Travail

Licenciement économique : comment bénéficier du contrat de sécurisation professionnelle

Estelle Marant
Collaboratrice
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Contrat de sécurisation professionnelle : comprendre vos droits

Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) constitue un dispositif central du droit du travail français en matière de licenciement économique. Conçu pour favoriser la reconversion rapide et sécurisée des salariés, il repose sur un accompagnement renforcé et une indemnisation avantageuse, tout en offrant à l’entreprise un cadre juridique stable pour gérer des suppressions d’emploi.
Ce dispositif, prévu par les articles L1233-65 et suivants du Code du travail, s’inscrit dans une logique de sécurisation des parcours professionnels, en remplaçant le simple versement de l’allocation chômage par un parcours d’accompagnement personnalisé, articulé autour d’actions de formation, de bilans de compétences et d’un suivi individuel.

Le CSP est obligatoirement proposé par l’employeur dans certains cas, et le salarié dispose d’un délai strict pour y adhérer. Cette décision est stratégique : elle détermine ses droits à indemnisation, le montant de son allocation, mais aussi ses perspectives de reclassement. Dans un contexte où les réorganisations économiques sont fréquentes, bien comprendre les mécanismes de ce dispositif est indispensable pour anticiper les conséquences juridiques et sociales d’un licenciement économique.

Sommaire

  1. Définition et bénéficiaires du contrat de sécurisation professionnelle
  2. Les objectifs et les avantages du dispositif
  3. Les modalités d’indemnisation pendant le CSP
  4. La procédure d’adhésion et ses effets sur le contrat de travail
  5. Le déroulement du parcours CSP : étapes clés
  6. La prime de reclassement en cas de reprise anticipée
  7. La prolongation du dispositif jusqu’en 2025

Qu’est-ce que le contrat de sécurisation professionnelle ?

Le contrat de sécurisation professionnelle est un dispositif d’accompagnement personnalisé d’une durée de 12 mois destiné aux salariés licenciés pour motif économique (article L1233-65 du Code du travail). Son objectif est de faciliter le retour rapide à l’emploi ou, le cas échéant, de permettre une reconversion professionnelle.

Il s’adresse aux salariés :

  • titulaires d’un CDI dans une entreprise de moins de 1 000 salariés ou en redressement / liquidation judiciaire (quelle que soit la taille de l’entreprise) ;
  • justifiant d’une activité minimale de 130 jours travaillés ou 910 heures au cours des 24 mois précédant la rupture du contrat (36 mois pour les salariés de 55 ans et plus) ;
  • n’ayant pas atteint l’âge de départ à la retraite à taux plein ;
  • aptes à exercer un emploi.

Dans les entreprises de plus de 1 000 salariés, le CSP est remplacé par le congé de reclassement (article L1233-71 du Code du travail).

Les objectifs et avantages du CSP

Le CSP repose sur une double finalité :

  • Favoriser un retour à l’emploi durable grâce à un suivi individualisé, des formations adaptées et des aides à la mobilité ;
  • Offrir une indemnisation renforcée, plus avantageuse que l’allocation chômage classique (ARE), sous forme d’allocation de sécurisation professionnelle (ASP).

Pour l’employeur, il permet de sécuriser juridiquement la procédure de licenciement économique, en respectant ses obligations légales d’accompagnement du salarié.

L’indemnisation du salarié en CSP

Le salarié adhérent au CSP perçoit une allocation de sécurisation professionnelle financée par France Travail :

  • si son ancienneté est inférieure à un an, il perçoit une allocation équivalente au montant de l’ARE (article 15 de la convention CSP du 26 janvier 2015) ;
  • si son ancienneté est d’au moins un an, il perçoit une allocation équivalente à 75 % de son salaire journalier de référence.

Cette allocation est versée pendant les 12 mois du dispositif, sous réserve de la participation active du bénéficiaire à son parcours d’accompagnement.

La procédure d’adhésion au CSP

L’employeur a l’obligation d’informer le salarié de la possibilité d’adhérer au CSP. Cette information intervient :

  • lors de l’entretien préalable au licenciement individuel ;
  • ou à l’issue de la dernière réunion d’information/consultation en cas de licenciement collectif.

Le salarié dispose ensuite d’un délai de réflexion de 21 jours pour donner sa réponse. L’absence de réponse équivaut à un refus. Pendant ce délai, il peut bénéficier d’un entretien d’information avec France Travail.

L’adhésion est formalisée par écrit, avec remise d’un bulletin d’acceptation signé accompagné d’une pièce d’identité.

Les effets de l’adhésion sur le contrat de travail et les indemnités

L’adhésion au CSP entraîne la rupture du contrat de travail à la fin du délai de réflexion. Le salarié perçoit alors :

  • l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, calculée comme si le préavis avait été effectué ;
  • pas d’indemnité compensatrice de préavis, sauf si celui-ci aurait excédé trois mois ou si le salarié avait moins d’un an d’ancienneté.

Le salarié entre dans le dispositif dès le lendemain de la rupture de son contrat.

