Les entreprises en difficulté constituent un enjeu majeur pour l’économie française, en particulier depuis la crise sanitaire qui a mis à mal la trésorerie de milliers de structures, qu’il s’agisse de TPE, PME ou grandes sociétés. Confrontées à des baisses d’activité, à des dettes fiscales et sociales importantes et à des tensions sur leur financement, elles s’exposent rapidement à des risques de redressement judiciaire ou de liquidation.
Face à cette réalité, le Gouvernement a élaboré dès 2021 un plan d’actions structuré afin de limiter les défaillances et d’accompagner les dirigeants. Ce plan repose sur trois piliers : détecter les difficultés le plus tôt possible, orienter les entreprises vers les bons interlocuteurs et accompagner juridiquement et financièrement leur redressement. Plusieurs mesures temporaires ont été prolongées ou rendues permanentes, inscrivant désormais dans la durée une approche de prévention renforcée et d’adaptation des procédures collectives.
L’ambition affichée est claire : éviter que les entreprises ne soient contraintes de cesser brutalement leur activité faute d’avoir trouvé à temps les moyens d’un redressement. Pour ce faire, les acteurs du droit (avocats, mandataires judiciaires), du chiffre (experts-comptables, commissaires aux comptes) mais aussi les institutions financières et les juridictions commerciales ont été mobilisés pour détecter les signaux faibles, soutenir les dirigeants et adapter les mécanismes juridiques aux réalités économiques contemporaines.
Le plan a misé sur une détection rapide des difficultés grâce à la mobilisation de plusieurs acteurs :
Cette détection est coordonnée par les comités départementaux de sortie de crise, présidés par les préfets.
Malgré ces mesures, l’année 2023 a connu 57 729 ouvertures de procédures collectives, soit une hausse de 35,8 % par rapport à 2022. On dénombre :
Un comité national de sortie de crise a été mis en place, réunissant les professions du chiffre et du droit, les institutions financières, les fédérations professionnelles et les organismes consulaires. Dirigé par un conseiller national à la sortie de crise, il collabore avec les régions grâce aux cellules régionales de veille et d’alerte précoce (CVAP).
Depuis juillet 2023, la Direction générale des Finances publiques (DGFIP) a pérennisé l’action de la Mission d’accompagnement des entreprises en sortie de crise (MAESC), confirmant l’ancrage durable de ces dispositifs.
L’État a créé un numéro unique : 0 806 000 245, en partenariat avec l’URSSAF et la DGFIP, permettant aux entreprises de joindre directement un conseiller pour être orientées vers les aides d’urgence et les procédures adaptées.
Chaque département dispose désormais de conseillers à la sortie de crise, chargés d’orienter les entreprises en difficulté, dans le respect du secret des affaires et du secret fiscal. Ces conseillers peuvent rediriger vers :
À un niveau supérieur, des dispositifs spécialisés comme les CRP, les CODEFI et le CIRI apportent un soutien aux entreprises industrielles selon leur taille (de moins de 50 salariés jusqu’aux grandes entreprises).
Les commissaires aux comptes sont désormais tenus d’informer plus rapidement les tribunaux de commerce des situations critiques (article L611-2-2 du Code de commerce).
La conciliation a été rendue plus attractive avec la possibilité pour le président du tribunal de suspendre certaines actions en justice des créanciers récalcitrants (ordonnance n°2020-596 du 20 mai 2020).
Le mandat ad hoc de sortie de crise, réservé aux entreprises de moins de 10 salariés, permettait une renégociation rapide des dettes sur 3 mois, avec un coût plafonné à 1 500 ou 3 000 euros. Ce dispositif a pris fin en décembre 2022.
La procédure de traitement de sortie de crise, quant à elle, a été prolongée jusqu’au 21 novembre 2025 (loi n°2023-1059 du 20 novembre 2023). Elle permet une restructuration accélérée des dettes pour les entreprises de petite taille ne dépassant pas certains seuils financiers.
Le Gouvernement a également prolongé plusieurs dispositifs financiers :
Un fonds de transition de 3 milliards d’euros a par ailleurs été créé pour soutenir les ETI et grandes entreprises confrontées à des besoins de refinancement.
Le plan de sortie de crise a permis de créer un véritable réseau d’alerte et d’accompagnement au service des entreprises fragilisées. La détection précoce par les experts du chiffre, la mise en place de conseillers départementaux, l’orientation vers des dispositifs adaptés et l’adoption de procédures judiciaires simplifiées (mandat ad hoc, traitement de sortie de crise, liquidation judiciaire allégée) traduisent une volonté d’allier souplesse et efficacité dans la gestion des difficultés.
Pour autant, les chiffres récents de 2023 montrent que le nombre d’ouvertures de procédures collectives reste en forte hausse. Cela révèle les limites des dispositifs préventifs mais souligne aussi la nécessité de maintenir un arsenal juridique et financier robuste pour accompagner les entreprises. Le fonds de transition de 3 milliards d’euros, la prolongation des prêts garantis par l’État (PGE) ou encore les procédures spécifiques de restructuration témoignent d’une volonté de préserver le tissu économique et l’emploi.
En définitive, la stratégie gouvernementale ne se limite pas à une logique d’urgence : elle consacre une approche globale qui fait de la prévention des difficultés des entreprises une priorité durable du droit économique français. Les dirigeants disposent désormais d’outils renforcés pour anticiper et surmonter leurs difficultés, mais leur efficacité dépend de leur capacité à agir à temps et à solliciter l’accompagnement adapté.
1. Quelles sont les principales mesures du plan gouvernemental pour les entreprises en difficulté ?
Le plan gouvernemental s’articule autour de trois axes fondamentaux : détecter, orienter et accompagner. L’objectif est d’éviter que les entreprises fragilisées ne basculent directement en redressement judiciaire ou en liquidation.
2. Comment les entreprises peuvent-elles être orientées vers les bons dispositifs ?
L’orientation repose sur un dispositif multi-niveaux :
3. Quelles sont les procédures spécifiques de traitement des difficultés ?
Plusieurs procédures adaptées ont été prévues :
Ces dispositifs offrent une seconde chance aux dirigeants et évitent une faillite brutale qui détruirait emplois et savoir-faire.
4. Quelles aides financières sont encore accessibles aux entreprises fragilisées ?
Le Gouvernement a prolongé plusieurs outils financiers destinés à renforcer la trésorerie et les fonds propres :
Ces aides s’inscrivent dans une logique de préservation du tissu économique, mais nécessitent une anticipation : les entreprises doivent solliciter ces soutiens avant que leur situation ne soit irrémédiablement compromise.
5. Pourquoi la détection précoce des difficultés est-elle essentielle ?
La détection précoce est la clé pour éviter l’effet boule de neige. En intervenant dès les premiers signaux faibles (baisse de trésorerie, retards de paiement, baisse du carnet de commandes), il est possible d’éviter une procédure collective lourde.
Une prise en charge rapide augmente considérablement les chances de redressement. À l’inverse, plus une entreprise attend, plus les dettes s’accumulent, rendant la liquidation quasi inévitable.