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Immatriculation suspendue : que faire si votre véhicule est jugé dangereux ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Véhicule endommagé : comment lever l’interdiction de circuler ?

Lorsqu’un véhicule est impliqué dans un accident de la route, des conséquences administratives et techniques peuvent en découler, notamment la suspension de son certificat d’immatriculation.

En effet, si le véhicule est jugé dangereux pour la circulation, sa carte grise peut être gelée, rendant toute utilisation sur la voie publique illégale. La réglementation impose alors une série de démarches précises, dont l’intervention d’un expert automobile agréé, pour évaluer l’état du véhicule et déterminer s’il peut ou non être remis en circulation.

À travers cet article, defendstesdroits.fr vous explique en détail les obligations légales, les procédures applicables en cas de véhicule endommagé, et les conditions dans lesquelles l’expertise est indispensable pour récupérer le certificat d’immatriculation.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Quelles sont les conséquences juridiques d’un véhicule jugé dangereux ?
  3. Quelle est la procédure applicable selon le Code de la route ?
  4. Procédure VGE : véhicule gravement endommagé mais réparable
  5. Procédure VEI : véhicule économiquement irréparable
  6. Quel rôle joue l’assurance dans le cadre de l’expertise ?
  7. Peut-on contester une expertise automobile ?
  8. Quelle est la procédure pour récupérer la carte grise ?
  9. FAQ

Quelles sont les conséquences juridiques d’un véhicule jugé dangereux ?

Lorsque les forces de l’ordre, suite à un accident, estiment qu’un véhicule présente un danger manifeste pour ses occupants ou les autres usagers de la route, elles sont habilitées à procéder à la rétention du certificat d’immatriculation (ou carte grise). Cette mesure est prévue par l’arrêté du 29 avril 2009 relatif à la procédure des véhicules endommagés, pris en application de l’article R. 327-2 du Code de la route.

Concrètement, l’agent verbalisateur rédige un avis de retrait, mentionnant les raisons pour lesquelles le véhicule est jugé impropre à la circulation. Le certificat d’immatriculation est alors gelé, et le propriétaire ne peut plus utiliser le véhicule tant qu’une expertise automobile n’a pas été réalisée.

Quelle est la procédure applicable selon le Code de la route ?

Selon l’article R. 327-3 du Code de la route, une fois la carte grise retirée, l’administration (ou l’assureur) mandate un expert agréé afin d’évaluer l’état du véhicule. L’expert vérifie notamment :

  • La carrosserie et la structure du châssis ;
  • La direction ;
  • La liaison au sol (suspension, essieux, roues) ;
  • Les dispositifs de sécurité passive (airbags, ceintures de sécurité, etc.).

L’objectif est de déterminer si le véhicule est :

  1. Non dangereux : la carte grise est restituée immédiatement.
  2. Gravement endommagé mais techniquement réparable (VGE) : des réparations sont nécessaires avant tout retour en circulation.
  3. Économiquement ou techniquement irréparable (VEI) : le véhicule est considéré comme épave, et le certificat d’immatriculation ne peut être restitué sans mesures spécifiques.

Procédure VGE : véhicule gravement endommagé mais réparable

Lorsqu’un véhicule accidenté présente des dommages importants qui compromettent sa sécurité mais que sa remise en état est techniquement possible, il est classé en VGE (Véhicule Gravement Endommagé). Ce classement est prévu par l’article R. 327-5 du Code de la route, qui encadre strictement les démarches nécessaires à la remise en circulation du véhicule.

Dès lors, plusieurs obligations légales s’imposent au propriétaire :

  • Faire exécuter les réparations exigées dans le rapport d’expertise initial. Ces réparations doivent être confiées à un professionnel qualifié, capable de remettre le véhicule dans un état compatible avec les normes de sécurité en vigueur.
  • Mandater un expert automobile agréé pour procéder à une contre-expertise. Cette seconde évaluation a pour objet de vérifier la conformité des travaux réalisés avec les prescriptions initiales. L’expert doit certifier que le véhicule ne présente plus aucun danger pour la circulation, tant pour ses occupants que pour les tiers.

Il est important de souligner que tant que cette contre-expertise n’a pas été validée, le véhicule reste interdit de circulation, et sa carte grise demeure gelée dans le fichier SIV (Système d’Immatriculation des Véhicules).

