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Litige sur la caution : les recours juridiques du locataire expliqués

Jordan Alvarez
Editeur
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Caution de location : les règles à connaître pour éviter les litiges

La caution de location, souvent assimilée au dépôt de garantie, est une pratique largement répandue dans les relations locatives. Bien qu’elle réponde à un objectif de sécurité pour le bailleur, elle constitue également une source fréquente de contentieux, notamment au moment de la restitution des fonds.

Son encadrement par le droit locatif français, en particulier la loi du 6 juillet 1989, vise à préserver un équilibre entre les droits du propriétaire et ceux du locataire.

Comprendre les règles applicables en matière de montant, de délais et de modalités de restitution est donc essentiel pour éviter les abus et faire valoir ses droits en toute connaissance de cause. Le présent article propose une analyse juridique détaillée de la caution de location, en insistant sur les obligations du propriétaire et les recours offerts au locataire.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Définition de la caution de location
  3. Encadrement légal de la caution de location
  4. Modalités de restitution de la caution de location
  5. Recours du locataire en cas de non-restitution
  6. Spécificités du dépôt de garantie en location meublée
  7. FAQ

Définition de la caution de location

La caution de location, également appelée dépôt de garantie, est une somme d’argent que le bailleur peut exiger du locataire lors de la signature du contrat de bail. Son objectif est de prévenir les risques financiers liés à d’éventuelles défaillances du locataire. Elle constitue une garantie pécuniaire, couvrant notamment :

  • les loyers impayés,
  • les charges locatives non acquittées,
  • les intérêts de retard,
  • et les frais de remise en état du logement en cas de dégradations constatées à la sortie.

Le dépôt de garantie ne doit pas être confondu avec l’acte de cautionnement, qui implique l’engagement d’une tierce personne à régler les dettes locatives du locataire.

Encadrement légal de la caution de location

Le régime juridique de la caution de location est encadré principalement par la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989, tendant à améliorer les rapports locatifs.

Montant du dépôt de garantie

Conformément à l’article 22 de la loi du 6 juillet 1989, le montant du dépôt de garantie est plafonné :

  • à un mois de loyer hors charges pour une location vide,
  • à deux mois de loyer hors charges pour une location meublée.

Ce montant doit impérativement être inscrit dans le contrat de bail. Tout dépassement de ces plafonds est irrégulier et peut faire l’objet d’une contestation.

Absence de dépôt de garantie

Aucune obligation légale ne contraint le bailleur à exiger un dépôt de garantie. Toutefois, en pratique, cette exigence est quasi systématique pour sécuriser les engagements du locataire.

Modalités de restitution de la caution de location

Délais de restitution

Le propriétaire doit restituer le dépôt de garantie dans un délai légal, à compter de la remise des clés par le locataire :

  • 1 mois si l’état des lieux de sortie est conforme à l’état des lieux d’entrée,
  • 2 mois s’il existe des divergences entre les deux états des lieux.

Ce délai est impératif. Tout dépassement peut entraîner des intérêts de retard équivalant à 10 % du loyer mensuel hors charges, par mois de retard entamé (article 22 alinéa 7 de la loi du 6 juillet 1989).

Retenues possibles

Le bailleur ne peut retenir tout ou partie du dépôt que sous conditions strictes, et uniquement si les sommes sont justifiées par des pièces probantes :

  • Loyers ou charges impayés,
  • Frais de réparation locative dus à des dégradations constatées,
  • Provision pour charges de copropriété, dans l’attente de la régularisation annuelle, dans la limite de 20 % du montant de la caution.

Le propriétaire doit fournir toutes les factures ou devis à l’appui des retenues. À défaut, la retenue est illégale.

Recours du locataire en cas de non-restitution

Lorsque le bailleur ne restitue pas le dépôt de garantie dans les délais légaux prévus par l’article 22 de la loi du 6 juillet 1989, le locataire peut mettre en œuvre plusieurs recours juridiques pour faire valoir ses droits.

