Assurance

Refus d’indemnisation par l’assurance : comment contester l’expertise ?

Jordan Alvarez
Editeur
Partager

Assurance et sinistre : démarches si l’expert refuse la prise en charge

Lorsqu’un sinistre survient (accident automobile, dégât des eaux, incendie…), la première étape pour l’assuré consiste à le déclarer à son assurance. Conformément à l’article L. 113-2 du Code des assurances, cette déclaration doit intervenir dans un délai de cinq jours ouvrés à compter de l’événement. L’assureur, pour évaluer l’ampleur du dommage et décider du montant de l’indemnisation, peut alors mandater un expert d’assurance.

Mais il arrive que cet expert conclue au refus de prise en charge ou propose une indemnisation que l’assuré juge trop faible. Face à ce rapport contesté, il est essentiel de connaître les recours disponibles pour défendre ses droits et obtenir réparation.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Le rapport préliminaire et d’expertise de l’assureur après sinistre
  3. Comment contester l’avis d’un expert d’assurance
  4. Quels recours si la seconde expertise est contestée par l’assurance
  5. Régler un litige avec son assureur : médiation, résiliation et action en justice
  6. Conclusion

Le rapport d’expertise de l’assureur : un document déterminant

L’article L. 113-5 du Code des assurances impose à l’assureur d’indemniser son assuré lorsque le sinistre est couvert par le contrat. Pour justifier sa position, il peut produire un rapport d’expertise, établi par un professionnel qu’il mandate.

Ce rapport peut être :

  • préliminaire, visant à déterminer les mesures conservatoires urgentes ;
  • définitif, détaillant les circonstances du sinistre, les dommages constatés et le montant de l’indemnité.

En pratique, ce rapport fonde la décision de l’assurance. Ainsi, en cas de refus d’indemnisation, l’assureur doit être en mesure de communiquer ce document à l’assuré.

💡 À savoir : en matière automobile, l’expert a l’obligation de transmettre une copie de ses conclusions écrites au propriétaire du véhicule sinistré.

Contester l’avis d’un expert d’assurance

Un assuré n’est jamais lié par les conclusions de l’expert mandaté par sa compagnie. Lorsqu’il estime que le rapport ne reflète pas la réalité des dommages, il peut :

La négociation directe

L’assuré peut d’abord tenter de négocier avec l’assureur, en produisant ses propres justificatifs (factures, devis de réparation, constats). Cette phase amiable est souvent recommandée avant d’envisager une procédure plus lourde.

La contre-expertise amiable

Conformément à l’article L. 125-2 du Code des assurances, l’assuré peut mandater un autre expert indépendant. Cette contre-expertise est réalisée à ses frais, sauf si le contrat prévoit une prise en charge partielle ou totale de ces honoraires.

L’assuré doit informer l’assurance de cette démarche par lettre recommandée avec accusé de réception. L’expert choisi doit être agréé et inscrit sur la liste nationale des experts automobiles ou bâtiments selon la nature du sinistre.

L’expertise judiciaire

Si le désaccord persiste, l’assuré peut saisir le tribunal judiciaire. Le juge ordonnera alors une expertise judiciaire. Lorsque le litige porte sur une demande inférieure à 5 000 euros, une tentative de médiation ou de conciliation est obligatoire avant la saisine.

Les délais pour agir

La contestation d’un rapport d’expertise doit respecter les délais fixés par le Code des assurances :

  • 2 ans à compter du sinistre pour agir contre l’assureur ;
  • 5 jours ouvrés pour déclarer le sinistre à l’assurance.

Tout dépassement de délai peut entraîner la déchéance du droit à indemnisation, sauf cas de force majeure.

Quels recours si la seconde expertise est refusée par l’assurance ?

Lorsque la compagnie d’assurance rejette les conclusions d’une contre-expertise, l’assuré n’a d’autre choix que de porter l’affaire devant le tribunal judiciaire compétent. Le tribunal du domicile de l’assuré est compétent, sauf dispositions particulières.

💡 Bon à savoir : si le refus d’indemnisation persiste, l’assuré peut également invoquer la loi Hamon du 17 mars 2014, qui permet de résilier son contrat après un an de souscription, afin de changer d’assurance pour un contrat plus protecteur.

Règlement d’un litige avec son assurance

Plusieurs voies sont ouvertes à l’assuré :

  • La mise en demeure, adressée par recommandé avec AR, pour exiger l’exécution du contrat et le remboursement dû ;
  • La saisine du médiateur de l’assurance, un recours gratuit et extrajudiciaire permettant de résoudre certains litiges ;
  • L’action judiciaire, qui reste l’ultime recours si toutes les tentatives amiables échouent.

