Contrat

Mettre fin à la garde à domicile : que dit le droit ?

Francois Hagege
Fondateur
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Nounou à domicile : comment gérer la rupture du contrat de travail

Employer une assistante maternelle agréée constitue une solution précieuse pour de nombreux parents en quête d’un mode de garde souple, familial et encadré. Toutefois, au fil des événements de la vie — rentrée scolaire, déménagement, changement de situation professionnelle — il devient parfois nécessaire de mettre un terme au contrat.

Cette démarche, bien qu’allégée par rapport à un licenciement classique, demeure strictement encadrée par le Code de l’action sociale et des familles et la convention collective nationale des assistants maternels du particulier employeur. Ne pas respecter la procédure expose l’employeur à des litiges prud’homaux, voire à des sanctions financières.

Il est donc essentiel d’en maîtriser les étapes, les droits de la salariée, ainsi que les formalités à accomplir auprès de Pajemploi. Sur defendstesdroits.fr, nous vous détaillons les trois étapes fondamentales pour rompre légalement le contrat de votre nounou, dans le respect des textes en vigueur et des bonnes pratiques.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Notifier la rupture de contrat de votre nounou
  3. Respecter le préavis légal
  4. Remettre les documents de fin de contrat
  5. Les indemnités de rupture
  6. Déclaration à Pajemploi
  7. Focus sur les contrats à durée déterminée (CDD)
  8. FAQ

1. Notifier la rupture de contrat de votre nounou

Un retrait d’enfant encadré par la loi

La cessation du contrat de votre nounou s’analyse juridiquement comme un licenciement à l’initiative de l’employeur. Toutefois, dans le cas spécifique des assistantes maternelles agréées, la législation emploie le terme de retrait de l’enfant, conformément à l’article L423-24 du Code de l’action sociale et des familles. Ce retrait n’exige pas de justifier d’un motif précis, contrairement au régime classique du licenciement.

Notification écrite : une obligation impérative

L’article 12 de la convention collective impose une notification écrite, qui doit être envoyée par lettre recommandée avec accusé de réception (LRAR). La lettre doit contenir des éléments précis :

  • L’identité des deux parties (parent employeur et assistante maternelle) ;
  • Une volonté claire et non équivoque de mettre fin à la relation contractuelle ;
  • La date de notification ;
  • La signature de l’employeur.

👉 L’entretien préalable n’est pas requis dans le cadre du retrait d’enfant.

Faut-il justifier le retrait ?

Mentionner un motif n’est pas obligatoire, sauf dans certaines situations où la loi l’impose (voir plus bas). Les motifs généralement admis incluent : déménagement, scolarisation de l’enfant, fin de période de chômage de l’un des parents, ou tout changement de mode de garde. Ces raisons sont considérées comme légitimes.

Les limites légales à la rupture

Certaines situations sont protégées par la loi, limitant le droit de retrait :

  • Grossesse de l’assistante maternelle : licenciement interdit sauf faute grave ou impossibilité de maintenir le contrat (article L1225-4 du Code du travail) ;
  • Congé maternité : rupture du contrat interdite sauf accord sur une rupture conventionnelle ;
  • Congé maladie : la rupture n’est autorisée que si elle repose sur un motif étranger à l’état de santé.

Dans tous ces cas, il est vivement recommandé de mentionner le motif de la rupture pour prévenir toute contestation.

2. Respecter le préavis légal

Une durée modulée par l’ancienneté

Le préavis est fixé par l’article 12 de la convention collective :

  • 15 jours calendaires si l’assistante maternelle a moins d’un an d’ancienneté ;
  • 1 mois au-delà d’un an de présence.

Le point de départ du préavis est le lendemain de la première présentation de la LRAR.

Préavis non effectué : quelle indemnisation ?

Deux cas de figure :

  • Si l’assistante maternelle est dispensée d’effectuer son préavis à la demande de l’employeur, elle perçoit une indemnité compensatrice de préavis, égale au salaire qu’elle aurait dû toucher ;
  • Si elle refuse d’exécuter son préavis sans l’accord de l’employeur, elle peut être redevable d’une indemnité équivalente à la rémunération due.

3. Remettre les documents de fin de contrat

À l’issue de la période de préavis ou à la date convenue de fin de contrat, l’employeur doit remettre à l’assistante maternelle les documents sociaux obligatoires, comme pour toute rupture de contrat de travail.

Les trois documents essentiels

  • Le certificat de travail : conforme à l’article L1234-19 du Code du travail, il précise la nature du poste et les dates de début et de fin du contrat.
  • L’attestation Pôle Emploi : à établir via Pajemploi, elle permet à la salariée d’ouvrir des droits au chômage.
  • Le dernier bulletin de paie, intégrant les éventuelles indemnités versées.

