La démission d’un contrat à durée indéterminée (CDI) constitue un acte juridique unilatéral par lequel le salarié manifeste sa volonté claire et non équivoque de rompre son contrat de travail. Ce mode de rupture, prévu par les articles L1237-1 et suivants du Code du travail, suppose une décision parfaitement réfléchie : une fois exprimée, la démission produit ses effets immédiatement et ne peut faire l’objet d’aucune rétractation, sauf si l’employeur accepte expressément le retour en arrière du salarié.
Derrière ce choix se cachent de multiples enjeux : conséquences financières, existence ou non de droits à indemnisation, obligation d’exécuter un préavis, modalités exactes de calcul du solde de tout compte, accès éventuel aux allocations chômage, délivrance des documents de fin de contrat, ou encore possibilité de bénéficier d’un statut de démission légitime. La démission est parfois utilisée pour accéder à une nouvelle opportunité professionnelle, suivre son conjoint, engager une reconversion, ou entreprendre. Elle peut également répondre à la nécessité de quitter un emploi devenu incompatible avec ses aspirations personnelles ou ses conditions de vie.
Cependant, démissionner ne signifie pas rompre son contrat sans conséquences juridiques. Le salarié doit agir en conformité avec les dispositions du Code du travail, la jurisprudence sociale, sa convention collective et les règles d’assurance chômage, notamment celles issues du règlement général annexé à la convention d’assurance chômage du 15 novembre 2024.
Afin de permettre aux justiciables d’appréhender les implications d’une telle décision, defendstesdroits.fr présente les 4 informations essentielles que tout salarié doit connaître avant de remettre sa lettre de démission. Cette analyse exhaustive met en lumière les règles applicables, les obligations de chaque partie et les droits susceptibles d’être mobilisés, pour que chaque salarié puisse sécuriser son parcours professionnel.
La démission ne nécessite ni validation, ni autorisation de l’employeur. Elle s’impose à lui dès lors que la volonté exprimée par le salarié est claire et non équivoque, conformément à la jurisprudence sociale constante (Cass. soc., 6 novembre 1997, n°95-44339).
Le salarié peut démissionner par simple notification écrite, idéalement par lettre remise en main propre ou par courrier recommandé. La démission ne doit toutefois pas être abusive : elle ne doit pas être prononcée dans l’intention de nuire à l’employeur sous peine d’engager la responsabilité civile du salarié.
La démission peut intervenir à tout moment, y compris pendant une suspension du contrat (arrêt maladie, congé maternité…), conformément à la jurisprudence de la Cour de cassation (Cass. soc., 16 décembre 1997, n°95-42090).
L’article L1237-1 du Code du travail impose au salarié de respecter un préavis, sauf exception légalement prévue ou accord contraire de l’employeur.
La durée dépend de plusieurs sources :
Si le contrat prévoit un préavis plus court que celui de la convention collective, c’est la durée la plus favorable au salarié qui s’applique.
Le préavis court à compter de la date de notification de la démission.
Le salarié peut demander à l’employeur :
L’employeur n’est jamais obligé d'accepter. En revanche, lorsqu’il décide lui-même de dispenser le salarié, il doit lui verser une indemnité compensatrice de préavis, en application de l’article L1234-5 du Code du travail.
La salariée enceinte médicalement constatée peut rompre son contrat sans préavis (article L1225-34 du Code du travail).
Le non-respect du préavis expose le salarié au paiement d’une indemnité compensatrice, destinée à réparer le préjudice subi par l’employeur (Cass. soc., 29 janvier 2002, n°98-44430).
La démission n’ouvre droit à aucune indemnité de rupture, contrairement au licenciement ou à la rupture conventionnelle.
Cependant, plusieurs sommes doivent être versées au salarié :
Due lorsque l’employeur décide lui-même de dispenser le salarié d’exécuter son préavis.
Le salarié perçoit une indemnité correspondant aux congés acquis non pris.
Applicable si :
Le solde de tout compte peut comprendre :
Ce document doit être remis avec le dernier bulletin de salaire. Le salarié dispose de 6 mois pour contester un solde signé, et 3 ans s’il ne l’a pas signé.
L’employeur doit impérativement remettre :
Daté, signé, et comprenant les informations prévues par l’article L1234-19 du Code du travail.
Document nécessaire à une éventuelle demande d’allocations.
Liste détaillée des sommes versées.
État récapitulatif des sommes épargnées, participation, intéressement…
Le défaut de remise de ces documents peut justifier l’attribution de dommages-intérêts par le conseil de prud’hommes.
