Fiscal

Pourquoi une entreprise est-elle contrôlée fiscalement ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Le contrôle fiscal des entreprises suscite souvent de la crainte chez les dirigeants. Pourtant, il ne s’agit pas d’une démarche aléatoire ou punitive sans fondement : il répond à des objectifs précis fixés par le Livre des procédures fiscales (LPF). L’administration cherche à la fois à garantir le recouvrement des sommes dues et à lutter contre les comportements frauduleux, qu’il s’agisse d’omissions involontaires ou de montages complexes destinés à éluder l’impôt.

Pour comprendre pleinement les enjeux d’un contrôle, il est essentiel de se pencher sur sa finalité réelle.

Pourquoi l’administration fiscale choisit-elle de contrôler une entreprise plutôt qu’une autre ? Quels sont les moyens juridiques dont elle dispose ? Quelles sont les garanties offertes aux contribuables pour préserver le principe du contradictoire et éviter l’arbitraire ?

Enfin, comment une entreprise peut-elle, en pratique, anticiper et se préparer afin de limiter les risques de redressement et défendre efficacement ses droits ?

Autant de questions qui structurent l’analyse qui suit. Nous verrons d’abord l’objectif fondamental du contrôle fiscal, entre recouvrement et prévention de la fraude, avant d’aborder le cadre juridique et les garanties procédurales prévues par la charte du contribuable. Nous examinerons ensuite les bonnes pratiques à adopter pour se préparer et éviter des conséquences financières disproportionnées, avant de conclure sur les recours possibles et l’importance d’un accompagnement professionnel adapté

Un double objectif : recouvrer et prévenir

Le contrôle fiscal poursuit d’abord un objectif évident : assurer le recouvrement des sommes dues. Lorsqu’une entreprise commet des erreurs, des omissions ou des dissimulations dans ses déclarations, l’administration peut recalculer l’impôt réellement dû et procéder à un redressement fiscal. C’est une mesure corrective, qui vise à rétablir l’égalité entre tous les contribuables.

Mais au-delà de cette fonction corrective, le contrôle fiscal joue aussi un rôle dissuasif et répressif. Il constitue un outil de lutte contre la fraude fiscale. À travers ses vérifications, l’administration peut détecter des pratiques illicites telles que :

  • le travail dissimulé ou la dissimulation d’activité,
  • la non-déclaration de revenus liés à des activités occultes,
  • le recours à des montages financiers artificiels destinés à échapper à l’impôt,
  • voire des opérations de blanchiment d’argent.

L’article L.64 du LPF, qui encadre la répression de l’abus de droit, illustre parfaitement cette mission : il permet à l’administration d’écarter les actes qui, bien que réguliers en apparence, n’ont pour finalité que d’éluder l’impôt.

Une procédure encadrée par des garanties

Si le contrôle fiscal donne à l’administration des pouvoirs étendus, il est encadré par des garanties procédurales. La plus emblématique est la Charte des droits et obligations du contribuable vérifié, prévue à l’article L.10 du LPF. Ce document, remis au début du contrôle, précise :

  • les droits de l’entreprise contrôlée,
  • les obligations de l’administration fiscale,
  • et les voies de recours possibles.

☝️ Bon à savoir : cette charte a une valeur juridique contraignante. Ses dispositions sont opposables à l’administration, ce qui signifie qu’un manquement de la part du vérificateur peut justifier l’annulation de tout ou partie du redressement.

Anticiper pour mieux se défendre

Pour tout entrepreneur, la meilleure défense reste une préparation en amont. Les obligations comptables prévues par le Code général des impôts et le Code de commerce doivent être respectées scrupuleusement. Cela implique :

  • de tenir une comptabilité régulière et sincère,
  • de conserver l’ensemble des justificatifs (factures, relevés bancaires, contrats, bulletins de paie),
  • de veiller à la cohérence entre les déclarations fiscales et les pièces comptables.

L’article L.47 du LPF précise que l’administration peut exiger la communication du fichier des écritures comptables (FEC), sous peine de sanction (article 1729 D CGI). L’absence ou la non-conformité du FEC entraîne automatiquement une amende de 5 000 € ou 10 % des droits rappelés.

Dans ce contexte, recourir à un expert-comptable constitue un investissement judicieux. Ce professionnel assure non seulement la conformité des déclarations, mais aussi la constitution d’un dossier solide en cas de contrôle. Pour les dossiers sensibles, l’appui d’un avocat fiscaliste est déterminant, notamment pour vérifier la régularité de la procédure et contester un éventuel redressement.

Conclusion

L’objectif du contrôle fiscal d’une entreprise dépasse la simple vérification technique : il s’agit d’une démarche qui protège à la fois les finances publiques et l’équité entre contribuables. En garantissant que chaque société contribue à hauteur de ses obligations, l’administration renforce la confiance dans le système fiscal.

Pour l’entrepreneur, la clé réside dans une gestion rigoureuse et transparente. Une comptabilité bien tenue, des justificatifs correctement classés et un accompagnement adapté permettent de transformer un contrôle fiscal en une étape de conformité, plutôt qu’en un risque de sanction.

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