Le déroulement du CSP : un accompagnement structuré

1. Pré-bilan et élaboration du plan

Dans les 8 jours suivant l’adhésion, un entretien individuel de pré-bilan permet d’évaluer les compétences du salarié et de définir son plan de sécurisation professionnelle. Ce plan est validé dans un délai d’un mois.

2. Mise en œuvre du plan de sécurisation

Le plan prévoit des actions personnalisées :

  • bilan de compétences,
  • formations ciblées,
  • validation des acquis de l’expérience (VAE),
  • accompagnement aux démarches de recherche d’emploi.

Le salarié bénéficie du statut de stagiaire de la formation professionnelle.

3. Point d’étape

Un point d’étape obligatoire est réalisé au 4e mois pour ajuster les actions prévues.

4. Entretien final

Un bilan écrit est établi en fin de parcours afin d’évaluer les résultats de l’accompagnement.

La reprise anticipée d’un emploi et la prime de reclassement

Le salarié peut quitter le CSP avant son terme s’il retrouve un emploi (CDI, CDD ou intérim d’au moins 6 mois). Il peut alors percevoir une prime de reclassement (article 14 de la convention CSP) équivalente à 50 % des droits résiduels à l’allocation de sécurisation professionnelle, versée en deux fois :

  • une première moitié dès la reprise d’activité ;
  • une seconde moitié trois mois plus tard, sous réserve du maintien dans l’emploi.

Cette prime n’est pas cumulable avec l’indemnité différentielle de reclassement (article 13 de la convention CSP).

Prolongation et évolution du dispositif

Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP), initialement conçu comme un dispositif temporaire, a fait l’objet de plusieurs prorogations successives afin de maintenir une réponse adaptée aux mutations économiques et aux besoins croissants de sécurisation des parcours professionnels.

La dernière prolongation en date a été actée par l’arrêté du 23 décembre 2024, qui a étendu la durée d’application du dispositif jusqu’au 31 décembre 2025. Cette mesure s’inscrit dans une politique plus large de soutien à l’emploi et à la reconversion professionnelle, notamment dans les secteurs économiques touchés par des restructurations ou des plans de sauvegarde de l’emploi.

Cette prolongation revêt une importance stratégique majeure pour les salariés :

  • Elle garantit la continuité d’un accompagnement renforcé pour les personnes licenciées pour motif économique.
  • Elle assure le maintien d’un régime indemnitaire plus favorable que l’allocation de retour à l’emploi classique, permettant aux bénéficiaires de conserver un niveau de vie plus stable pendant leur transition professionnelle.
  • Elle favorise une mobilité professionnelle sécurisée, en facilitant la formation, la reconversion ou le reclassement.

Pour les employeurs, cette prolongation permet également de disposer d’un cadre juridique clair et pérenne, leur offrant une alternative structurée au simple licenciement économique. Elle constitue ainsi un outil de gestion des restructurations, tout en limitant les risques de contentieux liés à la rupture du contrat de travail.

Enfin, cette évolution témoigne de la volonté des partenaires sociaux et du législateur de pérenniser un dispositif efficace, déjà éprouvé sur le terrain. Elle prépare aussi le terrain à de futures réformes potentielles visant à renforcer encore davantage l’accompagnement individualisé des salariés en transition professionnelle.

Conclusion

Le contrat de sécurisation professionnelle s’impose comme un outil majeur de protection des salariés licenciés économiquement. En combinant indemnisation renforcée et accompagnement personnalisé, il favorise un retour rapide et durable à l’emploi, tout en assurant à l’employeur un cadre légal maîtrisé.
Sa mise en œuvre répond à une logique de sécurisation des parcours professionnels et d’anticipation des transitions économiques. Pour le salarié, bien comprendre les modalités d’adhésion, les droits associés et les effets sur ses indemnités est déterminant pour faire un choix éclairé. Pour l’employeur, respecter les règles du CSP est une obligation légale et un moyen d’éviter des contentieux prud’homaux coûteux.

Dans un marché du travail en constante mutation, le CSP illustre la volonté du législateur de concilier protection sociale, accompagnement professionnel et responsabilité partagée entre employeur et salarié.

FAQ

1. Qu’est-ce que le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) ?
Le contrat de sécurisation professionnelle est un dispositif légal destiné aux salariés licenciés pour motif économique, qui vise à faciliter leur retour rapide et durable à l’emploi. Il s’agit d’un accompagnement renforcé et personnalisé, organisé par France Travail, incluant :

  • un suivi individuel assuré par un conseiller référent ;
  • un accès prioritaire à des formations adaptées aux besoins du marché de l’emploi ;
  • des aides à la mobilité et à la reconversion professionnelle ;
  • une indemnisation avantageuse supérieure à l’allocation de retour à l’emploi (ARE).

Le dispositif, prévu par les articles L1233-65 et suivants du Code du travail, est d’une durée maximale de 12 mois, mais peut être prolongé dans certaines situations particulières (par exemple, en cas de congé maternité ou d’arrêt maladie durant le CSP). Ce mécanisme répond à une logique de sécurisation des transitions professionnelles, en offrant au salarié un véritable tremplin pour rebondir après une perte d’emploi économique.

