégorie. Cependant, depuis la refonte de 2024, cette méthode a été supprimée.

Les montants sont désormais fixes et directement exprimés en euros, pour une plus grande lisibilité et une meilleure sécurité juridique.
Cette réforme simplifie les obligations des entreprises et réduit les risques d’erreur lors de l’établissement des bulletins de paie.

Le salaire brut mensuel d’un salarié doit donc être au moins égal au montant prévu pour sa classification. À défaut, l’entreprise s’expose à des rappels de salaire et à des pénalités URSSAF en cas de contrôle.

Prévisions 2025-2026 : vers une nouvelle revalorisation salariale

Les partenaires sociaux se sont engagés à poursuivre la revalorisation des minima Syntec en 2025 et 2026, avec une augmentation prévisionnelle d’au moins 20 € brut par mois. Cette mesure vise à accompagner l’évolution du coût de la vie et à compenser l’inflation persistante.

Ainsi, un ETAM en position 2.2 (coefficient 310) pourrait voir son salaire plancher passer de 1 905 € à 1 925 €, tandis qu’un cadre en position 2.3 (coefficient 150) atteindrait 3 295 €.

Ces projections, bien que non encore validées par arrêté, traduisent la volonté de maintenir une progression constante des rémunérations dans la branche, conformément à l’esprit de l’article L2241-9 du Code du travail sur la négociation annuelle obligatoire des salaires.

Identifier son coefficient et sa classification Syntec

Chaque salarié relevant de la convention Syntec doit pouvoir identifier sa position hiérarchique et son coefficient.
Ces éléments figurent obligatoirement sur le bulletin de paie, en vertu de l’article R3243-1 du Code du travail.

Exemples :

  • Un technicien de niveau confirmé correspond généralement à la position 2.2 – coefficient 310.
  • Un chef de projet ou ingénieur confirmé correspond à la position 2.3 – coefficient 150.

La classification conventionnelle dépend des responsabilités, du niveau d’autonomie et du degré d’expertise requis pour le poste occupé.
En cas de désaccord sur la classification, le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes pour obtenir la requalification de son niveau.

Que faire en cas de salaire inférieur au minimum conventionnel ?

Si un employeur verse une rémunération inférieure au minimum prévu par la grille Syntec, le salarié peut agir en justice pour réclamer un rappel de salaires.
L’action est ouverte pendant trois ans, conformément à l’article L3245-1 du Code du travail.

Le non-respect des minima conventionnels constitue une violation des dispositions d’ordre public et expose l’employeur à des sanctions civiles et prud’homales.
Même si la convention collective n’est pas mise à jour aussi rapidement que le SMIC, l’entreprise doit toujours appliquer le montant le plus élevé entre le minimum légal et le minimum conventionnel.

Les enjeux économiques et sociaux de la revalorisation Syntec

Au-delà des montants chiffrés, la révision des salaires Syntec traduit une volonté d’assurer un équilibre entre compétitivité et attractivité.
La Fédération Syntec alerte néanmoins sur le coût du travail qualifié en France, qui reste plus élevé que dans d’autres pays européens, en raison d’une pression fiscale et sociale importante.

Cette situation pourrait fragiliser certaines entreprises, notamment les PME de conseil et d’ingénierie, face à la concurrence internationale. Les négociations à venir devront donc concilier revalorisation salariale, pouvoir d’achat des salariés et stabilité économique des employeurs.

Conclusion

La Convention collective Syntec-Cinov occupe une place essentielle dans l’organisation salariale des secteurs du conseil, de l’ingénierie et des études techniques. À travers la mise à jour des grilles de salaires 2025, cette convention traduit la volonté constante des partenaires sociaux de maintenir un équilibre entre la reconnaissance du travail qualifié et la compétitivité des entreprises françaises.

L’entrée en vigueur de l’accord du 26 juin 2024, applicable depuis le 1er décembre 2024, marque une étape importante : les revalorisations accordées garantissent une meilleure cohérence salariale dans un contexte d’inflation persistante et de tensions sur le marché de l’emploi. Ces hausses, bien que mesurées, contribuent à préserver le pouvoir d’achat des salariés, tout en permettant aux employeurs de rester attractifs face à une pénurie croissante de talents dans les métiers du numérique, de la technologie et du conseil.

