Travail

Visite médicale de pré-reprise : fonctionnement et utilité pour les salariés

Francois Hagege
Fondateur
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Visite de pré-reprise et maintien dans l’emploi : droits et obligations

Un arrêt de travail prolongé bouleverse souvent la vie professionnelle du salarié. Outre la perte de rythme, il peut générer des inquiétudes légitimes quant à la reprise du poste : l’état de santé est-il compatible avec les tâches habituelles ?

Faut-il prévoir un aménagement ? Une formation est-elle nécessaire pour une réorientation ? Le Code du travail, dans ses articles L4624-2-4 et R4624-29 et suivants, a prévu un dispositif spécifique : la visite de pré-reprise.

Cet examen médical, conduit par le médecin du travail alors que le salarié est encore en arrêt, constitue un levier de prévention. Son objectif est de préparer le retour à l’emploi, de favoriser le maintien du salarié dans l’entreprise et, le cas échéant, d’anticiper un reclassement.

Cette démarche peut concerner tout arrêt de plus de 30 jours, qu’il soit lié à une maladie professionnelle, à un accident du travail ou à une affection non professionnelle.

Loin d’être un simple rendez-vous médical, la visite de pré-reprise permet de mobiliser plusieurs acteurs – salarié, médecin du travail, médecin traitant, employeur, médecin conseil de la CPAM – autour d’un projet de reprise sécurisé. Elle constitue donc une étape stratégique qui, sans être obligatoire, peut s’avérer déterminante pour éviter les ruptures brutales de contrat ou les situations d’inaptitude.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Qu’est-ce qu’une visite médicale de pré-reprise ?
  3. Quand organiser une visite de pré-reprise ?
  4. Qui peut demander la visite de pré-reprise ?
  5. Comment demander une visite de pré-reprise ?
  6. Conclusion

Qu’est-ce qu’une visite médicale de pré-reprise ?

Définition et finalité

La visite de pré-reprise est un examen médical réalisé par le médecin du travail alors que le salarié est encore en arrêt. Elle vise à préparer son retour dans l’entreprise, conformément à l’article R4624-29 du Code du travail.

Le médecin du travail peut formuler des recommandations, notamment :

  • des aménagements du poste de travail (horaires, ergonomie, matériel adapté),
  • des préconisations de reclassement,
  • des formations professionnelles en vue d’une réorientation.

Ces préconisations sont transmises à l’employeur et au médecin conseil de la CPAM, sauf opposition du salarié.

Quand organiser une visite de pré-reprise ?

Depuis le décret n°2022-372 du 16 mars 2022, la visite de pré-reprise peut être sollicitée dès lors que l’arrêt de travail excède 30 jours consécutifs. Avant cette réforme, elle n’était possible qu’après 3 mois d’arrêt, ce qui retardait souvent la préparation du retour en emploi. Cette évolution vise donc à anticiper plus tôt les difficultés liées à la reprise et à renforcer la prévention des risques de désinsertion professionnelle.

La visite de pré-reprise concerne tous les types d’arrêts :

  • les arrêts pour maladie professionnelle,
  • les arrêts pour accident du travail,
  • les arrêts pour maladie non professionnelle.

Elle doit obligatoirement être réalisée avant la fin de l’arrêt de travail, à l’initiative du salarié ou des acteurs de santé. Elle n’a aucune incidence sur la durée de l’arrêt ni sur l’indemnisation perçue. Autrement dit, même si la visite a lieu, le salarié continue à bénéficier de son arrêt jusqu’à la date fixée par son médecin traitant.

L’objectif est clair : préparer en amont les conditions de la reprise. Le médecin du travail peut, par exemple, recommander un aménagement du poste, un passage temporaire à temps partiel thérapeutique ou un reclassement si l’état de santé ne permet plus l’exercice des fonctions initiales.

À noter : la visite de pré-reprise ne remplace pas la visite médicale de reprise, qui, elle, est obligatoire. Conformément à l’article L4624-2-4 du Code du travail, cette dernière doit avoir lieu dans les 8 jours suivant la reprise effective du travail. Elle seule permet de constater officiellement l’aptitude, l’aptitude avec réserves ou l’inaptitude du salarié à son poste.

