Pénal

Infraction routière : comment prouver que vous n’étiez pas au volant ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Protéger son permis : comment transférer les points à la personne responsable ?

Lorsqu’une infraction routière est commise, elle s’accompagne souvent d’un retrait de points sur le permis de conduire. Cependant, il arrive que le titulaire de la carte grise ne soit pas responsable de l’infraction, comme lorsqu’un tiers conduisait le véhicule ou en cas de vol ou d’usurpation.

Face à ces situations, la loi française prévoit des recours permettant de contester le retrait de points. Dans cet article, nous détaillons les démarches à suivre pour défendre vos droits et préserver votre permis de conduire tout en respectant les obligations légales.

Sommaire :

  1. Introduction
  2. Comprendre le retrait de points lorsque vous n’êtes pas au volant
  3. Procédure de désignation du conducteur responsable
  4. Obligation de désigner le conducteur : qui est concerné ?
  5. Les sanctions liées à une fausse désignation
  6. FAQ

Comprendre le retrait de points lorsque vous n’êtes pas au volant

La loi française prévoit des recours pour contester un retrait de points lorsqu’un titulaire de carte grise n’était pas au volant au moment de l’infraction. Cela permet de protéger les droits du propriétaire face à des situations où il n’est pas responsable. Deux cas de figure principaux peuvent être invoqués :

Le véhicule a été volé, vendu ou usurpé

Dans ce cas, le propriétaire doit fournir des preuves concrètes démontrant qu’il n’était plus en possession du véhicule ou qu’il a été victime d’un vol ou d’une usurpation. Voici les démarches spécifiques pour chaque situation :

  • Vol : Joindre une copie du récépissé de dépôt de plainte, obtenu auprès des services de police ou de gendarmerie. Ce document atteste que vous avez signalé le vol du véhicule et que vous n’étiez donc pas en mesure de commettre l’infraction.
  • Vente ou cession : Fournir un certificat de cession daté et signé, mentionnant la date précise à laquelle la transaction a eu lieu. Ce certificat, accompagné d’un accusé de réception de l’enregistrement auprès de l’administration, prouve que vous n’étiez plus le propriétaire légal du véhicule à la date de l’infraction.
  • Usurpation : Il s’agit de prouver que votre véhicule a été cloné, c’est-à-dire que son immatriculation a été frauduleusement utilisée sur un autre véhicule. Vous pouvez appuyer votre demande avec :
    • Une déclaration à l’administration compétente, indiquant les différences techniques entre votre véhicule et celui incriminé (ex. : couleur, accessoires spécifiques).
    • Des témoignages ou documents techniques prouvant que votre véhicule était ailleurs au moment de l’infraction.

Ces démarches permettent de protéger vos droits tout en évitant les sanctions injustifiées liées à l’infraction.

Le véhicule a été prêté à un tiers

Dans ce scénario, le propriétaire reconnaît que le véhicule était sous la responsabilité d’un tiers identifié. Le retrait de points ne s’appliquera pas au titulaire de la carte grise, mais sera transféré au permis de la personne responsable de l’infraction. Voici ce qu’il faut faire :

  • Identifier le conducteur : Fournir les informations précises du tiers ayant emprunté le véhicule au moment de l’infraction (nom, prénom, adresse et numéro de permis de conduire).
  • Désigner le tiers : Remplir le formulaire de requête en exonération joint à l’avis de contravention et cocher la case correspondant au prêt ou location du véhicule.
  • Fournir des justificatifs : Si le prêt a été encadré par un document écrit (ex. : contrat de location, email ou SMS mentionnant l’accord), il peut être utile de le joindre à votre dossier pour renforcer la crédibilité de votre contestation.

En cas de désignation correcte et dans les délais impartis, l’administration transfère la sanction au véritable responsable, permettant au propriétaire du véhicule de préserver son capital de points et d’éviter des sanctions injustifiées.

Important : Toute tentative de désignation frauduleuse est passible de lourdes sanctions pénales, comme mentionné plus haut.

