Civil

Quelles questions poser à son avocat lors d’un divorce pour anticiper la procédure ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Divorce et avocat : les points juridiques à vérifier avant l’entretien

Le divorce est une étape marquante de la vie personnelle et familiale. Derrière les émotions et les tensions qu’il peut générer, il s’agit avant tout d’une procédure juridique encadrée par le Code civil (articles 229 et suivants). Chaque décision prise dans ce cadre – qu’il s’agisse de la garde des enfants, du partage des biens, des dettes contractées ou encore de la prestation compensatoire – a des conséquences concrètes et durables. C’est pourquoi la présence d’un avocat en droit de la famille n’est pas seulement obligatoire, elle est indispensable pour protéger vos droits et anticiper les effets de la rupture.

L’entretien avec votre avocat constitue le moment clé de cette démarche. Il permet de clarifier vos attentes, d’exposer votre situation patrimoniale et familiale, mais aussi d’obtenir des réponses précises aux questions juridiques que vous vous posez. Or, beaucoup de justiciables arrivent à ce premier rendez-vous sans préparation, ce qui peut ralentir la stratégie à adopter. Savoir quelles questions poser à son avocat dès le départ est donc essentiel pour sécuriser le déroulement de la procédure et orienter les choix à venir.

Cet article a pour objectif de vous aider à identifier les interrogations prioritaires : la procédure de divorce adaptée à votre situation, les conséquences sur vos enfants, le partage des biens, le sort des dettes, des assurances-vie et des donations, ou encore la possibilité d’obtenir une prestation compensatoire. Il vise également à rappeler le rôle fondamental de l’avocat, à la fois conseiller stratégique et représentant légal devant le juge ou dans le cadre d’un divorce amiable.

Sommaire

  1. La première démarche à entreprendre avant d’engager une procédure de divorce
  2. Le déroulement d’un divorce : consentement mutuel ou passage devant le juge
  3. Les conséquences du divorce sur les enfants et la pension alimentaire
  4. Le partage des biens et la gestion des dettes communes
  5. La prestation compensatoire : conditions et calcul
  6. Le divorce pour faute : preuves et limites
  7. L’impact du divorce sur l’assurance-vie et les donations entre époux

Quelle est la première chose à faire quand on veut divorcer ?

Avant toute démarche, il convient de consulter un avocat en droit de la famille. Celui-ci réalise un premier diagnostic :

  • analyse de la situation matrimoniale (contrat de mariage ou régime légal de communauté réduite aux acquêts – article 1400 du Code civil) ;
  • évaluation des biens et des dettes ;
  • situation parentale et conséquences sur les enfants mineurs ;
  • options procédurales : divorce par consentement mutuel (article 229-1 du Code civil) ou divorce judiciaire (article 229-2).

Cette étape préliminaire permet de déterminer si les époux peuvent envisager un règlement amiable, ou s’il faudra engager une procédure devant le tribunal.

Comment se déroule la procédure de divorce ?

Le divorce par consentement mutuel

Depuis la réforme de 2016, le divorce sans juge est possible lorsque les époux s’entendent sur toutes les conséquences de la séparation. Chaque conjoint doit être assisté de son propre avocat (article 229-3 du Code civil). Une convention de divorce est rédigée et déposée chez un notaire, sauf si un enfant mineur demande à être entendu (article 229-2 du Code civil).

Le divorce judiciaire

Si un accord n’est pas envisageable, l’un des époux dépose une assignation en divorce (article 1107 du Code de procédure civile). Le juge tranchera sur :

  • la garde des enfants et la pension alimentaire (articles 371-2 et 373-2-2 du Code civil) ;
  • l’attribution du logement familial (article 285-1 du Code civil) ;
  • le partage des biens et des dettes ;
  • la prestation compensatoire (article 270 du Code civil).

Le rôle de l’avocat est alors déterminant pour défendre les intérêts de son client à chaque étape.

Quelles seront les conséquences de la demande de divorce sur les enfants ?

Le principe fondamental reste l’intérêt supérieur de l’enfant (article 373-2-6 du Code civil). Le juge peut décider :

  • une résidence alternée, une résidence principale ou une résidence exclusive ;
  • un droit de visite et d’hébergement pour l’autre parent ;
  • une pension alimentaire fixée en fonction des ressources et des besoins de l’enfant.

L’avocat doit expliquer aux parents leurs droits et obligations, rappeler que le divorce ne supprime pas l’obligation d’entretien et d’éducation (article 371-2 du Code civil) et préparer les justificatifs nécessaires pour soutenir leur demande (bulletins de salaire, charges, frais scolaires…).

Comment vont être répartis les biens acquis pendant le mariage ?

La répartition dépend du régime matrimonial :

  • Communauté réduite aux acquêts (régime légal) : chaque conjoint reprend ses biens propres (articles 1404 et suivants du Code civil), mais les biens acquis pendant le mariage sont partagés à parts égales.
  • Séparation de biens : chacun conserve la propriété de ses biens, sauf ceux achetés ensemble, soumis à l’indivision (article 815 du Code civil).
  • Communauté universelle : tous les biens, même acquis avant mariage, tombent dans la communauté, sauf clause contraire.

L’avocat a ici un rôle central pour organiser le partage amiable ou saisir le notaire et, en cas de litige, le juge aux affaires familiales.

Avez-vous droit à une prestation compensatoire ?

La prestation compensatoire (article 270 du Code civil) vise à compenser la disparité que la rupture crée dans les conditions de vie respectives des époux. Elle peut être versée :

  • sous forme de capital (versement unique ou échelonné) ;
  • exceptionnellement, sous forme de rente viagère (article 276 du Code civil).