👉 En cas de régularisation salariale (contrat en année incomplète), elle doit apparaître sur ce dernier bulletin.

Les indemnités de rupture

Conformément à la convention collective et à la jurisprudence sociale, la nounou perçoit plusieurs indemnités à la fin de son contrat.

L’indemnité de fin de contrat (ou de rupture)

Elle est due lorsque l’ancienneté dépasse 1 an, et équivaut à 1/120e du total des salaires nets perçus.

Exception : en cas de faute lourde de la salariée, cette indemnité n’est pas due (article L1234-9 du Code du travail par renvoi).

L’indemnité compensatrice de congés payés

Elle correspond à 1/10e de la rémunération brute si tous les congés n’ont pas été pris.

L’indemnité compensatrice de préavis

Elle n’est due que si la non-exécution du préavis est imputable à l’employeur.

Déclaration à Pajemploi

La déclaration de la fin de contrat de votre assistante maternelle doit obligatoirement être effectuée sur le site Pajemploi (www.pajemploi.urssaf.fr), qui est la plateforme officielle de l’Urssaf dédiée aux particuliers employeurs. Cette démarche permet d’assurer le bon calcul des droits sociaux de votre nounou, notamment pour l’ouverture de ses droits à l’assurance chômage via Pôle emploi.

Vous devrez renseigner plusieurs éléments avec exactitude dans votre dernière déclaration :

  • La date du dernier jour travaillé, c’est-à-dire la fin effective du contrat, et non celle de la déclaration ;
  • Le dernier salaire versé, incluant, le cas échéant, la rémunération habituelle du mois, l’indemnité de préavis, et les heures complémentaires ou supplémentaires dues ;
  • Les indemnités versées à la rupture :
    • L’indemnité compensatrice de congés payés (souvent égale à 1/10e de la rémunération brute de référence) ;
    • L’indemnité compensatrice de préavis, si votre nounou est dispensée d’exécuter son préavis ;
    • La régularisation de salaire, lorsque le contrat était basé sur une année incomplète, en application de l’article 9 de la convention collective.

⚠️ Attention importante : l’indemnité de rupture (également appelée indemnité de fin de contrat), versée lorsque l’assistante maternelle justifie d’au moins un an d’ancienneté, est exonérée de cotisations sociales. À ce titre, vous n’avez pas l’obligation de la déclarer sur Pajemploi. Toutefois, elle doit figurer sur le dernier bulletin de salaire, afin de garantir la transparence des sommes perçues par la salariée.

Une déclaration incomplète ou erronée sur Pajemploi peut retarder le versement des allocations chômage de votre nounou, ou entraîner une demande de régularisation par les organismes sociaux. Il est donc recommandé de conserver une copie de la déclaration, ainsi que tous les justificatifs liés aux indemnités et au solde de tout compte, pour vous prémunir contre tout litige ultérieur.

Focus sur les contrats à durée déterminée (CDD)

Lorsque vous embauchez une assistante maternelle en contrat à durée déterminée (CDD), les possibilités de rupture anticipée sont strictement encadrées par le Code du travail, notamment par les articles L1243-1 à L1243-4. À la différence du CDI, vous ne pouvez pas librement rompre un CDD avant son terme, même en cas de changement de situation personnelle.

Selon l’article L1243-1 du Code du travail, la rupture anticipée d’un CDD n’est légale que dans quatre cas limitativement énumérés :

  • Faute grave de la salariée, à condition que les faits soient établis et suffisamment graves pour empêcher la poursuite du contrat, même temporairement ;
  • Inaptitude médicale, constatée par le médecin du travail, dans le cadre de la procédure prévue aux articles L4624-4 et suivants du Code du travail. Cette inaptitude doit rendre impossible tout reclassement ;
  • Force majeure, événement extérieur, imprévisible et irrésistible, rendant impossible la continuation du contrat (ex. : destruction du domicile, catastrophe naturelle) ;
  • Accord mutuel entre les parties, qui doit être formalisé par écrit pour éviter toute contestation future.

En dehors de ces hypothèses, toute rupture unilatérale du CDD par l’employeur constitue une rupture abusive, ouvrant droit à des dommages et intérêts pour l’assistante maternelle.

Ces dommages et intérêts correspondent, en vertu de l’article L1243-4 du Code du travail, à une somme au moins équivalente aux rémunérations que la salariée aurait dû percevoir jusqu’à l’échéance du contrat. Autrement dit, vous devrez lui verser tous les salaires restants dus jusqu’à la date de fin initialement prévue, même si l’enfant n’est plus gardé.

