Assurance

Expertise auto contestée : que peut faire l’assuré ?

Estelle Marant
Collaboratrice
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Désaccord sur l’expertise automobile : démarches et solutions

En cas de sinistre automobile, l’intervention d’un expert mandaté par l’assureur vise à évaluer les dommages subis par le véhicule et à déterminer l’indemnisation due à l’assuré.

Toutefois, il n’est pas rare que ce rapport d’expertise suscite des désaccords, notamment en raison d’une sous-évaluation du préjudice ou d’un refus de prise en charge de certaines réparations. Loin d’être figé, l’avis de l’expert peut faire l’objet d’une contestation encadrée par le droit des assurances.

Dès lors, connaître les recours juridiques ouverts à l’assuré devient essentiel pour défendre ses droits face à une expertise jugée inexacte ou inéquitable. Cet article vous éclaire sur les modalités de contestation du rapport d’expertise automobile, les mécanismes amiables ou contentieux disponibles, ainsi que les textes de loi applicables à chaque étape.

Sommaire

  1. Introduction
  2. Que faire en cas de désaccord avec l’expert automobile
  3. Comment négocier avec un expert automobile
  4. Qu’est-ce que l’expertise amiable contradictoire
  5. Comment fonctionne la tierce expertise
  6. Quelles sont les conséquences d’une action en justice
  7. Contester le rapport d’expertise de l’assurance
  8. FAQ

Que faire en cas de désaccord avec l’expert automobile ?

L’expertise automobile est une évaluation réalisée à la demande de l’assureur après un sinistre, en application de l’article L. 211-5 du Code des assurances. Bien qu’il soit censé être indépendant (conformément au Code de déontologie des experts en automobile), l’avis de l’expert mandaté peut être contesté par l’assuré.

Ce dernier dispose d’un droit d’accès au rapport d’expertise (article R. 326-3 du Code de la route), qui doit lui être communiqué sur simple demande. En cas de désaccord, plusieurs options sont envisageables :

  • Tenter une négociation directe avec l’expert ;
  • Recourir à une contre-expertise amiable contradictoire ;
  • Engager une tierce expertise ;
  • Saisir la juridiction compétente.

L’assuré bénéficie d’un délai de deux ans pour engager ces démarches, conformément à l’article L. 114-1 du Code des assurances.

Comment négocier avec un expert automobile ?

En cas de désaccord avec le rapport établi par l’expert mandaté par l’assurance, l’assuré peut entamer une négociation directe avant d’engager des procédures plus formelles.

Cette démarche constitue souvent la première tentative de règlement amiable, à faible coût, permettant parfois d’aboutir à une réévaluation de l’indemnisation sans passer par une contre-expertise.

Toutefois, cette étape nécessite une préparation rigoureuse, tant sur le fond que sur la forme :

  • Rassembler des éléments probants : il convient de réunir l’ensemble des documents justificatifs de la valeur réelle du véhicule, notamment :
    • Factures d’achat et de réparations récentes ;
    • Carnet d’entretien à jour ;
    • Procès-verbal de contrôle technique ;
    • Annonces de vente de véhicules similaires sur le marché de l’occasion (même modèle, kilométrage, état) ;
    • Photographies du véhicule avant et après sinistre.
  • Formuler une demande motivée et juridiquement cohérente : l’assuré doit expliquer de façon claire pourquoi l’évaluation est contestée, en mettant en avant les écarts manifestes entre l’état réel du véhicule ou sa valeur sur le marché et l’estimation de l’expert. Une argumentation structurée, fondée sur des éléments objectifs, renforcera la crédibilité de la demande.
  • Solliciter une révision de l’évaluation : si l’expert estime les arguments convaincants et les preuves suffisantes, il peut établir un rapport rectificatif, qui annule et remplace le rapport initial. Ce nouveau rapport servira alors de base à la réévaluation de l’indemnité par l’assureur.

Il est important de noter que l’expert automobile n’est pas juridiquement obligé d’accepter la révision, même en présence d’éléments nouveaux.

