Interdiction de sortie du territoire pour mineur : que faut-il savoir ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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IST et OST : comprendre les restrictions de déplacement des enfants mineurs

Sommaire

  1. Qu'est-ce qu'une interdiction de sortie du territoire ?
  2. Durée de l'interdiction de sortie du territoire
  3. Opposition à sortie du territoire (OST) : une mesure d'urgence
  4. Procédure de levée de l'interdiction de sortie du territoire
  5. Importance de respecter la procédure légale
  6. Conséquences du non-respect de l'interdiction de sortie du territoire
  7. Cas pratiques : levée de l'IST lors d'un droit de visite
  8. FAQ

L'interdiction de sortie du territoire (IST) est une mesure juridique destinée à empêcher un enfant mineur de quitter le territoire national sans l’autorisation de ses deux parents.

Elle est généralement prononcée par le juge aux affaires familiales (JAF) dans le cadre de procédures de divorce ou de séparation conflictuelles, lorsque le juge estime qu'il existe un risque de déplacement illégal de l'enfant à l'étranger.

Cette mesure soulève des questions importantes, notamment lors de vacances ou de voyages à l'étranger. Cet article vise à éclaircir les conditions et la procédure entourant l'IST ainsi que les possibilités de levée temporaire de cette interdiction.

Qu'est-ce qu'une interdiction de sortie du territoire ?

L'interdiction de sortie du territoire (IST) est une mesure juridique prise par le juge aux affaires familiales en vertu de l’article 373-2-6 du Code civil. Cette décision empêche un enfant mineur de quitter le territoire français sans l’accord préalable des deux parents.

L'objectif principal de l'IST est de protéger l’enfant contre tout risque de déplacement à l’étranger qui pourrait porter atteinte à ses droits ou à ceux d’un des parents, notamment en cas de conflit parental.

Cette interdiction est enregistrée dans le fichier des personnes recherchées (FPR), un outil utilisé par les autorités lors des contrôles aux frontières pour vérifier si un enfant mineur fait l'objet de cette mesure. Toute tentative de sortie du territoire par un enfant concerné sera bloquée par les agents chargés des contrôles.

Durée de l'IST

L’interdiction de sortie du territoire peut être ordonnée pour une durée déterminée ou indéterminée selon les circonstances. Le juge aux affaires familiales peut fixer une période précise pendant laquelle l’enfant ne pourra pas quitter le pays. Dans certains cas, si aucune date de fin n’est spécifiée, l’interdiction reste en vigueur jusqu’à la majorité de l’enfant, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il atteigne l'âge de 18 ans.

Cette mesure est souvent utilisée dans des situations de divorce conflictuel ou lorsque l'un des parents craint que l'autre tente d'emmener l'enfant hors du pays sans son consentement.

Opposition à sortie du territoire (OST) : une mesure d'urgence

En complément de l'interdiction de sortie du territoire (IST), il existe une mesure administrative spécifique appelée opposition à sortie du territoire (OST). Contrairement à l'IST, qui est une décision judiciaire prononcée par le juge aux affaires familiales, l'OST est une mesure d'urgence, mise en œuvre pour faire face à un risque immédiat de déplacement illicite de l’enfant hors du territoire national.

L'OST peut être demandée par l'un des parents dans des situations où il craint que l'autre parent tente de sortir l'enfant du pays sans son consentement. Cette demande doit être déposée auprès de la préfecture, du commissariat de police ou de la gendarmerie, même en dehors des heures ouvrables, ce qui permet une réactivité immédiate face à des situations à haut risque.

Durée et procédure de l'OST

Une fois l'OST accordée, elle est inscrite au fichier des personnes recherchées (FPR) pour une durée maximale de quinze jours. Cette période permet aux autorités de bloquer tout départ de l’enfant pendant les contrôles aux frontières.

Si la situation justifie une mesure à plus long terme, une procédure judiciaire d'interdiction de sortie du territoire peut être engagée par le parent concerné ou à l’initiative des autorités compétentes.