Ce n’est qu’après cette validation technique que l’immatriculation du véhicule peut redevenir valide, permettant ainsi au propriétaire de récupérer son certificat d’immatriculation et de rouler à nouveau légalement. L’intervention d’un expert indépendant agréé est donc indispensable à la levée de la mesure d’interdiction administrative.

Procédure VEI : véhicule économiquement irréparable

Lorsque les dommages sont tels que leur coût excède la valeur résiduelle du véhicule, celui-ci est classé en VEI (Véhicule Économiquement Irréparable), conformément à l’article L. 327-1 du Code de la route.

Dans ce cas :

  • L’assurance propose une indemnisation contre cession du véhicule ;
  • En cas de refus de l’offre d’indemnisation, une opposition à mutation est inscrite au fichier SIV (Système d’Immatriculation des Véhicules), ce qui empêche toute revente du véhicule sans expertise nouvelle ;
  • Le propriétaire peut alors décider d’engager les réparations à ses frais, puis de solliciter une ré-expertise prouvant la remise en état du véhicule.

Quel rôle joue l’assurance dans le cadre de l’expertise ?

Lorsque l’accident est couvert par l’assurance, cette dernière mandate automatiquement un expert automobile pour réaliser l’évaluation. À défaut, c’est au propriétaire de solliciter directement un expert inscrit sur la liste nationale des experts en automobile.

L’expert rend alors un rapport écrit, précisant :

  • Le niveau de dangerosité du véhicule ;
  • Le type de procédure engagée (VEI, VGE ou absence de danger) ;
  • Le coût prévisionnel des réparations, en cas de procédure VGE ;
  • L’évaluation de la valeur résiduelle du véhicule, dans le cadre d’un classement VEI.

Peut-on contester une expertise automobile ?

Oui, il est tout à fait possible de contester une expertise automobile si l’on considère que les conclusions sont inexactes, incomplètes ou injustifiées. Cette contestation est d’autant plus pertinente lorsque l’expertise aboutit à un classement VEI (Véhicule Économiquement Irréparable) alors que le propriétaire estime que le véhicule peut encore être réparé en toute sécurité, ou lorsque l’offre d’indemnisation de l’assureur est dérisoire.

Deux voies de recours principales sont envisageables :

  • La contre-expertise amiable : le propriétaire peut solliciter un autre expert automobile agréé afin qu’il réalise une nouvelle évaluation indépendante du véhicule. Ce second rapport peut venir contredire ou nuancer le premier, notamment en ce qui concerne la dangerosité du véhicule, la faisabilité des réparations ou leur coût.
  • L’expertise judiciaire : si le désaccord persiste, le propriétaire peut saisir le tribunal judiciaire afin d’obtenir une expertise ordonnée par un juge, sur le fondement de l’article 145 du Code de procédure civile. Ce dispositif permet, en amont de tout procès, d’établir des preuves techniques dans le but de faire valoir ses droits. L’expert judiciaire désigné par le tribunal bénéficie alors d’une autorité probante supérieure.

Dans les deux cas, l’objectif est de démontrer que le véhicule ne présente pas les caractéristiques justifiant une interdiction définitive de circulation ou un classement en VEI, et de permettre la récupération du certificat d’immatriculation dans des conditions équitables.

Quelle est la procédure pour récupérer la carte grise ?

La restitution du certificat d’immatriculation (ou carte grise) dépend du résultat de l’expertise et du type de procédure enclenchée. Elle n’est envisageable que si certaines conditions strictes sont remplies.

Trois cas de figure sont possibles :

  • Le véhicule a été déclaré non dangereux par l’expert : dans ce cas, la carte grise peut être immédiatement restituée au propriétaire, sans obligation de réparations.
  • En cas de procédure VGE, des réparations spécifiques sont imposées par le rapport d’expertise initial. Le propriétaire doit :
    • Faire effectuer ces réparations par un professionnel qualifié ;
    • Puis solliciter une expertise de contrôle, réalisée par un expert agréé, afin de valider la conformité des réparations ;
    • Enfin, transmettre ce second rapport aux autorités compétentes (préfecture ou administration) pour obtenir la levée de l’interdiction de circuler.
  • Si le véhicule est classé VEI, une demande explicite de réexamen doit être formulée par le propriétaire. Il devra alors :
    • Faire exécuter les réparations à ses frais ;
    • Fournir une preuve écrite et technique de ces travaux (factures, photos, expertise contradictoire) ;
    • Faire réaliser une nouvelle expertise attestant que le véhicule ne présente plus de danger, afin d’obtenir la restitution conditionnelle de la carte grise, malgré l’opposition à mutation inscrite dans le SIV (Système d’Immatriculation des Véhicules).

