Travail

Juin 2025 : quelles nouvelles règles pour les employeurs ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Réformes de juin 2025 : ce que les employeurs doivent vraiment savoir

Employeurs, en cette année 2025 marquée par une conjoncture mouvante, le cadre légal et réglementaire évolue à un rythme soutenu. Juin 2025 n’a pas échappé à cette dynamique : nouvelles obligations, ajustements financiers, précisions jurisprudentielles et réformes structurelles viennent impacter la gestion quotidienne des entreprises.

Maîtriser ces changements est indispensable pour sécuriser vos pratiques, anticiper les coûts et rester conforme aux exigences du Code du travail, du Code de la sécurité sociale et du CESEDA. À travers cette synthèse détaillée, defendstesdroits.fr vous éclaire sur l’essentiel de ce qu’il ne fallait pas manquer en juin et vous alerte sur ce qui se profile à l’horizon.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Réforme du financement des contrats d’apprentissage
  3. Transmission des arrêts de travail non dématérialisés
  4. Plan de protection contre la chaleur
  5. CDD d’usage : nouvelles activités autorisées
  6. Mise en place du kit APLD Rebond
  7. Tickets-restaurant : nouvelles mesures
  8. Revalorisation des allocations d’assurance chômage
  9. Embauche des travailleurs étrangers
  10. Jurisprudences marquantes de juin 2025
  11. Conventions collectives : changements à retenir
  12. Acquisition des congés payés en cas d’arrêt maladie
  13. FAQ

Réforme du financement des contrats d'apprentissage

Depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, la réforme du financement des contrats d'apprentissage, prévue par l'article L. 6332-14 du Code du travail, entre en vigueur pour les niveaux 6 et 7 (Bac+3 et plus). Les employeurs sont désormais tenus de participer à hauteur de 750 euros par contrat conclu à compter de cette date. La prise en charge se fait au prorata temporis des jours de formation, conformément à l'objectif de financer le coût réel de l'apprentissage.

Pour les entreprises, il devient essentiel de vérifier la mise à jour des contrats pour anticiper ce surcoût, en tenant compte des nouvelles règles édictées par l'article L. 6241-2 du Code du travail.

Transmission des arrêts de travail non dématérialisés : nouveau CERFA

Afin de lutter contre la fraude et la falsification des arrêts de travail, l’Assurance maladie impose, depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, l’utilisation exclusive d’un nouveau formulaire CERFA sécurisé pour toute transmission papier. Cette obligation s’applique dès lors que l’arrêt de travail n’est pas télétransmis directement par le médecin via les systèmes informatiques de l’Assurance maladie.

Conformément aux articles L. 321-1 et suivants du Code de la sécurité sociale, seuls les arrêts de travail remis au salarié sous ce format sécurisé seront reconnus valables par la CPAM.

Tout formulaire ancien ou non conforme sera rejeté, ce qui peut entraîner un refus de prise en charge des indemnités journalières, au détriment du salarié, mais aussi des démarches supplémentaires pour l’employeur.

Les services RH doivent donc veiller à informer les salariés de cette nouveauté et s’assurer que chaque arrêt de travail transmis en format papier soit bien établi sur le nouveau CERFA.

À défaut, l’entreprise peut être confrontée à des situations délicates : absence de justificatif valable, risque de retard de versement des indemnités, obligation de corriger les anomalies et perte de temps administratif.

Enfin, cette mesure s’inscrit dans une volonté plus large de dématérialisation des démarches de santé et de simplification des échanges entre médecins, salariés, employeurs et organismes sociaux, tout en renforçant la sécurité juridique des déclarations d’arrêt maladie.

Plan de protection contre la chaleur : obligations renforcées

Face aux épisodes de canicule, les obligations des employeurs découlant des articles L. 4121-1 et suivants du Code du travail s’étoffent. Désormais, l'employeur doit :

  • Réorganiser le travail pour réduire l'exposition à la chaleur.
  • Mettre à disposition une quantité d’eau potable fraîche et prévoir des dispositifs pour la maintenir fraîche sur les postes.
  • Aménager les locaux afin de limiter l’accumulation de chaleur.
  • Informer et former les salariés aux conduites à tenir en cas de fortes chaleurs (R. 4225-2 et suivants du Code du travail).