L’OST offre donc une protection temporaire mais essentielle pour prévenir un déplacement illicite rapide de l’enfant, le temps que des mesures judiciaires plus durables, telles que l'IST, soient envisagées et mises en place.

Procédure de levée temporaire de l'IST

Dans certaines situations, comme un voyage scolaire ou des vacances à l'étranger, les parents peuvent demander une levée temporaire de l'IST. Cette demande doit être faite conjointement par les deux parents auprès d’un officier de police judiciaire (OPJ).

Déclaration auprès de l'OPJ

Selon l’article 1180-4 du Code de procédure civile, les parents doivent déclarer à l’OPJ la durée et la destination du voyage. L’OPJ procède à l’enregistrement de cette déclaration et inscrit la levée temporaire au fichier des personnes recherchées.

Cette démarche permet de s’assurer que l’enfant pourra voyager pendant la période définie, sans que l’IST ne soit un obstacle.

Modalités de la déclaration
  • La déclaration doit être faite au moins cinq jours avant la date prévue du départ.
  • En cas de circonstances exceptionnelles (par exemple, un décès dans la famille), ce délai peut être réduit, sous réserve d’une justification adéquate.
  • Si l’enfant voyage avec ses deux parents, la procédure de levée temporaire n’est pas nécessaire. Cependant, si l’enfant voyage avec un seul parent, l’autorisation de l’autre parent doit être recueillie selon la procédure définie.

Importance de respecter la procédure

Il est fondamental de comprendre que l'autorisation écrite informelle d’un parent à l’autre ne suffit pas pour lever une interdiction de sortie du territoire (IST). Une telle autorisation n’a aucune valeur juridique devant les autorités compétentes.

La procédure légale est stricte et obligatoire pour garantir que les droits de chaque parent soient respectés et que l’intérêt de l’enfant soit préservé.

Pour obtenir une levée temporaire de l'IST, il est indispensable de suivre les démarches prévues par la loi, notamment en faisant une déclaration officielle devant un officier de police judiciaire (OPJ). Cette déclaration doit être faite par les deux parents, idéalement conjointement, et inclure des détails précis concernant la durée et la destination du voyage.

Le non-respect de cette procédure peut avoir des conséquences majeures.

En effet, si la levée de l’IST n’a pas été dûment enregistrée dans le fichier des personnes recherchées (FPR), les autorités peuvent bloquer le départ de l’enfant lors des contrôles aux frontières.

Cela pourrait entraîner l'annulation du voyage, avec toutes les conséquences financières et organisationnelles qui en découlent, notamment la perte de réservations et des frais imprévus.

De plus, un parent qui enfreint une IST en tentant de faire sortir l’enfant du territoire sans autorisation légale s’expose à des sanctions pénales, ce qui peut aggraver les tensions familiales et avoir un impact durable sur ses droits de garde ou de visite.

Conséquences du non-respect de l'IST

Le non-respect d'une interdiction de sortie du territoire (IST) peut entraîner des conséquences graves pour le parent fautif.

Toute tentative de faire sortir un enfant du territoire en violation de cette mesure expose le parent à des sanctions pénales. En effet, il s'agit d'une infraction aux décisions judiciaires, passible de poursuites pénales pour soustraction d'enfant, conformément aux dispositions du Code pénal.

En outre, ce comportement peut sérieusement compromettre les droits parentaux du parent en infraction.

Le juge aux affaires familiales pourrait décider de réviser les modalités de garde et de visite pour protéger l'intérêt de l'enfant. Cela peut se traduire par une restriction des droits de visite ou même, dans les cas les plus extrêmes, par un retrait total de la garde.

Il est donc primordial de respecter scrupuleusement les démarches légales en matière d'IST.

Outre les conséquences juridiques, un non-respect de la mesure peut également détériorer la relation parentale et entraîner une perte de confiance entre les parents, rendant toute communication ou collaboration future plus difficile.

