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Jours ouvrés et jours ouvrables : impacts sur le calcul des vacances des salariés

Jordan Alvarez
Editeur
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Jours ouvrés ou jours ouvrables : maîtrisez le calcul des congés payés

Le droit aux congés payés est une garantie essentielle accordée à chaque salarié par le code du travail. Ce droit fondamental, consacré par l'article L3141-3 du code du travail, vise à préserver la santé des travailleurs en leur assurant un temps de repos rémunéré. Toutefois, derrière cette évidence juridique se cache une réalité complexe : le calcul des jours de congés payés.

Cette opération, loin d’être uniforme, dépend du mode de décompte retenu par l'employeur : en jours ouvrables ou en jours ouvrés. Ces deux notions, bien que proches, recouvrent des réalités distinctes et peuvent impacter directement le nombre de jours décomptés lors des absences.

Pour les services ressources humaines, les managers et les salariés eux-mêmes, il est indispensable de comprendre ces subtilités afin d'assurer une gestion fluide et conforme des congés. En effet, la mauvaise application des règles de décompte peut conduire à des erreurs de paie, des contestations ou encore des litiges prud’homaux, notamment en matière de rupture du contrat de travail où l’indemnité compensatrice de congés payés est en jeu.

Le code du travail, la jurisprudence constante de la cour de cassation, ainsi que les accords collectifs offrent un cadre normatif strict mais modulable par l’entreprise, dans le respect du principe de faveur. Il revient dès lors à chaque employeur de déterminer avec précision la méthode la plus favorable aux salariés, tout en garantissant la transparence du système retenu.

C'est dans cette optique que cet article vous propose une analyse approfondie du décompte des congés payés, en explorant les différences entre jours ouvrables et jours ouvrés, leurs impacts pratiques, les règles liées aux jours fériés ou aux semaines de quatre jours, et les décomptes particuliers comme les demi-journées. Chaque point sera illustré par des références juridiques précises afin d'apporter aux employeurs et aux salariés des repères fiables, en conformité avec la réglementation française.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Nombre de jours de congés payés : cadre légal
  3. Pourquoi 25 jours et non 30 ?
  4. Samedi : jour ouvré ou jour ouvrable ?
  5. Impact des jours fériés sur le décompte
  6. Cas des semaines à 4 jours
  7. Décompte par demi-journée : est-ce possible ?
  8. Droit aux jours supplémentaires de congés
  9. Conclusion
  10. FAQ

Nombre de jours de congés payés : cadre légal

Conformément à l'article L3141-3 du code du travail, tout salarié acquiert 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif chez le même employeur, soit 30 jours ouvrables par an. Toutefois, l'usage et certains accords d'entreprise permettent un décompte en jours ouvrés, conduisant alors à 25 jours ouvrés par an.

Cette distinction repose sur deux logiques :

  • Jours ouvrables : tous les jours pouvant être légalement travaillés, sauf le jour de repos hebdomadaire et les jours fériés chômés.
  • Jours ouvrés : seuls les jours effectivement travaillés dans l’entreprise.

La jurisprudence de la chambre sociale de la cour de cassation (Cass. soc., 9 mai 2006, n°04-46011) rappelle que les salariés à temps partiel bénéficient d’un droit équivalent à celui des salariés à temps complet.

Pourquoi 25 jours et non 30 ?

La norme légale prévoit un décompte en jours ouvrables. Cependant, pour simplifier la gestion des absences, certaines entreprises préfèrent adopter le décompte en jours ouvrés, plus représentatif des jours réellement travaillés.

Exemple :

  • 30 jours ouvrables/an (décompte du lundi au samedi).
  • 25 jours ouvrés/an (décompte du lundi au vendredi).

L’employeur a la liberté d’opter pour l’un ou l’autre mode, mais l'obligation de retenir la formule la plus favorable au salarié s’impose, conformément aux principes posés par le code du travail.

Samedi : jour ouvré ou ouvrable ?

Le samedi est un jour ouvrable, dès lors qu'il ne constitue pas un jour de repos dans l'entreprise. Par conséquent, dans un décompte effectué en jours ouvrables, le samedi est comptabilisé, même si le salarié ne travaille pas ce jour-là.

En revanche, dans un décompte en jours ouvrés, seuls les jours d’ouverture effective de l’entreprise sont pris en compte. Le samedi n’est pas compté si l’entreprise est fermée.

Impact des jours fériés

La gestion des jours fériés dépend de leur traitement au sein de l’entreprise :

  • Jour férié habituellement chômé : il n'est pas décompté des congés payés s’il tombe durant la période d'absence.
  • Jour férié travaillé : il est intégré au calcul des congés si le salarié aurait dû le travailler.

Ce principe est applicable quel que soit le mode de décompte retenu, sous réserve des dispositions spécifiques prévues par les conventions collectives ou accords d’entreprise.