Ces mesures s'inscrivent dans le cadre des obligations de sécurité et de prévention fixées par le Code du travail.

CDD d’usage : extension à de nouvelles activités

Les décrets du 21 mars et du 18 juin 2025 étendent le champ d’application du CDD d’usage (CDDU, article L. 1242-2 du Code du travail) à :

  • La logistique de soutien aux formations militaires.
  • La médecine dans les zones à offre de soin insuffisante.

Ces secteurs rejoignent la liste des activités autorisant ce contrat, sous réserve du respect du formalisme prévu aux articles L. 1242-12 et suivants.

APLD Rebond : un kit officiel pour recourir au dispositif

L’Activité partielle de longue durée (APLD) Rebond est un mécanisme encadré par l'ordonnance n° 2020-926 du 28 juillet 2020, permettant à une entreprise confrontée à une baisse durable d'activité de réduire le temps de travail tout en maintenant l’emploi. L'administration met à disposition des modèles d’accord, une trame de bilan et un tableau de suivi, pour accompagner les entreprises dans leurs démarches (article L. 5122-1 du Code du travail).

Tickets-restaurant : réforme annoncée

La réforme annoncée par la ministre du Commerce vise une dématérialisation totale des titres-restaurant d’ici fin 2026 (article L. 3262-1 du Code du travail). Parmi les mesures envisagées :

  • L’utilisation prolongée des titres pour faire des courses alimentaires.
  • L’autorisation de leur usage le dimanche.
  • La réduction des commissions imposées aux restaurateurs.

Ces évolutions suscitent l’inquiétude d’une partie des professionnels de la restauration, craignant une baisse de leur fréquentation.

Revalorisation des allocations chômage

Le Conseil d’administration de l’Unédic a validé une revalorisation de 0,5 % des allocations chômage à compter du 1ᵉʳ juillet 2025, conformément aux articles L. 5422-1 et suivants du Code du travail relatifs au régime d’assurance chômage. Cette augmentation porte le montant minimal quotidien de l’allocation de 31,97 € à 32,13 €, offrant ainsi une revalorisation symbolique, mais significative pour les allocataires les plus exposés à la précarité.

Cette revalorisation annuelle s’inscrit dans le mécanisme de révision automatique des prestations chômage, tenant compte notamment de l’évolution du coût de la vie et de l’inflation. Pour les employeurs, cette indexation rappelle l’importance de maîtriser les motifs de rupture de contrat susceptibles d’ouvrir droit à l’indemnisation par l’Unédic.

De plus, cette mesure impacte directement le budget de l’Unédic, financé par les cotisations patronales et salariales prévues à l’article L. 5422-9 du Code du travail. Elle illustre également l’équilibre délicat entre la nécessité de protéger les demandeurs d’emploi et l’objectif de maîtrise des dépenses publiques, au cœur des débats sur l’évolution de l’assurance chômage.

Il est donc essentiel que les services RH restent attentifs aux nouvelles règles d’indemnisation, notamment lors de la rédaction des documents de fin de contrat, pour éviter toute erreur de calcul sur les droits ouverts aux salariés privés d’emploi.

Embauche des travailleurs étrangers : décret du 13 juin 2025

Le décret du 13 juin 2025 modifie le cadre du passeport talent (article L. 313-20 du CESEDA) et intègre la directive « Carte Bleue Européenne » (UE) 2021/1883. Des ajustements visent à faciliter la venue des ressortissants de pays tiers pour des motifs professionnels tout en renforçant le contrôle des titres de séjour (articles L. 421-11 et suivants du CESEDA).

Jurisprudences marquantes

Licenciement fondé sur la vie privée : nullité confirmée

La Cour de cassation (Soc., 6 juin 2025) rappelle qu’un licenciement motivé par la vie privée d’un salarié est nul, sauf trouble objectif pour l’entreprise (article L. 1132-1 du Code du travail). Dans cette affaire, la liaison entre la salariée et le président de la société n’a pas été jugée constitutive d’un manquement contractuel.

