Civil

Peut-on éviter l’amende pour téléphone au volant ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Téléphone au volant : que faire en cas de contravention ?

L’usage du téléphone portable au volant est devenu l’un des comportements les plus surveillés par les forces de l’ordre en matière de sécurité routière. Dans un contexte où la distractibilité au volant constitue une cause majeure d’accidents, le législateur a adopté une position ferme : toute manipulation du téléphone en circulation, qu’il s’agisse d’un appel, d’un message ou d’une consultation d’écran, est strictement interdite.

Cette interdiction est assortie de sanctions pécuniaires et d’un retrait de points du permis de conduire.

Néanmoins, la possibilité de contester l’amende reste ouverte aux conducteurs, à condition d’agir avec rigueur et dans le respect des dispositions du Code de procédure pénale. Cet article a pour objet de présenter les règles applicables, les voies de recours envisageables, ainsi que les arguments juridiques mobilisables pour tenter d’échapper à la sanction.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Ce que dit le code de la route
  3. Les différentes situations de verbalisation
  4. Les sanctions encourues
  5. Contester l’amende : quelle procédure suivre ?
  6. Pourquoi faire appel à un avocat ?
  7. Conclusion

📌 Ce que dit le Code de la route

L’article R.412-6-1 du Code de la route dispose de manière claire que "l’usage d’un téléphone tenu en main par le conducteur d’un véhicule en circulation est interdit". Il ne s’agit donc pas uniquement de téléphoner, mais de tenir physiquement l’appareil, que ce soit pour passer un appel, lire un message ou utiliser une application. L'interdiction concerne toute manipulation manuelle, même brève, du téléphone.

Mais le texte va plus loin : il interdit également le port à l’oreille de tout dispositif susceptible d’émettre du son, y compris les oreillettes filaires, les écouteurs Bluetooth ou encore les kits mains libres, pourtant souvent considérés à tort comme autorisés. L'objectif est de prévenir toute forme de distraction auditive ou cognitive pouvant nuire à la vigilance du conducteur.

Cette position stricte a été renforcée par la jurisprudence. Un arrêt important de la Cour de cassation, rendu le 2 février 2018 (n° 17-83.054), a confirmé que l’infraction peut être constituée même si le véhicule est à l’arrêt, dès lors qu’il ne se trouve pas dans une zone de stationnement autorisée. Autrement dit, un conducteur arrêté à un feu rouge, moteur coupé, mais téléphone en main, peut être verbalisé, car son véhicule est encore considéré comme étant en circulation.

La seule exception admise est l’arrêt sur une place de stationnement réglementaire ou, à défaut, sur la bande d’arrêt d’urgence en cas de panne, où le conducteur est alors réputé hors circulation active.

Les différentes situations de verbalisation

Le champ d'application de l'article R.412-6-1 est particulièrement large. Il ne se limite pas au simple fait de téléphoner, mais inclut une pluralité de comportements interdits dès lors que le téléphone est tenu en main ou qu’un dispositif sonore est porté à l’oreille. Ainsi, sont notamment sanctionnables :

  • L’appel téléphonique avec l’appareil en main, qu’il soit émis ou reçu ;
  • La consultation ou la rédaction de SMS, même sans réponse immédiate ;
  • L’usage d’une application mobile, telle qu’un GPS non fixé au tableau de bord ;
  • Le visionnage de vidéos, de photos, ou tout contenu multimédia, susceptible de détourner l’attention du conducteur ;
  • L’utilisation de dispositifs auditifs : écouteurs, oreillettes, casques, même connectés via Bluetooth.

L'interdiction vise donc aussi bien les actions actives (écrire, appeler) que les usages passifs (lire, écouter).

Elle s’applique à tous les véhicules en circulation, sans distinction de nature ou de catégorie. Sont donc concernés :

  • Les véhicules particuliers (voitures) ;
  • Les deux-roues motorisés (motos, scooters) ;
  • Les véhicules utilitaires ou poids lourds ;
  • Les véhicules de transport en commun, y compris en service.

