Dans un marché immobilier complexe et réglementé, le recours à un agent immobilier constitue une étape souvent incontournable pour vendre, acheter ou louer un bien. Professionnel de l’intermédiation, l’agent immobilier agit pour le compte d’un client, avec pour mission d’assurer la réussite de la transaction.
Mais cette activité n’est pas sans responsabilités : l’erreur, l’omission ou le manquement à ses obligations peuvent avoir des conséquences juridiques importantes. C’est pourquoi le cadre législatif encadrant sa profession, en particulier la loi Hoguet du 2 janvier 1970, impose des règles strictes.
À travers cet article, defendstesdroits.fr revient sur les obligations légales de l’agent immobilier, les différents fondements juridiques de sa responsabilité et les recours possibles en cas de litige.
L’agent immobilier est un professionnel mandaté pour intervenir dans des opérations portant sur les biens immobiliers d’autrui. Son activité, encadrée par la loi n° 70-9 du 2 janvier 1970, dite loi Hoguet, s’étend à la vente, à la location, à la sous-location, à l’achat ou encore à l’échange d’immeubles, de fonds de commerce ou de parts sociales donnant vocation à l’attribution d’un bien immobilier.
Selon l’article 1er de cette loi, il peut être personne physique ou morale. Il agit en tant qu’intermédiaire et doit impérativement disposer d’un mandat écrit avant toute négociation ou engagement juridique.
Avant toute intervention, l’agent immobilier doit obtenir un mandat écrit, daté et signé, qui définit les limites de sa mission. L'absence de mandat entraîne la nullité de la prestation et l’interdiction de percevoir une quelconque rémunération.
En vertu de sa qualité de professionnel, l’agent est tenu à une obligation de conseil. Il doit informer ses clients de toutes les caractéristiques du bien (présence de nuisibles, servitudes, défauts cachés, diagnostics techniques, etc.) ainsi que des modalités juridiques des actes qu’il prépare ou présente à la signature.
Ce devoir de conseil est apprécié de manière stricte par les juridictions : la moindre négligence, omission ou réticence dolosive peut entraîner sa responsabilité.
La responsabilité de l’agent immobilier peut être contractuelle ou extra-contractuelle, selon la nature du lien avec la victime du dommage.
Conformément à l’article 1984 du Code civil, le mandat crée un lien contractuel entre l’agent immobilier et le client mandant. Si l’agent n’exécute pas correctement la mission qui lui est confiée, il engage sa responsabilité sur le fondement de l’article 1231-1 du Code civil.
Trois types de manquement peuvent être identifiés :
Il est important de noter que l’agent immobilier est tenu à une obligation de moyens. Il n’est pas responsable du simple fait qu’un bien ne soit pas vendu si les diligences normales ont été accomplies.
Toutefois, un manquement à l’obligation de conseil ou une dissimulation volontaire d’une information essentielle engage pleinement sa responsabilité.
Lorsque la victime n’est pas liée à l’agent par un contrat (par exemple, un acquéreur ou un locataire), la responsabilité de ce dernier relève du délit civil ou du quasi-délit.
Une faute volontaire ou une négligence peut donc suffire à engager la responsabilité de l’agent immobilier. Il appartient à la victime de démontrer :
Lorsqu’un agent immobilier salarié commet une faute dans l’exercice de ses fonctions, sans pour autant dépasser les limites de la mission qui lui a été confiée, la responsabilité ne lui incombe pas personnellement.
En application du principe du fait d’autrui, c’est le commettant, c’est-à-dire en pratique l’employeur (généralement l’agence immobilière), qui sera tenu responsable du préjudice causé. Cette jurisprudence de principe est issue de l’arrêt Costedoat rendu par la Cour de cassation en assemblée plénière le 25 février 2000.
Ainsi, si un salarié de l’agence fournit des informations erronées ou incomplètes à un acquéreur (par exemple sur la surface habitable, l’existence d’un vice ou d’une servitude), et que cela entraîne un dommage pour ce dernier, c’est l’agence immobilière, en tant qu’employeur, qui verra sa responsabilité engagée devant le juge civil.
Ce mécanisme protège les tiers victimes tout en tenant compte du lien de subordination entre l’agent salarié et son employeur, lequel reste responsable des actes professionnels réalisés dans le cadre du contrat de travail.
La mise en cause de la responsabilité de l’agent immobilier exige que la victime rapporte la preuve d’un manquement à une obligation, lequel constitue un fait juridique. Conformément à l’article 1358 du Code civil, les faits juridiques peuvent être prouvés par tous moyens.
