En France, les assistantes maternelles agréées et les nounous à domicile occupent une place essentielle dans l’accompagnement éducatif et affectif des jeunes enfants. Pourtant, malgré la clarté du cadre juridique posé par le Code du travail et la Convention collective nationale des assistants maternels du particulier employeur du 1er juillet 2004, les conflits avec les parents employeurs restent fréquents.
Salaires impayés, heures supplémentaires non rémunérées, indemnités de rupture omises ou congés payés mal calculés : autant de litiges qui fragilisent la relation de travail et mettent parfois en péril la stabilité financière du salarié.
Face à ces situations, il est indispensable de connaître ses droits et de savoir comment les faire valoir. En effet, le parent employeur est tenu à des obligations précises pendant toute la durée du contrat — qu’il s’agisse du paiement du salaire et des indemnités, du respect des règles relatives aux congés payés, ou des formalités à suivre lors de la rupture du contrat. En parallèle, la procédure prud’homale offre un cadre permettant au salarié de faire reconnaître ses droits, avec des délais stricts de prescription à respecter.
Cet article proposé par defendstesdroits.fr s’adresse aux assistantes maternelles et nounous souhaitant agir face à un employeur défaillant. Il détaille les obligations légales qui s’imposent au parent employeur, les recours amiables et judiciaires possibles, ainsi que les points stratégiques à surveiller pour optimiser ses chances de succès dans un éventuel contentieux.
L’employeur doit verser à l’assistante maternelle le salaire horaire brut prévu au contrat, conformément à l’article 7 de la Convention collective et aux dispositions légales. Ce salaire ne peut être inférieur à 2,74 € brut par heure et par enfant.
Les jours fériés inscrits au contrat sont payés sans majoration, sauf le 1er mai qui doit être rémunéré avec une majoration de 100 % (article L. 3133-6 du Code du travail). Des majorations peuvent également être prévues en cas de besoins spécifiques liés à l’enfant, à condition qu’elles soient négociées et inscrites au contrat.
Selon l’article L. 3141-3 du Code du travail, l’assistante maternelle acquiert 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif, dans la limite de 30 jours par an.
Les périodes assimilées à du travail effectif incluent les congés maternité/paternité, les jours fériés chômés, les absences pour formation professionnelle et les arrêts pour accident du travail ou maladie professionnelle.
Le calcul de l’indemnité de congés payés se fait selon la méthode la plus avantageuse :
En période d’essai, la rupture est libre et sans indemnité. Un CDD prend fin à la date prévue, avec versement d’une indemnité de fin de contrat de 10 % de la rémunération brute totale.
Si l’employeur retire l’enfant après plus de trois mois d’ancienneté, il doit respecter un préavis :
Le préavis n’est pas requis en cas de faute grave ou de retrait/suspension de l’agrément. Dans ce cas, la rupture doit être notifiée par lettre recommandée avec accusé de réception.
En cas de rupture du CDI par l’employeur et si l’assistante maternelle compte plus d’un an d’ancienneté, elle perçoit une indemnité de rupture équivalente à 1/120e des salaires perçus.
À cela s’ajoute l’indemnité compensatrice de congés payés correspondant aux congés acquis mais non pris, y compris en cas de démission.
Avant toute action judiciaire, l’assistante maternelle peut envoyer à son employeur une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception, rappelant les obligations légales et conventionnelles, et fixant un délai pour régulariser la situation.
Si aucun accord n’est trouvé, il est possible de saisir le Conseil de prud’hommes du lieu de travail ou du domicile de l’employeur.
La procédure se déroule en deux étapes :
La profession d’assistante maternelle ou de nounou, bien que régie par un cadre juridique clair, reste exposée à des litiges fréquents. Connaître précisément ses droits légaux et conventionnels n’est pas seulement une protection, c’est un levier essentiel pour rétablir l’équilibre dans la relation de travail.
Qu’il s’agisse de réclamer un salaire impayé, de faire corriger le calcul des congés payés, de revendiquer des heures supplémentaires ou de contester une rupture abusive, la clé réside dans la capacité à rassembler des preuves solides (contrat de travail, bulletins de paie, échanges écrits) et à s’appuyer sur les textes applicables : Code du travail, Code de l’action sociale et des familles, et Convention collective nationale.
Dans la plupart des cas, une mise en demeure juridiquement argumentée peut inciter l’employeur à régulariser la situation sans passer par la justice. Mais si le conflit persiste, la saisine du Conseil de prud’hommes reste l’outil de référence pour obtenir réparation. Enfin, même si la présence d’un avocat n’est pas obligatoire, elle peut s’avérer déterminante pour maximiser ses chances de succès, surtout lorsque les enjeux financiers ou les points de droit sont complexes.
En définitive, défendre ses droits en tant qu’assistante maternelle ou nounou n’est pas seulement possible : c’est une démarche légitime, encadrée par la loi, et accessible à toutes celles et ceux qui souhaitent préserver la juste reconnaissance de leur travail.
1. Quels sont les droits minimums d’une assistante maternelle en matière de salaire ?
En vertu de la Convention collective nationale des assistants maternels du particulier employeur (article 7), le salaire horaire brut minimum ne peut être inférieur à 2,74 € par heure et par enfant. Ce montant doit être révisé chaque année en fonction de l’évolution du SMIC et des accords collectifs. Des majorations peuvent s’appliquer pour des conditions de garde particulières, par exemple accueil d’un enfant porteur de handicap ou travail sur des horaires atypiques (nuit, dimanche, jour férié). Les jours fériés sont payés au taux normal, sauf le 1er mai, rémunéré avec une majoration de 100 %.
Exemple : une assistante maternelle travaillant 40 h/semaine pour deux enfants doit percevoir au moins 2 × 2,74 € × 40 h = 219,20 € brut par semaine, hors indemnités.
2. Comment sont rémunérées les heures supplémentaires ou complémentaires ?
Le calcul dépend du volume hebdomadaire prévu au contrat :
3. Comment calculer l’indemnité compensatrice de congés payés ?
L’article L. 3141-3 du Code du travail accorde aux assistantes maternelles 2,5 jours ouvrables de congés payés par mois de travail effectif, soit 30 jours ouvrables pour une année complète. L’indemnité compensatrice se calcule selon la méthode la plus avantageuse pour la salariée :
4. Quelles indemnités sont dues à la fin d’un contrat ?
Les droits varient selon le type de contrat et les circonstances :
5. Comment engager un recours en cas de litige avec l’employeur ?
La démarche se déroule généralement en deux étapes :