Civil

Protégez vos paiements : mode d’emploi de la rétrofacturation

Francois Hagege
Fondateur
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Rétrofacturation : défendez votre argent contre les débits frauduleux

À l’ère du commerce électronique et des paiements dématérialisés, les consommateurs sont chaque jour plus nombreux à recourir aux transactions par carte bancaire.

Si cette facilité d’usage favorise les échanges, elle n’est pas exempte de risques : fraudes, débits non autorisés, produits non livrés ou encore services non conformes sont autant de situations susceptibles de léser un acheteur.

Dans ce contexte, la rétrofacturation — ou chargeback — constitue une protection légale essentielle prévue par le Code monétaire et financier. Encore faut-il connaître les conditions, délais et recours pour faire valoir ce droit efficacement. Sur defendstesdroits.fr, chaque consommateur trouvera des ressources fiables pour engager une procédure adaptée à sa situation.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Qu’est-ce que la rétrofacturation
  3. Dans quelles situations recourir au chargeback
  4. Les conditions préalables à la rétrofacturation
  5. Comment initier une demande de rétrofacturation
  6. Délais et remboursement : ce que prévoit la loi
  7. Que faire en cas de refus bancaire
  8. FAQ

Qu'est-ce que la rétrofacturation ?

La rétrofacturation, plus connue sous son appellation anglaise chargeback, constitue un mécanisme de protection du consommateur face aux paiements frauduleux ou contestables réalisés par carte bancaire. Bien que l’ordre de paiement soit en principe irrévocable conformément à l’article L. 133-8 du Code monétaire et financier, le consommateur bénéficie d’un droit de contestation dans certaines circonstances.

Ainsi, l’article L. 133-17 et suivants du Code monétaire et financier autorise le titulaire de la carte à obtenir le remboursement d’une opération non autorisée ou mal exécutée. Cette faculté s’étend notamment aux cas de fraude, de vol, de piratage de carte bancaire ou de non-conformité de la prestation.

Dans quelles situations recourir au chargeback ?

Le chargeback peut être sollicité lorsque le consommateur se trouve confronté à :

  • un débit non autorisé résultant du vol ou du piratage de la carte (art. L. 133-17 CMF) ;
  • une fraude manifeste (ex. abonnement caché) (art. L. 133-25 CMF) ;
  • un produit non livré ou non conforme aux caractéristiques annoncées ;
  • un montant débité supérieur au montant initialement autorisé ;
  • la liquidation judiciaire du professionnel avant exécution de la prestation (attention : uniquement si le compte du professionnel n’a pas encore été crédité).

Il convient de rappeler que la jurisprudence (CA Amiens, 16 septembre 2021, n° 20/05282) précise que la rétrofacturation reste soumise aux conditions contractuelles liant la banque et son client.

Les conditions préalables à la rétrofacturation

Pour qu’une demande de rétrofacturation soit recevable et ait des chances d’aboutir, elle doit impérativement satisfaire deux conditions cumulatives, fixées à la fois par le Code monétaire et financier et par les usages des réseaux de cartes bancaires comme Visa, Mastercard ou American Express.

1️⃣ Paiement par carte bancaire uniquement
La première condition est que le règlement litigieux ait été effectué exclusivement par carte bancaire. En effet, les paiements réalisés par chèque, virement bancaire, prélèvement SEPA ou encore en espèces sont exclus de ce dispositif.

La rétrofacturation est donc spécifiquement liée au contrat de carte de paiement conclu entre le consommateur et sa banque, car elle repose sur les règles des réseaux de paiement internationaux et les textes légaux relatifs aux services de paiement (articles L. 133-1 et suivants CMF).

2️⃣ Clause contractuelle obligatoire
La seconde condition, souvent méconnue, est l’existence dans le contrat-cadre de services de paiement d’une clause prévoyant expressément la garantie de rétrofacturation (chargeback).

Autrement dit, toutes les banques ou cartes n’offrent pas systématiquement cette protection : c’est le contrat qui précise si cette faculté s’applique et dans quelles limites. Cette clause peut prévoir des restrictions, comme la non-couverture de certains types de litiges (par exemple, produit non conforme mais livré).

Dès lors, il est indispensable que le consommateur prenne le temps de relire les conditions générales de sa carte bancaire ou interroge son conseiller pour s’assurer que la garantie de chargeback figure bien parmi les services associés.