La violation d'une IST met en péril non seulement les droits du parent fautif, mais également le bien-être de l’enfant, qui peut être directement affecté par ces tensions et procédures judiciaires supplémentaires.

Cas pratiques : levée de l'IST lors d'un droit de visite

Dans le cadre des droits de visite et d'hébergement, il est courant que l'un des parents souhaite emmener l'enfant en vacances à l'étranger.

Cependant, si une interdiction de sortie du territoire (IST) a été prononcée, cette situation requiert des démarches spécifiques pour permettre le déplacement.

Lorsque l’IST est en vigueur, le parent qui souhaite voyager avec l’enfant doit obtenir l'accord explicite de l'autre parent. Cette démarche ne peut pas se limiter à une autorisation informelle ou orale.

En effet, il est nécessaire de procéder à une déclaration conjointe devant un officier de police judiciaire (OPJ), où les deux parents confirment qu'ils autorisent l'enfant à quitter le territoire pour une période définie et pour une destination précise.

Procédure à suivre

  1. Déclaration conjointe : Les deux parents, ou au moins celui qui n'accompagnera pas l'enfant, doivent se rendre devant un OPJ pour officialiser leur accord. Ils devront préciser la durée du voyage ainsi que la destination.
  2. Enregistrement au FPR : L'OPJ procède à l’enregistrement de cette déclaration dans le fichier des personnes recherchées (FPR), ce qui garantit que l’enfant ne sera pas bloqué aux frontières lors de son départ.
  3. Délai à respecter : Cette démarche doit être effectuée au moins cinq jours avant la date prévue du voyage, sauf en cas de circonstances exceptionnelles dûment justifiées (comme un décès dans la famille).

Importance de la déclaration conjointe

La déclaration conjointe est essentielle pour garantir que l’enfant puisse quitter le territoire légalement.

En l'absence de cette démarche, le voyage peut être annulé ou retardé si les autorités frontalières constatent que l'IST est toujours en vigueur. De plus, une simple lettre d’autorisation informelle de l'un des parents ne suffira pas à lever l'interdiction.

Le respect de cette procédure permet aux parents de planifier les vacances sans risque d'annulation de dernière minute et de maintenir une relation sereine autour de la gestion des droits de visite et d’hébergement.

Conclusion

En somme, l'interdiction de sortie du territoire (IST) est une mesure de protection indispensable dans certains contextes de séparation ou de divorce, visant à garantir la sécurité de l’enfant et à préserver les droits de chaque parent.

Qu’il s’agisse d'une opposition à sortie du territoire (OST) en urgence ou d'une levée temporaire de l'IST pour des vacances à l’étranger, il est primordial de suivre strictement les démarches légales afin d’éviter des complications graves, tant pour le parent que pour l’enfant.

Respecter ces procédures assure non seulement une bonne gestion des droits parentaux, mais contribue également à maintenir une stabilité pour l’enfant dans un contexte familial souvent délicat.

FAQ :