En principe, la démission n’ouvre pas droit à l’assurance chômage (article L5422-1 du Code du travail).
Cependant, plusieurs exceptions permettent d’accéder à l’ARE :
Par exemple :
Depuis le 1er novembre 2019, un salarié peut percevoir l’ARE s’il démissionne pour suivre une formation visant une reconversion validée par la CPIR – Transitions Pro.
Le salarié peut obtenir l’ARE si :
La démission d’un CDI ne se limite jamais à la simple remise d’une lettre. Ce mode de rupture engage la responsabilité du salarié et emporte des conséquences précises en matière de préavis, d’indemnités, de droits sociaux et d’accès au chômage. Les textes du Code du travail, complétés par les règles d’assurance chômage, encadrent strictement les conditions dans lesquelles le salarié peut quitter son emploi sans mettre en péril ses droits.
Avant de démissionner, il est donc indispensable d’examiner l’ensemble de ces éléments : validité de la décision, respect des délais, indemnités éventuelles, documents remis, possibilité d’obtenir l’ARE dans certaines hypothèses, ou encore impact de la clause de non-concurrence.
La connaissance de ces paramètres permet au salarié d’anticiper les effets juridiques et financiers de son départ, de sécuriser sa transition professionnelle et d’éviter les litiges. defendstesdroits.fr accompagne chaque travailleur dans cette démarche, en apportant une information claire, actualisée et rigoureuse fondée sur les sources légales et jurisprudentielles pertinentes.
Pour que la démission soit valable, elle doit résulter d’une volonté claire, sérieuse et non équivoque, conformément à la jurisprudence constante de la Cour de cassation. Cela signifie que le salarié doit exprimer son intention de quitter l’entreprise sans ambiguïté, par écrit de préférence, et dans des conditions excluant toute impulsivité ou pression. Une démission donnée dans un moment d’émotion intense (conflit, fatigue, stress) peut être contestée si le salarié parvient à démontrer que son consentement a été altéré. La démission ne requiert aucune validation de l'employeur : elle s’impose à lui. Toutefois, le salarié a tout intérêt à formaliser sa décision par lettre datée et signée, de façon à engager le point de départ du préavis et prévenir toute contestation.
Par ailleurs, la démission ne doit pas être abusive : si elle est prononcée dans l’intention de nuire ou de porter préjudice à l’employeur (par exemple en quittant un poste à un moment stratégique pour désorganiser l’entreprise), elle peut donner lieu à des dommages-intérêts.
Le préavis est la règle. Selon l’article L1237-1 du Code du travail, le salarié doit exécuter un préavis, dont la durée dépend :
Le préavis commence à courir dès la notification de la démission. Le salarié peut toutefois demander :
À l’inverse, si le salarié refuse d’exécuter son préavis sans autorisation, il peut être condamné à indemniser l’employeur du préjudice subi (Cass. soc., 29 janvier 2002).
Certaines situations légales dispensent automatiquement de préavis, comme la démission d’une salariée enceinte médicalement constatée (article L1225-34).
Contrairement au licenciement ou à la rupture conventionnelle, la démission n’ouvre droit à aucune indemnité de rupture. Toutefois, le salarié peut percevoir plusieurs sommes, obligatoires selon la situation :
Le solde de tout compte récapitule l’ensemble de ces sommes. S’il est signé, il peut être contesté dans un délai de 6 mois ; s’il ne l’est pas, le salarié dispose de 3 ans pour contester.
À la fin du contrat, l’employeur doit remettre :
L’absence de remise de ces documents peut provoquer un préjudice grave pour le salarié : impossibilité de faire valoir ses droits au chômage ultérieurement, difficultés pour justifier de son expérience professionnelle…
L’employeur peut être condamné à des dommages-intérêts et encourir une sanction administrative.
En principe, la démission ne donne pas droit à l’ARE, car elle constitue une rupture volontaire, ce qui est incompatible avec l’article L5422-1 qui conditionne l’indemnisation à une perte involontaire d’emploi.
Cependant, plusieurs exceptions permettent d’être indemnisé :
Par exemple :
Procédure encadrée par un CEP et une validation du projet par la CPIR.
Possible uniquement si :
Si aucune indemnisation n’est versée, le salarié peut demander un réexamen auprès de l’Instance Paritaire Régionale, en démontrant ses efforts continus de recherche d’emploi.
Cette variété de dispositifs démontre que la démission n’exclut pas totalement la possibilité d’une indemnisation, mais celle-ci dépend d’un cadre légal très strict et de démarches précises.