Fiscal

Redressement Urssaf : comment réagir et exercer ses droits

Francois Hagege
Fondateur
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Contrôle Urssaf : étapes, obligations et contestation

Le contrôle Urssaf constitue une procédure encadrée par le Code de la sécurité sociale, qui vise à s’assurer de la bonne application des règles relatives au recouvrement des cotisations sociales. Ces cotisations, dues par les employeurs et travailleurs indépendants, garantissent le financement de la protection sociale en France. Qu’il s’agisse d’une grande entreprise, d’un artisan, d’une association ou même d’un particulier employeur, nul n’échappe à la possibilité d’un contrôle, dès lors qu’il est redevable de cotisations sociales (article L213-1 du Code de la sécurité sociale).

Si l’Urssaf dispose d’un pouvoir de vérification et de redressement, l’entreprise contrôlée n’est pas démunie : elle bénéficie de droits spécifiques, rappelés dans la charte du cotisant contrôlé prévue à l’article R243-59 du Code de la sécurité sociale. Cette charte, régulièrement actualisée (dernière mise à jour au 1er janvier 2024), est opposable à l’organisme et offre des garanties de transparence et d’équilibre entre l’administration et le cotisant.

La procédure est strictement organisée : notification d’un avis de contrôle, respect d’un délai minimal de 30 jours, possibilité de présenter des observations dans un cadre contradictoire, et recours devant la Commission de recours amiable (CRA) ou le pôle social du tribunal judiciaire en cas de contestation. L’entreprise conserve le droit d’être assistée par un conseil de son choix, ce qui lui permet de préparer sa défense de manière éclairée.

Cependant, le contrôle peut déboucher sur des conséquences financières lourdes : redressement de cotisations, application de majorations de retard (article R243-18 du Code de la sécurité sociale), voire sanctions spécifiques en cas de constat de travail dissimulé. D’où l’importance, pour tout dirigeant, de connaître les règles applicables, les délais à respecter et les moyens de recours dont il dispose.

Le contrôle Urssaf ne doit pas être appréhendé comme une sanction automatique mais comme une procédure où le dialogue contradictoire est essentiel. Bien informée de ses droits, l’entreprise est mieux armée pour répondre aux observations, solliciter une régularisation ou engager une contestation.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Qui peut faire l’objet d’un contrôle Urssaf ?
  3. Vérification des déclarations et obligations de l’employeur
  4. Déroulement de la procédure de contrôle Urssaf
  5. Régularisation des cotisations et conséquences financières
  6. Les voies de contestation
  7. La médiation Urssaf : une alternative au contentieux
  8. Conclusion

Qui peut faire l’objet d’un contrôle Urssaf ?

Le contrôle Urssaf concerne toute personne tenue de verser des cotisations sociales ou de produire des déclarations sociales. Peuvent donc être concernés :

  • les entreprises, quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité ;
  • les travailleurs indépendants, y compris les micro-entrepreneurs ;
  • les associations ;
  • les particuliers employeurs ;
  • les professionnels de santé.

L’article L213-1 du Code de la sécurité sociale confie à l’Urssaf une mission de recouvrement des cotisations sociales pour assurer le financement de la sécurité sociale. Toute personne relevant de cette législation peut ainsi être contrôlée.

Vérification des déclarations de l’employeur-cotisant

L’Urssaf dispose d’un pouvoir de vérification afin d’assurer la conformité des déclarations aux dispositions légales. Elle peut examiner :

  • les documents transmis (déclarations sociales, bulletins de paie, justificatifs) ;
  • la période concernée par ces déclarations ;
  • les modalités de calcul des cotisations.

En cas d’irrégularité, l’organisme notifie ses observations au cotisant. Ce dernier dispose d’un délai de 30 jours pour répondre et peut se faire assister par un conseil (article R243-59-9 du Code de la sécurité sociale). L’information peut désormais être communiquée par tout moyen conférant date certaine, et plus seulement par lettre recommandée.

Comment se déroule la procédure de contrôle Urssaf ?

L’avis de contrôle

L’entreprise reçoit un avis de contrôle au moins 30 jours avant la première intervention de l’inspecteur (article R243-59-I du Code de la sécurité sociale). Depuis avril 2023, ce délai a été porté de 15 à 30 jours afin de renforcer les droits du cotisant.

