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Licenciement pour faute simple : comprendre la procédure et respecter la loi

Jordan Alvarez
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Faute simple : la procédure complète de licenciement expliquée

Dans le monde professionnel, le licenciement demeure un acte grave, encadré par des règles strictes dictées par le Code du travail. Lorsqu'un salarié ne respecte pas ses obligations contractuelles, l'employeur peut être conduit à envisager une rupture du contrat. Toutefois, cette décision ne peut être prise à la légère : elle doit reposer sur un motif précis, objectif et vérifiable. Parmi les fondements disciplinaires autorisant un licenciement figure la faute simple.

Moins sévère que la faute grave ou la faute lourde, la faute simple n'en constitue pas moins une cause réelle et sérieuse susceptible de justifier le licenciement du salarié. Son usage comme motif de rupture repose néanmoins sur une appréciation juridique rigoureuse. L'employeur doit respecter une procédure formalisée, sous peine de s'exposer à une contestation prud'homale et au versement de dommages et intérêts pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.

Quels comportements peuvent être qualifiés de faute simple ? Quelles sont les étapes procédurales obligatoires pour l'employeur ? Quels sont les droits du salarié licencié et les indemnités auxquelles il peut prétendre ? Autant de questions essentielles pour les employeurs, DRH et salariés, auxquels il convient d’apporter des réponses précises et conformes au droit positif.

Au fil de cet article, nous détaillerons les règles applicables au licenciement pour faute simple, depuis sa définition jusqu’à ses conséquences financières, en intégrant les textes légaux, la jurisprudence et les règles conventionnelles applicables.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Définition de la faute simple en droit du travail
  3. Comportements justifiant un licenciement pour faute simple
  4. Procédure de licenciement pour faute simple
  5. Indemnités versées en cas de licenciement pour faute simple
  6. Allocations chômage après un licenciement pour faute simple
  7. Conclusion
  8. FAQ

Définition de la faute simple en droit du travail

En application de l'article L1232-1 du Code du travail, tout licenciement pour motif personnel doit être justifié par une cause réelle et sérieuse. La faute simple, relevant du domaine disciplinaire, se définit comme un manquement contractuel du salarié, d'une gravité insuffisante pour entraîner une rupture immédiate du contrat.

Contrairement à la faute grave (impossibilité de maintenir le salarié dans l’entreprise) ou à la faute lourde (intention de nuire à l’employeur), la faute simple autorise le maintien du salarié durant le préavis, sauf dispense notifiée par l’employeur.

Exemples de fautes simples :

  • Retards répétés
  • Absences injustifiées
  • Erreurs ou négligences professionnelles
  • Tenue vestimentaire inadaptée
  • Propos critiques ou dénigrants envers l'employeur

La jurisprudence rappelle que la qualification de la faute doit tenir compte du contexte, du caractère répétitif des agissements et de l’ancienneté du salarié (Cass. soc., 3 mai 2018, n° 16-16.774).

L’importance du motif disciplinaire dans la décision de licenciement

Le motif du licenciement doit être objectif, précis et matériellement vérifiable. L’employeur doit pouvoir prouver l'existence de faits fautifs imputables au salarié, sous peine de voir la procédure annulée par le conseil de prud'hommes en cas de contestation (article L1235-1 du Code du travail).

Le choix du fondement disciplinaire est déterminant :

  • En cas de faute grave ou lourde, le salarié est exclu de toute indemnité de licenciement et de préavis.
  • En cas de faute simple, ces droits demeurent acquis.

La procédure de licenciement pour faute simple

Évaluation préalable de la situation

Avant d’engager la procédure, l’employeur doit :

  • Qualifier précisément la faute reprochée ;
  • Apprécier la gravité des faits ;
  • Analyser l’historique disciplinaire du salarié.

Aucune mise à pied conservatoire n'est envisageable pour une faute simple, ce qui distingue cette situation du licenciement pour faute grave.

Convocation à l’entretien préalable

Conformément à l'article L1232-2 du Code du travail, le salarié doit être convoqué par :

  • Lettre recommandée avec accusé de réception,
  • Ou remise en main propre contre décharge.

