Travail

Création d’entreprise : Quelles aides obtenir en 2026 ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Créer ou reprendre une entreprise : Les dispositifs d’aide à connaître

Créer ou reprendre une entreprise constitue une étape déterminante dans la vie professionnelle d’un entrepreneur. Qu’il s’agisse d’un projet mûrement réfléchi, d’une reconversion professionnelle ou d’une opportunité de reprise, cette démarche exige de réunir des ressources financières suffisantes pour assurer la pérennité de l’activité dès son lancement.

En effet, les premiers mois sont souvent marqués par des dépenses incontournables : formalités d’immatriculation, investissements matériels, recrutement éventuel, fonds de roulement, communication, conformité aux réglementations spécifiques, etc. Dans ce contexte, l’accès à des mécanismes d’aides devient rapidement un élément déterminant pour sécuriser le démarrage.

Le cadre juridique français prévoit un ensemble complet de dispositifs d’accompagnement destinés aux créateurs et repreneurs d’entreprise. Ces mesures peuvent être sociales, lorsqu’elles allègent les cotisations dues par le dirigeant ; financières, lorsqu’elles permettent de mobiliser un capital ou de garantir l’accès aux financements ; ou fiscales, lorsqu’elles offrent des exonérations temporaires afin de faciliter l’installation ou le développement de l’activité.

Leur mise en œuvre répond à des objectifs spécifiques : favoriser l’innovation, encourager l’embauche, soutenir l’implantation dans certains territoires, renforcer l’inclusion professionnelle ou encore accompagner les publics les plus éloignés de l’emploi dans leur accès à l’entrepreneuriat.

Cependant, toutes ces aides reposent sur des conditions strictes, définies par des textes du Code du travail, du Code général des impôts, ou encore par des décrets spécifiques.

Certaines sont délivrées automatiquement, tandis que d’autres nécessitent un dossier complet, une analyse préalable ou une validation par un organisme partenaire.

La compréhension précise des règles applicables et des démarches à accomplir demeure essentielle pour éviter tout refus, sécuriser les financements et optimiser le lancement de l’entreprise.

À travers cet article, defendstesdroits.fr vous propose une analyse structurée et juridiquement fondée des principales aides disponibles en 2026 pour créer ou reprendre une entreprise. L’objectif est de permettre à chaque entrepreneur, qu’il soit débutant ou expérimenté, de connaître les dispositifs existants, leurs critères d’éligibilité, leurs montants, ainsi que les démarches indispensables pour en bénéficier.

Sommaire

  1. Introduction générale
  2. Définition et objectifs des aides à la création ou à la reprise d’entreprise
  3. Aides sociales : exonérations et dispositifs pour débuter l’activité
  4. Aides financières : capitaux, garanties et accompagnements disponibles
  5. Aides régionales : dispositif NACRE et soutiens territoriaux
  6. Aides spécifiques : femmes entrepreneures, personnes handicapées, ERP
  7. Aides fiscales : exonérations, zones géographiques et avantages sectoriels
  8. Dispositifs innovants : JEI, CIR et crédit dédié à l’industrie verte (C3IV)
  9. Conclusion

Qu’est-ce qu’une aide à la création ou à la reprise d’entreprise ?

Les aides évoquées par le législateur peuvent être de trois natures :

  • Sociales : elles permettent d’alléger ou d’exonérer certaines cotisations (ex. ACRE).
  • Financières : elles prennent la forme de versements ou de prêts avantageux (ex. ARCE, garanties, aides régionales).
  • Fiscales : elles offrent des exonérations temporaires d’impôts sur les bénéfices ou d’impôts locaux.

Ces aides ne sont jamais automatiques : il appartient au créateur ou au repreneur d’entreprise de respecter les conditions exigées et de réaliser les démarches requises auprès des organismes compétents.

Les aides sociales pour créer ou reprendre une entreprise

L’ACRE : une exonération partielle ou totale des cotisations sociales

L’Aide à la Création ou à la Reprise d’Entreprise (ACRE) permet de bénéficier d’une exonération de cotisations sociales pendant les premiers mois ou années d’activité.

Selon l’article L5141-1 du Code du travail, peuvent en bénéficier notamment :

  • les jeunes de 18 à 26 ans ;
  • les personnes handicapées de moins de 30 ans ;
  • les demandeurs d’emploi indemnisés ou inscrits depuis au moins 6 mois ;
  • les bénéficiaires du RSA ou de l’allocation de solidarité spécifique ;
  • les créateurs implantés dans un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPPV).
Modalités de demande
  • Pour les micro-entrepreneurs : demande obligatoire auprès de l’URSSAF.
  • Pour les autres entrepreneurs : attribution généralement automatique.

