Partir à la retraite représente une étape majeure dans une vie professionnelle. C’est un moment à la fois symbolique et juridique, marqué par la fin du contrat de travail et l’ouverture de nouveaux droits.
Mais au-delà de la dimension humaine, ce départ soulève une question essentielle : quel est le montant de l’indemnité que le salarié doit percevoir ?
Le Code du travail encadre strictement le droit à indemnité selon le mode de départ : le départ volontaire à la retraite, lorsqu’il est initié par le salarié, et la mise à la retraite, décidée par l’employeur.
Dans les deux cas, la législation prévoit des conditions précises, des montants minimaux, des modalités de calcul et même une fiscalité particulière.
À cela s’ajoutent les dispositions conventionnelles, souvent plus favorables, qui varient selon le secteur d’activité. Une erreur d’interprétation ou un calcul inexact peut entraîner un préjudice financier important pour le salarié, ou une responsabilité juridique pour l’employeur.
Cet article vous éclaire sur les différences entre ces deux dispositifs, les formules de calcul prévues par la loi et les conventions collectives, ainsi que sur le régime fiscal applicable aux indemnités de retraite. Vous découvrirez également les réflexes juridiques à adopter avant toute cessation d’activité, afin de sécuriser votre départ et préserver vos droits.
Lorsqu’un salarié décide de quitter son poste pour faire valoir ses droits à la pension de vieillesse, il bénéficie d’une indemnité légale de départ volontaire à la retraite conformément à l’article L1237-9 du Code du travail.
Cette indemnité dépend de deux éléments essentiels :
Les articles D1237-1 et suivants du Code du travail fixent un barème minimal :
Le salaire pris en compte correspond au montant le plus avantageux pour le salarié :
Chaque entreprise est rattachée à une convention collective qui peut accorder une indemnité supérieure à celle prévue par la loi (article L1237-4 du Code du travail).
Par exemple :
Cette indemnité conventionnelle, lorsqu’elle existe, remplace automatiquement le montant légal si elle est plus avantageuse.
Lorsque l’initiative du départ émane de l’employeur, celui-ci doit respecter les conditions fixées par les articles L1237-7, L1234-9 et R1234-1 du Code du travail.
Le salarié perçoit alors une indemnité de mise à la retraite, qui ne peut être inférieure à l’indemnité légale de licenciement.
Le salaire de référence est calculé, selon la formule la plus favorable :
Ici encore, la convention collective peut prévoir un montant plus élevé, auquel cas elle prime sur le régime légal.
Les indemnités de départ à la retraite, qu’elles soient issues d’un départ volontaire ou d’une mise à la retraite, constituent des revenus imposables selon l’article 80 duodecies du Code général des impôts.
Cependant, certaines exonérations partielles existent :
En cas de départ volontaire hors plan social, la somme reste intégralement imposable.
En revanche, pour une mise à la retraite, une partie de l’indemnité peut bénéficier de cette exonération si elle respecte les plafonds légaux.
Avant de partir, il est indispensable de :
En cas d’erreur de calcul ou de non-versement de la prime, le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes dans le délai de prescription de 3 ans prévu à l’article L3245-1 du Code du travail.
Le départ en retraite, qu’il soit volontaire ou imposé par l’employeur, n’est jamais un acte anodin : il marque la rupture du lien de subordination, mais aussi la reconnaissance du parcours professionnel accompli.
Cette reconnaissance prend forme dans le versement d’une indemnité spécifique, encadrée par la loi et par les conventions collectives, qui vient compenser la fin de la carrière salariée.
Toutefois, la complexité du calcul — entre ancienneté, salaire de référence, régime légal ou conventionnel — exige une attention rigoureuse.
Un salarié mal informé risque de perdre plusieurs milliers d’euros, tandis qu’un employeur négligent peut s’exposer à des sanctions prud’homales pour manquement à ses obligations.
Il est donc essentiel de vérifier les textes applicables, de comparer les montants légaux et conventionnels, et, si nécessaire, de recourir à l’assistance d’un professionnel du droit du travail.
Enfin, n’oublions pas que les indemnités de retraite, bien que soumises à l’impôt sur le revenu, peuvent bénéficier d’un régime fiscal avantageux sous certaines conditions, permettant d’alléger la charge au moment du départ.
Se préparer à la retraite, c’est avant tout anticiper ses droits pour partir sereinement : entre législation, conventions collectives et fiscalité, la connaissance de vos droits demeure le meilleur outil pour défendre vos intérêts jusqu’à la dernière étape de votre vie professionnelle.
La différence repose sur l’initiative de la rupture du contrat de travail.
La conséquence principale tient à l’indemnité :
Il est donc essentiel de bien identifier l’origine du départ pour déterminer les droits financiers exacts.
Le calcul dépend de deux paramètres : l’ancienneté dans l’entreprise et le salaire de référence.
Selon les articles D1237-1 et suivants du Code du travail, le barème légal prévoit :
Le salaire à prendre en compte est, au choix du salarié, le plus avantageux entre :
💡 Bon à savoir : si votre convention collective prévoit un montant plus élevé, c’est elle qui s’applique (principe de faveur). Par exemple :
Pour éviter toute erreur, il est recommandé de demander un calcul écrit à votre service RH ou à un juriste spécialisé avant d’accepter le solde de tout compte.
Non, à partir du moment où vous remplissez les conditions légales pour partir en retraite, l’indemnité est obligatoire.
Un refus injustifié constitue une violation du Code du travail et peut être contesté devant le conseil de prud’hommes.
Les cas où le versement peut être légitimement refusé sont rares :
En cas de litige, le salarié dispose d’un délai de 3 ans pour agir (article L3245-1 du Code du travail).
Il peut demander, en plus du paiement de l’indemnité, des dommages et intérêts pour préjudice financier.
Oui, mais de manière partielle.
Selon l’article 80 duodecies du Code général des impôts, les indemnités versées lors d’un départ à la retraite sont imposables, sauf exceptions.
Les exonérations sociales, quant à elles, suivent un régime distinct : la fraction exonérée d’impôt l’est également de cotisations sociales, dans la même limite.
Pour une optimisation fiscale, il est conseillé de fractionner la perception sur plusieurs années (jusqu’à 4 ans), ce qui permet d’éviter une trop forte imposition ponctuelle.
Dans ce cas, c’est toujours la règle la plus favorable au salarié qui s’applique (principe de faveur, article L2254-1 du Code du travail).
Ainsi, si votre convention prévoit une indemnité supérieure, l’employeur doit s’y conformer.
Exemples :
Pour connaître vos droits exacts, téléchargez ou consultez votre convention collective sur defendstesdroits.fr.
Si votre employeur refuse d’appliquer la version conventionnelle, vous pouvez saisir le Conseil de prud’hommes pour réclamer la différence, preuves à l’appui (bulletins de salaire, ancienneté, texte conventionnel).
💬 Conseil pratique : avant votre départ, adressez une demande écrite d’application de la convention collective. Cela servira de preuve en cas de contestation ultérieure.