2. Qui peut bénéficier du contrat de sécurisation professionnelle ?
Le CSP est réservé à une catégorie précise de salariés :

  • Les salariés en CDI dans une entreprise de moins de 1 000 salariés, ou dans une entreprise en redressement ou liquidation judiciaire, quelle que soit sa taille.
  • Les salariés ayant travaillé au moins 130 jours ou 910 heures sur les 24 derniers mois (ou 36 mois s’ils ont 55 ans ou plus à la date de la rupture).
  • Les salariés qui n’ont pas atteint l’âge légal de départ à la retraite à taux plein.
  • Les salariés physiquement aptes à exercer un emploi.

L’employeur est tenu par la loi (article L1233-66 du Code du travail) de proposer le CSP à tout salarié concerné par un licenciement économique. Le salarié dispose d’un délai de réflexion de 21 jours pour accepter ou refuser l’adhésion. L’absence de réponse équivaut à un refus.

L’adhésion au CSP est particulièrement recommandée lorsque le salarié souhaite bénéficier d’un accompagnement actif pour retrouver un emploi ou changer de voie professionnelle.

3. Quelle est l’indemnisation versée pendant le CSP ?
Pendant le CSP, le salarié perçoit une allocation de sécurisation professionnelle (ASP) versée par France Travail.

  • Si le salarié a moins d’un an d’ancienneté, le montant correspond à 100 % de l’ARE à laquelle il aurait eu droit s’il avait refusé le CSP.
  • S’il a au moins un an d’ancienneté, l’allocation correspond à 75 % du salaire journalier de référence, soit un montant souvent supérieur à l’ARE classique.

L’ASP est versée chaque mois pendant 12 mois maximum, sous réserve que le bénéficiaire respecte ses obligations de participation active au programme (formation, entretiens, recherches d’emploi).

Il est important de noter que cette allocation est assimilée à un revenu de remplacement et non à un salaire. Elle ouvre des droits à la retraite, et peut, dans certaines conditions, être cumulée partiellement avec une activité réduite.

4. Comment se déroule la procédure d’adhésion au CSP ?
L’adhésion au CSP suit une procédure encadrée par la loi :

  • Étape 1 : Information du salarié. L’employeur doit remettre au salarié une proposition écrite présentant les conditions du CSP, ses effets et le délai de réflexion. Cette remise intervient lors de l’entretien préalable ou de la réunion d’information collective.
  • Étape 2 : Délai de réflexion. Le salarié dispose de 21 jours calendaires pour donner sa réponse. Pendant ce délai, il peut bénéficier d’un entretien d’information avec France Travail afin de comprendre les conséquences de son choix.
  • Étape 3 : Acceptation ou refus. En cas d’acceptation, le salarié formalise sa décision par écrit et transmet le bulletin d’adhésion signé accompagné d’une pièce d’identité.
  • Étape 4 : Rupture du contrat de travail. Le contrat est rompu à la fin du délai de réflexion, sans exécution du préavis. Le salarié perçoit alors l’indemnité légale ou conventionnelle de licenciement, mais pas d’indemnité compensatrice de préavis, sauf exceptions prévues à l’article L1233-67 du Code du travail.

L’adhésion au CSP est un choix stratégique : elle offre une meilleure protection financière et un accompagnement actif vers l’emploi, contrairement à une simple inscription à France Travail après licenciement.

5. Le salarié peut-il quitter le CSP avant son terme ?
Oui. Le salarié peut mettre fin au dispositif avant la fin des 12 mois s’il retrouve un emploi durable, qu’il s’agisse :

  • d’un CDI ;
  • d’un CDD ou d’une mission d’intérim d’au moins 6 mois ;
  • ou d’une activité indépendante remplissant certaines conditions.

Dans ce cas, il peut prétendre à une prime de reclassement équivalente à 50 % des droits résiduels à l’ASP qu’il aurait perçus jusqu’à la fin de son CSP. Cette prime est versée en deux temps :

  • une première moitié à la reprise d’activité ;
  • une seconde trois mois plus tard, sous réserve du maintien dans l’emploi.

Cette prime n’est pas cumulable avec l’indemnité différentielle de reclassement, prévue pour les salariés acceptant un poste moins bien rémunéré que le précédent. Elle encourage donc un retour rapide à l’emploi.

6. Que se passe-t-il si le salarié n’a pas retrouvé d’emploi à l’issue du CSP ?
Si, au terme des 12 mois, le salarié n’a pas retrouvé d’emploi, il peut percevoir l’allocation de retour à l’emploi (ARE) dans les conditions de droit commun, sous réserve qu’il remplisse les critères d’ouverture de droits. Le montant et la durée de versement dépendent alors de son historique d’activité.

De plus, une prolongation du CSP peut être envisagée dans certains cas particuliers (congé maternité, arrêt maladie, formation longue, etc.), comme le prévoit l’arrêté du 16 avril 2015. Cette possibilité permet de ne pas interrompre brutalement le parcours d’accompagnement lorsque des circonstances légitimes le justifient.

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