Faire réaliser des travaux dans son logement ou sur un bien immobilier représente souvent un investissement important et un projet de vie. Le maître d’ouvrage est en droit d’attendre une réalisation conforme au contrat, aux règles de l’art et durable dans le temps.
Pourtant, il n’est pas rare que des désordres, malfaçons ou non-conformités apparaissent à la réception ou après quelques mois d’utilisation. Dans ce contexte, faire établir un constat de malfaçons est une étape incontournable pour préserver ses droits, faire valoir les garanties légales ou contractuelles, et obtenir réparation.
Encore faut-il savoir quel professionnel est habilité à constater ces malfaçons, dans quelles conditions et avec quelle valeur juridique. L'enjeu est à la fois technique et juridique, car seule une preuve solide peut permettre au justiciable de faire valoir sa demande, à l’amiable comme en justice.
Les malfaçons peuvent prendre des formes diverses : infiltrations, fissures, défauts d’isolation, mauvaises finitions, décollements de revêtements, dysfonctionnements électriques… Ces désordres constituent un manquement aux obligations contractuelles de l’entrepreneur, fondées notamment sur l’article 1792 du Code civil, qui instaure une responsabilité décennale à la charge du constructeur.
Cependant, pour que le maître d’ouvrage puisse engager efficacement la responsabilité du professionnel, il doit démontrer l'existence, l'origine et l'ampleur du défaut. Le simple constat visuel ou subjectif du propriétaire ne suffit pas juridiquement. D’où l’intérêt de faire intervenir un professionnel indépendant pour dresser un constat opposable.
Un constat établi par un professionnel qualifié – expert en bâtiment, commissaire de justice ou expert judiciaire – possède une force probante nettement supérieure à une simple observation du maître d’ouvrage.
Ce type de constat permet de donner une dimension objective au litige, en apportant une preuve technique, neutre et structurée des désordres affectant l’ouvrage.
Cette objectivation du désordre joue un rôle déterminant à plusieurs niveaux :
En effet, lorsque le désordre est clairement décrit, photographié, mesuré, et analysé dans un rapport rédigé par un tiers compétent, il devient très difficile pour l’entrepreneur de contester la réalité ou l’origine du dommage.
Cette résistance à la contestation renforce les chances de succès du maître d’ouvrage, même dans le cadre d’un règlement amiable, en incitant le professionnel à réparer ou indemniser pour éviter un procès. Ainsi, le constat professionnel devient un levier stratégique dans la résolution des litiges liés aux malfaçons.
L’expert en bâtiment est souvent le premier intervenant à solliciter pour un constat de malfaçons. Titulaire d'une formation technique approfondie, souvent ingénieur ou architecte, il procède à une expertise amiable en analysant les désordres, leur origine, leur gravité, ainsi que les responsabilités engagées.
Il rédige ensuite un rapport circonstancié décrivant les malfaçons, leur impact sur l’ouvrage, et estimant le coût des réparations. Ce rapport peut être joint à une mise en demeure adressée à l’entrepreneur, dans le but d’obtenir réparation sans passer par une procédure judiciaire.
Ce type d’expertise est particulièrement pertinent dans le cadre de la garantie de parfait achèvement (article 1792-6 du Code civil), valable un an après la réception des travaux, ainsi que dans les contextes de garantie biennale ou garantie décennale selon la nature des désordres.
Le commissaire de justice (anciennement huissier) peut également intervenir pour établir un constat de malfaçons. Son rôle est ici limitativement descriptif : il ne donne pas d’avis technique sur la qualité des ouvrages, mais dresse un procès-verbal de constat, décrivant de manière neutre et officielle les désordres visibles.
Ce constat est doté d’une force probante renforcée en vertu de l’article 1er de l’ordonnance du 2 juin 1945, car il est réalisé par un officier public ministériel. Il peut s’avérer précieux pour constituer un dossier de preuve en cas de procédure, mais n’est pas suffisant à lui seul si les causes du désordre sont complexes ou cachées.