L’ARCE : percevoir en capital une partie de ses droits chômage

L’Aide à la Reprise ou à la Création d’Entreprise (ARCE), prévue par le décret n°2019-797 du 26 juillet 2019, permet de transformer une partie des droits ARE en capital.

Conditions d’accès (article 4 du décret de 2019)

Peuvent en bénéficier :

  • les demandeurs d’emploi indemnisés qui créent ou reprennent une entreprise ;
  • les salariés ayant cessé un congé de reclassement ou de mobilité pour entreprendre.
Montant de l’aide

Depuis le 1er juillet 2023 :

  • L’ARCE représente 60 % des droits ARE restants (après déduction de 3 % au titre de la retraite complémentaire – article 35 du décret).
  • Le capital est versé en deux fois :
    • 50 % au démarrage de l’activité ;
    • 50 % six mois plus tard, sous conditions.

Les aides financières destinées aux entrepreneurs

Les aides au recrutement versées par l’État

Plusieurs dispositifs permettent de réduire le coût du travail lors du lancement de l’activité, notamment :

  • l’aide à l’embauche d’un demandeur d’emploi de longue durée ;
  • l’aide à l’embauche d’un apprenti ;
  • l’aide à l’embauche d’un travailleur handicapé ;
  • les dispositifs d’allégement de cotisations patronales dans certaines zones.

Ces aides ont pour objectif de soutenir la croissance initiale des jeunes entreprises.

Le dispositif NACRE : accompagnement et structuration du projet

Depuis la réforme intervenue en 2017, l’accompagnement NACRE est géré par les régions, conformément à l’article L5141-5 du Code du travail.

Trois axes d’accompagnement possibles :
  • Aide au montage du dossier de création ;
  • Structuration financière (viabilité économique, recherche de financement) ;
  • Suivi post-création pendant 3 ans.
Public éligible

Selon les régions, peuvent notamment en bénéficier :

  • les 18–25 ans (ou 29 ans en situation de handicap) ;
  • les bénéficiaires du RSA ou de l’ASS ;
  • les créateurs situés dans un QPPV ;
  • les demandeurs d’emploi de longue durée ;
  • les titulaires d’un contrat d’appui au projet d’entreprise (CAPE).
Démarches
  • Via France Travail ou un organisme conventionné ;
  • Signature obligatoire d’un contrat d’engagement.

La garantie ÉGALITÉ femmes : faciliter l’accès au crédit bancaire

Ce dispositif, porté par Bpifrance, garantit jusqu’à 80 % d’un prêt bancaire, dans la limite de 50 000 €, pour soutenir les femmes entrepreneuses.

Conditions d’éligibilité
  • Présenter un projet structuré et viable ;
  • Déposer une demande de prêt auprès d’un établissement partenaire ;
  • Justifier des capacités de remboursement.

Cette garantie améliore l’accès au financement pour les créatrices d’entreprise.

L’aide Agefiph pour les créateurs d’entreprise handicapés

Conformément à l’article L5213-6 du Code du travail, l’Agefiph propose une aide de 3 000 € destinée aux créateurs d’entreprise handicapés.

Conditions de délivrance
  • Création ou reprise d’entreprise par une personne reconnue handicapée ;
  • Statut effectif de dirigeant ;
  • Projet d’un montant minimum de 7 500 € ;
  • Apport personnel d’au moins 1 200 €.
Dossier à déposer avant immatriculation

Le dossier doit comprendre :

  • formulaire Agefiph ;
  • justificatif de situation professionnelle ;
  • avis d’un expert de l’accompagnement entrepreneurial ;
  • justificatif de l’apport personnel.

Fonds territorial d’accessibilité pour les établissements recevant du public

Créé par le décret n°2023-993, ce fonds soutient les TPE et PME de 5e catégorie pour financer leurs travaux de mise en accessibilité.

Dépenses financées (article 2 du décret)
  • Travaux ;
  • Équipements spécifiques ;
  • Diagnostics ;
  • Assistance à maîtrise d’ouvrage.
Montant de l’aide
  • 50 % des dépenses, plafonné :
    • à 20 000 € pour les travaux et équipements ;
    • à 500 € pour les diagnostics.

Les aides fiscales pour accompagner la création ou la reprise d’entreprise

Exonérations selon la zone d’implantation

Certaines entreprises situées dans des zones ciblées peuvent bénéficier d’allègements fiscaux importants.

Zones concernées
  • BER (bassins d’emploi à redynamiser) – exonération de CFE pendant 5 ans ;
  • AFR (zones d’aide à finalité régionale) – exonération partielle d’impôt (article 44 sexies CGI) ;
  • ZFU-TE – exonération prolongée jusqu’au 31 décembre 2025 (article 44 octies A CGI) ;
  • ZRR / ZFRR – jusqu’à fin 2027 (arrêté du 14 avril 2025).