Le délai légal de 2 mois à compter de la connaissance des faits s'applique pour diligenter cette convocation.

Déroulement de l’entretien préalable

L’entretien doit se tenir au plus tôt 5 jours ouvrables après la réception de la convocation. L'employeur expose lors de cet échange :

  • Les faits reprochés ;
  • La mesure envisagée.

Le salarié peut formuler ses observations ou choisir de ne pas se présenter, sans que cela ne bloque la procédure.

Notification du licenciement

Après un délai minimal de 2 jours ouvrables suivant l’entretien, l’employeur notifie le licenciement par lettre recommandée avec accusé de réception (article L1232-6 du Code du travail). Le courrier mentionne :

  • Le motif précis (faute simple),
  • La date de départ et les éventuelles modalités du préavis,
  • La signature de l’employeur.

Remise des documents de fin de contrat

À la rupture effective du contrat, l’employeur doit remettre au salarié :

  • Le certificat de travail,
  • Le solde de tout compte,
  • L’attestation destinée à France Travail (Pôle emploi).

L’ensemble des documents est à tenir à la disposition du salarié (Cass. soc., 14 décembre 2016, n° 15-20.385).

Contestation du licenciement par le salarié

Le salarié dispose d'un délai de 2 ans pour saisir le conseil de prud'hommes (article L1471-1 du Code du travail). Le juge appréciera alors :

  • La qualification juridique de la faute ;
  • La validité du licenciement au regard des faits.

Si le licenciement est jugé sans cause réelle et sérieuse, l'employeur s'expose à des dommages et intérêts en réparation du préjudice subi par le salarié.

Conséquences financières du licenciement pour faute simple

Préavis et exécution du contrat

Le salarié licencié pour faute simple exécute son préavis, sauf dispense prononcée par l’employeur. En cas de dispense, une indemnité compensatrice de préavis est due, sauf demande expresse du salarié (article L1234-5 du Code du travail).

Le préavis débute dès la première présentation de la lettre de licenciement.

Indemnités de fin de contrat

En cas de licenciement pour faute simple, le salarié perçoit :

  • Une indemnité de licenciement (article L1234-9 du Code du travail) selon le barème légal ou conventionnel ;
  • Une indemnité compensatrice de congés payés pour les jours acquis non pris (article L3141-28 du Code du travail) ;
  • Une indemnité compensatrice de préavis, le cas échéant.

Allocation chômage (ARE)

Peu importe le motif disciplinaire : le salarié licencié pour faute simple bénéficie, sous réserve des conditions d'affiliation, de l’allocation d’aide au retour à l’emploi versée par France Travail.

Conclusion

Le licenciement pour faute simple s’inscrit dans un cadre strictement balisé par le Code du travail et la jurisprudence. Bien que moins sévère que la faute grave ou la faute lourde, la faute simple justifie néanmoins une rupture du contrat de travail, à condition que les manquements du salarié soient suffisamment sérieux pour priver le maintien du lien contractuel de légitimité.

L’employeur doit impérativement respecter la procédure disciplinaire prévue aux articles L1232-1 et suivants du Code du travail : convocation régulière à l’entretien préalable, tenue effective de cet entretien, notification formalisée du licenciement, respect du délai de préavis, remise des documents de fin de contrat. Toute défaillance procédurale expose à une requalification du licenciement et à d’éventuelles condamnations prud’homales.

Côté salarié, le licenciement pour faute simple n’exclut pas le bénéfice :

  • De l'indemnité de licenciement (sauf clause plus favorable dans la convention collective),
  • De l'indemnité compensatrice de préavis (sauf en cas d'exécution effective),
  • De l'indemnité compensatrice de congés payés,
  • Et surtout des allocations chômage, dès lors que la rupture du contrat est initiée par l’employeur.

Face à la complexité croissante du droit social, il est essentiel de se référer systématiquement aux dispositions conventionnelles applicables à son secteur, ainsi qu’aux dernières jurisprudences pour sécuriser la procédure et limiter les risques contentieux.