Droit de retrait anticipé validé

La Cour de cassation (Soc., 12 juin 2025) valide l’exercice anticipé du droit de retrait, dès lors qu’un danger grave et imminent est prévisible (article L. 4131-1 du Code du travail).

RGPD et messagerie pro : un droit d’accès élargi

Selon un arrêt du 20 juin 2025, la Cour de cassation affirme que les emails professionnels constituent des données personnelles au sens de l'article 4 du RGPD, et qu’un salarié peut y accéder, même après la fin du contrat (CJUE, arrêt Nowak, C-434/16).

Rupture de période d’essai : sanction d’un motif discriminatoire

Une rupture de période d’essai fondée sur l’état de santé est nulle (Soc., 27 juin 2025). L’employeur doit démontrer l’absence de lien avec l’arrêt maladie pour éviter une condamnation pour discrimination (article L. 1132-1 du Code du travail).

Retrait du matériel de travail : licenciement verbal illicite

La Cour de cassation (Soc., 28 juin 2025) rappelle qu’un retrait complet des outils de travail d’un salarié en arrêt maladie équivaut à une rupture du contrat sans respect de la procédure de licenciement (article L. 1232-1 du Code du travail).

Conventions collectives : les évolutions du mois

  • Syntec : expérimentation d’un dispositif de participation pour les entreprises non soumises au droit commun (accord du 30 avril 2025).
  • Métallurgie : accords sur l’égalité salariale, les primes et les indemnités étendus à de nouvelles zones.
  • Transports routiers : extension des barèmes d’indemnités forfaitaires pour les frais de déplacement.
  • Commerce de détail et gros alimentaire : un avenant sur les rémunérations attend son extension.
  • HCR (hôtels, cafés, restaurants) : revalorisation des salaires des apprentis.
  • Prévention et sécurité : signature d’un avenant pour lutter contre le sexisme.

Congés payés et arrêt maladie : mise en demeure de la France

La Commission européenne a adressé une mise en demeure à la France afin qu’elle se conforme pleinement au droit européen en matière de report des congés payés lorsqu’un salarié tombe malade pendant ses vacances.

En l’état actuel, l’article L. 3141-5 du Code du travail ne permet pas au salarié de reporter les jours de congés annuels non pris pour cause de maladie. Autrement dit, un salarié qui contracte une maladie pendant ses congés voit ces jours considérés comme consommés, sans compensation ultérieure.

Or, le droit de l’Union européenne, notamment la directive 2003/88/CE relative à l’aménagement du temps de travail et la jurisprudence Schultz-Hoff de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), imposent aux États membres de garantir que tout salarié bénéficie effectivement de ses quatre semaines de congés payés annuels. En cas de maladie pendant ces congés, le salarié doit pouvoir reporter les jours non pris à une date ultérieure.

Cette divergence entre le droit national et le droit européen expose la France à une éventuelle procédure d’infraction devant la CJUE, assortie de sanctions financières. Si aucune réforme législative n’intervient rapidement, les employeurs pourraient se trouver confrontés à des contentieux prud’homaux pour non-respect de cette garantie.

Il est donc primordial pour les employeurs de surveiller une éventuelle évolution du Code du travail afin d’anticiper les conséquences pratiques : mise à jour des logiciels de gestion des congés, révision des accords d’entreprise, information des salariés et adaptation des processus RH pour éviter tout litige lié à la période de prise des congés payés en cas de maladie.

Conclusion

Dans ce contexte législatif en perpétuelle mutation, il devient impératif pour chaque employeur de veiller à une veille juridique rigoureuse et à une adaptation constante de ses pratiques internes.

De la réforme de l’apprentissage aux obligations renforcées en matière de sécurité au travail, en passant par la jurisprudence toujours plus pointilleuse sur le respect de la vie privée ou le RGPD, chaque détail peut avoir un impact significatif sur la gestion des ressources humaines et sur la sécurité juridique de l’entreprise.