Cette vérification est d’autant plus nécessaire lorsque la transaction contestée a été réalisée auprès d’un commerçant étranger, car certaines banques limitent la rétrofacturation aux achats effectués dans l’Espace Économique Européen ou auprès de marchands partenaires spécifiques.

Sans le respect de ces conditions préalables, toute demande de rétrofacturation risque d’être irrecevable, et le consommateur devra alors envisager d’autres recours juridiques pour obtenir réparation de son préjudice.

Comment initier une demande de rétrofacturation ?

Pour lancer une demande de rétrofacturation, le consommateur doit impérativement prendre contact avec sa banque ou directement avec l’émetteur de sa carte bancaire (par exemple Visa, Mastercard, American Express). Cette démarche ne peut pas être improvisée : elle est encadrée par la convention de compte ou le contrat-cadre de services de paiement, que chaque client signe lors de l’ouverture de son compte ou de la souscription à une carte.

Dans la pratique, la banque ou l’émetteur exige le respect d’un formalisme précis, visant à prouver la bonne foi du titulaire et la réalité du litige. Pour cela, le consommateur doit généralement :

  • Remplir un formulaire spécifique, fourni par la banque ou disponible en ligne, dans lequel il détaille la date, le montant contesté et le motif précis de la contestation ;
  • Fournir des pièces justificatives solides : copie de la preuve d’achat, reçus, preuves de non-livraison ou de livraison non conforme, échanges de courriels avec le vendeur, copie d’un dépôt de plainte en cas de fraude ou vol de carte.

Les réseaux de cartes comme Visa ou Mastercard ont mis en place des reason codes, c’est-à-dire des codes de motif qui précisent la nature exacte de la contestation (par exemple : produit non livré, débit frauduleux, montant incorrect). Ces reason codes doivent être respectés car ils conditionnent le traitement technique de la rétrofacturation par les intermédiaires bancaires.

Enfin, il est fortement recommandé de conserver une copie de toutes les pièces envoyées et de communiquer avec la banque par écrit (courrier recommandé avec accusé de réception ou messagerie sécurisée) afin de disposer de preuves en cas de litige ultérieur.

Délais et remboursement : ce que prévoit la loi

Le Code monétaire et financier fixe des règles claires en matière de délais et de remboursement lorsqu’un consommateur conteste une opération de paiement par rétrofacturation.

Pour une opération non autorisée ou mal exécutée, le consommateur bénéficie d’un délai de 13 mois à compter de la date de débit pour exercer son droit de contestation (article L. 133-24 CMF). Passé ce délai, la banque peut refuser toute prise en charge.

Une fois la contestation formellement transmise, le prestataire de services de paiement doit rembourser le montant contesté immédiatement, et au plus tard le premier jour ouvrable suivant la réception de la demande (article L. 133-18 CMF). Toutefois, si la banque a de sérieux motifs de soupçonner une fraude, elle peut suspendre le remboursement jusqu’à ce que des vérifications soient effectuées.

Pour une opération autorisée, mais dont le montant prélevé est supérieur à celui initialement consenti, le délai d’action est plus court : le consommateur doit présenter sa réclamation dans les 8 semaines suivant la date du débit (article L. 133-25 CMF).

C’est souvent le cas en présence d’un abonnement dissimulé, d’un montant erroné ou d’un double prélèvement. L’établissement de crédit est alors tenu de procéder au remboursement sans délai injustifié, conformément à l’article L. 133-22 CMF.

Ces règles démontrent l’importance pour le consommateur de réagir rapidement, de rassembler les preuves et de respecter scrupuleusement les délai légaux, faute de quoi la rétrofacturation pourrait être refusée.

Que faire en cas de refus bancaire ?

Lorsque la banque refuse de procéder au remboursement malgré le respect des conditions, le consommateur dispose de plusieurs recours :

1. Lettre de mise en demeure

Conformément à la pratique, il est recommandé d’adresser une mise en demeure amiable exposant la situation et rappelant les fondements juridiques (art. L. 133-17 et s. CMF).

2. Médiation bancaire

En cas d’échec, le consommateur peut saisir le médiateur bancaire (art. L. 316-1 CMF). Ses coordonnées figurent dans la convention de compte ou sur le site de l’établissement.