Aides fiscales pour l’innovation et la recherche

Statut de jeune entreprise innovante (JEI)

Concerne les PME consacrant au moins 15 % de leurs charges à la R&D.
Exonération possible de CFE ou de TFPB (article 1466 D CGI).

Crédit d’impôt recherche (CIR)

Prévu à l’article 244 quater B du CGI, le CIR permet de déduire une partie des dépenses de R&D.
La loi de finances 2025 a réduit certains avantages (abaissement du taux de prise en compte des frais de fonctionnement, suppressions diverses).

Crédit d’impôt pour investissements dans l’industrie verte (C3IV)

Prévu à l’article 244 quater I du CGI, ce crédit d’impôt concerne les investissements destinés à produire :

  • batteries ;
  • éoliennes ;
  • panneaux solaires ;
  • pompes à chaleur.

Le taux varie de 20 % à 60 % selon les critères retenus.

Conclusion

L'examen des différentes aides à la création ou à la reprise d’entreprise montre que le législateur et les acteurs publics ont conçu un ensemble cohérent de dispositifs visant à soutenir les entrepreneurs dès les premières étapes de leur projet.

Les mesures sociales, telles que l’ACRE, allègent les charges du chef d’entreprise et facilitent la transition vers une activité indépendante. Les aides financières comme l’ARCE, les garanties bancaires ou les programmes d’accompagnement régionaux offrent un soutien concret pour sécuriser la trésorerie et permettre au porteur de projet de disposer des ressources nécessaires au démarrage.

De plus, les dispositifs fiscaux mobilisables lors de l’installation dans des zones géographiquement sensibles ou lors de projets innovants démontrent la volonté du législateur de favoriser un développement économique équilibré et respectueux des enjeux technologiques et écologiques contemporains. Les mécanismes mis en place dans les BER, ZFU-TE, AFR, ZRR ou encore via le JEI, le CIR ou le C3IV constituent de véritables leviers de croissance pour les entreprises qui souhaitent investir dans la recherche, la transition énergétique ou l’industrialisation verte.

Toutefois, ces aides impliquent une parfaite maîtrise des conditions d’éligibilité et des démarches administratives. Certaines doivent être demandées avant l’immatriculation, d’autres exigent un accompagnement par un professionnel ou encore une justification d’apport personnel. L’entrepreneur doit donc adopter une démarche rigoureuse, vérifier les obligations liées à chaque dispositif et anticiper les délais pour ne perdre aucun droit.

Cet ensemble de mesures permet aujourd’hui à un grand nombre de porteurs de projets de concrétiser leur ambition entrepreneuriale dans un cadre sécurisé et soutenu. Qu’il s’agisse d’un créateur, d’un repreneur, d’une personne sans emploi, d’une femme entrepreneuse, d’un travailleur handicapé ou d’un entrepreneur innovant, les instruments juridiques et financiers existent pour accompagner chaque étape du développement d’une entreprise. Grâce à une stratégie bien construite et à une connaissance précise des dispositifs accessibles, il devient possible de bâtir un projet solide et durable, adapté aux enjeux économiques de son secteur et conforme aux exigences légales.

FAQ

1. Quelles sont toutes les aides réellement accessibles lorsqu’on crée ou reprend une entreprise, et comment les distinguer ?

Les aides mobilisables par les entrepreneurs se répartissent en trois grandes catégories, définies par différents textes légaux.
Les aides sociales, prévues notamment par le Code du travail, visent à alléger le coût des cotisations sociales lors du lancement de l’activité. L’ACRE en est l’exemple le plus emblématique, permettant une exonération partielle ou totale des cotisations pendant une période définie.
Les aides financières, quant à elles, permettent de mobiliser des ressources immédiates : capital (ARCE), accompagnement structuré (NACRE), garanties sur prêts (Garantie Égalité femmes), ou encore subventions spécifiques (Agefiph pour les entrepreneurs handicapés).
Les aides fiscales, enfin, reposent sur plusieurs articles du Code général des impôts et concernent principalement les exonérations temporaires dans certaines zones (BER, ZRR, AFR, ZFU-TE), ainsi que les dispositifs d’encouragement à l’innovation (JEI, CIR, C3IV).
Chaque aide répond à un objectif différent : réduire les charges, sécuriser le financement ou stimuler l’activité dans une zone ou un secteur stratégique. Un diagnostic précis du projet et de la situation personnelle du créateur est indispensable pour identifier les dispositifs cumulables.