Conclusion

En matière d’assurance, le rapport d’expertise constitue bien souvent la clé de voûte du processus d’indemnisation. Pourtant, il ne s’agit pas d’un document infaillible et les assurés doivent garder à l’esprit qu’ils disposent de recours multiples en cas de désaccord. Qu’il s’agisse d’une contre-expertise amiable, d’une expertise judiciaire ou encore du recours au médiateur de l’assurance, les outils mis à disposition par le droit visent à rétablir l’équilibre entre l’assuré et sa compagnie.

Le cadre juridique, largement balisé par le Code des assurances et par la jurisprudence, rappelle avec force que l’assureur reste tenu par son obligation principale : indemniser son assuré lorsque le sinistre entre dans le champ de la garantie souscrite. L’assuré, de son côté, doit veiller à respecter les délais légaux (déclaration sous 5 jours, action en contestation dans les 2 ans) afin de préserver ses droits.

Dans un contexte où les litiges entre assurés et assureurs sont de plus en plus fréquents, la vigilance et la réactivité sont déterminantes. Ne pas se laisser intimider par un premier refus de prise en charge, se faire accompagner par un professionnel du droit ou un expert indépendant, et recourir aux juridictions lorsque cela s’impose, constituent autant de démarches qui permettent à l’assuré de faire valoir ses droits.

Ainsi, face à une décision contestable de l’expert d’assurance, la véritable arme de l’assuré réside dans sa capacité à utiliser les recours juridiques existants, à documenter son dossier et à ne pas hésiter à faire valoir la force obligatoire du contrat qui le lie à son assureur.

FAQ

1. Peut-on contester un rapport d’expertise d’assurance et dans quelles conditions ?
Oui, l’assuré peut tout à fait contester le rapport d’expertise lorsque celui-ci lui semble incomplet, imprécis ou manifestement défavorable. Conformément à l’article L.125-2 du Code des assurances, il est possible de demander une contre-expertise menée par un expert indépendant. Cette démarche permet d’apporter une évaluation contradictoire du sinistre, qu’il s’agisse d’un accident de la route ou d’un dégât dans un logement. Pour être recevable, la contestation doit être étayée par des arguments précis et, si possible, par des éléments matériels (factures, devis, photographies, attestations).

2. Quel est le délai légal pour contester un refus de prise en charge de son assurance ?
L’article L.114-1 du Code des assurances fixe un délai de 2 ans pour engager une action contre un assureur après un sinistre. Ce délai court généralement à compter de la date de l’événement ou de sa découverte. Toutefois, certaines situations spécifiques peuvent modifier ce point de départ : par exemple, en cas de mauvaise foi de l’assureur ou de dissimulation d’informations, le délai peut être suspendu. Il est donc conseillé d’agir rapidement, car l’expiration du délai rend l’action irrecevable devant le tribunal.

3. Qui supporte les frais d’une contre-expertise d’assurance ?
En principe, les frais de contre-expertise sont à la charge de l’assuré, conformément au principe selon lequel "qui demande, paie". Toutefois, certains contrats d’assurance prévoient une clause spécifique appelée « garantie honoraires d’expert », qui permet de prendre en charge tout ou partie de ces frais. Selon l’importance du litige et la complexité technique, la facture peut varier entre 300 € et 1 500 € pour une expertise automobile, et davantage en cas de dommages immobiliers. Avant de mandater un expert, il est donc indispensable de vérifier les conditions générales de son contrat et de demander un devis précis au professionnel choisi.

4. Que faire si l’assureur refuse d’accepter la seconde expertise contradictoire ?
Lorsque l’assureur rejette les conclusions d’une contre-expertise, l’assuré peut alors saisir le Tribunal judiciaire (art. L.211-3 du Code de l’organisation judiciaire). Le juge a le pouvoir d’ordonner une expertise judiciaire, menée par un expert inscrit sur la liste des experts judiciaires près la Cour d’appel. Cette expertise, qui se déroule sous le contrôle du magistrat, possède une valeur probante supérieure aux expertises amiables. Elle s’impose en général aux deux parties, même si l’assureur peut encore exercer des voies de recours contre la décision finale.

5. Quelles solutions amiables existent avant d’engager une action en justice contre l’assurance ?
Avant de saisir le tribunal, il est fortement recommandé d’explorer les voies amiables. L’assuré peut d’abord tenter une négociation directe avec son assureur ou avec l’expert mandaté, en apportant de nouvelles preuves. Si aucun accord n’est trouvé, il peut recourir à la médiation de l’assurance, un dispositif gratuit prévu par le Code de la consommation. Le médiateur, indépendant, émet un avis motivé qui, même s’il n’a pas de force contraignante, pousse souvent l’assureur à revoir sa position. En outre, il est possible de solliciter un commissaire de justice (ancien huissier) pour organiser une expertise contradictoire officielle. Ces démarches permettent souvent de résoudre un litige sans engager immédiatement une procédure longue et coûteuse.

Articles Récents

Besoin d'aide ?

Nos équipes sont là pour vous guider !

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.