Mise en demeure

La première démarche consiste à envoyer une mise en demeure écrite, par lettre recommandée avec accusé de réception. Ce courrier doit être clairement formulé et mentionner :

  • les coordonnées du bailleur et du locataire,
  • les références précises du contrat de bail,
  • la date de sortie du logement et de remise des clés,
  • le montant du dépôt de garantie,
  • et un délai précis pour restituer la somme due (généralement 8 à 15 jours).

Cette étape constitue une tentative de résolution amiable, qui permet également de formaliser le différend en vue d’une éventuelle action judiciaire.

Saisine du juge

En l’absence de réponse ou en cas de refus injustifié du bailleur, le locataire peut saisir le juge des contentieux de la protection, juridiction compétente en matière de litiges locatifs. Cette procédure est gratuite et peut être engagée sans avocat lorsque le montant du litige est inférieur à 10 000 €, conformément à l’article R.211-3-26 du Code de l’organisation judiciaire.

Le juge peut ordonner la restitution du dépôt de garantie, assortie :

  • des intérêts légaux de retard (10 % du loyer mensuel hors charges par mois de retard entamé),
  • voire de dommages-intérêts si le comportement du bailleur s’avère fautif ou abusif.

Interruption de prescription

Enfin, il est important de noter que l’envoi d’une mise en demeure a un effet interruptif de prescription. En vertu de l’article 7-1 de la loi du 6 juillet 1989, le délai de prescription applicable en matière de litiges locatifs est de deux ans à compter du jour où le locataire a connaissance des faits permettant d’agir. La mise en demeure suspend ce délai, permettant au locataire de préserver son droit d’agir en justice, même après un temps prolongé.

Ces mécanismes offrent donc au locataire une protection juridique solide face aux manquements du bailleur, et permettent d'assurer une récupération effective du dépôt de garantie dans le respect du droit.

Spécificités du dépôt de garantie en location meublée

La location meublée obéit à un régime juridique spécifique, qui se distingue partiellement de celui de la location vide, notamment en ce qui concerne le montant du dépôt de garantie. Selon les dispositions de l’article 25-6 de la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989, le bailleur est autorisé à exiger un dépôt de garantie équivalant à deux mois de loyer hors charges, contre un seul mois dans le cadre d’un bail pour un logement nu.

Ce régime s’applique exclusivement aux logements meublés constituant la résidence principale du locataire, c’est-à-dire ceux répondant aux conditions fixées par le décret n° 2015-981 du 31 juillet 2015, qui impose un mobilier minimum obligatoire (lit, table, vaisselle, luminaires, etc.).

Malgré cette différence de montant, les règles relatives à la restitution du dépôt de garantie, aux délais applicables (un ou deux mois selon l’état des lieux de sortie) ainsi qu’aux retenues possibles (impayés, réparations locatives, provision de charges) sont identiques à celles prévues pour les locations vides.

Le bailleur doit donc justifier toute retenue par des documents probants (factures, devis, constats) et respecter les délais légaux sous peine de devoir verser des intérêts de retard.

Ce régime équilibré vise à protéger les deux parties, tout en tenant compte de la spécificité du mobilier fourni, qui peut générer davantage de responsabilités pour le locataire en matière d’entretien et de dégradations.

Conclusion

La caution de location ne peut être exigée ni conservée arbitrairement. Le propriétaire, tenu à des obligations strictes en matière de restitution et de justification des retenues, s’expose à des sanctions civiles en cas de manquement.

Le locataire, quant à lui, bénéficie d’outils juridiques efficaces pour protéger ses intérêts, tant sur le terrain amiable que judiciaire. Une bonne maîtrise des dispositions légales applicables, notamment celles de la loi du 6 juillet 1989, permet d’éviter les litiges et de garantir une relation locative équitable et conforme au droit.