Les critères retenus par le juge incluent :

  • la durée du mariage ;
  • l’âge et l’état de santé des époux ;
  • leur qualification et leur situation professionnelle ;
  • leur patrimoine estimé ou prévisible (article 271 du Code civil).

Un avocat compétent saura argumenter sur ces critères pour maximiser les chances d’obtenir ou de réduire une prestation compensatoire.

Divorcer pour faute : qu’est-ce que vous reprochez à votre conjoint ?

Le divorce pour faute (article 242 du Code civil) suppose de prouver une violation grave ou renouvelée des devoirs du mariage : adultère, violences conjugales, abandon du domicile, etc. L’avocat doit alors évaluer la pertinence de cette stratégie :

  • risques d’exposer la vie privée au tribunal ;
  • nécessité de rassembler des preuves recevables (témoignages, constats d’huissier, certificats médicaux) ;
  • possibilité d’obtenir le divorce aux torts exclusifs de l’autre conjoint.

Cette procédure est plus longue et conflictuelle, mais elle peut être justifiée lorsque le comportement de l’autre époux est particulièrement grave.

Êtes-vous encore engagé pour les dettes et les emprunts contractés pendant le mariage ?

La règle est que les époux restent solidaires des dettes ménagères contractées pendant le mariage (article 220 du Code civil), sauf dépenses manifestement excessives. Pour les emprunts, la distinction est essentielle :

  • emprunt souscrit conjointement : solidarité des époux ;
  • emprunt souscrit par un seul époux : pas de solidarité, sauf si l’autre a consenti ou si l’emprunt profite au ménage.

L’avocat analysera les contrats pour déterminer si les dettes doivent être supportées individuellement ou conjointement après le divorce.

Que devient le contrat d’assurance-vie au profit du conjoint ?

Le divorce n’entraîne pas automatiquement la révocation de la clause bénéficiaire d’une assurance-vie. Si le conjoint est désigné comme bénéficiaire, il le reste tant que la clause n’est pas modifiée (Cass. 1ʳᵉ civ., 23 nov. 2004, n° 02-14065). Il est donc recommandé de revoir son contrat après la séparation pour éviter qu’un ex-conjoint perçoive les capitaux en cas de décès.

Quel sort pour les donations consenties entre époux ?

Les donations entre époux peuvent être révoquées par le divorce (article 265 du Code civil), sauf volonté contraire exprimée. Toutefois :

  • les donations de biens présents restent en principe irrévocables (article 1096 du Code civil) ;
  • les donations de biens à venir sont révoquées automatiquement en cas de divorce.

Un avocat spécialisé en droit patrimonial pourra examiner les actes notariés pour identifier les droits de reprise éventuels et sécuriser vos intérêts.

Conclusion

Le divorce, qu’il soit amiable ou judiciaire, ne se résume pas à une séparation de fait : c’est une rupture juridique et patrimoniale qui redessine la vie familiale, la situation financière et parfois même le cadre de vie des enfants. Chaque détail – la répartition des biens, la fixation d’une pension alimentaire, le règlement des dettes ou la modification d’une assurance-vie – peut avoir un impact majeur sur l’avenir.

L’entretien avec votre avocat ne doit donc pas être perçu comme une simple formalité, mais comme l’occasion d’obtenir une vision claire et complète de vos droits et obligations. Poser les bonnes questions vous permet de prendre des décisions éclairées, d’éviter les contentieux inutiles et de protéger vos intérêts sur le long terme.

Au-delà de l’aspect juridique, l’avocat est aussi un partenaire de confiance qui vous accompagne dans une période délicate, en veillant à concilier vos attentes personnelles avec la sécurité juridique exigée par le droit de la famille. Saisir l’importance de ce rôle et préparer soigneusement vos échanges constitue un atout déterminant pour aborder le divorce avec plus de sérénité et de maîtrise.

FAQ

1. Peut-on divorcer sans avocat en France ?
Non, la représentation par un avocat est obligatoire (article 229-1 du Code civil). Chaque époux doit avoir son propre avocat, sauf exception prévue en cas de divorce par consentement mutuel où aucun enfant mineur ne demande à être entendu par le juge. Cette règle vise à garantir l’égalité de défense entre les parties et la protection des intérêts familiaux.

2. Comment se passe le divorce par consentement mutuel ?
Depuis la réforme de 2017, ce type de divorce est déjudiciarisé. Les avocats rédigent une convention de divorce, signée par les époux et déposée chez un notaire. Cette convention règle la garde des enfants, la pension alimentaire, le partage des biens et le sort des dettes. Si un enfant souhaite être entendu, le divorce doit passer devant le juge aux affaires familiales.

3. Quelles sont les conséquences du divorce sur les enfants ?
Le juge ou la convention fixera les modalités de résidence des enfants (garde alternée, résidence chez un parent avec droit de visite), ainsi que la pension alimentaire due par l’un des parents. L’intérêt supérieur de l’enfant, consacré par l’article 373-2-6 du Code civil, guide toutes les décisions.

4. Comment sont répartis les biens et les dettes lors du divorce ?
La répartition dépend du régime matrimonial choisi : séparation de biens, communauté réduite aux acquêts ou contrat spécifique. En communauté, les biens acquis pendant le mariage sont partagés à parts égales. Les dettes ménagères engagent les deux époux, mais certaines dettes personnelles restent imputables uniquement à celui qui les a contractées.

5. Qu’est-ce qu’une prestation compensatoire et qui peut la demander ?
La prestation compensatoire, prévue à l’article 270 du Code civil, vise à compenser la disparité financière que crée le divorce. Elle peut être demandée par l’un des époux et fixée en capital (somme d’argent ou attribution d’un bien) ou exceptionnellement sous forme de rente. Les juges prennent en compte la durée du mariage, l’âge et la situation professionnelle des époux pour en déterminer le montant.

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