Immobilier

Préavis, charges, entretien : connaître ses droits de locataire

Estelle Marant
Collaboratrice
Partager

Propriétaire ou locataire : qui paie quoi et qui fait quoi ?

Le droit des baux d’habitation repose sur un équilibre entre les droits du locataire et les obligations du bailleur. La loi du 6 juillet 1989, modifiée notamment par la loi ALUR du 24 mars 2014, constitue le socle juridique principal encadrant les rapports locatifs.

À travers ces textes, le législateur entend garantir la jouissance paisible du logement pour le locataire tout en imposant au propriétaire des obligations précises. Le respect de ces règles est essentiel pour prévenir les conflits et assurer la sécurité juridique du contrat de bail.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Travaux à la charge du locataire
  3. Travaux avec accord du propriétaire
  4. Travaux à la charge du propriétaire
  5. Dépôt de garantie
  6. Charges locatives
  7. Préavis de départ
  8. Recours du locataire
  9. FAQ

Travaux dans le logement : qui fait quoi ?

Travaux à la charge du locataire

En application de l’article 7 de la loi du 6 juillet 1989, le locataire est tenu d’assurer l’entretien courant du logement ainsi que les menues réparations prévues par le décret n°87-712 du 26 août 1987. Cela comprend notamment :

  • Le remplacement de joints défectueux ;
  • Le nettoyage des conduits d’évacuation ;
  • La réparation des vitres cassées par imprudence ;
  • L’entretien des sols, murs, plafonds.

Les modifications esthétiques légères (pose de papier peint, changement de rideaux, peinture) sont autorisées sans autorisation préalable, tant qu’elles ne transforment pas la structure du logement.

Travaux nécessitant l’accord du bailleur

Selon la jurisprudence constante et les dispositions de l’article 7-f de la loi de 1989, toute transformation importante du logement (abattre une cloison, modification de l’installation électrique...) exige une autorisation écrite du bailleur. À défaut, ce dernier est en droit d’exiger la remise en état à la sortie des lieux.

Travaux à la charge du propriétaire

Le propriétaire a l’obligation d’assurer au locataire un logement décent (article 6 de la loi du 6 juillet 1989), conforme aux critères de décence définis par le décret n°2002-120 du 30 janvier 2002. Il doit réaliser à ses frais :

  • Les réparations liées à la vétusté ou aux malfaçons ;
  • Les travaux garantissant la sécurité et la salubrité du logement (chauffage, étanchéité, électricité...) ;
  • Les améliorations des performances énergétiques (travaux imposés par la loi Climat et Résilience du 22 août 2021).

Le locataire doit laisser l’accès au logement pour l’exécution de ces travaux, sauf abus de droit ou gêne disproportionnée.

Le dépôt de garantie : montant et restitution

Montant du dépôt de garantie

L’article 22 de la loi du 6 juillet 1989 encadre strictement le dépôt de garantie :

  • 1 mois de loyer hors charges pour une location vide ;
  • 2 mois de loyer hors charges pour une location meublée, lorsque le contrat est postérieur au 27 mars 2014.

Aucun dépôt de garantie ne peut être exigé si le loyer est payable d’avance pour une période supérieure à deux mois.

Restitution du dépôt de garantie

La restitution du dépôt de garantie doit intervenir :

  • Dans un délai de 1 mois si l’état des lieux de sortie est conforme à celui d’entrée ;
  • Dans un délai de 2 mois en cas de disparités (article 22 de la loi précitée).

En cas de retenue (loyer impayé, dégradations...), le propriétaire doit en justifier précisément au moyen de devis ou factures.

Les charges locatives

Charges récupérables

Les charges récupérables sont listées de manière limitative par le décret n°87-713 du 26 août 1987. Elles concernent notamment :

  • L’entretien des parties communes (ascenseur, escaliers, espaces verts) ;
  • Les consommations individuelles (eau froide, eau chaude, chauffage collectif) ;
  • La taxe d’enlèvement des ordures ménagères.