Mais au-delà des chiffres, cette réforme réaffirme la portée juridique et sociale de la convention collective. Elle n’est pas une simple référence administrative : elle constitue un véritable outil de protection pour les salariés et un cadre de stabilité pour les entreprises. Elle encadre les minima conventionnels, impose des obligations précises en matière de rémunération, et garantit que nul salarié ne soit rémunéré en dessous des seuils définis, conformément à l’article L2253-1 du Code du travail.

Les prochaines négociations de branche prévues pour 2025 et 2026 seront déterminantes. Elles devront concilier trois impératifs :

  • soutenir le pouvoir d’achat, par une revalorisation continue des salaires,
  • préserver la viabilité économique des entreprises, notamment les PME du conseil et de la tech,
  • et adapter la convention aux nouveaux modes de travail, tels que le télétravail, les forfaits jours ou encore la mobilité internationale.

Dans un environnement professionnel en mutation rapide, la Convention Syntec reste une référence incontournable. Elle assure à chaque salarié une rémunération équitable, encadrée par un cadre juridique solide, et constitue pour les entreprises un gage de conformité et de confiance sociale. En somme, elle demeure un pilier du dialogue social et du droit du travail moderne, garantissant à la fois la valorisation des compétences et la continuité économique d’un secteur clé pour l’innovation française.

FAQ

1. Quels sont les salaires minima prévus par la Convention Syntec en 2025 ?

En 2025, la Convention collective Syntec-Cinov (IDCC 1486) fixe les salaires minima applicables à partir du 1er décembre 2024, conformément à l’accord du 26 juin 2024, étendu par arrêté du 8 novembre 2024 et publié au Journal officiel du 27 novembre 2024.

Les montants s’appliquent à tous les employeurs et salariés relevant de la branche, sans distinction de taille d’entreprise. Ils garantissent une rémunération minimale selon la position hiérarchique et le coefficient attribués à chaque salarié.

  • Pour les ETAM (employés, techniciens et agents de maîtrise) : les salaires s’échelonnent de 1 815 € à 2 045 € bruts mensuels selon la classification.
  • Pour les ingénieurs et cadres (IC) : la fourchette s’étend de 2 135 € à 3 275 € bruts mensuels.

Ces salaires minimaux sont dits “conventionnels” : ils s’imposent à l’employeur dès lors qu’ils sont supérieurs au SMIC. Si le SMIC légal (1 801,80 € brut en 2025 selon le décret n°2024-951 du 23 octobre 2024) devient supérieur à certaines grilles, c’est ce dernier qui prévaut.

L’application correcte des grilles Syntec constitue donc une obligation légale et conventionnelle, dont le non-respect peut être sanctionné par les prud’hommes (articles L2253-1 et L3245-1 du Code du travail).

2. Comment connaître mon coefficient et ma classification Syntec ?

Chaque salarié relevant de la convention Syntec dispose d’un coefficient hiérarchique et d’une position conventionnelle qui déterminent le salaire minimum applicable. Ces informations figurent obligatoirement sur le bulletin de paie, conformément à l’article R3243-1 du Code du travail, ainsi que dans le contrat de travail.

La classification repose sur plusieurs critères :

  • le niveau de responsabilité et d’autonomie dans le poste ;
  • le niveau de technicité ou d’expertise requis ;
  • le pouvoir de décision et le rôle hiérarchique exercé.

Par exemple :

  • Un technicien confirmé peut relever de la position 2.2 – coefficient 310 ;
  • Un chef de projet ou ingénieur confirmé relève souvent de la position 2.3 – coefficient 150 ;
  • Un cadre débutant commence généralement à la position 1.1 – coefficient 95.

Si un salarié constate une mauvaise classification, il peut en demander la rectification. En cas de désaccord, il dispose du droit de saisir le Conseil de prud’hommes pour obtenir la requalification de sa position et le rappel de salaires correspondant aux minima applicables.