Il n’est donc pas nécessaire de produire un contrat écrit ou un acte authentique pour démontrer la faute.
Plusieurs types de preuves recevables peuvent être invoqués devant le juge :
Il est fondamental de réunir un faisceau d’indices convergents permettant de démontrer trois éléments :
La charge de la preuve incombe à la victime, mais une fois ces éléments établis, la responsabilité de l’agent immobilier pourra être pleinement engagée devant les juridictions civiles compétentes.
Conformément à l’article 3 de la loi Hoguet n° 70-9 du 2 janvier 1970, tout agent immobilier a l’obligation de souscrire une assurance en responsabilité civile professionnelle (RCP).
Cette exigence est impérative : elle conditionne la délivrance de la carte professionnelle par la Chambre de commerce et d’industrie (CCI), sans laquelle aucune activité immobilière ne peut être exercée légalement.
L’assurance RCP immobilier a pour but de protéger les tiers contre les fautes commises par le professionnel dans l’exercice de ses missions. Elle garantit notamment :
En cas de litige ou de procédure judiciaire, si la responsabilité de l’agent est reconnue, c’est l’assureur professionnel qui prend en charge l’indemnisation de la victime, dans les limites prévues par le contrat de garantie. Il est donc dans l’intérêt tant du professionnel que de ses clients que cette couverture soit solide et adaptée à la nature des missions exercées.
Sans cette assurance, non seulement l’agent s’expose à une interdiction d’exercer, mais il engage également sa responsabilité personnelle en cas de contentieux non couvert.
La responsabilité de l’agent immobilier ne se limite pas à une simple faute professionnelle : elle s’apprécie à l’aune d’une véritable exigence de rigueur et d’une obligation de loyauté envers ses mandants comme envers les tiers.
Qu’il s’agisse d’un défaut de conseil, d’une négligence dans la rédaction d’un acte, ou d’une information erronée transmise à un acquéreur, les juridictions se montrent particulièrement attentives à la manière dont ce professionnel remplit ses fonctions.
Il appartient donc aux justiciables d’être vigilants dans leurs démarches, et de connaître les mécanismes juridiques qui leur permettent de faire valoir leurs droits, en engageant, si nécessaire, la responsabilité de l’agent immobilier fautif.
1. Quelles sont les obligations légales d’un agent immobilier ?
L’agent immobilier est soumis à un cadre juridique strict, principalement défini par la loi Hoguet n° 70-9 du 2 janvier 1970. Il doit notamment :
Un manquement à l'une de ces obligations peut engager sa responsabilité contractuelle ou extracontractuelle, selon la qualité de la victime.
2. Dans quels cas l’agent immobilier engage-t-il sa responsabilité contractuelle ?
La responsabilité contractuelle de l’agent immobilier est engagée à l’égard de son mandant (vendeur, bailleur…), en vertu du contrat de mandat (article 1984 du Code civil). Cette responsabilité peut être invoquée lorsque :
Cependant, l’agent immobilier n’est tenu que d’une obligation de moyens, ce qui signifie que l’échec de la vente ou de la location ne suffit pas, en soi, à engager sa responsabilité (article 1231-1 du Code civil), sauf si l’on prouve une faute caractérisée.
3. Quelle est la différence entre responsabilité contractuelle et extracontractuelle de l’agent immobilier ?
La distinction dépend de la relation entre la victime et l’agent immobilier :
Dans tous les cas, il faut démontrer une faute, un dommage et un lien de causalité direct entre les deux.
4. Comment prouver une faute de l’agent immobilier pour obtenir réparation ?
Le manquement d’un agent immobilier à ses obligations constitue un fait juridique, dont la preuve peut être apportée par tous moyens, conformément à l’article 1358 du Code civil. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir un écrit. Peuvent ainsi servir de preuves :
Il est recommandé de rassembler un maximum d’éléments matériels avant de saisir le juge pour démontrer l'existence d’une faute, d’un préjudice et d’un lien de causalité.
5. L’agent immobilier est-il obligé de souscrire une assurance professionnelle ?
Oui. La souscription d’une assurance responsabilité civile professionnelle (RCP) est obligatoire pour exercer légalement la profession d’agent immobilier. Cette obligation est posée à l’article 3 de la loi Hoguet. Elle conditionne notamment l’obtention de la carte professionnelle, sans laquelle aucune activité ne peut être légalement exercée.
La RCP permet de couvrir les dommages causés à un client ou un tiers en cas de faute professionnelle, négligence, omission ou erreur dans l’exercice de ses fonctions. En cas de litige, la victime peut donc être indemnisée par l’assureur de l’agent, dans les limites prévues au contrat.