Par conséquent, en cas d’engagement en CDD, il est fortement recommandé de bien anticiper la durée réelle de vos besoins en garde d’enfant avant de formaliser le contrat. À défaut, une rupture prématurée peut avoir des conséquences financières lourdes pour le parent employeur.

Conclusion

Mettre fin au contrat de votre nounou ne s’improvise pas. Qu’il s’agisse d’un retrait d’enfant pour convenance personnelle ou d’une rupture liée à un changement de situation, l’employeur doit suivre une procédure stricte mais accessible, articulée autour d’une notification formelle, d’un préavis conforme à l’ancienneté et de la remise de documents sociaux réglementaires.

Le respect de ces obligations permet non seulement de sécuriser juridiquement la rupture du contrat, mais aussi de préserver une relation respectueuse avec la professionnelle ayant contribué au développement de votre enfant.

Pour éviter tout contentieux et garantir une fin de contrat conforme à la législation, il est vivement conseillé de s’appuyer sur les ressources juridiques disponibles sur defendstesdroits.fr, ou de consulter un professionnel du droit en cas de doute.

FAQ

1. Comment rompre légalement le contrat de travail d'une assistante maternelle agréée ?

La rupture du contrat d’une assistante maternelle employée par un particulier s’effectue par un retrait de l’enfant, tel que défini à l’article L423-24 du Code de l’action sociale et des familles. Il ne s’agit pas d’un licenciement au sens strict du Code du travail, mais d’une procédure simplifiée réservée aux particuliers employeurs. Cette rupture ne nécessite pas d’entretien préalable, mais doit faire l’objet d’une notification écrite (de préférence par lettre recommandée avec accusé de réception). Le respect d’un préavis variable selon l’ancienneté, la remise des documents de fin de contrat, et le paiement des indemnités légales sont obligatoires.

2. Quels sont les motifs valables pour mettre fin au contrat de sa nounou ?

La loi permet au parent employeur de mettre fin au contrat sans obligation de motiver sa décision, tant que la rupture repose sur une raison légitime : scolarisation de l’enfant, perte d’emploi du parent, déménagement, ou changement de mode de garde. En revanche, certains motifs sont interdits, comme la grossesse, le congé maternité ou la maladie, sauf s’il existe une faute grave ou une impossibilité de maintenir le contrat. Ces protections spécifiques sont issues des articles L1225-4 et suivants du Code du travail et doivent être scrupuleusement respectées pour éviter un licenciement abusif.

3. Quelles sont les indemnités que doit percevoir l’assistante maternelle à la fin de son contrat ?

Lors de la rupture, plusieurs indemnités peuvent être dues :

  • Une indemnité de rupture, équivalente à 1/120e des salaires nets perçus, si l’ancienneté dépasse un an (convention collective des assistants maternels, article 18) ;
  • Une indemnité compensatrice de congés payés, correspondant à 1/10e de la rémunération brute annuelle si des congés restent dus ;
  • Une indemnité compensatrice de préavis, si le préavis n’est pas effectué du fait de l’employeur.
    En cas de faute lourde, seule l’indemnité de congés payés est éventuellement due. Le non-paiement de ces sommes peut exposer l’employeur à une condamnation devant le conseil de prud’hommes.

4. Quels documents doit remettre le parent employeur à la fin du contrat ?

Le parent employeur doit impérativement remettre trois documents :

  • Le certificat de travail (article L1234-19 du Code du travail), mentionnant les dates de début et de fin du contrat ;
  • L’attestation Pôle emploi, générée sur Pajemploi, pour que l’assistante maternelle puisse faire valoir ses droits au chômage ;
  • Le dernier bulletin de paie, complété, le cas échéant, par un solde de tout compte incluant les régularisations, indemnités, et congés dus.
    Ces documents sont obligatoires et leur remise en temps utile permet d’éviter des litiges postérieurs à la rupture.

5. Comment déclarer la fin de contrat sur Pajemploi ?

La déclaration de fin de contrat s’effectue directement sur le site Pajemploi.urssaf.fr. Sur la dernière déclaration, il convient d’indiquer :

  • Le dernier jour travaillé ;
  • Le dernier salaire versé, y compris les éventuelles indemnités de congés payés, de préavis et de rupture ;
  • Une régularisation de salaire, en cas de contrat en année incomplète.
    L’indemnité de rupture, exonérée de cotisations sociales (article L242-1 du Code de la sécurité sociale), n’a pas à être déclarée sur Pajemploi, mais doit figurer sur le bulletin de paie final. Toute erreur dans cette déclaration peut entraîner des difficultés pour l’assistante maternelle lors de sa demande d’allocations chômage.

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