Si la négociation échoue ou que l’expert refuse toute modification, l’assuré conserve la possibilité de faire appel à un second expert à ses frais, dans le cadre d’une expertise amiable contradictoire, comme le prévoit l’article L. 125-2 du Code des assurances.

Qu’est-ce que l’expertise amiable contradictoire ?

L’article L. 125-2 du Code des assurances autorise expressément l’assuré à solliciter une contre-expertise. Ce processus consiste à faire appel à un autre expert automobile, agréé par le ministère des Transports (article L. 326-1 du Code de la route), qui viendra réévaluer le véhicule en présence des deux parties.

Cette procédure suppose de respecter les conditions du contrat d’assurance, qui peut prévoir une participation aux frais, ainsi que des modalités spécifiques de contestation.

En pratique :

  • L’assuré mandate un expert agréé, l’assureur est informé ;
  • Les deux experts confrontent leur analyse et tentent de parvenir à une évaluation commune ;
  • Si un accord est trouvé, l’assureur peut proposer une indemnisation révisée ;
  • À défaut, une tierce expertise devient nécessaire.

À noter : les frais de cette expertise sont généralement à la charge de l’assuré, sauf clause contraire dans le contrat. Le tarif moyen oscille entre 660 € et 1 000 €, en fonction de la complexité du sinistre (cf. article R. 326-1 du Code des assurances).

Comment fonctionne la tierce expertise ?

Si l’expert de l’assuré et celui de l’assureur ne s’accordent pas, une tierce expertise peut être déclenchée. Cette solution est prévue dans la plupart des contrats d’assurance.

Fonctionnement :

  • Un troisième expert indépendant est désigné par les deux premiers experts ou, en cas de désaccord, par le président du Tribunal judiciaire du lieu du sinistre ou du domicile de l’assuré (article L. 211-3 du Code de l’organisation judiciaire) ;
  • Les trois experts rendent une décision à la majorité des voix ;
  • Cette décision lie généralement les parties si elle est prévue comme telle dans la clause d’expertise du contrat.

Le coût est réparti entre les deux parties (sauf stipulation contractuelle contraire), et dépend du préjudice, variant de 999 € à 1 200 € selon les estimations.

Quelles sont les conséquences d’une action en justice ?

En cas d’échec des précédentes démarches, l’assuré peut saisir la justice. Cette procédure, bien que plus lourde, permet d’obtenir une expertise judiciaire ordonnée par le Juge.

Procédure :

  • En deçà de 5 000 €, une tentative préalable de conciliation ou de médiation est obligatoire (article 750-1 du Code de procédure civile) ;
  • Le Tribunal judiciaire est compétent à défaut d’attribution spéciale à une autre juridiction (article L. 211-3 COJ) ;
  • Le juge désigne un expert judiciaire qui procédera à l’analyse technique du sinistre.

Attention : cette voie est longue, coûteuse et l’issue est incertaine. L’assuré doit aussi garder à l’esprit que l’appel n’est pas toujours possible. En effet, si l’enjeu est inférieur à 5 000 €, la voie de l’appel est fermée (article R. 211-3-21 COJ).

Contester le rapport d’expertise de l’assurance : une démarche encadrée

Le rapport d’expertise établi par l’assurance n’a aucune valeur contraignante absolue pour l’assuré. En vertu des dispositions des articles L. 125-2 et L. 114-1 du Code des assurances, ce dernier conserve la possibilité légale de contester les conclusions rendues, que ce soit sur la nature des dommages, leur chiffrage ou la méthode d’évaluation employée.

La contestation de l’expertise initiale doit être menée dans le respect strict des règles procédurales, qu’il s’agisse d’une contre-expertise amiable, d’une tierce expertise, ou d’une saisine du Tribunal judiciaire. Elle suppose une préparation minutieuse du dossier, appuyée par des éléments de preuve solides : photographies, factures de réparation, justificatifs de valeur du véhicule, expertises contradictoires antérieures, etc.

Il est essentiel de souligner que cette démarche peut engendrer des frais importants : honoraires d’expert, frais d’expertise judiciaire, voire frais d’avocat si l’affaire est portée devant la justice. Pour cette raison, la contestation doit être stratégique, juridiquement fondée et argumentée de manière rigoureuse.