Procédure de désignation du conducteur responsable

Pour contester un retrait de points ou désigner un autre conducteur, le propriétaire du véhicule doit agir dans un délai strict de 45 jours après la réception de l’avis de contravention.

Passé ce délai, les options pour contester ou désigner deviennent limitées, et l’amende risque d’être majorée. Voici les étapes détaillées pour mener cette procédure efficacement :

Désignation en ligne

La désignation en ligne est une méthode simple et rapide via le site de l’ANTAI (Agence Nationale de Traitement Automatisé des Infractions). Cette plateforme officielle permet de :

  • Accéder directement au formulaire électronique de désignation grâce aux informations présentes sur l’avis de contravention.
  • Saisir les coordonnées du conducteur responsable (nom, prénom, adresse complète et numéro de permis de conduire).
  • Soumettre les informations immédiatement, garantissant un traitement rapide et sécurisé.

Ce mode de désignation est particulièrement utile pour éviter les retards liés à l’envoi postal et les éventuelles pertes de documents.

Désignation par courrier recommandé

Si le propriétaire préfère une méthode traditionnelle ou si des justificatifs supplémentaires doivent être fournis, la désignation par courrier recommandé reste une option valable. Cette procédure nécessite de suivre rigoureusement les étapes suivantes :

  1. Remplir le formulaire joint à l’avis de contravention
    • Le formulaire de requête en exonération (en cas de contravention minorée).
    • Le formulaire de réclamation (en cas de contravention majorée).
      Ces documents sont indispensables pour signaler que le conducteur responsable n’est pas le propriétaire du véhicule.
  2. Cocher la case appropriée
    • Indiquer si le véhicule a été volé, vendu, ou usurpé (cas spécifiques).
    • Ou préciser que le véhicule a été prêté ou loué à un tiers identifié.
  3. Fournir les informations du conducteur
    Il est obligatoire de mentionner :
    • Le nom complet et l’adresse du conducteur.
    • Le numéro de permis de conduire du tiers responsable.
  4. Joindre les documents justificatifs nécessaires
    En fonction de la situation, ajoutez les pièces appropriées :
    • Certificat de vente ou de cession pour prouver que vous n’étiez plus propriétaire du véhicule.
    • Récépissé de dépôt de plainte en cas de vol ou d’usurpation.
    • Toute autre preuve pertinente (contrat de location, emails, etc.).
  5. Inclure l’original de la contravention
    L’original de l’avis de contravention doit être inclus dans l’envoi pour permettre le traitement du dossier.
  6. Envoyer le courrier en recommandé avec accusé de réception
    Cette étape garantit une preuve de dépôt et de réception par l’administration, essentielle en cas de litige ultérieur.

Conseils pratiques :

  • Assurez-vous que tous les documents sont complets avant l’envoi pour éviter un rejet de la demande.
  • Agissez rapidement pour respecter le délai des 45 jours, car un dépassement entraîne des complications administratives et financières.
  • Conservez une copie de tous les documents envoyés, y compris l’accusé de réception du courrier.

En suivant rigoureusement ces étapes, vous maximiserez vos chances de transférer le retrait de points au conducteur responsable et de préserver votre capital de points.

Obligation de désigner le conducteur : qui est concerné ?

La désignation du conducteur responsable varie selon la nature du propriétaire du véhicule. Cette distinction est définie par l’article L121-6 du Code de la route, qui impose des obligations différentes aux personnes morales et aux personnes physiques.

Les personnes morales : une obligation stricte

Les personnes morales (entreprises, associations, administrations, etc.) sont dans l’obligation légale de désigner le conducteur responsable en cas d’infraction routière commise avec un véhicule de leur flotte. À défaut, elles encourent une amende forfaitaire de 675 euros par infraction non désignée.

