Travail

Reconnaître et agir face au harcèlement au travail : ce que dit la loi

Estelle Marant
Collaboratrice
Partager

Harcèlement au bureau ou en télétravail : comment se défendre avec la loi

Le harcèlement au travail constitue une atteinte directe à la dignité des salariés et un obstacle majeur à l’épanouissement professionnel. Qu’il soit moral ou sexuel, il fragilise la santé mentale et physique des travailleurs, altère les relations au sein de l’entreprise, et peut compromettre durablement le parcours professionnel des victimes.

Le législateur français, conscient de la gravité de ces comportements, a instauré un arsenal juridique rigoureux, tant sur le plan pénal que social, pour prévenir, réprimer et réparer les situations de harcèlement.

Il est donc essentiel de comprendre les contours juridiques de cette infraction, d’en identifier les manifestations concrètes et de connaître les recours légaux à la disposition des victimes.

Cet article, proposé par defendstesdroits.fr, vous apporte un éclairage juridique complet, appuyé sur les textes de loi en vigueur et les solutions accessibles aux justiciables.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Définition juridique du harcèlement au travail
  3. Harcèlement moral : une répétition de comportements dégradants
  4. Harcèlement sexuel : des comportements à connotation sexuelle ou sexiste
  5. Exemples concrets de harcèlement professionnel
  6. Droits des victimes et recours possibles
  7. FAQ

Définition juridique du harcèlement au travail

Le harcèlement au travail constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux des salariés, protégés par le Code du travail et le Code pénal. Il peut être moral ou sexuel, chacun correspondant à des comportements distincts mais également sanctionnés par la loi.

Harcèlement moral : une répétition de comportements dégradants

Le harcèlement moral est défini à l’article L. 1152-1 du Code du travail comme des « agissements répétés » ayant pour effet une dégradation des conditions de travail. Ces agissements peuvent :

  • Porter atteinte à la dignité du salarié,
  • Altérer sa santé physique ou mentale,
  • Compromettre son avenir professionnel.

Sur le plan pénal, l’article 222-33-2 du Code pénal incrimine également ce comportement, le qualifiant de délit puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende.

La jurisprudence retient que les comportements doivent être répétés, même s’ils émanent de collègues n’ayant aucun lien hiérarchique avec la victime (Cass. soc., 10 nov. 2009, n° 07-45.321).

Harcèlement sexuel : des comportements à connotation sexuelle ou sexiste

Le harcèlement sexuel est visé par l’article 222-33 du Code pénal, qui le définit comme le fait d’imposer à une personne, de façon répétée, des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste qui :

  • Portent atteinte à sa dignité,
  • Créent une ambiance intimidante, humiliante ou offensante.

Le harcèlement sexuel est puni de 2 ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. La peine est portée à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende si les faits sont commis :

  • Sur un mineur de moins de 15 ans,
  • Par un supérieur hiérarchique ou une personne en position d’autorité,
  • Par le biais de moyens numériques (e-mails, messages, réseaux sociaux),
  • Ou à l’égard d’une personne vulnérable.

Exemples concrets de harcèlement professionnel

La loi et la jurisprudence reconnaissent des situations variées comme pouvant constituer du harcèlement. Voici quelques illustrations courantes :

  • Critiques systématiques et dévalorisation publique ou privée d’un salarié,
  • Remarques à caractère sexuel ou demandes intrusives sur la vie privée,
  • Sanctions injustifiées, mutations abusives, ou suppression de responsabilités,
  • Sollicitations récurrentes en dehors du temps de travail, notamment par mail ou SMS,
  • Organisation de réunions dans des lieux inappropriés à connotation sexuelle ou intimidante.

Il est à noter que la répétition des faits est un critère indispensable pour qualifier juridiquement un harcèlement, contrairement à une injure ou outrage isolé, qui relèvera plutôt des articles R. 625-8-1 (injure discriminatoire) ou 621-1 du Code pénal (outrage sexiste).

En cas de contact physique imposé à caractère sexuel, les faits relèvent de l’agression sexuelle, infraction définie à l’article 222-22 du Code pénal.

Droits des victimes et recours possibles

Recours internes dans l’entreprise

Demande de médiation

Conformément à larticle L. 1152-6 du Code du travail, toute personne concernée par une situation de harcèlement peut initier une procédure de médiation. Celle-ci nécessite l’accord des deux parties sur le choix du médiateur.

Enquête interne par l’employeur

L’article L. 4121-1 du Code du travail impose à l’employeur une obligation de sécurité envers ses salariés. À ce titre, il doit diligenter une enquête interne dès qu’il est informé de faits de harcèlement, afin d’évaluer les risques et, le cas échéant, prendre des mesures disciplinaires prévues par l’article L. 1152-5 du Code du travail.

Intervention du CSE

Le salarié peut également se tourner vers le comité social et économique (CSE), et plus particulièrement vers le référent harcèlement sexuel prévu à l’article L. 2314-1 du Code du travail. Ce référent est chargé de recueillir les éléments et d’alerter sur les faits pour permettre une enquête adaptée.

Recours externes et contentieux judiciaire

Action devant le conseil de prud’hommes

La victime peut saisir le conseil de prud’hommes pour obtenir la reconnaissance du harcèlement et la réparation du préjudice subi. Le salarié n’a pas à apporter la preuve directe du harcèlement, mais des éléments laissant supposer son existence, l’employeur devant alors démontrer que ces faits ne sont pas constitutifs de harcèlement.