Cette vérification est essentielle, car une erreur de coefficient peut entraîner une perte de plusieurs centaines d’euros par mois et un non-respect des obligations conventionnelles par l’employeur.

3. Que faire si mon salaire est inférieur au minimum prévu par la grille Syntec ?

Lorsqu’un salarié perçoit une rémunération inférieure au minimum conventionnel Syntec, il est en droit de réclamer la différence.
Selon l’article L3245-1 du Code du travail, il dispose d’un délai de prescription de trois ans à compter du jour où il a eu connaissance de l’infraction pour demander un rappel de salaires.

La procédure se déroule en plusieurs étapes :

  1. Demande amiable adressée à l’employeur, en invoquant la convention collective et en joignant la grille de salaire correspondante.
  2. En l’absence de réponse, saisine du Conseil de prud’hommes, qui ordonnera le paiement des rappels dus, avec intérêts légaux et parfois dommages-intérêts.

Il est important de noter que le salarié ne peut jamais renoncer à ce droit, même par écrit. L’accord individuel ne peut pas déroger à la convention si cela désavantage le salarié (principe de faveur).

En outre, un employeur qui applique des salaires inférieurs aux minima conventionnels s’expose à :

  • une condamnation prud’homale pour non-respect de la convention collective,
  • un redressement URSSAF,
  • et une éventuelle sanction administrative en cas de contrôle de l’inspection du travail.

4. La Convention Syntec 2025 prévoit-elle une revalorisation des salaires en 2026 ?

Oui. Les organisations syndicales et patronales de la branche se sont engagées, dans le cadre de l’accord du 26 juin 2024, à renégocier en 2025 une hausse moyenne d’au moins 20 € bruts par mois sur l’ensemble des coefficients.

Cette dynamique de revalorisation vise à :

  • préserver le pouvoir d’achat des salariés face à l’inflation,
  • maintenir l’attractivité des métiers du conseil et de l’ingénierie,
  • et réduire les écarts entre les plus bas salaires et les fonctions d’encadrement.

Les négociations futures devront aussi tenir compte du niveau du SMIC et de la hausse du coût de la vie, conformément à l’article L2241-9 du Code du travail, qui impose une négociation annuelle obligatoire (NAO) sur les salaires au niveau des branches professionnelles.

Les syndicats de salariés demandent par ailleurs une refonte plus équitable des classifications Syntec, afin de mieux valoriser les jeunes ingénieurs et techniciens dont les responsabilités croissantes ne se traduisent pas toujours par une progression salariale équitable.

5. Les salaires Syntec peuvent-ils être inférieurs au SMIC ? Que faire dans ce cas ?

Non, jamais. Le SMIC (salaire minimum interprofessionnel de croissance) est une norme d’ordre public social, ce qui signifie qu’aucune convention ni aucun accord collectif ne peut y déroger à la baisse.

Ainsi, même si certains coefficients Syntec affichent des montants légèrement inférieurs au SMIC à cause d’un décalage dans les négociations, l’employeur est tenu d’appliquer le SMIC en vigueur.
Conformément à l’article L3231-2 du Code du travail, la rémunération doit toujours être au moins égale au SMIC brut pour un temps plein, actuellement fixé à 1 801,80 € depuis le 23 octobre 2024.

L’employeur qui ne respecte pas cette règle commet une infraction sanctionnée par l’inspection du travail, pouvant entraîner :

  • un rappel de salaire,
  • des pénalités financières,
  • et, dans les cas les plus graves, un procès-verbal transmis au procureur de la République (article R3233-1 du Code du travail).

Pour le salarié, la démarche consiste à :

  1. Demander une régularisation écrite à l’employeur ou au service RH,
  2. Si la situation n’est pas corrigée, saisir l’URSSAF ou le Conseil de prud’hommes,
  3. Joindre à sa demande le contrat de travail, le bulletin de paie et la grille de salaire conventionnelle.

Cette vigilance est essentielle, car chaque revalorisation du SMIC peut temporairement rendre certaines grilles Syntec obsolètes, jusqu’à la signature d’un nouvel avenant de branche.

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