FAQ

Qu'est-ce que le licenciement pour faute simple et comment le reconnaître ?
Le licenciement pour faute simple sanctionne un manquement du salarié à ses obligations professionnelles, sans toutefois être suffisamment grave pour justifier une rupture immédiate du contrat. Conformément à l'article L1232-1 du Code du travail, cette faute constitue néanmoins une cause réelle et sérieuse, permettant la rupture du contrat après respect de la procédure disciplinaire. Le salarié licencié pour faute simple continue à travailler jusqu’à l’expiration de son préavis, sauf dispense notifiée par l’employeur. Le maintien du salarié dans l’entreprise reste juridiquement possible durant cette période, ce qui distingue la faute simple de la faute grave et de la faute lourde.

Quels comportements peuvent justifier un licenciement pour faute simple ?
Il n’existe pas de liste exhaustive, mais plusieurs exemples récurrents dans la pratique et validés par la jurisprudence permettent de caractériser une faute simple :

  • Retards répétés malgré avertissements ;
  • Absences injustifiées ou fréquentes sans motif valable ;
  • Erreurs professionnelles liées à une négligence ou un manque de rigueur ;
  • Manquement aux consignes de sécurité ou d’hygiène, sans intention de nuire ;
  • Comportement irrespectueux, attitude critique ou propos dénigrants envers l’employeur ;
  • Tenue vestimentaire non conforme aux exigences professionnelles.

La qualification de la faute dépend du contexte professionnel, du passé disciplinaire du salarié, de son ancienneté et du caractère répétitif ou isolé du comportement reproché. Le juge prud'homal, saisi en cas de litige, appréciera ces éléments au cas par cas.

Quelles sont les étapes obligatoires de la procédure de licenciement pour faute simple ?
L’employeur doit respecter une procédure strictement encadrée par le Code du travail :

  1. Convocation à un entretien préalable (article L1232-2), par lettre recommandée avec accusé de réception ou remise en main propre. Le salarié doit être informé du motif envisagé et de la date de l’entretien.
  2. Tenue de l’entretien préalable : cet échange permet à l’employeur d'exposer les faits reprochés et de recueillir les explications du salarié. Ce dernier peut être assisté par un conseiller.
  3. Notification du licenciement par lettre motivée (article L1232-6) précisant les faits reprochés et la qualification de faute simple. La notification doit intervenir après un délai minimal de deux jours ouvrables suivant l’entretien.
  4. Exécution ou dispense de préavis : sauf dispense notifiée, le salarié poursuit son travail durant le préavis.
  5. Remise des documents de fin de contrat : certificat de travail, solde de tout compte et attestation France Travail doivent être remis à la fin du contrat.

Quelles indemnités le salarié peut-il obtenir en cas de licenciement pour faute simple ?
Le salarié licencié pour faute simple conserve ses droits aux indemnités classiques de rupture du contrat :

  • Une indemnité de licenciement, calculée selon l’ancienneté et le salaire brut, conformément à l'article L1234-9 du Code du travail ou à la convention collective applicable (si plus favorable) ;
  • Une indemnité compensatrice de préavis (sauf en cas d'exécution effective) prévue par l'article L1234-5, équivalente au salaire que le salarié aurait perçu durant cette période ;
  • Une indemnité compensatrice de congés payés (article L3141-28), correspondant aux congés acquis mais non pris avant la rupture du contrat.

À la différence d'un licenciement pour faute grave ou lourde, la faute simple n'entraîne pas la perte de ces droits financiers.

Le salarié licencié pour faute simple peut-il bénéficier du chômage ?
Oui. Dès lors que la rupture du contrat de travail est à l’initiative de l’employeur et que le salarié remplit les conditions classiques d'affiliation, il pourra bénéficier des allocations chômage versées par France Travail (ex-Pôle emploi). Le motif disciplinaire du licenciement, même en cas de faute simple, n’a aucune incidence sur le droit à l’allocation d’aide au retour à l’emploi (ARE). Cette règle vise à assurer une protection du salarié malgré la rupture du contrat, conformément au principe d’assurance chômage prévu par le Code du travail et les conventions de l'UNEDIC.

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