En d'autres termes, aucun conducteur n’échappe à l’application stricte de la règle, peu importe le type de véhicule ou la durée d’utilisation du téléphone. Cette approche vise à garantir une sécurité maximale sur la voie publique, en réduisant autant que possible les causes de distraction au volant, facteur majeur d’accidents selon les statistiques de la sécurité routière.

Les sanctions encourues

Usage isolé du téléphone

En cas d’infraction isolée, le conducteur est exposé à une contravention de 4ᵉ classe, soit :

  • 135 € d’amende forfaitaire (minorée à 90 € si paiement rapide, majorée à 375 € en cas de retard),
  • 3 points retirés sur le permis de conduire.

Les cyclistes ne risquent qu’une amende, sans retrait de points.

Usage cumulé avec une autre infraction

En cas de double infraction (par exemple téléphone + feu rouge grillé), les conséquences sont plus lourdes :

  • Amende de 135 € + retrait de 3 points,
  • Suspension administrative du permis pouvant aller jusqu’à 6 mois par décision du préfet (article L.224-2, 5° du Code de la route).

Les jeunes conducteurs peuvent être contraints d’effectuer un stage de sensibilisation dans un délai de 4 mois afin de récupérer leurs points.

Contester l’amende : quelle procédure suivre ?

Respecter les délais

L’article 529-2 du Code de procédure pénale encadre la procédure de contestation :

  • 45 jours à compter de l’avis initial de contravention ;
  • 30 jours si l’amende est majorée.

Tout retard entraîne la forclusion du droit de contestation.

Requête en exonération

La contestation se fait via une requête écrite adressée à l’Officier du ministère public, dont l’adresse figure sur l’avis de contravention. Il convient d’y joindre :

  • Une copie de l’avis reçu,
  • Un courrier motivé démontrant l’irrégularité de la verbalisation,
  • Éventuellement des pièces justificatives (photos, témoignages, factures).

Conformément à l’article 537 du Code de procédure pénale, le procès-verbal fait foi jusqu’à preuve du contraire, laquelle ne peut être apportée que par écrit ou témoignage. La charge de la preuve repose donc sur le conducteur.

Audience devant le tribunal de police

Si la contestation est jugée recevable, l’affaire est portée devant le tribunal de police. Le contrevenant devra apporter des éléments circonstanciés pour démontrer une erreur ou une absence d’infraction. Cela peut inclure :

  • L’absence de téléphone dans l’habitacle,
  • Le fait que le téléphone ne soit pas en usage,
  • Des éléments techniques (exemple : défaillance du réseau empêchant tout appel).

Recours contre la suspension administrative

Si le préfet a suspendu le permis, l’usager peut :

  • Former un recours gracieux auprès du préfet, en exposant ses impératifs professionnels ou personnels,
  • Saisir le tribunal administratif pour contester la légalité de la décision. En effet, la suspension doit répondre à des exigences formelles strictes (motivations précises, respect du contradictoire) souvent négligées par l’administration.

Pourquoi faire appel à un avocat ?

La complexité de la procédure, conjuguée à la présomption de véracité du procès-verbal, rend la présence d’un avocat spécialisé en droit routier hautement stratégique. Celui-ci pourra :

  • Identifier les vices de forme dans la procédure de verbalisation,
  • Assurer la recevabilité de la contestation,
  • Présenter les arguments de défense oralement à l’audience, avec force et clarté.

Faire appel à un professionnel augmente considérablement les chances d’annulation de l’amende ou d’obtention d’une dispense de peine.

Conclusion

Contester une amende pour usage du téléphone au volant exige une parfaite connaissance des textes législatifs et de la procédure applicable. Si la présomption de véracité du procès-verbal constitue un obstacle de taille, des marges de manœuvre existent, notamment en cas d’erreur matérielle, d’absence de preuve directe ou de vice de forme.

L’assistance d’un avocat en droit routier permet d’optimiser les chances de succès en identifiant précisément les leviers juridiques à activer. Ainsi, même face à une infraction réputée difficile à remettre en cause, la défense du justiciable reste un droit fondamental, auquel le site defendstesdroits.fr accorde toute son attention.