Cas des semaines de travail sur 4 jours

Aucun texte légal ni jurisprudence constante ne tranche expressément la question du décompte des congés payés dans le cadre d’une semaine de travail à temps complet répartie sur 4 jours. Toutefois, par application du principe d'égalité de traitement, le salarié bénéficie du même nombre de jours de congés qu’un salarié travaillant sur 5 jours.

Les congés sont donc décomptés selon le régime applicable dans l'entreprise :

  • En jours ouvrés : 5 jours.
  • En jours ouvrables : 6 jours.

Décompte par demi-journée : une exception

Le principe général, posé par le code du travail, est le décompte des congés payés en jours entiers. Dès lors qu’un salarié pose une journée d’absence, même pour une durée inférieure à une journée complète (par exemple une matinée ou un après-midi), cette absence est en principe décomptée comme un jour entier de congé payé. Ce système vise à simplifier la gestion administrative des absences et à harmoniser les pratiques entre salariés.

Cependant, il existe une exception notable. En vertu de la jurisprudence sociale (Cass. soc., 19 novembre 1997, n°95-40932), il est admis que des accords collectifs, un usage d’entreprise ou même un accord individuel puissent prévoir un décompte des congés payés en demi-journées. Dans ce cas, le salarié peut poser une demi-journée de congé, qui sera alors déduite de son solde, au prorata de sa journée habituelle de travail.

Cette pratique demeure toutefois conditionnée à une mention expresse dans la convention collective, un accord d’entreprise, ou à un usage interne régulier et constant. A défaut, c'est le décompte en jours entiers qui s'applique obligatoirement. L'objectif est de garantir une sécurité juridique et d'éviter toute rupture d'égalité entre les salariés.

Il convient donc aux entreprises souhaitant mettre en place un décompte par demi-journée de :

  • le formaliser dans un accord collectif ou un avenant au règlement intérieur,
  • assurer une communication claire auprès des salariés,
  • veiller au respect de la réglementation en matière de gestion du temps de travail et de protection de la santé des salariés.

Droit à congé supplémentaire

L'article L3141-8 du code du travail pose le principe de l’attribution de jours de congés supplémentaires dans certaines situations spécifiques, traduisant la volonté du législateur d’instaurer une forme d’égalité compensatrice entre les salariés.

Ainsi, des jours supplémentaires peuvent être attribués :

  • Aux salariés âgés de moins de 21 ans au 30 avril de l’année précédente, ayant un ou plusieurs enfants à charge. Ces salariés bénéficient d’un jour supplémentaire par enfant. Lorsque ces jeunes salariés n'ont pas acquis suffisamment de congés sur la période de référence, cette majoration vise à compenser partiellement ce manque.
  • Aux salariés bénéficiant du droit au fractionnement : lorsqu’une partie des congés principaux n’est pas prise pendant la période légale (entre le 1er mai et le 31 octobre), le salarié peut prétendre à un ou deux jours supplémentaires, selon la durée de congé restant à prendre hors période.

Par ailleurs, des accords collectifs ou accords d’entreprise peuvent prévoir une majoration des congés payés selon certains critères spécifiques :

  • Ancienneté dans l’entreprise : certains accords accordent un jour supplémentaire tous les 5 ans d’ancienneté, par exemple.
  • Âge du salarié : des jours de congés supplémentaires peuvent être octroyés à partir d'un certain âge.
  • Situation de handicap : les salariés en situation de handicap reconnu peuvent également bénéficier de jours supplémentaires, en vertu de dispositions conventionnelles favorisant leur inclusion et leur équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Il convient de noter que le cumul du congé annuel et des congés supplémentaires ne peut en principe excéder 30 jours ouvrables (en l'absence de dispositions plus favorables prévues par accord). Ce plafond vise à harmoniser les pratiques et à garantir une équité entre les salariés tout en permettant des ajustements en fonction des situations individuelles particulières.

Quelle méthode retenir ?

Le choix entre jours ouvrables et jours ouvrés est encadré par :

  • Les dispositions du code du travail.
  • La jurisprudence.
  • Les conventions collectives ou accords internes.

L'employeur doit communiquer clairement à ses salariés la méthode retenue et veiller à son application homogène dans l'entreprise. En cas de doute, le recours au comité social et économique (CSE) ou à un avocat en droit du travail peut s'avérer pertinent pour sécuriser le traitement juridique des congés payés.

Conclusion

Le décompte des congés payés ne saurait être envisagé comme une simple formalité administrative : il constitue un enjeu stratégique pour la bonne gestion des ressources humaines et la préservation des droits des salariés.

La distinction entre jours ouvrables et jours ouvrés, loin d’être anecdotique, impacte directement le nombre de jours de congés décomptés, l’organisation des absences et, potentiellement, le climat social au sein de l’entreprise.

L'employeur, maître du choix du mode de décompte, doit impérativement veiller à appliquer la solution la plus favorable au salarié, en conformité avec les dispositions du code du travail, de la jurisprudence et des accords collectifs éventuellement applicables. Cette obligation de transparence et d'équité permet non seulement de sécuriser juridiquement l'entreprise mais aussi de renforcer la confiance des salariés.