  1. Qu'est-ce qu'une interdiction de sortie du territoire (IST) pour un mineur et dans quel contexte est-elle ordonnée ?
    Une interdiction de sortie du territoire (IST) est une mesure judiciaire imposée par un juge aux affaires familiales afin d’empêcher un enfant mineur de quitter la France sans l'accord préalable des deux parents. Cette mesure est principalement ordonnée dans des situations de conflits parentaux, souvent lors de divorces ou séparations contentieuses, où il existe un risque que l'un des parents tente de déplacer l'enfant à l'étranger sans l'autorisation de l'autre. L’objectif est de protéger l'enfant et de préserver les droits des deux parents, surtout lorsque l’on soupçonne un déplacement international non autorisé qui pourrait compromettre la relation de l'enfant avec l'un des parents. Une fois l'IST prononcée, elle est inscrite dans le fichier des personnes recherchées (FPR), consulté lors des contrôles aux frontières, afin d'empêcher toute tentative de sortie illicite du territoire.
  2. Combien de temps une interdiction de sortie du territoire reste-t-elle en vigueur ?
    La durée d’une IST dépend de la décision prise par le juge aux affaires familiales. Elle peut être fixée pour une période déterminée, souvent en fonction des circonstances du conflit parental, ou pour une durée indéterminée si le juge estime que le risque persiste. Si aucune date de fin n'est précisée, l'interdiction reste en vigueur jusqu’à ce que l’enfant atteigne l'âge de 18 ans (majorité légale). Cependant, il est possible de demander une révision de l’IST si la situation familiale évolue ou si les deux parents parviennent à un accord. Dans ce cas, un parent peut saisir le juge pour lever ou ajuster l’interdiction en fonction de nouveaux éléments.
  3. Quelle est la différence entre une interdiction de sortie du territoire (IST) et une opposition à sortie du territoire (OST) ?
    Bien que l’IST et l'OST (opposition à sortie du territoire) visent à empêcher un mineur de quitter la France, ces mesures diffèrent tant par leur nature que par leur procédure.
    • L'IST est une décision judiciaire, souvent ordonnée par le juge aux affaires familiales, généralement dans des cas de conflits à long terme entre les parents. L'IST est valable jusqu’à ce qu’elle soit levée ou révisée par une nouvelle décision du juge. Elle est inscrite dans le FPR et peut bloquer les départs du mineur à tout moment.
    • L'OST, en revanche, est une mesure administrative d’urgence qui peut être demandée directement par l'un des parents lorsqu'il y a un risque imminent que l'enfant soit déplacé à l'étranger sans autorisation. Contrairement à l'IST, l’OST est temporaire, valable pour une durée de quinze jours maximum. Elle est souvent utilisée dans des situations de danger immédiat, le temps que le parent puisse engager une procédure judiciaire pour obtenir une IST si nécessaire.
  4. Comment un parent peut-il lever temporairement une interdiction de sortie du territoire pour un voyage avec l'enfant ?
    La levée temporaire d’une IST est possible sous certaines conditions, généralement pour des raisons telles qu’un voyage scolaire ou des vacances en famille à l’étranger. Pour ce faire, les deux parents doivent procéder à une déclaration conjointe devant un officier de police judiciaire (OPJ). Cette déclaration doit inclure des détails spécifiques tels que la durée du séjour à l’étranger ainsi que la destination.
    Une fois cette déclaration effectuée, l'OPJ l’inscrit dans le fichier des personnes recherchées (FPR), permettant ainsi de lever temporairement l’interdiction pour la période précisée. La déclaration doit être faite au moins cinq jours avant la date prévue du départ. Cependant, en cas d’urgence ou de circonstances exceptionnelles (par exemple, un décès dans la famille), ce délai peut être raccourci. Il est important de noter que si l’un des parents refuse d’autoriser le voyage, la levée temporaire ne pourra pas être effectuée, et le voyage ne pourra pas avoir lieu.
  5. Quelles sont les conséquences juridiques pour un parent qui ne respecte pas l'interdiction de sortie du territoire ?
    Violer une IST peut entraîner des conséquences graves tant sur le plan pénal que sur les droits parentaux. Un parent qui tente de faire sortir un enfant mineur du territoire sans autorisation enfreint une décision judiciaire, ce qui peut être qualifié de soustraction de mineur. Conformément aux dispositions du Code pénal, cette infraction peut entraîner des sanctions pénales sévères, y compris des amendes importantes et des peines d’emprisonnement.
    De plus, le non-respect de l’IST peut entraîner une révision des droits de garde et de visite du parent fautif. Le juge aux affaires familiales pourrait décider de restreindre ou même de supprimer les droits de visite du parent, estimant qu'il représente un danger potentiel pour l’enfant. Dans les cas les plus graves, cela pourrait entraîner une modification de l’autorité parentale. Respecter une IST est donc essentiel non seulement pour éviter des poursuites judiciaires, mais aussi pour préserver la relation parent-enfant et maintenir un équilibre familial déjà souvent fragile en cas de conflits parentaux.

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