En matière de recouvrement de créance ou d’exécution d’une obligation contractuelle, la mise en demeure constitue une étape incontournable du processus juridique. Elle formalise l’invitation faite au débiteur de s’exécuter dans un délai déterminé, sous peine de poursuites judiciaires.
Mais quel délai accorder pour garantir la validité juridique de cette démarche sans compromettre l’efficacité de l’action du créancier ? 8 jours ? 15 jours ? La question revient souvent, car aucun texte ne fixe précisément ce délai.
C’est donc la jurisprudence et l’analyse des circonstances propres à chaque affaire qui en déterminent les contours. Il est essentiel de bien comprendre les règles applicables afin de sécuriser sa mise en demeure et éviter tout vice de procédure. À travers cet article, defendstesdroits.fr fait le point sur les règles à respecter, les risques à anticiper et les bonnes pratiques à adopter.
L’article 1344 du Code civil énonce que « le débiteur est mis en demeure de remplir son obligation par une sommation ou un acte équivalent ». Autrement dit, la mise en demeure permet au créancier de formaliser une demande d’exécution, qu’il s’agisse de payer une somme d’argent, de livrer un bien ou d’accomplir une prestation convenue.
Elle constitue un acte juridique unilatéral, destiné à faire courir certaines conséquences juridiques, notamment en matière de mise en jeu de la responsabilité contractuelle ou de majoration des intérêts moratoires.
Pour être valable, la mise en demeure doit revêtir une forme écrite et être expresse. Elle peut être adressée :
L’un des éléments essentiels de la mise en demeure est la mention d’un délai précis accordé au débiteur. En effet, sans indication d’un terme clair et raisonnable, l’acte peut être jugé irrégulier. Ce défaut prive alors le créancier de la possibilité d’engager valablement une action judiciaire immédiate, puisque le débiteur ne peut être considéré comme étant en situation d’inexécution fautive s’il n’a pas été formellement mis en demeure dans des conditions précises.
Il est donc impératif que la mise en demeure indique de manière non ambiguë :
Cette exigence vise à garantir les droits de la défense du débiteur et à prouver la bonne foi du créancier, qui cherche une exécution amiable avant d’envisager un recours contentieux.
La jurisprudence exige que le délai accordé au débiteur soit à la fois précis et raisonnable (Cass. civ. 1re, 30 janv. 2001, n° 98-15.046). Cette notion de raisonnabilité est appréciée au cas par cas, selon plusieurs facteurs :
En pratique, les délais les plus souvent observés sont de 8 ou 15 jours. Ces durées sont reconnues par la pratique judiciaire comme étant généralement conformes à l’exigence de raisonnabilité. Il s’agit cependant d’usages, et non d’obligations légales codifiées.
Ce délai court à compter de la réception effective de la mise en demeure par le débiteur, et non de la date d’envoi. Il est donc important de conserver une preuve de réception, notamment via l’avis de réception ou le procès-verbal de signification si elle est délivrée par huissier.
Il est impératif de ne pas perdre de vue les délais de prescription applicables à l’action judiciaire envisagée. En vertu de l’article 2224 du Code civil, le délai de prescription de droit commun est de 5 ans à compter du jour où le titulaire du droit a connu ou aurait dû connaître les faits lui permettant d’agir.
Mais la mise en demeure n’interrompt pas la prescription. Par conséquent, le créancier doit s’assurer que le délai qu’il laisse au débiteur pour s’exécuter ne le prive pas de son droit d’agir en justice. Par exemple, si la prescription doit intervenir 20 jours après l’envoi de la mise en demeure, il conviendra d’accorder un délai d’exécution de 8 à 10 jours maximum pour laisser le temps de saisir le tribunal avant l’expiration du délai.
Conformément aux articles 56 et 58 du Code de procédure civile, une tentative de résolution amiable du litige est désormais exigée dans la majorité des cas avant toute saisine du juge. La mise en demeure constitue un élément probant de cette tentative, à condition qu’elle soit juridiquement régulière, notamment quant au délai accordé au débiteur.
À l’issue du délai, si le débiteur ne s’est pas exécuté, le créancier peut alors engager une procédure devant la juridiction compétente, avec la preuve qu’il a respecté ses obligations préalables et donné au débiteur la possibilité de régulariser la situation à l’amiable.