Le locataire paie des provisions mensuelles régularisées annuellement sur la base des dépenses réelles. Le bailleur doit fournir un détail des dépenses, accessible pendant 6 mois après la régularisation (article 23 de la loi de 1989).

Trop-perçu sur les charges

En cas de trop-perçu, le propriétaire est tenu de rembourser le solde au locataire. À l’inverse, un manque justifié par les dépenses réelles peut être réclamé.

Le préavis de départ

Location vide

Conformément à l’article 15 de la loi n°89-462 du 6 juillet 1989, le locataire d’un logement non meublé peut mettre fin au bail à tout moment, à condition de respecter un préavis de trois mois.

Ce délai court à compter de la réception effective du congé par le bailleur, lequel peut être notifié par lettre recommandée avec accusé de réception, remise en main propre contre récépissé ou acte d’huissier.

Cependant, la loi prévoit des cas dérogatoires permettant de réduire ce préavis à un mois, sans que le locataire ait à obtenir l'accord du bailleur :

  • Perte d’emploi, fin de CDD ou licenciement (hors démission ou rupture conventionnelle) ;
  • Mutation professionnelle, même imposée par l’employeur ;
  • Nouvel emploi consécutif à une perte d’emploi, sans interruption significative ;
  • Bénéfice du RSA (revenu de solidarité active) ou de l’AAH (allocation aux adultes handicapés) ;
  • État de santé justifiant un changement de domicile, attesté par un certificat médical ;
  • Logement situé en zone tendue, conformément au décret n°2015-1284 du 13 octobre 2015 (couvrant plus de 1 000 communes françaises dans les grandes agglomérations).

Dans tous les cas, le locataire doit mentionner expressément le motif du préavis réduit dans son courrier de congé et fournir un justificatif à l’appui, faute de quoi le délai de trois mois demeure applicable.

Location meublée

En vertu de l’article L. 632-1 du Code de la construction et de l’habitation, le préavis pour une location meublée est toujours d’un mois, quelle que soit la situation du locataire ou la nature de son départ. Ce délai s’applique de plein droit et n’a pas à être motivé.

Le congé doit être notifié dans les mêmes formes que pour une location vide : lettre recommandée, remise en main propre, ou acte d’huissier. Le délai commence à courir à la date de réception par le bailleur.

Ce régime plus souple vise à compenser la souplesse contractuelle généralement associée aux locations meublées, souvent choisies pour leur caractère temporaire ou leur facilité d’emménagement.

Recours en cas de manquements du bailleur

Tentative de résolution amiable

Le locataire peut commencer par adresser une lettre recommandée avec accusé de réception pour rappeler ses droits. Cette lettre peut être suivie d’une mise en demeure juridiquement motivée en cas d’inexécution persistante du bailleur.

Saisine du juge

En l’absence de résolution amiable dans un délai raisonnable, le locataire peut saisir le tribunal judiciaire territorialement compétent (anciennement tribunal d’instance) sur le fondement de l’article 1719 du Code civil. Il peut demander :

  • L’exécution forcée des travaux ;
  • La restitution du dépôt de garantie ;
  • Le remboursement des charges indûment perçues ;
  • D’éventuels dommages et intérêts en réparation du préjudice subi.

Souhaites-tu que je poursuive avec un développement sur la résiliation judiciaire, les clauses abusives dans les baux, ou les litiges relatifs aux logements indécents ?

Conclusion

Le statut du locataire est protégé par un arsenal juridique dense, destiné à prévenir les abus et à encadrer de manière stricte les relations locatives. Du dépôt de garantie à la répartition des charges, en passant par les conditions de préavis et les obligations d’entretien, chaque aspect du contrat de location est normé afin d’éviter les déséquilibres contractuels.

Toutefois, l’ignorance de ces règles expose fréquemment les locataires à des litiges injustifiés.

En cas de manquement de la part du bailleur, la loi offre des recours appropriés permettant au locataire d’obtenir la réparation du préjudice ou l’exécution de ses droits. Sur defendstesdroits.fr, nous accompagnons les justiciables dans la compréhension et la défense de leurs droits locatifs, à la lumière des textes en vigueur et de la jurisprudence actuelle.