Cette mesure vise à responsabiliser les employeurs et à éviter que des infractions restent impunies. Voici les points clés :

  • L’entreprise doit fournir les informations complètes sur le conducteur (nom, adresse, numéro de permis).
  • L’absence de désignation constitue une infraction distincte et entraîne une sanction automatique.
  • Les documents justificatifs nécessaires, tels que les carnets de bord ou les contrats de location interne, doivent être conservés pour appuyer la désignation.

Les personnes physiques : une obligation relative

Pour les particuliers, l’obligation de désigner le conducteur est beaucoup plus souple. En l’absence de preuve irréfutable présentée par les autorités, le propriétaire n’est pas tenu légalement de désigner la personne au volant au moment de l’infraction.

Exemples de preuves irréfutables :

  • Une photographie radar montrant le conducteur au volant.
  • La signature d’un procès-verbal attestant la reconnaissance de l’infraction.

Que faire si le propriétaire ne peut ou ne veut pas désigner le conducteur ?

Dans certaines situations, le propriétaire peut ne pas être en mesure de désigner le conducteur ou choisir de ne pas le faire. Voici les options disponibles :

  1. Cocher la case "autre motif"
    Le propriétaire doit utiliser cette case sur le formulaire de requête en exonération pour indiquer qu’il ne sait pas ou ne peut pas identifier le conducteur.
  2. Contester la responsabilité
    Si aucune preuve tangible n’est apportée par les autorités, la contestation peut être acceptée. Cela permet au propriétaire de :
    • Éviter le retrait de points sur son permis.
    • Conserver ses droits, à condition de régler l’amende forfaitaire associée à l’infraction.

Attention : des obligations renforcées pour les personnes morales

Les sanctions financières pour non-désignation sont strictes pour les entreprises, car elles visent à empêcher tout abus ou fraude dans la gestion des infractions routières. Pour éviter ces sanctions :

  • Tenez un registre précis des conducteurs de chaque véhicule.
  • Agissez rapidement pour désigner le conducteur dans les délais légaux.

En résumé, si les personnes physiques bénéficient d’une certaine liberté pour refuser de désigner le conducteur, les personnes morales doivent impérativement respecter cette obligation sous peine de lourdes sanctions financières.

Les sanctions liées à une fausse désignation

Toute tentative de fausse déclaration ou de désignation mensongère dans le cadre d’une contestation d’infraction routière est passible de sanctions sévères. Ces mesures, prévues par la législation française, visent à lutter contre les abus et les fraudes liés aux retraits de points sur le permis de conduire. Voici les principales sanctions applicables :

Trafic de points

L’article L223-9 du Code de la route sanctionne le trafic de points, c’est-à-dire la vente ou l’achat de points de permis. Ce type de fraude, qui consiste à déclarer un conducteur volontairement désigné moyennant une compensation financière, expose le contrevenant à :

  • 6 mois de prison,
  • Une amende pouvant atteindre 15 000 euros.

Cette pratique est particulièrement surveillée et lourdement sanctionnée, car elle compromet l’intégrité du système de points qui vise à garantir la sécurité routière.

Usurpation d’identité

L’article 434-23 du Code pénal punit toute tentative d’usurpation d’identité dans le cadre d’une désignation frauduleuse. Cela peut inclure la déclaration d’une personne fictive ou l’utilisation des informations d’un tiers sans son consentement. Les sanctions encourues sont encore plus lourdes :

  • 5 ans d’emprisonnement,
  • Une amende pouvant s’élever à 75 000 euros.

Ces peines reflètent la gravité de l’infraction, qui constitue une atteinte à la justice et à la sécurité des citoyens.

Rappel des bonnes pratiques

Pour éviter toute sanction, il est essentiel de :

  • Ne fournir que des informations véridiques lors de la désignation du conducteur.
  • Refuser toute proposition de trafic de points, même en cas de pression extérieure.
  • Conserver des preuves pour appuyer toute déclaration en cas de contestation (contrats, certificats de cession, etc.).

Conclusion

En cas de contestation d’une infraction routière ou d’un retrait de points, il est essentiel de bien comprendre vos droits et de suivre rigoureusement les procédures établies.

