Les prélèvements injustifiés par un opérateur mobile constituent une source fréquente de litiges pour les consommateurs. Qu’il s’agisse d’une facture contestable, d’un réengagement non consenti, ou encore de frais de hors forfait excessifs, la législation protège efficacement les abonnés contre les abus.
Encadrés par le Code de la consommation et le Code des postes et des communications électroniques, ces litiges peuvent aboutir à la résiliation du contrat, au remboursement des sommes prélevées, voire à l’octroi de dommages et intérêts.
Pour agir efficacement, il est essentiel de connaître les textes applicables, les délais à respecter et les démarches procédurales adaptées.
L’article L.122-3 du Code de la consommation encadre strictement la facturation par les opérateurs télécom. Il interdit à ces derniers de prélever une somme sur le compte d’un abonné sans commande préalable. Le consentement exprès de l'abonné est une condition indispensable pour toute facturation. À défaut, le prélèvement est considéré comme injustifié, ouvrant droit à contestation et remboursement.
Selon l’article L.34-2 du Code des postes et des communications électroniques, le consommateur dispose d'un délai d'un an à compter du prélèvement litigieux pour engager une action contre l’opérateur. Ce délai, impératif, impose de réagir rapidement pour faire valoir ses droits.
En matière de prélèvements contestés, c’est à l'opérateur de démontrer que le prélèvement trouve sa justification dans une commande valablement passée par l'abonné. Ce principe, issu du droit de la consommation, est protecteur du consommateur, qui n'a pas à prouver qu’il n’a pas commandé.
Beaucoup de contrats de téléphonie mobile contiennent une clause de reconduction tacite. Toutefois, conformément à l’article L.215-1 du Code de la consommation (anciennement L.136-1), l'opérateur doit informer l'abonné, par écrit, de la reconduction prochaine de son contrat, et ce au moins un mois avant la fin de la période initiale. Cette obligation vise à permettre au consommateur de refuser la reconduction.
En l'absence de cette information, l'abonné est en droit d’exiger :
Si l’abonné conteste la reconduction, l'opérateur devra apporter la preuve qu’il a bien respecté son obligation d’information. À défaut, le tribunal pourra ordonner la restitution des prélèvements postérieurs à la date d’échéance initiale.
Des factures astronomiques liées à des frais de hors forfait lors de déplacements à l’étranger sont fréquentes. Afin de protéger les consommateurs contre ces pratiques abusives, le règlement européen n°531/2012 du 13 juin 2012 est intervenu pour imposer des plafonds tarifaires concernant l’usage du téléphone mobile dans l’Espace économique européen (comprenant l’Union européenne, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein).
Ces plafonds tarifaires concernent tant les appels émis et reçus, que l'envoi de SMS et l'usage des données mobiles (internet mobile). Ils sont obligatoires pour tous les opérateurs mobiles français, sans distinction entre consommateurs particuliers et professionnels.
En cas de dépassement des tarifs réglementaires, l'abonné dispose de plusieurs droits essentiels :
Le respect des plafonds tarifaires est donc une obligation légale à laquelle les opérateurs ne peuvent déroger. La violation de ces plafonds expose l'opérateur à des sanctions et ouvre droit au consommateur à une réparation intégrale.
Lorsque l’abonné constate un montant hors forfait injustifié, il doit agir rapidement. La première démarche consiste à adresser une réclamation écrite à l’opérateur, en exposant précisément :
Cette réclamation doit être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception, afin de conserver une preuve écrite en cas de contentieux ultérieur.
Si l’opérateur ne répond pas ou refuse de rembourser dans un délai raisonnable (en général 30 jours), l’abonné pourra alors :
L'action en justice sera fondée notamment sur la violation du règlement européen n°531/2012, l’article L.121-1 du Code de la consommation (interdiction des pratiques commerciales trompeuses) et le principe général de bonne foi contractuelle.