L’avis mentionne également l’existence de la charte du cotisant contrôlé, document opposable qui détaille les droits et obligations des parties pendant le contrôle. Cette charte a été actualisée au 1er janvier 2024 (arrêté du 30 janvier 2024).

La lettre d’observations

À l’issue du contrôle, une lettre d’observations est remise. Elle indique :

  • l’objet du contrôle,
  • la période vérifiée,
  • les documents consultés,
  • les éventuelles irrégularités constatées.

Cette lettre doit être motivée et signée par l’agent. À compter de sa réception, l’entreprise dispose de 30 jours pour répondre. Le délai peut être prolongé jusqu’à 60 jours sur demande (article R243-59-III).

La période contradictoire

Durant ce délai, l’entreprise peut présenter ses arguments et produire des pièces justificatives. L’inspecteur est alors tenu de répondre de manière motivée à chaque observation.

Régularisation des cotisations et contributions

Lorsque des erreurs sont constatées, l’entreprise doit régulariser ses déclarations et verser le complément de cotisations dû (article R243-10 du Code de la sécurité sociale).

Les majorations de retard ne s’appliquent pas si :

  • la régularisation est effectuée lors de la première échéance suivant la déclaration initiale ;
  • le redressement représente moins de 5 % des cotisations dues.

En revanche, en cas de travail dissimulé ou d’inexactitudes répétées, les pénalités restent applicables.

L’avertissement et la mise en demeure

Avant toute procédure de recouvrement forcé, l’Urssaf doit adresser au cotisant :

  • soit un avertissement, lorsqu’il agit à la demande du ministère public (article L244-1 du Code de la sécurité sociale) ;
  • soit une mise en demeure, lorsqu’il agit de sa propre initiative ou par toute autre autorité compétente (article R244-1).

Ces actes doivent mentionner précisément la nature, la cause et le montant des sommes réclamées, ainsi que les majorations applicables.

Les majorations de retard

Le paiement tardif des cotisations entraîne :

  • une majoration de 5 % (article R243-18 du Code de la sécurité sociale) ;
  • une majoration complémentaire de 0,2 % par mois de retard.

Une remise gracieuse peut être accordée, sauf en cas de constat de travail dissimulé (article R243-20). Cette demande de remise peut être formulée même sans preuve de bonne foi.

La contestation devant la Commission de recours amiable (CRA)

L’entreprise qui conteste un redressement doit saisir la CRA dans un délai de 2 mois suivant la notification (article R142-1 du Code de la sécurité sociale).

La procédure est gratuite. La commission rend un avis qui sera transmis à l’organisme de recouvrement pour décision. En cas d’absence de réponse dans les deux mois, l’entreprise peut saisir directement le pôle social du tribunal judiciaire.

Attention : si la CRA n’est pas saisie dans les délais, la décision de l’Urssaf devient définitive.

La médiation de l’Urssaf

En complément des recours, l’entreprise peut saisir le médiateur de l’Urssaf (article L217-7-1 du Code de la sécurité sociale). Cette procédure est gratuite, confidentielle et vise à favoriser une solution amiable.

La saisine est possible si :

  • une réclamation préalable a été adressée à l’Urssaf,
  • la réponse a été jugée insatisfaisante ou est restée sans suite pendant plus d’un mois.

En revanche, le médiateur ne peut pas être saisi si un recours contentieux est déjà engagé devant le tribunal.

L’ouverture d’une médiation suspend les délais de traitement internes, mais pas ceux de la saisine de la CRA : il est donc important de rester vigilant pour ne pas perdre ses droits à contestation.

Conclusion

Le contrôle Urssaf illustre l’équilibre nécessaire entre l’obligation pour l’État d’assurer le financement du système de sécurité sociale et le droit à la défense reconnu aux cotisants. Loin d’être une simple formalité administrative, il engage directement la responsabilité financière de l’entreprise et peut avoir des impacts significatifs sur sa trésorerie et sa gestion.

Connaître ses droits, tels que garantis par la charte du cotisant contrôlé et les dispositions du Code de la sécurité sociale, constitue une protection indispensable. L’entreprise contrôlée doit s’appuyer sur le respect des délais, la précision des observations formulées et la possibilité de répondre dans le cadre de la période contradictoire. En cas de désaccord persistant, elle dispose de recours gratuits et encadrés, d’abord devant la Commission de recours amiable, puis devant le juge judiciaire.