Pour que la mise en demeure produise pleinement ses effets juridiques, elle doit être rédigée avec une précision absolue. Il ne s'agit pas d'une simple lettre de relance : la mise en demeure constitue un acte juridique formel, susceptible de produire des conséquences importantes tant pour le débiteur que pour le créancier.
Ainsi, pour être considérée comme valable et opposable, elle doit impérativement comporter les mentions suivantes :
Le non-respect de l’une de ces mentions peut avoir des conséquences lourdes : la mise en demeure risque d’être rejetée par le juge comme étant irrégulière, et le créancier pourrait se voir refuser l’octroi de dommages et intérêts pour l’inexécution du contrat.
L’article 1231-5 du Code civil impose en effet que les dommages et intérêts soient dus uniquement après mise en demeure, sauf si l’exécution est devenue impossible par la faute du débiteur.
Dès lors, une rédaction approximative ou incomplète peut fragiliser toute la procédure ultérieure. Pour éviter toute contestation, il est fortement recommandé de faire relire la mise en demeure par un professionnel du droit, ou de s’appuyer sur un modèle conforme aux exigences légales disponibles sur defendstesdroits.fr.
La mise en demeure est bien plus qu’un simple rappel : elle marque le point de départ des conséquences juridiques de l’inexécution et constitue souvent le préalable indispensable à toute action en justice.
Toutefois, pour produire pleinement ses effets, elle doit être rédigée avec rigueur, comporter un délai précis et raisonnable, et être envoyée dans le respect des formes prévues par le droit.
Que le délai retenu soit de 8 ou 15 jours, il doit être adapté à la situation du litige, tout en tenant compte des impératifs de prescription. En cas de doute, mieux vaut s’entourer de conseils juridiques compétents pour garantir l’efficacité de la démarche et préserver ses droits.
1. Est-il obligatoire de fixer un délai dans une mise en demeure ?
Oui, la fixation d’un délai est une exigence juridique. Conformément à la jurisprudence constante et à l’esprit de l’article 1344 du Code civil, une mise en demeure n’est valable que si elle impose un délai précis au débiteur pour s’exécuter. À défaut, elle risque d’être considérée comme irrégulière et ne permettra pas de constater l’inexécution ni de réclamer des dommages-intérêts pour retard. Ce délai marque également le point de départ de certaines conséquences juridiques, comme la mise en demeure automatique ou la majoration des pénalités contractuelles.
2. Comment déterminer un délai « raisonnable » dans une mise en demeure ?
Le caractère raisonnable du délai est apprécié au cas par cas, selon les circonstances du litige. Il doit laisser au débiteur une possibilité réelle de s’exécuter, sans toutefois prolonger indéfiniment la situation au détriment du créancier. Sont notamment pris en compte :
3. Que se passe-t-il si le débiteur ne réagit pas à la mise en demeure dans le délai fixé ?
Si le débiteur ne s’exécute pas dans le délai imparti, le créancier est alors fondé à engager une procédure judiciaire pour obtenir l’exécution forcée de l’obligation, la résolution du contrat, ou encore des dommages et intérêts. La mise en demeure fait souvent office de preuve préalable de tentative amiable, exigée par les articles 56 et 58 du Code de procédure civile avant toute saisine du juge. Elle renforce ainsi la crédibilité de l’action en justice du créancier et justifie l’engagement d’une procédure contentieuse.
4. La mise en demeure interrompt-elle le délai de prescription ?
Non, la mise en demeure n’interrompt pas le délai de prescription, contrairement à certaines idées reçues. Selon l’article 2241 du Code civil, seule une assignation en justice ou un acte d'exécution forcée a pour effet d’interrompre la prescription. Il est donc essentiel pour le créancier de calculer le délai de prescription applicable à sa créance, afin de ne pas perdre le droit d’agir en justice pendant qu’il attend l’échéance du délai accordé dans la mise en demeure. Si la prescription approche, il est recommandé de raccourcir le délai dans la lettre ou d’engager l’action sans tarder après expiration du terme fixé.
5. Le débiteur peut-il contester le caractère valable d’une mise en demeure ?
Oui, un débiteur peut contester la validité d’une mise en demeure s’il estime que :