Le licenciement entraîne des conséquences financières directes pour le salarié. Parmi elles, l’indemnité de licenciement joue un rôle central puisqu’elle vise à compenser la perte de l’emploi. Le Code du travail prévoit une indemnité légale minimale, à laquelle tout salarié en contrat à durée indéterminée (CDI) ayant au moins 8 mois d’ancienneté ininterrompus peut prétendre.
Toutefois, de nombreuses branches professionnelles ont négocié des dispositions plus avantageuses inscrites dans les conventions collectives. Ces textes, négociés entre employeurs et syndicats, peuvent prévoir des montants supérieurs, des conditions d’ancienneté plus favorables ou encore des droits supplémentaires liés à l’âge ou à la catégorie professionnelle. Dans un tel cas, l’employeur est tenu d’appliquer l’indemnité la plus favorable au salarié, qu’elle soit légale ou conventionnelle.
La question de l’imposition des indemnités de licenciement est également essentielle : le Code général des impôts et le Code de la Sécurité sociale prévoient des règles spécifiques d’exonération fiscale et sociale. Enfin, certaines conventions collectives, comme celles du Syntec-Cinov, du bâtiment ou de la métallurgie, fixent des barèmes conventionnels significativement plus généreux que le minimum légal.
L’objectif est donc de comprendre, étape par étape, comment distinguer indemnité légale et conventionnelle, comment effectuer le calcul, quels régimes fiscaux s’appliquent, et dans quels cas la convention collective assure une protection renforcée.
L’indemnité légale de licenciement est prévue à l’article L1234-9 du Code du travail. Elle suppose :
La convention collective, quant à elle, peut abaisser la condition d’ancienneté, augmenter le taux de calcul ou prévoir des compléments (majoration selon l’âge, indemnités additionnelles en cas de longue carrière, etc.).
Le principe est clair : le salarié bénéficie de l’indemnité la plus avantageuse entre la loi et la convention (article L2251-1 du Code du travail). Ainsi, l’employeur doit comparer les deux modes de calcul et appliquer le résultat le plus favorable au salarié.
Le salaire de référence inclut :
Le montant ne peut être inférieur à :
Ce barème s’applique sans distinction entre cadre et non-cadre.
L’indemnité de licenciement bénéficie d’un régime particulier. Selon l’article L242-1 du Code de la Sécurité sociale, elle est exonérée de cotisations sociales et d’impôt sur le revenu dans la limite du montant prévu par la loi ou la convention collective.
Toutefois, lorsque le montant est supérieur, l’exonération est plafonnée (ex. : 263 952 € pour 2023). Si l’indemnité dépasse 439 920 €, elle est intégralement soumise à cotisations et imposable.
Ce régime vise à protéger le salarié tout en évitant des indemnités excessives échappant à l’impôt.
Elle prévoit, pour les ingénieurs et cadres ayant au moins 2 ans d’ancienneté, une indemnité de 1/3 de mois de salaire par année, plafonnée à 12 mois.
Elle prévoit 3/10 de mois par année jusqu’à 10 ans, puis 6/10 de mois par année au-delà, avec un plafond de 15 mois. Une majoration de 10 % est prévue pour les cadres de plus de 55 ans.
Elle prévoit 3/5 de mois par année dès 7 ans d’ancienneté, avec des majorations selon l’âge (20 à 30 %) et un plafond de 18 mois de traitement.
Même si une convention collective ne prévoit pas un montant supérieur à la loi, elle peut offrir d’autres droits, comme :
Ces avantages, négociés par branche, renforcent la protection des salariés face à la perte d’emploi.
L’indemnité de licenciement constitue une garantie fondamentale pour le salarié en cas de rupture de son contrat de travail. Elle traduit un principe d’équité inscrit dans le Code du travail (articles L1234-9 et R1234-2), selon lequel la perte involontaire de l’emploi doit être compensée financièrement, en tenant compte de l’ancienneté et de la rémunération. Mais au-delà du socle légal, les conventions collectives jouent un rôle déterminant : elles reflètent la négociation entre partenaires sociaux et peuvent offrir des droits nettement plus avantageux que ceux prévus par la loi.
Le salarié doit donc systématiquement vérifier quelle est la convention collective applicable dans son entreprise – mentionnée sur le contrat de travail ou le bulletin de paie – afin d’identifier les éventuelles dispositions plus favorables. Dans certains secteurs, comme la métallurgie, le bâtiment ou le Syntec-Cinov, les barèmes conventionnels permettent d’obtenir des indemnités bien supérieures au minimum légal, avec parfois des majorations liées à l’âge ou à l’ancienneté prolongée.
L’indemnité de licenciement n’est pas seulement un montant chiffré : elle incarne un droit de protection sociale destiné à amortir l’impact économique d’une perte d’emploi. Le législateur, en laissant aux conventions collectives le soin d’améliorer ce dispositif, renforce l’idée que la négociation collective est un levier majeur de progrès social. Connaître précisément ses droits, comparer les deux régimes – légal et conventionnel – et exiger l’application du plus favorable demeure un impératif pour chaque salarié concerné par une procédure de licenciement.
Enfin, le régime fiscal et social des indemnités, avec ses exonérations partielles ou totales selon les montants, participe à cet équilibre en préservant le caractère protecteur de la mesure. C’est pourquoi, dans tout processus de licenciement, il est essentiel de mobiliser à la fois le droit légal et conventionnel pour obtenir une indemnisation conforme à la loi, respectueuse des accords de branche et véritablement protectrice de la sécurité économique du salarié.
1. Quelle est la différence entre l’indemnité légale et l’indemnité conventionnelle de licenciement ?
L’indemnité légale de licenciement, prévue par l’article L1234-9 du Code du travail, constitue le minimum que tout salarié en CDI ayant au moins 8 mois d’ancienneté doit percevoir lorsqu’il est licencié, sauf en cas de faute grave ou lourde. Son calcul est encadré par les articles R1234-1 et suivants, selon une formule proportionnelle au salaire et à l’ancienneté.
En parallèle, l’indemnité conventionnelle de licenciement est prévue par la convention collective applicable à l’entreprise. Elle peut être plus favorable que la loi, en prévoyant :
2. Comment calculer l’indemnité légale de licenciement ?
Le calcul repose sur deux éléments :
3. L’indemnité de licenciement est-elle imposable et soumise à cotisations sociales ?
L’indemnité de licenciement bénéficie d’un régime fiscal et social favorable.
4. Quelles conventions collectives prévoient des indemnités plus favorables que la loi ?
De nombreuses conventions collectives améliorent l’indemnité de licenciement. Parmi les plus protectrices :
5. Que se passe-t-il en cas de licenciement pour faute grave ou lourde ?
En principe, la faute grave ou la faute lourde prive le salarié de l’indemnité légale de licenciement (article L1234-9 du Code du travail). Toutefois, certains droits demeurent :