FAQ

1. L’usage du téléphone au volant est-il toujours interdit, même à l’arrêt ?

Oui, l’interdiction de l’usage du téléphone au volant s’applique même lorsque le véhicule est temporairement arrêté, par exemple à un feu rouge ou dans un embouteillage. Cette position a été confirmée par un arrêt de la Cour de cassation du 2 février 2018 (n° 17-83.054), qui précise que tant que le véhicule n’est pas stationné sur une place prévue à cet effet, le conducteur reste considéré comme « en circulation ». Il ne suffit donc pas de couper le moteur ou d’être à l’arrêt pour échapper à la verbalisation. Seule une immobilisation complète, dans un emplacement de stationnement régulier ou sur la bande d’arrêt d’urgence (en cas de panne), permet d’utiliser son téléphone sans commettre d’infraction.

2. Que risque-t-on concrètement en cas d’usage du téléphone au volant ?

Le conducteur intercepté pour usage du téléphone au volant encourt une contravention de 4ᵉ classe, prévue par l’article R.412-6-1 du Code de la route. Les sanctions comprennent :

  • Une amende forfaitaire de 135 €, minorée à 90 € si payée sous 15 jours et majorée à 375 € au-delà de 45 jours ;
  • Un retrait de 3 points sur le permis de conduire ;
  • Pour les cyclistes, seule une amende de 135 € est applicable (pas de points retirés).

En cas de cumul avec une autre infraction (feu rouge grillé, excès de vitesse…), le préfet peut décider d'une suspension administrative du permis pour une durée pouvant aller jusqu'à 6 mois, en vertu de l’article L.224-2 du Code de la route.

3. Comment contester une amende pour téléphone au volant ?

La contestation se fait par requête écrite adressée à l’Officier du ministère public, dans un délai de 45 jours à compter de la date de l’infraction (ou 30 jours pour une amende majorée). Cette demande doit contenir :

  • Une lettre motivée exposant les raisons de la contestation ;
  • Une copie de l’avis de contravention ;
  • Des éléments de preuve (photos, témoignages, éléments techniques) démontrant l’absence d’usage ou une erreur dans la verbalisation.

Conformément à l’article 537 du Code de procédure pénale, le procès-verbal fait foi jusqu’à preuve du contraire. Cette preuve ne peut être apportée que par écrit ou témoignage, ce qui rend la contestation délicate. En cas d’acceptation de la requête, le conducteur est convoqué devant le tribunal de police, où il pourra faire valoir ses droits.

4. Est-il possible de contester la suspension de permis décidée par le préfet ?

Oui, un recours gracieux peut être adressé directement au préfet, afin d’exposer les circonstances personnelles ou professionnelles justifiant une levée ou réduction de la suspension. Toutefois, ce type de recours aboutit rarement.

En revanche, un recours contentieux devant le tribunal administratif peut être plus efficace. En effet, la décision préfectorale de suspension est soumise à un formalisme strict (notamment l’exigence de motivation), souvent mal respecté. Le juge administratif vérifie le respect des procédures et peut annuler la décision s’il relève une irrégularité, notamment une atteinte excessive à la liberté de circulation du justiciable.

5. Un avocat est-il indispensable pour contester une amende liée au téléphone au volant ?

S’il n’est pas juridiquement obligatoire, le recours à un avocat en droit routier est fortement recommandé. Un avocat :

  • Identifie rapidement les vices de procédure exploitables (absence de preuve, erreur de rédaction du PV, non-respect des délais) ;
  • Rédige une requête en exonération solide, respectant les exigences légales ;
  • Représente le justiciable devant le tribunal de police, où l’audience est essentiellement orale ;
  • Peut également engager un recours administratif contre une suspension de permis.

Son expertise augmente considérablement les chances d’aboutissement de la contestation et permet de préserver les droits du conducteur face à une sanction souvent automatique et difficilement contestable sans accompagnement.

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