Face à la technicité du processus et aux enjeux financiers potentiellement élevés, il est vivement recommandé de se faire accompagner par un professionnel du droit (avocat spécialisé en droit des assurances) ou un expert automobile indépendant agréé par le ministère chargé des transports. Leur rôle sera d’assurer le respect des droits de l’assuré et d’apporter une expertise crédible pour faire valoir ses prétentions.

Pour obtenir des informations fiables, actualisées et accessibles, ainsi que des ressources juridiques pratiques, n’hésitez pas à consulter defendstesdroits.fr, plateforme de référence pour les justiciables souhaitant défendre efficacement leurs droits face à leur assurance.

Conclusion

Le rapport d’expertise établi à l’initiative de l’assureur n’a pas valeur de vérité incontestable. L’assuré dispose de droits solides pour contester cette évaluation, que ce soit par la négociation, le recours à une contre-expertise, l’organisation d’une tierce expertise ou, en dernier recours, par voie judiciaire.

Chaque étape est encadrée par des dispositions précises du Code des assurances, du Code de la route ou encore du Code de procédure civile, garantissant une certaine protection à l’assuré.

Toutefois, ces démarches peuvent impliquer des coûts importants et une certaine technicité juridique. Il est donc fortement recommandé de se faire accompagner par un professionnel compétent afin d’optimiser ses chances d’obtenir une indemnisation conforme à la réalité du sinistre. Pour toute assistance, consultez les ressources proposées par defendstesdroits.fr, votre partenaire juridique indépendant.

FAQ

1. Peut-on légalement contester un rapport d’expertise automobile mandaté par l’assurance ?

Oui. Conformément à l’article L. 125-2 du Code des assurances, tout assuré a le droit de contester l’évaluation réalisée par un expert missionné par sa compagnie d’assurance à la suite d’un sinistre. Cette contestation peut s’effectuer par une contre-expertise amiable, suivie si besoin d’une tierce expertise ou d’une procédure judiciaire. Il est fortement conseillé de se référer au contrat d’assurance pour connaître les conditions spécifiques prévues par l’assureur.

2. Quel est le délai pour agir en cas de désaccord avec un rapport d’expertise automobile ?

L’assuré dispose d’un délai de prescription de deux ans, à compter du sinistre ou de la notification de l’indemnisation, pour engager toute action liée à l’exécution du contrat d’assurance, conformément à l’article L. 114-1 du Code des assurances. Ce délai s’applique à toutes les contestations, y compris celles visant le rapport d’expertise.

3. Comment choisir un expert pour une contre-expertise automobile ?

L’expert automobile mandaté pour une contre-expertise doit obligatoirement figurer sur la liste nationale des experts agréés, publiée par la Délégation à la sécurité routière en application des articles L. 326-1 et suivants du Code de la route. L’assuré peut le choisir librement, mais doit informer son assureur avant la réalisation de l’expertise contradictoire. Certains contrats d’assurance prévoient la prise en charge partielle ou totale de ces frais.

4. Quels sont les frais à prévoir pour contester une expertise auto ?

Les frais de contre-expertise sont généralement à la charge de l’assuré, sauf disposition contraire dans le contrat. En moyenne, une expertise amiable contradictoire peut coûter entre 660 € et 1 000 €, tandis qu’une tierce expertise, impliquant trois professionnels, peut dépasser 1 200 € selon la complexité du sinistre. En cas de contentieux judiciaire, des frais de justice et d’expertise judiciaire s’ajoutent, et il est recommandé de prévoir les honoraires éventuels d’un avocat.

5. Quel tribunal saisir pour contester un rapport d’expert automobile ?

En cas d’échec des démarches amiables, l’assuré peut saisir le Tribunal judiciaire (TJ) territorialement compétent, selon l’article L. 211-3 du Code de l’organisation judiciaire. Avant toute saisine judiciaire, une tentative de conciliation ou de médiation est obligatoire pour les litiges dont l’enjeu est inférieur à 5 000 € (article 750-1 du Code de procédure civile). Le juge pourra alors ordonner une expertise judiciaire, qui prime sur les rapports précédents, même ceux établis en tierce expertise.

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