3. Saisine du Tribunal judiciaire

Enfin, le consommateur peut saisir le Tribunal judiciaire pour faire valoir ses droits. Selon l’article 761 du Code de procédure civile, la représentation par avocat n’est pas obligatoire pour les litiges dont l’enjeu est inférieur à 10 000 euros.

Conclusion

En définitive, la rétrofacturation s’impose comme un moyen de défense efficace face aux irrégularités de paiement ou aux manquements contractuels des professionnels.

Bien encadré par le Code monétaire et financier, ce dispositif suppose toutefois la réactivité du consommateur, le respect d’un formalisme rigoureux et la maîtrise des voies de recours amiables ou judiciaires en cas de litige persistant.

Grâce aux outils et informations proposés sur defendstesdroits.fr, chacun peut agir en toute connaissance de cause pour faire respecter ses droits et obtenir réparation lorsque cela est juridiquement fondé.

FAQ

1️⃣ Qu’est-ce que la rétrofacturation et pourquoi est-elle importante pour le consommateur ?
La rétrofacturation, ou chargeback, est un mécanisme prévu par le Code monétaire et financier permettant au titulaire d’une carte bancaire de contester une opération de paiement non autorisée, mal exécutée ou frauduleuse. Elle est importante car elle constitue un moyen direct de récupérer des fonds débités à tort, notamment en cas de vol de carte, piratage, escroquerie en ligne ou service non conforme. Elle déroge ainsi au principe de l’irrévocabilité de l’ordre de paiement posé par l’article L. 133-8 CMF. Son efficacité repose sur la réactivité du consommateur et la connaissance des textes de référence comme les articles L. 133-17 et suivants du CMF.

2️⃣ Dans quels délais faut-il engager une demande de rétrofacturation ?
Les délais pour agir varient selon la nature du litige. En cas de débit frauduleux ou d’opération non autorisée, le client dispose de 13 mois à compter de la date de débit pour contester (art. L. 133-24 CMF). Pour une opération autorisée mais dont le montant est supérieur à celui consenti, le délai est réduit à 8 semaines après le débit (art. L. 133-25 CMF). Attention : pour un abonnement dissimulé, la contestation doit être adressée rapidement à la banque dès constatation du débit, dans la limite de ces délais. Passé ce délai, le droit au remboursement peut être perdu.

3️⃣ Quelles preuves fournir pour appuyer une demande de chargeback ?
Pour qu’une banque accepte une rétrofacturation, le consommateur doit joindre toutes les pièces justificatives démontrant le caractère non autorisé ou frauduleux du paiement. Il s’agit par exemple de captures d’écran des échanges avec le vendeur, d’un accusé de non-livraison, de la copie d’une plainte pour vol ou fraude, d’une facture ou de toute correspondance montrant le non-respect du contrat. La banque peut exiger le remplissage d’un formulaire spécifique précisant la date de l’opération, le montant contesté et le motif du désaccord. Sans ces justificatifs, la demande a peu de chances d’aboutir.

4️⃣ Que faire si la banque refuse de procéder au remboursement ?
Si la banque rejette la demande de rétrofacturation, le consommateur ne doit pas rester sans réaction. Il peut d’abord adresser une mise en demeure écrite rappelant ses droits et les articles du Code monétaire et financier. En cas d’échec, un recours auprès du médiateur bancaire est possible (art. L. 316-1 CMF) ; ses coordonnées figurent dans la convention de compte. En dernier ressort, le consommateur peut saisir le Tribunal judiciaire pour réclamer le remboursement. Pour un litige inférieur à 10 000 euros, la représentation par avocat est facultative (art. 761 CPC).

5️⃣ Peut-on utiliser la rétrofacturation pour des achats effectués à l’étranger ?
Oui, sous conditions. Beaucoup de contrats de cartes bancaires prévoient une garantie de rétrofacturation même pour des transactions réalisées auprès de commerçants étrangers, notamment dans l’Espace Économique Européen (UE + Islande, Liechtenstein, Norvège). Il est donc essentiel de lire attentivement les conditions générales de votre carte. Si la clause le permet, le consommateur peut contester une opération internationale non autorisée ou une prestation non conforme, dans le respect des délais fixés par le Code monétaire et financier et les règles du réseau Visa, Mastercard ou American Express.

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