Plainte au pénal

Parallèlement, une plainte pénale peut être déposée auprès du commissariat ou de la gendarmerie. Cette plainte peut aboutir à une enquête et, en cas de preuves suffisantes, à une condamnation pénale de l’auteur.

Protection contre les représailles

Aucune mesure défavorable ne peut être prise à l’encontre d’un salarié ayant refusé de subir ou dénoncé un harcèlement. En cas de licenciement ou sanction, l’acte peut être annulé par le juge comme étant discriminatoire.

Assistance par un avocat

Il est recommandé à la victime d’être assistée par un avocat en droit du travail, en particulier dans le cadre d’une procédure judiciaire. L'avocat peut aider à constituer un dossier probatoire solide (témoignages, mails, certificats médicaux) et à évaluer le préjudice moral, professionnel ou physique.

(Le développement continue avec les obligations de l’employeur en matière de formation et prévention, la prescription des actions en justice, les possibilités d’indemnisation, et les spécificités liées à la fonction publique ou au télétravail...)

Conclusion

Face au harcèlement au travail, la loi offre aux victimes des leviers d’action multiples : recours internes, actions judiciaires, protection contre les représailles, sanctions disciplinaires et pénales à l’encontre des auteurs.

Il appartient à chaque salarié confronté à une situation de harcèlement de ne pas rester isolé, de documenter les faits et de faire valoir ses droits auprès des instances compétentes.

L’accompagnement par des professionnels du droit permet de sécuriser les démarches et d’obtenir réparation du préjudice subi. Pour approfondir vos connaissances, obtenir des modèles de courriers ou contacter un avocat, rendez-vous sur defendstesdroits.fr.

FAQ

1. Comment la loi définit-elle le harcèlement moral au travail ?

Le harcèlement moral est défini par l’article L. 1152-1 du Code du travail et l’article 222-33-2 du Code pénal. Il s’agit d’agissements répétés ayant pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits, à la dignité, ou à la santé physique ou mentale du salarié, ou de compromettre son avenir professionnel. Ces comportements peuvent émaner d’un supérieur hiérarchique, d’un collègue ou de toute autre personne dans l’environnement professionnel. La répétition est un critère essentiel : un fait isolé, aussi grave soit-il, ne suffit pas à caractériser le harcèlement moral.

2. Qu’est-ce qui caractérise un harcèlement sexuel en entreprise ?

Le harcèlement sexuel, selon l’article 222-33 du Code pénal, se manifeste par des propos ou comportements à connotation sexuelle ou sexiste répétés, ou dans certains cas même par un acte unique particulièrement grave, qui ont pour objet ou pour effet :

  • de porter atteinte à la dignité du salarié,
  • de créer un environnement hostile, intimidant ou offensant.

La loi sanctionne plus sévèrement les faits commis par un supérieur hiérarchique, ou à l’encontre d’un mineur, d’une personne vulnérable, ou si les actes ont lieu via des outils numériques (emails, réseaux sociaux...). La peine peut alors atteindre 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende.

3. Quels comportements peuvent être reconnus comme harcèlement au travail ?

La jurisprudence et la loi reconnaissent de nombreuses situations pouvant constituer du harcèlement, moral ou sexuel. Il peut s’agir :

  • de critiques humiliantes ou systématiques,
  • de remarques à connotation sexuelle, sexiste ou intime,
  • de changements de poste ou d’horaires punitifs,
  • de sollicitations récurrentes hors temps de travail,
  • d’exclusion professionnelle injustifiée,
  • d’envoi de messages inappropriés, ou d’organisation de réunions dans des contextes intimidants.

Ce ne sont pas nécessairement des actes physiques : des paroles, mails, attitudes peuvent suffire si elles s’inscrivent dans la répétition et produisent des effets nuisibles sur la victime.

4. Que faire si l’on est victime de harcèlement au travail ?

Un salarié victime peut engager plusieurs types de recours, selon les circonstances :

  • Procédures internes : médiation (article L. 1152-6 du Code du travail), alerte au CSE (notamment au référent harcèlement sexuel – article L. 2314-1), et enquête RH obligatoire (article L. 4121-1).
  • Action prud’homale : pour obtenir réparation du préjudice moral et des éventuels manquements de l’employeur à son obligation de sécurité.
  • Plainte pénale : le harcèlement étant un délit, la victime peut porter plainte afin de déclencher une enquête judiciaire.

Il est également recommandé de conserver tous les éléments de preuve (messages, témoignages, certificats médicaux) et de se faire accompagner par un avocat en droit du travail pour structurer efficacement sa défense.

5. L’employeur peut-il être sanctionné en cas d’inaction face au harcèlement ?

Oui. L’employeur a une obligation de prévention des risques professionnels et de protection de la santé de ses salariés, au titre de l’article L. 4121-1 du Code du travail. En cas de harcèlement avéré ou même simplement signalé, il est tenu de réagir immédiatement : lancer une enquête, prendre des mesures conservatoires, voire sanctionner le harceleur. En cas d’inaction ou de traitement insuffisant, sa responsabilité civile et pénale peut être engagée. Il peut être condamné à indemniser la victime pour manquement à son obligation de sécurité.

Articles Récents

Besoin d'aide ?

Nos équipes sont là pour vous guider !

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.