Pour rester informé, défendre vos intérêts et sécuriser vos décisions, n’hésitez pas à consulter régulièrement defendstesdroits.fr et à vous entourer de conseils juridiques actualisés.

FAQ

1. Quels employeurs sont concernés par la nouvelle contribution au financement des contrats d’apprentissage ?

Tous les employeurs qui signent un contrat d’apprentissage de niveau 6 ou 7 (équivalent à Bac+3 et plus) à partir du 1ᵉʳ juillet 2025 sont désormais tenus de verser une participation forfaitaire de 750 euros par contrat. Cette obligation, précisée par l’article L. 6332-14 du Code du travail, s’ajoute aux règles de prise en charge par les opérateurs de compétences (OPCO) et vise à couvrir plus justement le coût réel de la formation. Les entreprises doivent vérifier que leurs contrats et leurs budgets tiennent compte de cette nouvelle charge pour éviter tout redressement URSSAF.

2. Comment les employeurs doivent-ils gérer les nouveaux arrêts maladie non dématérialisés ?

Depuis le 1ᵉʳ juillet 2025, seuls les nouveaux formulaires CERFA sécurisés sont acceptés pour transmettre un arrêt maladie non dématérialisé à la CPAM, conformément aux articles L. 321-1 et suivants du Code de la sécurité sociale. Cela implique pour les employeurs de vérifier que les salariés obtiennent le bon formulaire chez leur médecin et que les services RH refusent tout arrêt sur un ancien modèle pour éviter des délais de remboursement ou des rejets. La vigilance est donc de mise pour limiter les fraudes et assurer la prise en charge des indemnités journalières.

3. Quelles sont les nouvelles obligations liées au plan de protection contre la chaleur pour 2025 ?

Avec l’intensification des épisodes de canicule, le Code du travail (articles L. 4121-1 et R. 4225-2) impose aux employeurs de renforcer leurs mesures de prévention : distribution obligatoire d’eau potable fraîche, adaptation des horaires de travail, aménagement des postes pour limiter l’exposition aux fortes températures et mise à disposition d’équipements de protection individuelle (EPI) adaptés. Les employeurs doivent aussi informer et former leurs salariés à la prévention des risques liés à la chaleur. En cas de contrôle de l’Inspection du travail, l’absence de plan de prévention peut engager la responsabilité pénale de l’employeur.

4. Quels changements sont à prévoir pour l’utilisation des tickets-restaurant ?

Le gouvernement a annoncé plusieurs mesures : poursuite de l’utilisation des tickets-restaurant pour les courses alimentaires, élargissement à leur usage le dimanche, dématérialisation totale d’ici fin 2026 et réduction des commissions pour les restaurateurs. Ces évolutions, encadrées par l’article L. 3262-1 du Code du travail, visent à moderniser le dispositif tout en soutenant le pouvoir d’achat des salariés. Les employeurs devront adapter leur gestion des titres-restaurants, notamment leurs accords avec les prestataires et le suivi de la conformité fiscale.

5. Quelles jurisprudences de juin 2025 doivent retenir l’attention des employeurs ?

La Cour de cassation a clarifié plusieurs points importants :

  • Vie privée et licenciement : un licenciement motivé par une relation intime entre salariés est nul s’il n’affecte pas le fonctionnement de l’entreprise.
  • Droit de retrait : il peut être exercé par anticipation en cas de danger grave et imminent prévisible.
  • RGPD : un salarié peut exiger l’accès à ses emails professionnels, même après rupture du contrat.
  • Rupture de période d’essai : attention aux motifs discriminatoires, notamment liés à l’état de santé.
  • Retrait de matériel de travail : équivaut à un licenciement verbal, donc sans cause réelle et sérieuse, engageant l’employeur à indemniser le salarié.

Ces décisions rappellent que la gestion RH doit rester conforme aux droits fondamentaux et aux procédures légales, sous peine de litiges prud’homaux et de dommages-intérêts élevés.

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