Au-delà des mécanismes de contestation, la procédure offre également des solutions alternatives, comme la médiation Urssaf, qui permet d’instaurer un dialogue et d’éviter un contentieux lourd. Cette voie amiable, régie par une charte d’éthique et fondée sur l’impartialité, constitue une option intéressante pour les entreprises cherchant à préserver une relation constructive avec l’organisme de recouvrement.

Finalement, le contrôle Urssaf ne doit pas être perçu uniquement comme une contrainte, mais comme une étape où la vigilance et la bonne connaissance de ses droits peuvent transformer une situation potentiellement conflictuelle en une occasion de sécuriser ses pratiques et de renforcer la conformité sociale de l’entreprise.

FAQ

1. Qui peut faire l’objet d’un contrôle Urssaf et dans quelles circonstances ?
Le contrôle Urssaf concerne toutes les structures tenues de verser des cotisations sociales : entreprises, travailleurs indépendants, micro-entrepreneurs, associations, professions libérales et même les particuliers employeurs. En vertu de l’article L213-1 du Code de la sécurité sociale, l’Urssaf a pour mission de s’assurer de la conformité des déclarations et du paiement des cotisations.
Le déclenchement d’un contrôle peut avoir plusieurs causes : aléatoire, lié à une anomalie détectée dans les déclarations, ou encore déclenché par un signalement.
Exemple : une discordance entre les déclarations sociales et fiscales peut justifier l’ouverture d’un contrôle.

2. Quels sont les droits de l’entreprise au cours d’un contrôle Urssaf ?
L’entreprise bénéficie de garanties procédurales importantes :

  • réception d’un avis de contrôle au moins 30 jours avant la première intervention (article R243-59 du Code de la sécurité sociale) ;
  • remise de la charte du cotisant contrôlé, opposable à l’Urssaf et actualisée au 1er janvier 2024 ;
  • droit d’être assistée par le conseil de son choix (expert-comptable, avocat, juriste) ;
  • possibilité de présenter des observations écrites dans un délai de 30 jours, prolongeable à 60 jours.

Ces droits permettent au cotisant de se défendre et d’éviter des irrégularités de procédure qui pourraient rendre le redressement nul.
Exemple : si l’avis de contrôle n’est pas notifié dans le délai légal, la procédure peut être contestée.

3. Quelles sont les conséquences financières d’un redressement Urssaf ?
Le redressement entraîne le paiement des cotisations sociales et contributions dues, assorties de pénalités. L’article R243-18 prévoit :

  • une majoration forfaitaire de 5 %,
  • une majoration complémentaire de 0,2 % par mois de retard.

Toutefois, une remise gracieuse des majorations peut être accordée, sauf en cas de travail dissimulé (article R243-20).
Exemple : une entreprise qui régularise spontanément une erreur de déclaration avant la première échéance suivante peut éviter les pénalités.

4. Comment contester une décision de l’Urssaf après un contrôle ?
La contestation suit une procédure précise :

  1. Saisine de la Commission de recours amiable (CRA) dans un délai de 2 mois à compter de la notification de la mise en demeure (article R142-1). La procédure est gratuite et permet une révision de la décision.
  2. En cas de rejet ou d’absence de réponse dans un délai de 2 mois, l’entreprise peut saisir le pôle social du tribunal judiciaire, compétent en matière de contentieux de la sécurité sociale.

Exemple : si l’Urssaf requalifie un contrat en travail salarié, l’entreprise peut contester devant la CRA, puis devant le tribunal si la décision est maintenue.

5. Qu’est-ce que la médiation Urssaf et pourquoi y recourir ?
La médiation Urssaf, prévue par l’article L217-7-1 du Code de la sécurité sociale, est une procédure amiable permettant de résoudre un différend sans passer par le juge. Elle est gratuite, impartiale et confidentielle.
Elle peut être sollicitée lorsque :

  • une réclamation a été formulée et est restée sans réponse satisfaisante,
  • un désaccord persiste sur l’interprétation des règles ou sur le déroulement du contrôle.

La saisine du médiateur suspend certains délais internes, mais pas ceux pour saisir la CRA. Il est donc conseillé de rester vigilant pour préserver ses droits.
Exemple : une entreprise contestant un montant de cotisations réclamé après un échange insatisfaisant avec l’Urssaf peut saisir le médiateur afin de trouver une solution équilibrée.

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