Si la phase amiable échoue, le maître d’ouvrage peut saisir le tribunal judiciaire. Celui-ci peut alors, sur requête ou assignation, désigner un expert judiciaire inscrit sur la liste des experts près la Cour d’appel, conformément aux articles 145 et 232 du Code de procédure civile.
L’expert judiciaire convoque les parties, procède à des investigations sur site, organise des réunions contradictoires, et rédige un rapport d’expertise judiciaire. Ce rapport, déposé au greffe, constitue un élément déterminant pour le jugement.
Deux issues principales peuvent découler de cette expertise :
L’avocat spécialisé en droit de la construction n’est pas habilité à constater les malfaçons au sens technique, mais il oriente et coordonne les démarches juridiques. Son rôle est fondamental pour :
Son accompagnement est également précieux pour interpréter les rapports d’expertise, négocier avec l’assureur, et mettre en œuvre les garanties légales.
Il est essentiel de réagir rapidement lorsqu'une malfaçon est constatée à l’issue de travaux de construction ou de rénovation.
En effet, le délai pour agir varie selon le régime juridique applicable, et tout retard peut compromettre l’exercice des recours. Voici les principaux délais à connaître :
Il est donc fondamental de faire constater la malfaçon dès son apparition, même si le dommage semble léger.
Ce constat permet de conserver la preuve de l’existence et de la nature du désordre, ce qui est indispensable pour engager la responsabilité de l’artisan ou de l’entreprise. Plus le constat est réalisé tôt, plus il sera aisé de mobiliser les garanties applicables, de déterminer les responsabilités et de constituer un dossier solide en vue d’un règlement amiable ou judiciaire du litige.
Le constat de malfaçons constitue une pièce maîtresse pour engager la responsabilité de l’entreprise ou de l’artisan défaillant.
Qu’il soit dressé par un expert en bâtiment, un commissaire de justice ou dans le cadre d’une expertise judiciaire, il permet d’objectiver les désordres, d’en identifier l’origine et de fonder juridiquement les demandes de réparation ou d’indemnisation.
Face à un entrepreneur qui conteste les défauts ou refuse d’intervenir, le recours à des professionnels habilités et à un avocat en droit de la construction permet de sécuriser ses démarches et de faire respecter ses droits. La réussite de cette procédure repose sur une action rapide, rigoureuse, et juridiquement encadrée, à la lumière des garanties prévues par le Code civil.
1. Qu’est-ce qu’une malfaçon dans le cadre de travaux de construction ou de rénovation ?
Une malfaçon désigne un défaut de réalisation affectant un ouvrage, que ce soit un vice de forme, une erreur d’exécution ou un non-respect des normes techniques. Elle peut concerner aussi bien le gros œuvre (fissures sur une dalle, affaissement de fondations) que les finishes (carrelage mal posé, peinture non uniforme). En droit, elle constitue un manquement à l'obligation de résultat imposée à l'entrepreneur (articles 1792 et suivants du Code civil). Ce manquement engage la responsabilité contractuelle du professionnel et, selon la gravité du désordre, peut relever de la garantie de parfait achèvement, de la garantie biennale ou de la garantie décennale.
2. Quel professionnel est compétent pour établir un constat de malfaçons ?
Plusieurs professionnels peuvent constater des malfaçons, selon la nature du litige et la phase du dossier :
3. Dans quels cas le recours à un expert judiciaire est-il nécessaire ?
Le recours à un expert judiciaire devient indispensable lorsque :
4. Peut-on faire constater une malfaçon des mois ou des années après la fin des travaux ?
Oui, cela dépend du type de garantie applicable. En droit de la construction, les délais pour agir sont strictement encadrés :
5. Pourquoi se faire accompagner par un avocat en droit de la construction en cas de malfaçon ?
L’avocat spécialisé en droit de la construction est un allié indispensable pour :