2. Comment fonctionnent les aides sociales comme l’ACRE, et quelles obligations le créateur doit-il anticiper ?

L’ACRE est l’une des aides les plus structurantes pour un créateur ou repreneur d’entreprise. Prévue à l’article L5141-1 du Code du travail, elle permet une exonération de plusieurs cotisations sociales pendant les premiers mois d’activité, ce qui facilite l’amortissement financier du lancement.
Cependant, cette aide n’est pas automatique pour tous : les micro-entrepreneurs doivent déposer un dossier auprès de l’URSSAF dans les délais légaux, tandis que les autres créateurs bénéficient souvent d’une attribution automatique.
L’entrepreneur doit également anticiper que l’exonération ne porte que sur certaines cotisations (maladie, maternité, invalidité, décès, allocations familiales) et que d’autres restent dues, comme les contributions à la formation professionnelle ou la retraite complémentaire.
Le cumul avec l’ARCE est possible, mais impose que l’ACRE soit validée en amont, car elle conditionne le calcul du montant de l’ARCE. Ne pas respecter ces délais expose à un refus définitif.

3. Quels dispositifs financiers permettent de constituer un capital ou d'accéder à un financement au démarrage ?

Plusieurs dispositifs renforcent la capacité financière du créateur d’entreprise :

  • L’ARCE convertit 60 % des droits restants à l’ARE en capital versé en deux étapes, à condition que l’entrepreneur ne signe pas de CDI à temps plein dans l’intervalle.
  • Le NACRE, géré par les régions, offre un accompagnement complet : diagnostic économique du projet, aide à la structuration financière, et parfois un prêt à taux zéro pour renforcer les fonds propres.
  • La Garantie Égalité femmes, portée par Bpifrance, sécurise l’accès au crédit bancaire en couvrant jusqu’à 80 % du montant d’un prêt. Ce mécanisme peut débloquer des financements qui seraient autrement refusés.
  • L’aide Agefiph, d’un montant forfaitaire de 3 000 €, soutient les personnes handicapées présentant un projet viable.
    Ces aides sont souvent complémentaires. Une mauvaise chronologie des demandes peut cependant empêcher d’en bénéficier. Il est donc indispensable de préparer un calendrier rigoureux des démarches.

4. Quelles sont les exonérations fiscales disponibles pour les entreprises nouvellement créées, et comment savoir si l’on peut en bénéficier ?

Les aides fiscales sont parmi les plus avantageuses car elles réduisent directement la charge fiscale de l’entreprise.
Elles concernent principalement :

  • les zones géographiques spécifiques : BER, AFR, ZFU-TE, ZRR / ZFRR, chacune offrant des exonérations d’impôt sur les bénéfices ou de CFE pendant plusieurs années ;
  • les activités innovantes : le statut JEI, prévu à l’article 1466 D du CGI, offre des exonérations fiscales et sociales lorsque l’entreprise consacre au moins 15 % de ses charges à la R&D ;
  • les investissements dans l’industrie verte, via le crédit d’impôt C3IV, qui permet une réduction de 20 à 60 % selon la nature de l’investissement.
    La localisation de l’entreprise, son secteur d’activité, la nature des dépenses engagées et la date de création sont des critères déterminants. L’administration fiscale peut exiger des justificatifs détaillés (bilan, factures, business plan, rapport d’innovation). Une erreur d’implantation ou d’interprétation peut priver l’entreprise de plusieurs années d’exonération.

5. Quelles démarches administratives doit-on effectuer pour solliciter ces aides, et quelles erreurs fréquentes faut-il absolument éviter ?

Chaque aide a ses propres modalités, souvent encadrées par des textes réglementaires précis. Parmi les démarches les plus courantes :

  • déposer une demande avant immatriculation pour certaines aides (Agefiph, subventions régionales),
  • constituer un dossier complet (pièces justificatives, preuves de viabilité, attestations, RIB, statut juridique),
  • obtenir l’ACRE avant de demander l’ARCE,
  • respecter les délais officiels de dépôt auprès de France Travail, Bpifrance, l’URSSAF, l’ASP ou les services fiscaux,
  • faire valider tout projet nécessitant une autorisation administrative préalable (ERP, activités réglementées).
    Les erreurs fréquentes incluent :
  • commencer l’activité avant d’avoir déposé le dossier,
  • omettre l’apport personnel minimum exigé (ex. Agefiph),
  • confondre aides automatiques et aides nécessitant un dossier,
  • ignorer les règles de cumul ou les incompatibilités entre dispositifs.
    Une bonne stratégie consiste à planifier les demandes plusieurs semaines avant la création réelle, afin de ne perdre aucune opportunité financière ou fiscale.

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