FAQ

1. Quelle est la différence entre une caution de location et un acte de cautionnement ?
La caution de location, souvent appelée dépôt de garantie, est une somme d’argent versée par le locataire au moment de la signature du bail. Elle sert à garantir l'exécution de ses obligations locatives, notamment le paiement du loyer, des charges, et la réparation d'éventuels dommages au logement.
En revanche, l’acte de cautionnement correspond à l’engagement d’une tierce personne, appelée caution (souvent un proche), à régler les dettes locatives du locataire en cas de défaillance. Il s’agit donc d’une garantie personnelle distincte du dépôt de garantie.
La confusion entre les deux est fréquente, mais juridiquement, ils obéissent à des régimes bien distincts : l’acte de cautionnement est régi notamment par les articles 2288 et suivants du Code civil, tandis que le dépôt de garantie est encadré par la loi n° 89-462 du 6 juillet 1989.

2. Le propriétaire est-il obligé de restituer la caution dans un délai précis ?
Oui, le bailleur a l'obligation légale de restituer le dépôt de garantie dans un délai strict à compter de la restitution des clés par le locataire :

  • 1 mois si l’état des lieux de sortie est conforme à celui d’entrée ;
  • 2 mois si des différences sont constatées, justifiant éventuellement des retenues.

Ces délais sont prévus par l’article 22 de la loi du 6 juillet 1989. En cas de dépassement, le propriétaire s’expose à des pénalités financières : des intérêts de retard sont dus au locataire, à hauteur de 10 % du loyer mensuel hors charges par mois de retard entamé. Cette mesure vise à responsabiliser les bailleurs et à protéger les droits des locataires.

3. Quelles sommes le propriétaire est-il en droit de retenir sur la caution ?
Le bailleur ne peut retenir des sommes sur la caution que dans des cas strictement encadrés par la loi et à condition de fournir des justificatifs écrits (factures, devis, lettres de relance, etc.). Ces sommes peuvent inclure :

  • les loyers impayés ou les charges locatives non versées ;
  • les frais de réparation locative, en cas de dégradations anormales causées par le locataire (hors usure normale) ;
  • une provision sur charges de copropriété, dans la limite de 20 % du dépôt de garantie, lorsque la régularisation définitive des charges n’a pas encore été effectuée.

Il est interdit au propriétaire de faire des retenues forfaitaires ou non justifiées. À défaut de justificatifs, le locataire peut contester les retenues, d’abord à l’amiable, puis devant le juge des contentieux de la protection.

4. Comment un locataire peut-il récupérer sa caution si le propriétaire refuse de la restituer ?
En cas de non-restitution totale ou partielle du dépôt de garantie au-delà du délai légal, le locataire dispose de plusieurs moyens d’action :

  • Mise en demeure : l’envoi d’une lettre recommandée avec accusé de réception constitue une première étape, permettant de réclamer la restitution sous menace de poursuites.
  • Conciliation : le locataire peut solliciter un conciliateur de justice pour tenter un règlement amiable.
  • Saisine du juge : si le conflit persiste, le locataire peut porter l’affaire devant le tribunal judiciaire (ex-tribunal d’instance). Cette procédure est gratuite et sans obligation d’avocat si le montant en jeu est inférieur à 10 000 €.

Il est également possible de solliciter l’aide d’une association de défense des locataires ou de consulter un professionnel du droit via defendstesdroits.fr.

5. Quelles sont les spécificités de la caution en location meublée ?
La location meublée se distingue de la location vide par plusieurs aspects, notamment en ce qui concerne le montant du dépôt de garantie. L’article 25-6 de la loi du 6 juillet 1989 prévoit que le bailleur peut demander jusqu’à deux mois de loyer hors charges pour un logement meublé, contre un mois maximum pour un logement vide.

Cependant, les modalités de restitution, les délais et les conditions de retenue sont identiques. Le propriétaire est donc tenu de restituer la caution dans les mêmes conditions, en respectant les délais légaux et en fournissant des justifications précises pour toute somme retenue.

En outre, le mobilier fourni doit répondre à une liste minimale d’équipements fixée par le décret n° 2015-981 du 31 juillet 2015, et toute dégradation du mobilier imputable au locataire peut justifier une retenue partielle sur le dépôt de garantie.

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