Dans tous les cas, l’intervention d’un expert automobile agréé est indispensable : sans cette validation technique, l’interdiction administrative de circuler reste en vigueur. Cette procédure est donc un préalable incontournable pour retrouver le droit de rouler légalement avec un véhicule ayant été accidenté.

Conclusion

L'immobilisation administrative d’un véhicule à la suite d’un accident n’est pas une simple formalité : elle obéit à une procédure strictement encadrée par le droit, en particulier par le Code de la route et l’arrêté du 29 avril 2009.

Le recours à une expertise automobile constitue une étape essentielle pour évaluer la dangerosité du véhicule, encadrer les réparations nécessaires et garantir la sécurité des usagers.

Qu’il s’agisse d’un classement en VGE ou en VEI, la reprise de la circulation passe par une validation technique rigoureuse, condition indispensable à la restitution de la carte grise. Pour défendre vos droits en cas de litige ou de contestation d’expertise, n’hésitez pas à consulter les ressources disponibles sur defendstesdroits.fr.

FAQ

1. Dans quels cas une expertise automobile est-elle obligatoire après un accident de la route ?

Une expertise automobile devient obligatoire lorsque les forces de l’ordre estiment que le véhicule accidenté présente un danger manifeste pour la sécurité routière. Conformément à l’arrêté du 29 avril 2009 relatif à la procédure des véhicules endommagés et à l’article R. 327-3 du Code de la route, l’expert est chargé d’évaluer si le véhicule peut circuler sans mettre en péril ses occupants ou les autres usagers. Cette expertise est indispensable pour déterminer si le véhicule peut reprendre la route, s’il doit être réparé (procédure VGE) ou s’il est irréparable (procédure VEI).

2. Quels sont les critères évalués lors de l’expertise d’un véhicule endommagé ?

L’expert automobile analyse plusieurs éléments techniques afin de juger de la dangerosité potentielle du véhicule. Il évalue notamment :

  • La structure du châssis (carrosserie) ;
  • Le système de direction ;
  • La liaison au sol (roues, essieux, suspensions) ;
  • Les dispositifs de sécurité passive, comme les ceintures et les airbags.
    Si l’un de ces composants présente une déficience significative, l’expert peut estimer que le véhicule ne peut pas circuler en l’état, déclenchant ainsi une procédure VGE ou VEI selon la gravité des dommages.

3. Quelle est la différence entre un classement VGE et VEI ?

Le classement VGE (Véhicule Gravement Endommagé) signifie que le véhicule est techniquement réparable, mais nécessite des travaux importants pour garantir la sécurité. Le certificat d’immatriculation est alors gelé, et sa restitution est conditionnée à la réalisation des réparations suivie d’une contre-expertise validant la conformité des travaux.

En revanche, un classement VEI (Véhicule Économiquement Irréparable) est prononcé lorsque le coût des réparations dépasse la valeur vénale du véhicule, rendant sa remise en circulation économiquement injustifiée. Dans ce cas, l’assurance propose une indemnisation contre cession et, en cas de refus, une opposition à mutation est inscrite pour empêcher la revente du véhicule.

4. Comment récupérer son certificat d’immatriculation après un classement VGE ?

Pour obtenir la restitution de la carte grise dans le cadre d’un classement VGE, le propriétaire doit :

  1. Faire exécuter les réparations exigées par l’expert chez un professionnel ;
  2. Mandater un expert agréé pour réaliser une expertise de contrôle afin de vérifier que les travaux ont bien été réalisés et que le véhicule est désormais apte à circuler ;
  3. Fournir les pièces justificatives à l’administration pour lever le gel du certificat d’immatriculation.
    Sans cette procédure, le véhicule reste interdit à la circulation, même s’il paraît réparé en apparence.

5. Peut-on contester le classement VEI ou les conclusions de l’expert automobile ?

Oui, il est possible de contester une expertise automobile jugée erronée. Le propriétaire peut solliciter une contre-expertise amiable auprès d’un autre expert agréé, ou demander une expertise judiciaire sur le fondement de l’article 145 du Code de procédure civile, s’il souhaite engager un recours devant le tribunal judiciaire. Cette contestation est particulièrement pertinente si le classement VEI est jugé excessif ou si l’offre d’indemnisation de l’assureur est insuffisante au regard de la valeur réelle du véhicule ou de son attachement personnel.

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