Qui peut demander la visite de pré-reprise ?

La demande de visite de pré-reprise peut être initiée par différents acteurs, conformément à l’article L4624-2-4 du Code du travail. Ce pluralisme permet d’assurer que le salarié ne reste pas seul face à ses difficultés et que son retour soit envisagé dans les meilleures conditions possibles.

  • Le salarié lui-même : il peut solliciter une visite s’il estime que son état de santé rend difficile la reprise à son poste. Cette démarche est particulièrement utile lorsqu’il anticipe le besoin d’aménagements de poste (horaires adaptés, ergonomie du poste, télétravail partiel) ou d’une réorientation professionnelle. La demande directe du salarié témoigne de son droit d’agir activement pour sa santé et son maintien dans l’emploi.
  • Le médecin traitant : en suivant l’évolution de la santé du salarié, il peut constater que la reprise nécessitera des ajustements. Il a alors la possibilité de saisir la médecine du travail pour organiser une pré-reprise et ainsi préparer une reprise progressive et sécurisée.
  • Le médecin conseil de la CPAM : en tant que garant de la régularité des arrêts de travail et du versement des indemnités journalières, il peut également initier une visite de pré-reprise lorsqu’il considère qu’un retour anticipé doit être étudié, notamment dans le cadre d’un temps partiel thérapeutique.
  • Le médecin du travail : véritable pivot du dispositif, il peut proposer de lui-même une visite lorsqu’il estime nécessaire de préparer le retour du salarié. Sa connaissance des conditions de travail lui permet de recommander des mesures adaptées (reclassement, formation, ajustement des missions).

En outre, l’employeur a l’obligation légale d’informer le salarié de son droit à solliciter une visite de pré-reprise. Cette information s’inscrit dans le principe de maintien dans l’emploi, qui impose à l’employeur de participer activement à la prévention des risques d’inaptitude et de désinsertion professionnelle.

Comment demander une visite de pré-reprise ?

Le salarié peut prendre directement contact avec le service de prévention et de santé au travail (anciennement appelé médecine du travail). Cette prise de contact peut se faire par téléphone ou par courrier électronique. Si le salarié ne connaît pas les coordonnées de ce service, l’employeur a l’obligation de les lui fournir, ainsi que le nom du médecin du travail référent de l’entreprise.

Il existe également d’autres moyens d’engager la démarche :

  • en passant par le médecin traitant, qui transmet la demande à la médecine du travail s’il estime que des adaptations du poste sont nécessaires ;
  • par l’intermédiaire du médecin conseil de la CPAM, qui peut saisir le médecin du travail dans le cadre du suivi de l’arrêt de travail, notamment pour envisager un temps partiel thérapeutique ou un reclassement progressif.

La procédure est entièrement gratuite pour le salarié. Elle n’entraîne aucune réduction des droits liés à l’arrêt maladie : le salarié continue de percevoir ses indemnités journalières et reste couvert par son arrêt de travail jusqu’à la date prévue par son médecin traitant.

Cette demande constitue donc un droit effectif du salarié, visant à anticiper les difficultés de reprise et à sécuriser le maintien dans l’emploi, en mobilisant l’ensemble des acteurs médicaux et professionnels autour de sa situation.

Conclusion

La visite de pré-reprise est un outil juridique et médical qui illustre la volonté du législateur de privilégier la prévention et le maintien dans l’emploi. Même si elle n’est pas imposée par la loi, elle joue un rôle déterminant dans la gestion des arrêts longs en offrant la possibilité d’anticiper les difficultés de reprise.

En pratique, elle permet de détecter en amont les incompatibilités entre l’état de santé et les missions confiées, d’organiser des adaptations de poste, d’initier une formation professionnelle de réorientation, ou encore d’engager des mesures de reclassement.

Ce dispositif contribue ainsi à limiter les contentieux liés à l’inaptitude et à renforcer la place du dialogue social dans l’entreprise.