Qu’il s’agisse de désigner un tiers, de prouver une usurpation ou de contester une contravention, des solutions existent pour protéger votre permis. Afin de maximiser vos chances de succès, n’hésitez pas à consulter les informations juridiques disponibles sur defendstesdroits.fr, votre allié pour défendre vos droits au quotidien.

FAQ :

1. Peut-on contester un retrait de points si une autre personne conduisait le véhicule ?

Oui, la loi française permet au titulaire de la carte grise de contester un retrait de points lorsqu’il peut prouver qu’il n’était pas au volant au moment de l’infraction. Cette procédure est particulièrement applicable dans deux cas principaux :

  • Si le véhicule a été volé, vendu ou usurpé, le propriétaire doit fournir des justificatifs, tels qu’un récépissé de dépôt de plainte ou un certificat de cession.
  • Si le véhicule a été prêté à un tiers, le propriétaire doit désigner le conducteur responsable en fournissant ses coordonnées complètes et son numéro de permis de conduire.

Dans les deux cas, il est essentiel d’agir rapidement et de respecter les délais impartis pour contester efficacement.

2. Quels sont les délais pour contester un retrait de points ou désigner un autre conducteur ?

Le propriétaire du véhicule dispose d’un délai strict de 45 jours après la réception de l’avis de contravention pour agir. Ce délai est primordial pour :

  • Contester le retrait de points si le propriétaire n’était pas au volant.
  • Désigner un autre conducteur via le formulaire en ligne sur le site de l’ANTAI ou par courrier recommandé.

Passé ce délai, l’amende risque d’être majorée, et les recours peuvent être plus limités. Il est donc recommandé de traiter l’avis de contravention dès sa réception pour éviter toute complication.

3. Que se passe-t-il si le propriétaire du véhicule ne désigne pas le conducteur responsable ?

Pour les particuliers, il n’existe pas d’obligation légale de désigner le conducteur, sauf si des preuves irréfutables (comme une photographie radar) sont fournies par les autorités. Dans ce cas :

  • Le propriétaire peut cocher la case "autre motif" sur le formulaire de requête en exonération pour indiquer qu’il ne sait pas qui conduisait.
  • Il devra régler l’amende associée à l’infraction, mais il ne perdra pas de points sur son permis, sauf preuve contraire apportée par l’administration.

Pour les personnes morales, en revanche, l’absence de désignation expose l’entreprise à une amende forfaitaire de 675 euros, conformément à l’article L121-6 du Code de la route.

4. Quels documents sont nécessaires pour contester un retrait de points ?

La procédure de contestation nécessite de joindre plusieurs documents justificatifs en fonction de la situation :

  • En cas de vol : une copie du récépissé de dépôt de plainte.
  • En cas de vente ou cession : un certificat de cession daté et signé, accompagné de l’accusé de réception enregistré auprès de l’administration.
  • En cas de prêt du véhicule : les informations complètes du conducteur (nom, adresse, numéro de permis) et, si possible, un document prouvant le prêt (contrat, message écrit, etc.).
  • En cas d’usurpation de plaque : des éléments prouvant que le véhicule ne pouvait pas être présent sur le lieu de l’infraction (témoignages, caractéristiques techniques).

L’ensemble des pièces doit être envoyé avec le formulaire de contestation dûment rempli et l’original de l’avis de contravention.

5. Quelles sont les sanctions en cas de fausse déclaration ou désignation mensongère ?

Toute tentative de fausse désignation ou de trafic de points est lourdement sanctionnée par la loi :

  • L’article L223-9 du Code de la route prévoit jusqu’à 6 mois de prison et 15 000 euros d’amende pour la vente ou l’achat de points.
  • L’article 434-23 du Code pénal sanctionne l’usurpation d’identité par une peine pouvant aller jusqu’à 5 ans de prison et 75 000 euros d’amende.

Ces sanctions visent à préserver l’intégrité du système de points sur le permis de conduire et à éviter les abus. Il est donc primordial de fournir des informations exactes et véridiques lors d’une contestation.

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