FAQ

1. Quels travaux un locataire peut-il réaliser sans l’accord du propriétaire ?

Le locataire est libre de réaliser les travaux d’entretien courant et les petites réparations définis par le décret n°87-712 du 26 août 1987. Il peut ainsi repeindre un mur, poser du papier peint, installer des tringles à rideaux ou encore changer les poignées de porte, à condition de ne pas transformer la structure ou la destination des lieux.

En revanche, les travaux modifiant l’aspect ou la configuration du logement (abattre une cloison, changer le carrelage, installer une cuisine équipée fixée aux murs...) nécessitent l’autorisation écrite préalable du bailleur (article 7-f de la loi du 6 juillet 1989). À défaut, le propriétaire est en droit d’exiger la remise en état des lieux aux frais du locataire.

2. Le propriétaire peut-il entrer dans le logement pour réaliser des travaux ?

Oui, mais uniquement dans certains cas bien encadrés. Le locataire a l’obligation légale de laisser l’accès au logement pour la réalisation :

  • Des travaux nécessaires au maintien en état ou à l’entretien normal du logement, prévus par l’article 6 de la loi du 6 juillet 1989 ;
  • Des travaux d’amélioration des performances énergétiques, imposés par la loi ;
  • Des travaux urgents nécessaires pour éviter un dommage grave (article 1724 du Code civil).

Le bailleur doit informer le locataire par écrit (lettre recommandée ou remise en main propre contre émargement) au moins 8 jours avant le début des travaux, en précisant leur nature, la durée et les horaires d’intervention. Les travaux doivent être réalisés entre 8h et 19h, sauf cas d’urgence, et ne peuvent pas excéder 21 jours consécutifs sans compensation.

3. Quel est le délai légal pour récupérer le dépôt de garantie après avoir quitté le logement ?

Le propriétaire doit restituer le dépôt de garantie dans un délai d’un mois si l’état des lieux de sortie est identique à celui d’entrée. En cas de différences constatées (dégradations, impayés...), ce délai est porté à deux mois (article 22 de la loi du 6 juillet 1989).

Toute retenue opérée sur la caution doit être justifiée par des devis, factures ou constatations précises. Si le propriétaire ne restitue pas la somme due dans les délais impartis, il s’expose à une majoration légale de 10 % du loyer mensuel par mois de retard.

4. Quelles charges le locataire est-il tenu de payer ?

Le locataire doit s’acquitter des charges dites récupérables, dont la liste exhaustive est fixée par le décret n°87-713 du 26 août 1987. Il s’agit principalement :

  • Des dépenses d’entretien courant des parties communes (ascenseur, escaliers, espaces verts) ;
  • Des consommations individuelles (eau froide, eau chaude, chauffage collectif) ;
  • De la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.

Ces charges sont généralement réglées sous forme de provisions mensuelles, puis régularisées une fois par an sur la base des dépenses réelles. Le bailleur est tenu de fournir un décompte détaillé des charges, que le locataire peut vérifier pendant une période de six mois suivant la régularisation (article 23 de la loi du 6 juillet 1989).

5. Le locataire peut-il quitter le logement à tout moment ? Quel préavis respecter ?

Le locataire peut donner congé à tout moment, sans avoir à justifier d’un motif particulier, à condition de respecter un délai de préavis :

  • 3 mois pour une location vide ;
  • 1 mois si le logement est situé en zone tendue, ou si le locataire justifie d’un motif prévu par la loi : perte d’emploi, mutation, nouvel emploi, état de santé justifié, bénéficiaire du RSA ou de l’AAH ;
  • 1 mois pour une location meublée, conformément à l’article L. 632-1 du Code de la construction et de l’habitation.

Le congé doit être notifié par lettre recommandée avec accusé de réception, par acte d’huissier ou par remise en main propre contre émargement, et prend effet à compter de sa réception par le bailleur (article 15 de la loi du 6 juillet 1989).

Articles Récents

Besoin d'aide ?

Nos équipes sont là pour vous guider !

Thank you! Your submission has been received!
Oops! Something went wrong while submitting the form.