À travers cette procédure, le Code du travail consacre l’idée que le retour au travail ne doit pas être subi mais préparé.

La pré-reprise place le salarié au centre d’une dynamique concertée, où la médecine du travail joue un rôle de médiation entre santé et emploi. Demander cette visite, c’est donc agir pour une reprise durable et sécurisée, dans le respect à la fois des droits du salarié et des obligations de l’employeur.

FAQ

1. La visite de pré-reprise est-elle obligatoire pour le salarié ?
Non, la visite de pré-reprise est facultative (article R4624-29 du Code du travail). Elle n’est pas imposée par la loi, contrairement à la visite de reprise qui doit se tenir dans les 8 jours suivant le retour au travail. Toutefois, en pratique, elle est fortement conseillée lorsque l’arrêt dépasse 30 jours, car elle permet d’anticiper les éventuelles difficultés médicales ou professionnelles. Ne pas la solliciter peut exposer le salarié à une reprise dans des conditions inadaptées, voire à une déclaration d’inaptitude si le poste s’avère incompatible avec son état de santé.

2. Quelle différence entre la visite de pré-reprise et la visite de reprise ?
La distinction est essentielle :

  • La visite de pré-reprise se déroule pendant l’arrêt maladie. Elle vise à préparer le retour en emploi en identifiant les mesures d’adaptation nécessaires (temps partiel thérapeutique, aménagement de poste, reclassement).
  • La visite de reprise, prévue par l’article L4624-2-4 du Code du travail, est obligatoire dans plusieurs cas : arrêt maladie supérieur à 60 jours, accident du travail supérieur à 30 jours, congé maternité, ou maladie professionnelle. Elle marque officiellement la reprise et détermine si le salarié est apte, inapte ou apte avec réserves.

Ainsi, la pré-reprise a une finalité préventive, tandis que la reprise a une finalité décisionnelle.

3. Qui peut demander une visite de pré-reprise ?
La demande peut émaner de plusieurs acteurs :

  • le salarié lui-même, lorsqu’il anticipe des difficultés liées à son état de santé,
  • son médecin traitant, qui peut estimer nécessaire une adaptation du poste,
  • le médecin conseil de la CPAM, qui suit l’arrêt de travail,
  • le médecin du travail, qui peut proposer cette visite de sa propre initiative.

L’employeur, de son côté, a l’obligation d’informer le salarié de ce droit. Cette pluralité d’acteurs montre que la pré-reprise est un outil collectif visant à sécuriser le retour à l’emploi.

4. Quels sont les bénéfices concrets d’une visite de pré-reprise ?
Les avantages sont multiples :

  • anticiper les aménagements nécessaires du poste (horaires allégés, matériel adapté, télétravail partiel),
  • envisager un reclassement interne si le poste initial est incompatible avec l’état de santé,
  • préparer un temps partiel thérapeutique avec l’accord du médecin du travail et du médecin conseil,
  • proposer une formation ou réorientation professionnelle adaptée,
  • éviter les situations de rupture du contrat pour inaptitude en favorisant le maintien dans l’emploi.

La pré-reprise n’est donc pas une simple formalité mais une véritable mesure de prévention des risques professionnels et sociaux.

5. Comment se déroule la demande et l’organisation d’une visite de pré-reprise ?
Le salarié peut directement contacter le service de prévention et de santé au travail (anciennement médecine du travail) par téléphone ou par mail. Si les coordonnées ne sont pas connues, l’employeur doit obligatoirement les fournir (article L4624-2-4 du Code du travail).
La convocation est adressée au salarié et l’examen se déroule alors qu’il est encore en arrêt maladie. Le médecin du travail établit un compte rendu et peut émettre des recommandations qui seront transmises à l’employeur et à la CPAM, sauf opposition du salarié.

Cette procédure est gratuite et n’a aucun impact négatif sur la durée ni sur l’indemnisation de l’arrêt de travail. Elle constitue donc une démarche proactive et sécurisante pour le salarié.

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