Avant toute action judiciaire, il est recommandé d’adresser une mise en cause à l'opérateur, exposant :
Cette démarche permet souvent une résolution rapide du litige.
En l'absence de réponse ou de solution amiable, l'abonné peut adresser une mise en demeure formelle, fondée juridiquement et comportant un délai précis pour obtenir satisfaction. Cette mise en demeure doit être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception pour prouver la démarche.
Si malgré toutes les démarches amiables, l'opérateur persiste dans son refus, l’abonné peut saisir le juge des contentieux de la protection compétent. Le tribunal judiciaire peut ordonner :
La procédure devant le juge est simplifiée pour les litiges n’excédant pas 10 000 euros conformément à l’article R.212-8 du Code de l’organisation judiciaire.
Face à un prélèvement bancaire injustifié, la vigilance et la connaissance du droit applicable permettent au consommateur de défendre ses intérêts avec rigueur. L’opérateur mobile, tenu à de nombreuses obligations d’information et de preuve, ne saurait s’exonérer de ses responsabilités en matière de facturation.
Dès la contestation amiable jusqu’à l’éventuelle saisine du juge des contentieux de la protection, l'abonné dispose d’outils juridiques solides pour obtenir réparation. L’invocation des bonnes dispositions légales et le respect des procédures renforcent la capacité du justiciable à obtenir gain de cause contre des pratiques abusives.
Pour contester un prélèvement bancaire injustifié, l’abonné doit, dans un premier temps, adresser une réclamation écrite à son opérateur télécom. Cette démarche doit exposer les faits de manière précise, en joignant la facture contestée ainsi que tout relevé bancaire pertinent. En cas d'absence de réponse ou de réponse insatisfaisante dans un délai raisonnable, il est recommandé d'envoyer une mise en demeure par lettre recommandée avec accusé de réception.
Conformément à l’article L.122-3 du Code de la consommation, l’opérateur ne peut facturer que les services ou prestations expressément commandés par l'abonné. À défaut, l’abonné est en droit de demander le remboursement immédiat des sommes prélevées et, le cas échéant, la résiliation du contrat.
Le consommateur dispose d'un délai d’un an pour agir à l'encontre de son opérateur télécom, conformément à l’article L.34-2 du Code des postes et des communications électroniques. Ce délai court à compter du prélèvement litigieux. Passé ce délai, l’action en remboursement est en principe prescrite.
Il est donc essentiel d'agir rapidement en envoyant une réclamation dès la découverte de l'anomalie, pour préserver ses droits et éviter toute forclusion. Le non-respect de ce délai peut entraîner la perte définitive du droit à remboursement.
Non, l'opérateur mobile ne peut reconduire tacitement un contrat sans respecter son obligation d'information. L’article L.215-1 du Code de la consommation impose à l’opérateur d’avertir l’abonné, par écrit, au moins un mois avant la date d’échéance du contrat, de la possibilité de ne pas renouveler celui-ci.
En l'absence de cette information, la reconduction est inopposable au consommateur. L’abonné peut alors demander :
La charge de la preuve de l'envoi de cette information repose entièrement sur l'opérateur.
Lorsque l'opérateur facture des frais de hors forfait en déplacement au sein de l'Union européenne, ceux-ci doivent respecter les plafonds tarifaires fixés par le règlement européen n°531/2012 du 13 juin 2012. Si la facture excède les tarifs réglementés, l'abonné est en droit d'exiger le remboursement des sommes excessives.
Il convient alors :
Le respect des plafonds est impératif, qu’il s’agisse d’un consommateur particulier ou d'un professionnel.
Dans les litiges de consommation, la charge de la preuve appartient à l’opérateur mobile, conformément aux principes généraux du Code de la consommation. Toutefois, l’abonné doit faciliter sa démarche en :
Si l’opérateur n’est pas en mesure de démontrer qu’une commande valable justifiait le prélèvement, ou qu'une information préalable a été délivrée pour la reconduction du contrat, l'abonné obtiendra gain de cause.