La maîtrise des subtilités juridiques liées aux jours fériés, aux temps partiels, aux semaine de quatre jours ou encore aux jours fractionnés est indispensable pour éviter toute erreur pouvant conduire à un contentieux devant le conseil de prud’hommes.

Dans un contexte où la gestion des congés constitue un levier de fidélisation du personnel et d'optimisation de l'organisation interne, il est recommandé aux employeurs de formaliser clairement les règles applicables, voire de solliciter l’accompagnement d’un avocat en droit social ou de consulter leur comité social et économique (CSE).

Le site defendstesdroits.fr demeure un outil précieux pour accompagner les entreprises et les salariés dans la compréhension et l’application des règles relatives au droit des congés payés, en apportant une information fiable, pratique et conforme aux textes en vigueur.

FAQ

1. Quelle est la différence entre jours ouvrables et jours ouvrés dans le calcul des congés payés ?
La distinction entre jours ouvrables et jours ouvrés est essentielle pour le calcul des congés payés. Les jours ouvrables désignent tous les jours de la semaine où il est légalement possible de travailler, à l'exception du dimanche et des jours fériés chômés. Ils incluent donc généralement du lundi au samedi, soit 6 jours par semaine. Les jours ouvrés, eux, correspondent uniquement aux jours où l'entreprise est effectivement ouverte et où les salariés travaillent. La plupart du temps, il s'agit du lundi au vendredi, soit 5 jours par semaine. Ce choix de décompte, défini par l'employeur et validé par les conventions collectives ou les accords d’entreprise, a une conséquence directe sur le nombre de jours de congés payés effectivement déduits lors des absences des salariés.

2. Pourquoi parle-t-on de 30 jours ouvrables mais seulement 25 jours ouvrés pour les congés payés ?
Le code du travail (article L3141-3) prévoit que chaque salarié a droit à 30 jours ouvrables de congés payés par an, ce qui correspond à 2,5 jours ouvrables par mois de travail effectif. Toutefois, certaines entreprises préfèrent opter pour un décompte en jours ouvrés, plus représentatif des jours réellement travaillés dans la semaine. Dans ce cas, les salariés bénéficient de 25 jours ouvrés par an. Cette équivalence repose sur le fait que les semaines comptent 6 jours ouvrables contre 5 jours ouvrés. Dans les deux cas, le salarié bénéficie en réalité de 5 semaines complètes de congés payés. L'employeur doit veiller à choisir la méthode de décompte la plus favorable aux salariés, conformément au principe de faveur.

3. Le samedi doit-il toujours être compté comme un jour de congé ?
Tout dépend de la méthode de décompte appliquée dans l’entreprise :

  • En jours ouvrables, le samedi est considéré comme un jour ouvrable, même si le salarié ne travaille pas ce jour-là. Par conséquent, lorsqu’un salarié pose une semaine entière de congés, le samedi sera comptabilisé dans les jours déduits.
  • En jours ouvrés, le samedi n’est compté que si l’entreprise fonctionne effectivement ce jour-là. Si l’établissement est fermé le samedi, ce jour n’est pas considéré comme un jour ouvré et ne sera donc pas décompté.

Cette distinction a des effets notables sur la durée des congés décomptés, d'où l'importance de vérifier les règles internes ou prévues par la convention collective applicable.

4. Comment sont comptabilisés les jours fériés qui tombent pendant les congés payés ?
Les jours fériés ne sont pas traités de la même manière selon qu'ils sont habituellement chômés ou travaillés dans l’entreprise :

  • Si le jour férié est chômé (c’est-à-dire non travaillé) dans l’entreprise, il n’est pas décompté des congés payés. Le salarié n’a donc pas à poser un jour de congé pour cette date.
  • En revanche, si le jour férié est travaillé habituellement, il est comptabilisé comme un jour de congé payé lorsqu’il tombe pendant la période d’absence du salarié.

Cette règle, applicable quel que soit le mode de décompte (ouvrables ou ouvrés), vise à éviter que le salarié ne soit désavantagé lorsqu’un jour férié non travaillé intervient durant ses vacances.

5. Les salariés travaillant en semaine de 4 jours ont-ils droit à moins de congés payés ?
Non. Les salariés à temps complet réparti sur 4 jours bénéficient du même nombre de jours de congés payés que ceux travaillant sur 5 jours. En effet, selon la jurisprudence constante et par application du principe d'égalité de traitement, la répartition hebdomadaire du temps de travail n’affecte pas les droits acquis. La période de repos est identique pour garantir une équité entre les salariés, conformément à l’article L3141-3 du code du travail. En pratique :

  • Si le décompte se fait en jours ouvrés, le salarié doit poser autant de jours qu'un salarié à 5 jours hebdomadaires.
  • Si le décompte se fait en jours ouvrables, le calcul suit la même règle que pour les autres salariés.

Il convient néanmoins de se référer aux accords d’entreprise ou à la convention collective, qui peuvent préciser des modalités spécifiques adaptées à l’organisation du travail.

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